Pourquoi sommes-nous si faibles dans la souffrance ?

Bonjour,

Je voudrais savoir pourquoi, lorsque nous souffrons, nous ne pensons pas forcément à nous tourner vers Dieu...
Enfin, peut-être n'est-ce pas le cas pour vous, bon chrétiens, mais pour ma part je suis obligée d'offrir à Dieu mes souffrances avant de les ressentir, sinon une fois qu'elles sont là j'oublie carrément Notre Père du Ciel et je me laisse submerger par la douleur ou la fièvre...
Je suis tombée malade avant-hier soir (rien de grave, juste une rhinopharyngite classique, mais avec de la fièvre qui ne passait pas malgré les médicaments et les glaçons), j'ai passé une nuit affreuse, et cela a été pareil toute la journée d'hier et la nuit dernière. J'avoue que je n'ai guère pensé à prier, et quand j'essayais, il m'était impossible de me concentrer, le cœur n'y était vraiment pas... Aujourd'hui je vais mieux, alors je prends conscience de mon manque de Foi, cela me désole...

Comment faites-vous ?

Quand nous sommes malades, notre corps lutte et travaille contre le mal. Il ne peut pas mettre son énergie ailleurs. Et c'est normal que nous ne puissions pas faire autre chose que cette lutte. Voila pour quoi la prière se transforme de longues méditations en cris, en petite phrase d'appel, de merci qui entrent dans la lutte. Dans la maladie, sans nous en rendre compte nous profitons de la force que nous avons accumulé dans nos méditations ou oraisons.
A la guérison le reste reprend son cours, dans la maladie nous sommes en situation d'urgence, à la mobilisation des énergies, la prière tiend compte de cette situation

Je crois que tous se retourne vers Dieu ; certains ne le réalisent tout simplement pas. La première chose que l'on dit ou prononce lorsque l'on voit la souffrance sur les lieux d'un accident '' Ah mon Dieu '' ce n'est pas une expression mais on l'appelle ; on s'identifie automatiquement à lui.

J'ai plusieurs façon de prier qui ne rejoignent pas nécessairement les vôtres mais elles sont miennes ; je lui parle, souvent à haute voix et je lui exprime clairement le fond de ma pensée, ce qui se trame au fond de mon coeur. Si il s'agit de Jean, je lui dis '' Regarde Jean, Jésus, ne crois-tu pas que ses douleurs devraient cesser ; regarde le souffrir, est-ce que c'est ce que tu désires pour ton fils '' ?

Je lui parle fort des fois si je considère que les conditions ne sont plus humaines et acceptables. La prière est privée, quelque chose du fond du coeur que l'on partage seul entre Lui et nous et pour chacun des mortels, elle se veut différente. Il y a aussi la prière conventionnelle qui, elle, ne change pas d'un individu à l'autre.

Lorsque la douleur tant physique que morale ne lâche pas, je ressens un sentiment d'inutilité ; c'est-à-dire que je ressens que même si je demande, que je le supplie, cela ne changera rien. C'est dans ces temps là que ma foi s'ébranle face à ce qu'Il désire faire, concernant ce que je lui demande et que je dois me plier à sa volonté. Il m'arrive de me révolter, au fur et à mesure que je vois Jean s'enfoncer ; il m'arrive aussi de le prier pour lui demander l'aide de nous sortir de ce cauchemar.

Je ne pense pas que nous soyons faibles ; nous sommes humains. Notre souffrance ne pouvant se comparer à toutes autres personnes, seuls nous, à l'intérieur de nous et de notre âme pouvons définir la faiblesse selon notre seuil de tolérance. Quand le seuil de tolérance est largement dépassé, on se tourne vers Dieu mais c'est là que la corde casse. Faut laisser le temps à la blessure de guérir. Durant la guérison, je prie mais pas régulièrement ; amertume et peine font place à la confiance et à l'espoir. J'espère bien m'exprimer là

L'espoir et la confiance s'amenuise au fil des années lorsque nous prions sans cesse et que rien ne change ; que la maladie gagne encore plus du terrain. Je n'appelle pas cela de la faiblesse mais plutôt un côté humain profondément éprouvé.

J'ai côtoyé des souffrances énormes. Ce qui m'a permis de tenir debout c'est l'acte de foi à la compassion du Seigneur vis à vis des malades, de la veuve de Naïm qui vient de perdre son enfant, devant son ami Lazare où il nous es dit qu'il pleura., son angoisse du jardin des Oliviers. Comme on dit je passai cela en boucle dans ma tête et mon coeur.

Cessounette a écrit:

Enfin, peut-être n'est-ce pas le cas pour vous, bon chrétiens,

Chère cécile, nous sommes tous égaux en Christ ; tous frères et soeurs, pas plus meilleurs ou mauvais les uns que les autres. Dieu qui sonde les coeurs, est le seul à savoir ce qu'il se passe réellement dans les profondeurs d'un coeur qui souffre. Ne te dévalorises pas Cessounette.

Cessounette a écrit:

mais pour ma part je suis obligée d'offrir à Dieu mes souffrances avant de les ressentir, sinon une fois qu'elles sont là j'oublie carrément Notre Père du Ciel et je me laisse submerger par la douleur ou la fièvre...

C'est une réaction humaine, naturelle, et s'en rendre compte est le signe que tu cherches Dieu dans la souffrance.

Cessounette a écrit:

J'avoue que je n'ai guère pensé à prier, et quand j'essayais, il m'était impossible de me concentrer, le cœur n'y était vraiment pas... Aujourd'hui je vais mieux, alors je prends conscience de mon manque de Foi, cela me désole...

Comment faites-vous ?

Si tu dis que c'est un manque de foi, alors j'en manque aussi bien souvent. Prendre conscience de ce manquement à la prière lorsqu'on souffre, est justement le signe fort que jésus est là bien vivant au fond de nous. Cette réalité, c'est jésus qui est à l'oeuvre et nous dit: "hé!...je suis là, ne m'oublies pas quand tu souffres, car je peux te réconforter!" On ne pense pas à prier à certaines occasions de notre vie, mais Lui, Jésus, se charge de le rappeler aux "sentinelles" de notre pensée. C'est un combat, que de bien écouter ces "sentinelles"; apparemment tu leur accordes toute ton attention Cécile, à en juger tes nombreuses interrogations. Dans toutes les situations de souffrance, dans les combats, nous devons nous efforcer de revenir sans cesse vers le centre, là où règne le Christ radieux. pas facile!

" je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage courage ! J'ai vaincu le monde. "

ce sont les dernières paroles de Jésus, adressées à ses disciples après la Cène (Jn 16,33). Tout y est dit: le combat certes, mais aussi la victoire; il est notre Vie.

et il ne faut pas oublier 2 Co 12, 10 : "lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort", car la grâce de Dieu suffit à elle seule !

Le Christ lui a fait de la souffrance son point fort dans l'épreuve. Je crois qu'après relecture des évènements quand ils sont passés on doit s'interroger sur leurs significations. Une relecture s'impose de ce fait. Amicalement. Eliane.

nanou912 a écrit:

et il ne faut pas oublier 2 Co 12, 10 : "lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort", car la grâce de Dieu suffit à elle seule !

bin, non ! Lorsque je suis faible, je suis faible. La faiblesse dont parle Paul, est celle de l'esprit. Je l'ai encore vérifié en ce Carême 2010. Pourquoi les choses que je voulais réduire, je ne les ai pas réduites ? Ma faiblesse d'esprit. Il est bon d'entrer dans cette faiblesse là !

Quant à la maladie, c'est normal de ne pas prier.... La seule volonté légitime, est de guérir, et là, de remercier le Seigneur.

moi je ne comprends pas Saint Paul comme ça.
je comprends plutôt que Dieu vient visiter les faibles, et que c'est en Lui qu'il faut mettre notre force. Alors lorsque je suis faible, quelle que soit ma faiblesse -et saint Paul a souffert physiquement !- alors je sais que Dieu seul est ma force... C'est en remettant tout en lui que je suis véritablement fort, car je comprend qu'Il est ma seule force...

Pour la maladie... sainte Thérèse de l'Enfant Jésus était malade... et elle l'acceptait... et elle priait. Mais elle ne priait pas pour elle, elle priait pour les autres... justement, elle avait compris que sa force spirituelle grandissait grâce à sa faiblesse physique.

Les deux thèses sont valables. Si j'ignore ma faiblesse, ou si je ne la reconnais pas, comment puis-je puiser en celui qui ma donne sa force même, et me laisse conserver ma faiblesse humaine.
'Le mal que je ne veux pas faire, je le fais, le bien que je veux faire, je ne le fais pas.' St Paul n'est pas dupe de la condition humaine : la même pour tous.

myriam a écrit:

Pourquoi les choses que je voulais réduire, je ne les ai pas réduites ? Ma faiblesse d'esprit. Il est bon d'entrer dans cette faiblesse là !

Mais... Ne sommes-nous pas censés (essayer de) combattre ce genre de faiblesse, justement (surtout pendant le Carême) ?
Et pourquoi est-ce bon d'entrer dans ces faiblesses, alors qu'avec de la volonté on pourrait les éviter ? (attention, je ne fais pas de jugement, je suis dans le même cas la plupart du temps... Je cherche juste à comprendre)

Cessounette a écrit:

myriam a écrit:

Pourquoi les choses que je voulais réduire, je ne les ai pas réduites ? Ma faiblesse d'esprit. Il est bon d'entrer dans cette faiblesse là !

Mais... Ne sommes-nous pas censés (essayer de) combattre ce genre de faiblesse, justement (surtout pendant le Carême) ?
Et pourquoi est-ce bon d'entrer dans ces faiblesses, alors qu'avec de la volonté on pourrait les éviter ? (attention, je ne fais pas de jugement, je suis dans le même cas la plupart du temps... Je cherche juste à comprendre)

Quand saint Paul dit : 'C'est quand je suis faible que je suis fort', il reconnaît sa faiblesse, et il ne la combat pas... Il admet qu'il a agi dans l'inverse ! Et quand il reconnaît sa faiblesse, il découvre que sa propre force humaine est en fait sa principale faiblesse. Si nous fuyons notre propre faiblesse, nous sommes toujours dans une force illusoire.

Parce que la souffrance nous diminue en tant qu'être humain. L'homme est faible mais le Christ nous ouvre un chemin pour que spirituellement nous trouvions la force de la combattre. Jésus se heurte sans cesse à l'incrédulité des hommes. Il souffre d'être incompris, il explique tjrs ce qu'il veut amener à comprendre en citant les paraboles même avec ça on ne le comprend toujours pas ! Il pleure même sur ce peuple qui s'est enfermé dans son histoire et il essaye d'expliquer ce que Dieu attend de l'homme. La souffrance doit être confier à notre Seigneur, mais ça ne veut pas dire pour autant que la traversée n'est pas une épreuve, au contraire ! Elle devient rédemptrice lorque qu'elle est offerte en oblation c'est à dire par Amour mais non comme un sacrifice ! je ne sais pas si je me fais bien comprendre ! difficile comme sujet ! Eliane.

ehyia29 a écrit:

Parce que la souffrance nous diminue en tant qu'être humain. Eliane.

La souffrance physique, oui, diminue l'homme avant qu'il ne disparaisse de la surface de la terre. La souffrance 'morale' nous aide à devenir humble.

Trop de souffrances finissent par nous rendre encore plus mauvais que nous ne le somme déjà . Je peux vous garantir , que nous ne sommes pas tous des Job .

C'est pour cette raison qu'il ne faut pas chercher les souffrances inutilement .

L'histoire de Job n'est pas seulement une histoire de la souffrance, la question de fond est celle de la rétribution, c'est-à-dire la manière dont Dieu récompense ou punit l'homme. Le livre de Job remet en cause le lien systématique établi entre la souffrance et le péché. L'expérience de l'Exil a été pour Israël une terrible épreuve physique, morale et spirituelle, mais elle a permis au peuple de purifier sa foi, d'approfondir sa réflexion sur les grandes questions humaines.
Parmi ces questions :
Peut-on croire pour "rien", d'une manière désintéressée ?
Peut-on croire en un Dieu Amour, quand on souffre ?
La toute puissance de Dieu, c'est quoi ?
Dieu intervient-il dans les évènements ? Que signifie son silence ?
La doctrine traditionnelle se montre incapable de rendre compte de la souffrance des innocents. La foi d'Israël est donc en question... L'auteur du livre de Job ose dire une pensée neuve (même si, par certains aspects, cette pensée est encore assez traditionnelle).

Ma blonde est enceinte et on vient d'apprendre que notre petit bébé souffrira peut-être de Hydrocéphalie .

Dites-moi où est la rétribution là-dedans ? C'est de ce genre de souffrance que je parle . La souffrance qui touche ceux que l'on aime le plus au monde , pas celle qui nous touche personnellement , mais celle qui touche Notre Amour le plus profond .

Où encore un autre exemple la disparition du petit Nicolas Pineault , qui se serait noyé dans une rivière il n'y a pas si longtemps ...

"Ainsi parle le Seigneur : Écoutez ! à Rama on entend des plaintes, des pleurs amers : c'est Rachel qui pleure à cause de ses fils ; elle refuse d'être consolée, parce qu'ils ne sont plus" (Jérémie 31, 15).

Bien évidemment je parlais de Job et de son histoire !
A propos de votre exemple il montre que devant la souffrance on est vide ! Parce que impuissant à mettre des mots sur ce qu'elle est. Je dis que c'est un" non-sens" et qu'en aucun cas Dieu permet celà ! Il n'y a pas de réponse face à elle sinon confié cette souffrance au Christ qui lui-même l'a traversé aussi ! Bien à vous. Eliane.

GrandParleurTiFaiseur a écrit:

Ma blonde est enceinte et on vient d'apprendre que notre petit bébé souffrira peut-être de Hydrocéphalie .

Dites-moi où est la rétribution là-dedans ? C'est de ce genre de souffrance que je parle . La souffrance qui touche ceux que l'on aime le plus au monde , pas celle qui nous touche personnellement , mais celle qui touche Notre Amour le plus profond .

Où encore un autre exemple la disparition du petit Nicolas Pineault , qui se serait noyé dans une rivière il n'y a pas si longtemps ...

"Ainsi parle le Seigneur : Écoutez ! à Rama on entend des plaintes, des pleurs amers : c'est Rachel qui pleure à cause de ses fils ; elle refuse d'être consolée, parce qu'ils ne sont plus" (Jérémie 31, 15).

Si l'autre souffre, tu souffres parce que tu l'aimes.

Oui comme le dit Myriam, si l'autre souffre nous souffrons aussi. C'est pour ça que le Christ a guérit. Il n'a pas guérit que les maux dont nous souffrons mais également par les mots qu'ils prononcent il nous remet debout. La personne toute entière dans son intégralité d'être humain et spirituel en même temps ! si Jésus à une telle attitude envers la souffrance comment comprendre que Dieu l'abandonne sur la croix. Hors il ne l'abandonne pas il continue à "être avec" c'est-à-dire que Jésus fait confiance à son Père. A nous aujrd'hui d'avoir la même attitude. Eliane.