Lettre de saint Jacques 4,1-10.
D'où viennent les guerres, d'où viennent les conflits entre vous ? N'est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? (...) L'amour pour les choses du monde est hostilité contre Dieu ; donc celui qui veut aimer les choses du monde se pose en ennemi de Dieu. Vous pensez bien que l'Écriture ne parle pas pour rien quand elle dit : Dieu veille jalousement sur l'Esprit qu'il a fait habiter en nous. Mais il nous donne une grâce plus grande encore ; c'est ce que dit l'Écriture : Dieu s'oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Soumettez-vous donc à Dieu, et résistez au démon : il s'enfuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et lui s'approchera de vous. Pécheurs, enlevez la souillure de vos mains ; hommes partagés, purifiez vos coeurs. Affligez-vous, lamentez-vous et pleurez ; que votre rire se change en lamentations et votre joie en tristesse. Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.
Il existe, de manière éparse dans les Evangiles, une sorte de répétition constante d'un principe spirituel qui équivaudrait, sur le plan de la physique, au principe des vases communicants. A tel niveau d'abaissement correspond un relèvement équivalent. "Ce qui s'abaisse sera élevé, ce qui s'élève sera abaissé", "Beaucoup des premiers seront les derniers seront les premiers", "Celui qui veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur", "Heureux le serviteur qui a été trouvé fidèle en peu de choses, il lui en sera confié beaucoup", etc.
C'est un refrain perpétuel, une sorte de "voix mineure" de la miséricorde divine. Ainsi, les ouvriers de la dernière heure, par pure bonté ("Vas-tu me regarder d'un oeil mauvais parce que moi, je suis bon ?"), reçoivent le même salaire que ceux qui ont supporté toute la chaleur du jour. Les enfants sont privilégiés par rapport aux adultes, car il faut leur être semblable pour entrer dans le Royaume. Un truand, pendu au bois de la croix avec Jésus, est le premier à accéder au paradis, avant même que le Christ soit descendu "aux enfers" pour libérer toutes les âmes (qui attendaient ce jour depuis les "temps anciens".) La veuve dans le temple a donné plus que tous les autres puisqu'elle a donné de son nécessaire... quel que soit le montant du superflu abandonné par les autres.
Ces paradoxes entretiennent chez les auditeurs de Jésus, pas seulement dans le peuple, mais aussi chez les pharisiens et les docteurs de la Loi, l'étonnement mais aussi la prudence, l'attention, l'état d'éveil. Quand je lis (toujours) Simone Weil, je vois ce qu'elle appelle "l'attention créatrice" élevée en fondement de la charité. Pas étonnant, si l'on songe à la tirade de Jésus qui, après la guérison de l'aveugle-né, déclare aux Juifs : "Si vous étiez aveugles, alors vous seriez purs et sans péché, mais aussi longtemps que vous dites "nous voyons", votre péché demeure !"
O Seigneur, je T'adore, comme ta Parole fait les délices de mon cœur et de ma bouche !