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 Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.)

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Etrigan
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Etrigan



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MessageSujet: Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.)   Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.) Icon_minitimeMar 23 Sep 2008 - 13:37

Bonjour à tous,

Je suis récemment tombé sur ce texte surprenant et déstabilisant. J'avoue avoir ressenti un grand trouble à se lecture au point de me lancer dans une exégèse. J'y ai découvert des choses surprenantes et en raccord avec ce que je vis actuellement. Je vous livre tout cela...

Pour lire le texte

http://www.ebible.free.fr/livre.php?_id=2r&_chap=1

http://www.ebible.free.fr/livre.php?_id=2r&_chap=2


Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.) 319px-Elias041

Analyse du Deuxième Livre des Rois
Chapitres 1.1 à 2.5


Contexte du récit
L'histoire d'Elie et Elisée prend place dans un contexte particulier puisque le roi d'Israël, celui qui doit sa place à Dieu, demande de l'aide d'une autre divinité. Travers quotidien dans la Bible : la plaie de l'idolâtrie. Le fait que l'idolâtrie soit du fait du roi rend la situation encore plus dramatique car le dirigeant du royaume représente Israël. Si le dirigeant est faible et ne rend pas culte qu'à Dieu, alors il en va de même du reste du peuple.

Face à ce roi si pusillanime, on retrouve deux prophètes : leurs histoires sont en partie liées au roi. En miroir inverse :
*Dans un premier temps, le roi envoie des escouades demander de l'aide à Elie, par trois fois.

*Dans un second temps, on passe à un conflit d'une nature bien plus complexe et trouble. C'est à la fois un conflit opposant Elie à Elisée et Elisée à Dieu. Ce conflit est particulièrement lourd de sens comme nous le verrons.

Face au roi
Mouvement d'élévation
Mouvement de descente

Le roi est quelqu'un qui chute : « Achazia tomba par le treillis de sa chambre haute à Samarie »
Il décide donc, outre Baal, de contacter Elie pour qu'il interroge son Dieu. On constate que les militaires doivent monter pour voir le prophète : « Un homme est monté à notre rencontre » « Ce chef monta auprès d'Élie, qui était assis sur le sommet de la montagne ».

Le roi est tombé, il représente la dépravation psychologique ; Elie, au contraire, se situe en hauteur, proche de Dieu. Aller voir le prophète implique de faire un mouvement vers le haut, de se rendre soi-même disponible à une écoute exigeante et difficile comme le révèle le dernier chef de la milice.

Celui qui est aimé de Dieu est situé au dessus des autres
En effet, si les deux premières milices sont annihilées par un feu qui leur tombe dessus, le troisième (références internet : Le chiffre 3 exprime la totalité, sans doute parce qu'il y a 3 dimensions du temps : le passé, le présent et l'avenir. Dire 3 équivaut à dire « la totalité » ou « toujours ». Ainsi, les 3 fils de Noé représentent la totalité de ses descendants. Les 3 fois où Pierre renia Jésus symbolisent toutes les fois où Pierre a été infidèle à son Maître. Les 3 tentations que Jésus subit de la part du diable, représentent toutes les tentations auxquelles il dut faire face, au cours de son existence terrestre. Et quand l'Ancien Testament appelle Dieu le 3 fois saint, c'est pour signifier qu'il possède la plénitude de la sainteté ; 3 symbolise l'homme, qui est esprit, personnalité et chair (esprit : rapport de l'homme avec Dieu - personnalité : rapport de l'homme avec lui-même - chair : rapport de l'homme avec les autres)) est sauvé par sa soumission à Elie. Cela revient à se soumettre à Dieu, à accepter qu'il y ait quelqu'un à qui on doit sa propre vie : « il fléchit les genoux devant Élie, et lui dit en suppliant: Homme de Dieu, que ma vie, je te prie, et que la vie de ces cinquante hommes tes serviteurs soit précieuse à tes yeux! »

Résultat ? « L'ange de l'Éternel dit à Élie: Descends avec lui, n'aie aucune crainte de lui. Élie se leva et descendit avec lui vers le roi. » : Dieu condescend (descendre avec) à apporter sa parole car la demande a été faites avec le cœur et le désespoir d'un homme, le chef de milice, qui a souci de sa vie et de celle de ses hommes.

La chute est intéressante : « tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras. » dit Elie au roi. Ici, descendre du lit serait voir le roi sauf. Le roi a donc chuté et sa chute a constitué en une ascension diabolique. Ironie du propos à noter.

Le roi ne fait rien contre Elie. Sa parole ne se fait même pas entendre. Et la sentence est la même que celle qu'Elie avait donné gratuitement en début de texte : « Mais l'ange de l'Éternel dit à Élie, le Thischbite : Lève-toi, monte à la rencontre des messagers du roi de Samarie, et dis-leur: Est-ce parce qu'il n'y a point de Dieu en Israël que vous allez consulter Baal Zebub, dieu d'Ékron? »

Ainsi, note-t-on que, dans un premier temps, la Parole de Dieu est gratuite. Ce dernier annonce au roi qu'il commet un tort en allant voir une idole. La sentence annoncée est celle de la mort. Sentence cruelle qui s'explique par l'importance de la charge du roi. Seul en réchappe la milice dont le chef a pris la peine de supplier. Cette supplication affirme que Dieu se soucie de la vie des hommes mais qu'il exige une attention totale. La violence de ces passages doit bien entendu être comprise symboliquement. Dieu ne foudroie pas ceux ne croyant pas en lui. Cette histoire est un avertissement, une sorte d'apologue. Preuve en est que le roi insiste par trois fois pour se faire dire ce qu'il a déjà entendu gratuitement : « Que ceux qui ont des oreilles écoutent ! » disait Jésus. Cette répétition a donc pour but de mettre en valeur le chef de la milice qui lui a compris le poids de la parole divine. Comme le centurion romain vis-à-vis de Jésus qui lui demanda de soigner son fils.

Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.) 40

Elisée face à Elie
Un conflit ?
Pourquoi estimer qu'il y aurait un opposition entre Elie et Elisée ?
Notre hypothèse se fonde sur la répétition du chiffre deux, troublante.

Elisée ne veut pas quitter Elie : il désire ce que son maître possède, soit son lien avec Dieu. Cela nous fait deux prophètes.
Une fois Elie enlevé au Ciel, Elisée est accueilli par 50 hommes. Même chiffre des milices envoyées voir Elie. Dans un premier temps, ces hommes sont dans l'expectative. Ils ne font rien. Plus tard, il reconnaîtront Elisée comme le nouveau prophète avec certitude. Or, 50 est divisible par 2.
Elie divise les eaux en 2.
Elisée demande à Elie une double ration de son Esprit saint.
Elie finit par être enlevé ensuite et on retrouve les 2 séparés mais l'Esprit d'Elie est sur Elisée. Communion des deux qui ne forment plus qu'un.
Elisée déchire son manteau en 2.
Les 50 hommes de la rive se sont transformés en 50 000 hommes proposant d'aller chercher Elie. Reste divisible par 2.
A la fin, les enfants massacrés sont 42, chiffre divisible par 2 et ils le sont par 2 ours.

Cette récurrence du chiffre 2 laisse à penser qu'il y a, présent dans le texte, une dualité. Cette dualité fait s'opposer Elie et Elisée. Elie reste un être corporel, terrestre. Elie est Saint et donc, il plane dans les cieux.
Elie veut que son maître reste avec lui. Il ne veut pas être coupé de lui, de sa source. D'une certaine façon, il fait preuve d'immaturité. Refuser de laisser monter le maître, c'est lui refuser l'élévation gagnée à force de volonté. C'est aussi refuser la séparation d'avec celui qui nourrit. Elisée était nourri de la parole d'Elie. Preuve de cette filiation, leurs noms proches. Elisée est un « quelque chose » d'Elie. Mais l'un doit s'effacer devant l'autre comme Jean-Baptise s'efface devant Jésus.

Elisée, lorsqu'il acquiert l'Esprit d'Elie, déchire son vêtement en deux. Cela peut représenter son propre déchirement intérieur. Il ne supporte pas l'absence de son maître. Mais il ne reconnaît pas alors que son maître n'est pas entièrement parti puisque son esprit est en lui : « Lorsqu'ils eurent passé, Élie dit à Élisée: Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d'avec toi. Élisée répondit: Qu'il y ait sur moi, je te prie, une double portion de ton esprit! Élie dit: Tu demandes une chose difficile. Mais si tu me vois pendant que je serai enlevé d'avec toi, cela t'arrivera ainsi; sinon, cela n'arrivera pas. »

Ainsi, son souhait est réalisé mais lui ne l'accepte pas. Puis, après avoir déchiré ses vêtements, il reprend le manteau d'Elie et constate que le miracle des eaux fonctionne encore. Garde-t-il le manteau ? On l'ignore, mais on peut imaginer qu'il y a comme une réunification.

L'arrivée des deux ours, à la fin du texte, est difficile à saisir. Mais on peut sans doute y voir une preuve pour Elisée qu'Elie est toujours là. Il y a toujours « les deux » qui défendent l'honneur du représentant de Dieu. Et justement, après cette dernière preuve, « De là il alla sur la montagne du Carmel, d'où il retourna à Samarie » nous est-il dit. Ainsi, à son tour, Elisée monte sur une montage. Il a finit par retrouver la place d'Elie.

Commentaire du second Livre des Rois (en pensant à DavidB.) 156

Elisée face à Dieu
Prise de conscience de sa mission
Elisée se trouve donc en opposition répétée à Dieu.
Il insiste pour être enlevé avec Elie et lorsque cela lui est refusé, il en appelle à Dieu : « il prit le manteau qu'Élie avait laissé tomber, et il en frappa les eaux, et dit: Où est l'Éternel, le Dieu d'Élie? Lui aussi, il frappa les eaux, qui se partagèrent çà et là, et Élisée passa. » Ce n'est bien sûr par une injure mais presque un blasphème. Demander où est Dieu est un cri de souffrance comme le sera celui de Jésus sur la croix.

Elisée refuse de reconnaître que quelque chose le dépasse, c'est à dire qu'il refuse de comprendre qu'Elie n'était pas un maître par sa seule volonté mais de par la volonté de Dieu. En constatant que le miracle de l'eau fonctionne, il prend conscience que Dieu est bien là et que rien n'a changé. Mais en le faisant avec le manteau d'Elie, il a aussi la confirmation que quelque chose d'Elie est toujours ici. Néanmoins, pourquoi ne le fait-il pas avec son propre manteau ? C'est comme s'il avait besoin d'une béquille pour marcher.

Cette prise de conscience se double d'une mission importante : combattre la stérilité et ramener la vie : « Les gens de la ville dirent à Élisée : Voici, le séjour de la ville est bon, comme le voit mon seigneur; mais les eaux sont mauvaises, et le pays est stérile. Il dit: Apportez-moi un plat neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent. Il alla vers la source des eaux, et il y jeta du sel, et dit: Ainsi parle l'Éternel: J'assainis ces eaux; il n'en proviendra plus ni mort, ni stérilité. Et les eaux furent assainies, jusqu'à ce jour, selon la parole qu'Élisée avait prononcée. » Ainsi, de sa souffrance, Elisée fait quelque chose d'heureux. Il a perdu celui qui lui a donné sa vie spirituelle et en échange, il redonne la vie à une terre. Symboliquement parlant, il ramène de la vie dans sa propre psyché. Et comme l'a dit Jésus en parlant des apôtres, « vous êtes le sel de la vie »


Conclusion
Ce texte nous apprend plusieurs choses. Parmi elles, on découvre que Dieu se tient au dessus des hommes et que ses représentants bénéficient du même statut. Les respecter, c'est respecter Dieu.

Celui qui chute, au sens propre comme figuré, ne le fait pas par accident mais parce que lui-même n'est pas assuré. Chuter, c'est monter vers l'échafaud. Seul celui qui accepte de se reconnaître comme faible face à Dieu, qui s'humilie, retient son attention.

A contrario, il ne s'agit pas de s'accrocher au représentant de Dieu. Ce dernier est passant, c'est tout. On doit accepter de perdre les pères qui nous sont chers. Il s'agit d'une leçon de l'âme et du respect de la liberté. Accepter que l'autre parte, c'est lui reconnaître une individualité. Nous ne possédons pas l'autre auquel on tient. Ce que nous tenons, c'est nous même. Et au lieu de nous lamenter sur notre malheur, il s'agit de marcher dans les traces de celui que l'on aime, pour lui rendre hommage.

Néanmoins, celui qui meurt pour que nous même soyons élevé ne nous quitte jamais. Ses souvenirs sont gravés en nous. Son esprit est avec nous. La fidélité de notre mémoire est garante de son immortalité.

Donner et apporter la vie, c'est rendre gloire à Dieu. A lui seul le droit de faire mourir. A l'homme le devoir de la respecter. Dieu est au dessus de tout et ne rend de compte à personne. Il ne s'agit donc pas d'exiger que Dieu fasse ceci ou cela, mais exiger quelque chose de soi.
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