Le vide habité

J'arrive d'une mini retraite de 3 jours chez les bénédictines de Sainte-Marie-des-Deux-Montagnes (c'est Chantal qui va être fière de moi). J'y ai passé un agréable temps en compagnie du Seigneur dans le silence et la prière... ouf quel bienfait ! Et j'ai baigné dans le latin... (une semaine de plus et j'étais bien partie... mais bon, il faut revenir sur terre...).

En trois jours, j'ai pu lire 3 bouquins ! Mes activités se sont limitées à prier, lire et dormir...

Le premier bouquin était "La retraite avec Dom Delatte" et le dernier était la vie d'Edith Stein (bouleversant...). Entre les deux, je me suis régalée avec les pensées du père Yves Girard o.c.s.o. dans son excellent recueil "Le vide habité" (Québec, Éditions Anne Sigier). Je vous livre quelques-unes de ses perles à méditer :

• Ta croissance doit aboutir à l'enfance, là où rien d'infantile ne saurait subsister.

• Le mal est un simple parasite du bien: il vit de la seule attention que tu lui accordes ! (selon cette Parole de l'Écriture : "La fascination du mal obscurcit le bien" Sg 4, 12)

• Tu n'as jamais pardonné si le coupable, en recevant ton baiser, se sent inférieur en dignité ! (selon cette Parole : "Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez" Luc 15, 22)

• L'envergure de ton vide doit pouvoir absorber tout l'infini de Dieu !

• En science, la recherche conduit à la découverte. En amour, la découverte démarre la recherche.

• Parce qu'il est sans fond, ton vide ne pourra jamais te manquer ! ( )

• Ne te fais pas d'illusion, la vérité n'a rien d'un tranquillisant ! ( :beret: )

• L'expérience spirituelle est la distance souffrante, convertie en béatitude dépouillée.

• Quand tu appelles sans recevoir de réponse, comprends alors que tu es rassasiée.

• La véritable force a ceci d'admirable qu'elle ne laisse jamais soupçonner sa présence.

• Tu es pécheur non à la mesure de tes actes mauvais, mais à la lumière de l'Innocence infinie. (tiens ça me rappelle la réaction de Rafaël devant l'horreur de l'avortement...)

• Ils sont légion ceux qui s'étudient à corriger les désordres du monde en oubliant le pire des enfers : celui qui sévit en eux !

• Si au pharisien debout dans le Temple, Dieu avait demandé : "Examine bien ta conscience", notre homme aurait répondu : "Je serai plus généreux et jeûnerai trois fois la semaine !"

• L'aridité n'est pas torpeur à secouer, mais couronnement de l'amour purifié. (fiou...)

• Le "ressenti" de l'absence est pain de communion.

• Croire, c'est respirer à même le coeur.

• La distraction est le moment par excellence, celui où tu mesures ton inconstance !

• La liberté ne consiste pas à t'affranchir des contraintes, mais à transformer tes chaînes en ornements sacrés ! ( )

• Nous sommes construits pour le grand large, nous, amarrés à nos petits riens.

• Le plus grand des miracles est celui de ton coeur apaisé.

• La plus somptueuse manière d'aimer est d'accepter l'amour que nous ne méritons pas.

• Nous entrons en possession de nous-mêmes quand nous arrivons à ne plus nous appartenir.

À suivre... j'ai pris beaucoup de notes...

Fraternellement,
Hélène

J'ai parcouru brièvement : j'aime beaucoup ce genre de méditations. Je les trouve très pures mais aussi très difficiles à appliquer. Pour vraiment les percevoir, il faut avoir franchi des étapes. Comme tu as eu raison de partir ainsi en retraite ! Je suis admiratif de ton courage (pour moi, cela en est) : souvent je pense moi aussi à m'isoler ainsi, mais je suis lâche et trop attaché à ma blonde pour la quitter (sans parler de la crasse du monde qui s'attache à moi, je le sais bien T__T). Mais je sais que cela me ferait du bien.

Pour Edith, as-tu lu le livre de Moix ?

Etrigan a écrit:

Pour Edith, as-tu lu le livre de Moix ?

Non c'était un vieux bouquin daté de 1953 et écrit par une religieuse Française (anonyme). Mais c'était très bien écrit.

Pour ce qui est de faire une retraite, je ne peux que t'encourager à le faire. Ce peut être seulement 3 jours... le Seigneur fait avec le temps qu'on lui donne et Il donne en surabondance !

Vraiment, une petite séparation temporaire dans le couple (et les enfants) nous fait mieux revenir et nous apprécier encore plus. Et je me dis qu'il sont dignes d'être aimés divinement... alors que, seule, je ne suis que moi-même (Sainte Catherine de Sienne). Il faut donc aller faire le vide de soi-même et le plein du Seigneur pour les aimer comme Lui les aime.

Union de prière,
Hélène

Hélène, pourrais-tu me donner plus de références sur le livre de la vie d'Edith ?

Merci

Je n'en ai hélas pas ... le livre est resté au monastère et moi je suis ici . Je n'ai pas pris les références, j'ai juste dévoré le bouquin... c'est peut-être pour ça que j'ai une crise de foie (et non de foi) !

Désolée !

Hélène

,

Pas de soucis Hélène ! Soigne bien ta crise de foie (ma pauvre...)

Chantal a écrit:

Wow Hélène, tu es allées à Ste-Marie. Et puis? Comment as-tu trouvé ça?

J'ai bien apprécié ce temps de silence et prière. Ça fait beaucoup de bien. Évidemment le premier réflex est de comparer "ma communauté" avec une autre communauté bénédictine. La FSJ n'est pas rattachée à Solesme et est ce que nous appelons une communauté bénédictine "autonome". Par ailleurs, je me sentais bien en terrain familier puisque la FSJ est assez fidèle à la tradition monastique. La différence majeure est que la FSJ est mixte (hommes et femmes) et, quoique contemplative, elle est aussi apostolique. Disons plutôt que son apostolat est enracinée dans la contemplation. J'ai été étonnée (et un peu déçue, je l'admets), qu'outre le fait que je sois arrivée le jeudi de la Fête Dieu, le Saint Sacrement n'est pas exposé durant la journée (à part en cette journée particulière). J'aurais beaucoup aimé me mettre devant le Seigneur dans sa Présence Réelle... mais bon, le Seigneur a pu agir quand même, mais je crois que l'adoration est si importante pour pouvoir laisser le Seigneur parler... à la FSJ, il y a l'Adoration toute la journée et, durant les Offices, le Saint Sacrement est exposé.

Le "clou" de la retraite : Je me suis décidée à y aller, sachant que je ne pourrais me rendre à la FSJ cet été pour cause financière et, qu’avec la vie trépidante que je vis dans le monde, quelques jours de silence et prière pourraient me remettre sur les rails (j’en avais réellement besoin). Je ne connaissais rien des activités qui pouvaient se dérouler les jours que j’y étais. Samedi, c’était la journée annuelle des oblats de Sainte-Marie-des-Deux-Montagnes, du coup, tous les oblats ont débarqués à l’abbaye… puis une dame m’a approché me demandant si j’étais oblate… et ben, oui mais pas d’ici lui dis-je. Elle m’a alors tendu la feuille pour renouveler notre oblature… incroyable ! Puis j’ai demandé à sœur Madgalena qui était là, si c’était ok, puisqu’il s’agit de la même Règle de saint Benoît (j’avais seulement à changer le nom du monastère pour lequel je m’offre). La seule journée dans l’année où les oblats sont rassemblés pour renouveler l’offrande d’eux-mêmes et j’étais là ! À défaut de pouvoir être avec la Famille de saint Joseph, j’ai pu offrir à nouveau ma vie au Seigneur, à Marie et à Joseph pour le service de la FSJ…même au loin (je suis toujours très proche par la grâce de Dieu). Honnêtement, c’est vraiment un clin d’œil du Seigneur parce que depuis deux jours que j’étais là… j’attendais de reconnaître et entendre dans ce silence ce que le Seigneur voulait bien me dire… et rien (désert total), jusqu’à ce que se pointent les oblats et que je comprenne que le Seigneur, connaissant ma déception de ne pouvoir aller à Mont-Luzin, me faisait ce cadeau… me renouvelait sa confiance pour être toute à Lui pour son service dans la grisaille de mon quotidien…

Citation :

J'imagine plutôt bien Sr Magdalena te tendre les livres pour les offices pour que tu suives... Même quand on les veut pas, elle les donne

Oui... en fait, je m'y retrouvais plutôt bien malgré qu'ils ont 3 ou 4 petits livrets à consulter pour dire l'office... ce serait bien qu'ils rassemblent le tout. Soeur Magdalena tenait a ce que je m'assoie à côté d'elle pour m'aider à me dépatouiller. Je trouve que les psalmodies ne sont pas très variées toutefois... et c'est dommage car les voix sont belles.

Citation :

Est-ce que leur postulante est encore là? Facile à reconnaître, elle entre la dernière et est habillé en laïque pieuse comme je pourrais dire.

Je n'ai pas vu de postulante mais seulement une novice avec un voile blanc. Elle semblait avoir des ailes...

Citation :

J'espère que tu as pu assister à l'une des deux messes par semaine dites complètement en latin. C'est tellement beau.

Oui, deux des Messes sur quatre étaient en latin. J'ai beaucoup aimé. Ce que j'ai aimé particulièrement est la douceur, le respect avec lequel on fait les choses, en prenant le temps... en vivant les silences... choses que l'on ne voit pas beaucoup en paroisse et c'est dommage... évidemment, les gens sont souvent pressés et doivent partir pour le travail la semaine en paroisse, c'est plus difficile à vivre. Puis les dimanches, ben... se sont les pratiquants du dimanche... donc on fait vite pour ne pas les perdre. Par ailleurs, j'ai la chance d'avoir un curé qui prend le temps qu'il faut pour bien faire les choses et ne pas bafouer la liturgie... Deo Gratias !

Fraternellement,
Hélène

Merci beaucoup, Hélène, pour les belles réflexions que vous avez transcrites pour nous. Oui, ce sont vraiment ce que j'appelerais "des paroles de silence". C'est-à-dire qu'elles nous introduisent dans un plus grand silence intérieur.

Ayant déjà fait des essais de la vie religieuse avant de trouver ma "vraie" vocation, je demeure toujours très attiré vers ce genre de prière, notamment à cause du silence intérieur que ces prières creusent en nous. Nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant, et je crois, personnellement, que le bruit extérieur est une très grande tentation pour les prêtres séculiers aujourd'hui. Je me réjouis de voir que Rome leur a rappelé, récemment, que le premier devoir du prêtre (même le prêtre de paroisse) est de prier. J'ai l'impression que beaucoup de prêtres séculiers pensent que la primauté d'une vie de prière est quelque chose qui est réservé au clergé régulier (les prêtres de congrégations religieuses). Mais heureusement, mon séminaire nous met souvent en garde contre cette tentation là.

Voilà pourquoi j'aime tant ces paroles, ou plutôt ces prières, d'origine monastique. Le silence intérieur est une condition sine qua non pour développer une vie d'intimité avec Dieu plus profonde.

Merci encore une fois d'avoir affiché ces belles prières!

Merci du partage de votre retraite de trois jours.

Cela fait longtemps que j'en ai pas faite et la lecture de la vôtre m'as rappeler des instants de paix.






sevichel