Persécution
tranquille ?
On accepte que vous croyiez
en Dieu, mais de grâce, n’en
parlez pas ! Cette citation
d’un bon ami à moi (Michel
Nadeau), décrit plutôt bien
l’ambiance du Québec post-moderne dans lequel
nous vivons.Mais jamais je n’aurais osé utiliser le
mot persécution pour définir ce qui se passe
souvent lorsqu’on veut parler ouvertement de
l’Évangile dans notre société.Ce terme, qui semble
à priori plutôt dur, est venu de la bouche d’un
chrétien, originaire de la Côte d’Ivoire, qui
travaille comme professeur de Génie civil au
CÉGEP Montmorency à Laval, mais attention ici,
sans fanatisme ni excès de paranoïa.Ce professeur
s’est joint depuis peu à nos réunions du Groupe
Biblique Collégial au CÉGEP.
Je n’ai jamais aimé les discours alarmistes et il
serait facile de développer un complexe de persécution
qui ne serait ni à notre avantage ni à celui
de la proclamation du message précieux que nous
portons. Impliqué au CÉGEP depuis maintenant
quinze ans, j’ai pu constater peu à peu, laïcisation
oblige, la perte de privilèges et de certains droits
que nous avions au départ.Nous ne pouvons plus
nous exprimer publiquement et on a même
changé notre nom en celui de « Groupe d’animation
communautaire » pour y enlever toute consonnance
religieuse. Sandé, le professeur africain,
nous a partagé que dans son pays d’origine, à
toute heure du jour et de la nuit, on peut écouter
à la radio et à la télévision des émissions à caractère
religieux; les chrétiens ont donc pignon sur
rue et peuvent se faire entendre. En Ontario, notre
province voisine, il est tout à fait normal d’y
entendre des émissions chrétiennes à la radio.
C’est pourquoi Sandé nous a exprimé que les
chrétiens québécois vivaient une certaine forme
de persécution. Au CÉGEP, on doit trouver des
astuces pour se faire connaître sans trop faire de
vagues (un peu comme dans un pays totalitaire).
Ceci dit, aucun groupe religieux n’est accepté
dans le CÉGEP.
Mais, grâce à Dieu, nous bénéficions de ce que
j’appellerai un « accomodement raisonnable »,
on nous attribue encore un local !
L’Église, au cours des siècles, a dû traverser des
époques où les circonstances étaient loin d’être
favorables. Pensons seulement à nos frères et
soeurs qui ont dû subir le martyr et qui ont perdu
leur vie à cause de leur témoignage. Et pourtant,
comme le Seigneur l’a affirmé, l’Église est toujours
là, bien vivante. La « persécution » d’aujourd’hui
est avant tout d’ordre philosophique. Nous
devons apprendre à articuler et incarner le message
chrétien dans toutes les sphères de la société.
Et nous rappeler que nous n’avons pas à lutter
contre la chair et le sang mais contre le prince de
la puissance de l’air qui agit dans l’atmosphère
pour y communiquer une pensée humaniste et
hédoniste antichrist. C’est pourquoi il nous faut
être vigilants et chercher par tous les moyens à nous
équiper pour être des évangélistes qui auront une
parole pertinente à donner lorsque les occasions,
favorables ou non, se présenteront. Finalement,
nous devons manifester de la compassion et de
l’humilité envers nos concitoyens, riches ou pauvres,
petits ou grands,influents ou non,en nous rappelant
simplement que nous étions aussi des leurs.
Bernard Tremblay, Laval