Le jugement téméraire

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Si quelqu'un ne pèche point en paroles, c'est un homme parfait" (Jacques,III,2)

Si quelqu'un vous demandait quelle est la faute à la fois très facile à commettre et très difficile à réparer, peut-être chercheriez-vous longtemps, avant de constater que c'est la médisance. Elle consiste à parler défavorablement d'un autre, en son absence et à son insu, pour dénigrer sa réputation.(l)

Ce sont des propos qui conduisent ceux qui les entendent à avoir une mauvaise opinion de la personne dénigrée.

La médisance est une faute très facile à commettre.

1) La nature nous aide puisqu'elle nous rend plus attentifs aux défauts d'autrui et plus enclins à parler de ses mauvaises que de ses bonnes qualités.

2) Les occasions de médire sont fréquentes et presque continuelles ses mauvaises que de ses bonnes qualités.

2) Les occasions de médire sont fréquentes et presque continuelles parce que nous vivons en société ; les rencontres qui favorisent les opportunités de mal parler des autres sont donc très nombreuses.

3) Les moyens pour médire sont toujours les plus présents et les plus disponibles ;ils ne coûtent que quelques paroles. Il est aussi facile de médire que de parler. C'est ce qu'explique saint Jean Chrysostome :
"La médisance s'accomplit plus rapidement que tout autre péché... A moins d'être vigilants, nous sommes entraînés tout d'un coup ; il n'est besoin pour médire ni de temps, ni de préparatifs, ni de frais, ni de combinaisons ; il ne faut que vouloir ; et aussitôt la volonté se traduit en acte. Car la langue est le seul ministre nécessaire".(2)

4) Elle fait l'agrément des conversations. Tous se réveillent pour écouter et redoublent d'attention. Saint Léonard de Port-Maurice nous montre du doigt pourquoi il en est ainsi :

"La médisance est aussi agréable à celui qui écoute et c'est là ce qui encourage le médisant ; car il sait bien qu'en racontant un fait qui vient de se passer, et qui est encore ignoré, il sera reçu avec applaudissement, et écouté avec attention.

Presque tous écoutent volontiers la médisance, non seulement les méchants, à cause du plaisir qu'ils éprouvent à savoir qu'il y en a d'autres méchants comme eux, mais encore les bons parce que les vices d'autrui semblent faire ressortir davantage encore leur vertu, de même que l'ombre fait ressortir la couleur".(3)

5) La médisance est facile à commettre parce qu'elle est contagieuse. Elle ne vient jamais seule, comme la punaise dans un lit. Une confidence en attire une autre.

6) Enfin, ce qui facilite la tâche du médisant, c'est que celui qu'il attaque par ses paroles ne peut pas se défendre puisqu'il est absent.
Autant la médisance est facile à commettre, autant il est difficile de réparer le mal qui a été fait. La blessure contre la réputation du prochain laisse des cicatrices ; les impressions demeurent même quand vous avouez votre faute. La médisance est ainsi semblable à un noeud bien ferme qui serre un morceau de cire ; même quand le noeud est brisé, les traces du lien demeurent.

Si vous jetez une roche dans un étang, il se forme d'abord sur la surface de l'eau de petits cercles qui vont toujours en s'élargissant ; de même pour la médisance, vous dites une parole qui blesse la réputation d'autrui, elle va grossir peu à peu et s'étendra dans tout le voisinage. Un mot n'est pas un oiseau : s'il échappe, tu ne le rattraperas jamais, dit un proverbe roumain.

B) "Celui qui diffame en secret est comme un serpent qui mord sans faire de bruit."

(Ecclésiaste, 10. 11.)

Saint Jacques fait remarquer qu'un petit feu peut incendier une grande forêt et la réduire en cendres.(4) Le de maison en maison, de telle sorte qu'il peut détruire entièrement la réputation d'autrui. Pour éviter de tels incendies, les Saints imitèrent ce que l'Esprit-Saint suggère contre un tel mal, c'est-à-dire, il faut provoquer l'horreur de cette faute autant chez celui qui médit que chez celui qui écoute. Le médecin doit souvent convaincre le patient qu'il est malade avant de pouvoir le soigner ; car quiconque ne se sait pas malade ne peut pas désirer le remède. Ainsi les Saints comparent les médisants à l'araignée, à une bouche d'égoût, à des traîtres, à des voleurs et même à des homicides pour provoquer en nous une sainte horreur de cette démangeaison verbale et pour nous conduire à la béatitude céleste. C'est une exhortation semblable que fit saint Pierre lorsqu'il dit : "Si quelqu'un aime la vie, et désire que ses jours soient heureux, qu'il empêche que sa langue ne se porte à la médisance, et que ses lèvres ne prononcent des paroles de tromperies ; qu'il se détourne du mal, et qu'il fasse le bien." (5)

L'araignée :

La médisance empoisonne la vie sociale des hommes. Pour le saint Curé d'Ars,

"Il y a des personnes qui sont semblables à l'araignée, qui change en poison la meilleure chose. Une pauvre personne, une fois sur la langue des médisants, est semblable à un grain de blé sous la meule du moulin : il est déchiré, écrasé et entièrement détruit. Ces personnes-là vous prêteront des intentions que vous n'avez jamais eues, elles empoisonneront toutes vos actions et vos démarches."(6)

La médisance crée des "froids" entre les personnes. Si vous entendez dire du mal de quelqu'un, cela fait naître la méfiance en votre coeur ; vous ne pouvez pas regarder la personne dénigrée avec la même sympathie, avec la même confiance que si vous aviez entendu des éloges à son sujet. Elle éloigne les hommes les uns des autres au lieu de les unir ; d'où l'expression "garder ses distances".

Les bouches d'égoût :

Les mauvaises langues ont nécessairement mauvaises bouches. C'est ce qu'explique saint Bernardin de Sienne :

"Ce vice de mal parler du prochain est tel qu'il empuantit la bouche du médisant... De même que l'égoût empeste par sa bouche, ainsi en est-il du détracteur ; sa puanteur est dans sa bouche...

Bien qu'ils puent, ce qui est vrai, quand ils se retrouvent entre eux, ils n'empestent pas de même les uns pour les autres.

En veux-tu savoir le pourquoi ?

Si cent puants sont ensemble, la puanteur est grande parmi eux, et s'il en arrive un ou deux de plus, il ne leur paraît pas que la puanteur en soit accrue, parce que chacun s'empeste si fort soi-même qu'il ne sent pas la puanteur d'autrui." (7)

Des traîtres :

Non seulement les médisants ont mauvaise bouche, mais selon saint Léonard de Port-Maurice, ils agissent en traîtres parce qu'ils frappent "en secret, de loin, et par derrière... et c'est pour cela que la médisance est considérée avec raison comme un vice bas, comme la morsure d'un serpent."(8)

N'est-ce pas lâche de trahir ainsi la loi de la charité, de profiter de l'absence de son ami ou d'un parent, c'est-à-dire de profiter du moment où il est le moins en état de se défendre, pour révéler aux autres ses moindres défauts et ses faiblesses tandis qu'en sa présence on ne fait que des éloges?

Au contraire, n'est-ce pas merveilleux d'agir conformément aux paroles du bon saint François d'Assise :

"Bienheureux celui qui aimerait et respecterait autant son frère quand il est loin de lui, et qui ne dirait pas derrière son frère ce qu'en toute charité il ne pourrait pas dire devant lui."(9)

Pires que des voleurs :

La médisance fait un tort considérable au prochain parce qu'elle lui enlève sa réputation qui selon le témoignage de l'Esprit-Saint vaut plus que de grandes richesses.(10)

C'est manquer à la charité puisque la médisance inspire à ceux qui l'écoutent le mépris des personnes dont il est dit du mal. C'est pourquoi le très bon saint François d'Assise dit que :

"La médisance est un péché encore plus grand que le vol, car la loi du Christ qu'on accomplit par amour nous oblige à désirer le salut des âmes plus que celui des corps."(11)

Un triple meurtre :

Saint François de Sales va plus loin. A son avis, le médisant commet un triple meurtre.

"Le médisant par un seul coup de sa langue, fait ordinairement trois meurtres ; il tue son âme et celle de celui qui l'écoute, d'un homicide spirituel, et ôte la vie civile à celui duquel il médit ; car, comme disait saint Bernard, et celui qui médit et celui qui écoute le médisant, tous deux ont le diable sur eux, mais l'un en a la langue et l'autre en a l'oreille."(12)
Saint Jérôme et saint Bernard se sont demandé lequel est le plus coupable celui qui médit ou celui qui écoute la médisance,"car, disent-ils, il n'y aurait pas de médisance s'il n'y avait personne pour écouter la médisance."(13)

(1) Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, IIII, q. 73, a 2.
(2) Saint Jean Chrysostome, Deuxième homélie sur l'obscurité des prophéties.
(3) Saint Léonard de Port-Maurice, Oeuvres, Ed. Vives, 1869, T. 2, p. 174.
(4) Saint Jacques, Epître III, 6.
(5) Saint Pierre, Epître I, chap. 3, 10-11.
(6) Saint Curé d'Ars, Sermons, Ed. Beauchesne, 1925, t. 2, p. 420.
(7) Saint Bernardin de Sienne, Enseignements et apologues, Ed. Perrin 1923, pp. 12-13.
(8) Saint Léonard de Port-Maurice, Oeuvres, Ed. Vives, 1869, t. 2, p. 166.
(9) Saint François d'Assise, Admonestations, (25,2)
(10) Proverbes, (22,1).
(11) Saint Bonaventure, Vie de St François, L.M. (8,4)
(12) Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, 3e partie, chap.. 29.
(13) Saint Bernard, De la considération, li.2

Comment concilier cela avec la parole de Notre-Seigneur: Vous jugerez un arbre à ses fruits.

Apôtre

Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.

Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

Il ne faut pas médire le médisant . Un piège dans lequel il est facile de tomber

Médisons la médisance , mais ne médisons pas le médisant

Aux menteurs dites la Vérité
Aux hypocrites ,soyez franc avec eux
À celui qui haït , aimez-le
Avec l'égoïste , soyez généreux de votre personne
Avecl'impatient , soyez patient
Avec le violent , soyez doux
Ne pas combattre le mal par le mal

De grâce ,ne tomber pas dans les pièges de Satan .

Nouveau

Très beau les devises.

Notre-Seigneur dit clairement de porter un jugement.

Comment le faire, en ne tombant pas dans les travers de la médisance.

Apôtre

Reprendre son frère, c'est aussi lui montrer subtilement les commandements du Seigneur sans forcer le libre-arbitre .

Martyr du forum

Poverello a écrit:: Notre-Seigneur dit clairement de porter un jugement.

Comment le faire, en ne tombant pas dans les travers de la médisance.

Eh bien... Le Seigneur nous dit aussi : "Ne juge pas, et tu ne seras pas jugé" (ou quelque chose comme ça, je ne suis pas très bonne en cotations bibliques) Embarassed

Martyr du forum

Poverello a écrit:: Très beau les devises.

Notre-Seigneur dit clairement de porter un jugement.

Comment le faire, en ne tombant pas dans les travers de la médisance.

Si notre jugement commence par voir tout ce qu'il y a de beau et de bon
et si notre jugement est toujours provisoire

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