Qu'adviendra-t-il du Malin ?

francois a écrit:

En lien avec cette question, je vous livre en pâture (si vous le voulez bien !) une conversation qui est au cœur de beaucoup de débats théologiques, et sur laquelle je me suis entretenu avec un ami théologien il y a quelques jours...

A la fin dernière, le Christ reviendra dans sa gloire, il soumettra toute chose à Dieu. Le mal ne sera plus... Plus du tout, même plus en Enfer, puisque lui-même sera soumis à Dieu. Alors, ce mal, qu'en sera-t-il ?
- sera-t-il tout simplement détruit ?
- le Malin abaissera-t-il sa tête trop orgueilleuse devant la puissance du Christ, et s'en remettra-t-il à la miséricorde de Dieu ?

Intéressant, non ?

Très ! J'aurais du mal à m'avancer sur ce terrain théologique car la question du mal est un mystère par lui-même. La Parole de Dieu dit que le Christ a vaincu la mort (qui est l'ultime mal) mais le temps dans lequel nous sommes doit actualiser cette victoire. J'ai du mal avec l'idée que le Malin s'abaisserait. Il me semble que l'option 1 est plus plausible... mais encore, je n'en sais pas grand chose !

Il me faudrait beaucoup d'études sur les fins dernières ou une miraculeuse grâce de science infuse avant que je réponde...

Puisque c'est un sujet de théologie, nous pouvons en débattre joyeusement.

Hélène
p.s. : je vais créer un nouveau fil pour cette question...

Et lorsque l'on dit que le mal sera détruit, comment cela se produira-t-il ? Je verrais plutôt une auto-destruction puisque le mal est un manque, un désordre, un non-être. Devant la Vie qui engloutit la mort, il ne peut que disparaître.

Par extension si le malin disparait définitivement, que deviennent les âmes de l'enfer ?

Elles ressuscitent, non ? A la fin, je pense que ce sera le cas.

Enfin, le Mal disparaîtra de lui-même, comme le suggère Hélène : les contraires seront abolis et l'Un sera. Dès lors, le désordre sera applani.

Il me semble que la Bible dit que tous ressusciteront, les uns pour la Vie Éternelle, les autres pour la condamnation et la mort éternelle...

Mais il faudrait que je re-médite les textes de l'Apocalypse...

À suivre...

Fraternellement dans le Vivant,
Hélène

Voici une question bien intéressante! Théologiquement, elle donne beaucoup de matière pour la réflexion personnelle.

Il y a une position très ancienne, attribuée à Origen, je crois, qui dit qu'à la fin, le Diable lui-même convertira (ou sera converti?) et sera sauvé. Cette position nie la présence d'un enfer à la fin des temps, donc, quand tout sera enfin "restauré dans le Christ" (comme dit l'Écriture). Cette position, appelée "apokastasis" a été condamnée officiellement par l'Église.

Un théologien moderne, Hans Urs von Balthasar, a eu une position semblable, mais plus modérée. Lui, il n'a pas été condamné, à cause de la modération de sa position. Mais il prétend, quand même, qu'on peut "espérer au salut de tous", non pas au sens de désirer que tous soient sauvés (cela, nous devons le désirer en vertu de la charité fraternelle elle-même), mais au sens d'avoir une certaine certitude théologale (une certitude liée à la vertu théologale de l'espérance) que tous seront sauvés. Donc, à la fin des temps, selon lui, l'enfer ne comportera aucune âme humaine (Je crois, pourtant, qu'il maintient la présence des anges déchus -- dont Satan -- en enfer). Personnellement, je n'adhère pas à cette position théologique, mais c'est quand même une position assez nuancée, et la pensée de von Balthasar n'est pas toujours facile à suivre.

Un prêtre français, le Père Guy Pagès, a écrit sa thèse là-dessus, et il l'a rendu disponible sur l'internet pour ceux qui auront le courage de la lire! Vous pouver la télécharger ou la lire en ligne ici: http://jesusmarie.free.fr/guy_pages.html. Le titre de la thèse est: "L'enfer et l'espérance: réponse à Hans Urs von Balthasar".

J'attends avec hâte de lire vos commentaires là-dessus!