Jn 4,43-54
« L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite »
De retour de Samarie, Jésus s'arrête à Cana en Galilée, là où il avait changé l'eau en vin, précise Jean. L'ensemble du texte, dans lequel Jean insiste beaucoup à propos de la Galilée, donne à penser que Jésus s'y sent bien - même s'il fut chassé de Nazareth. Cana est un heureux souvenir, et son enseignement attire les foules. Comme il est en chemin, un fonctionnaire royal se présente et lui demande de se déplacer jusqu'à Capharnaüm pour guérir son fils malade. Par sa réponse, Jésus, d'une part va "attiser" la foi de ce père, tout en dénonçant l'incrédulité qu'Il a déjà rencontrée souvent dans la ville où réside Pierre "« Vous ne pourrez donc pas croire à moins d'avoir vu des signes et des prodiges ? » Le père n'écoute pas, il veut sauver son enfant, c'est la seule chose qui lui tient à coeur à ce moment: Jésus peut sauver son fils, il en est persuadé. Alors, Jésus le renvoie: "Si tu crois en ma parole, va, rentre chez toi, ton enfant est guéri, inutile que je descende chez toi".
Et l'homme crut... Mieux : sur le chemin du retour, il rencontra des émissaires qui lui confirmèrent que l'enfant s'était relevé dès le moment de la parole de Jésus.
Par contre, tristement, Capharnaüm est aussi la ville qui a reçu les paroles les plus dures de notre Seigneur : "Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Jusqu’à l’Hadès tu descendras. Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. Aussi bien, je vous le dis, pour le pays de Sodome il y aura moins de rigueur, au Jour du Jugement, que pour toi." (Mt 11, 23-24). Pour éviter un reproche si amer, les habitants de Capharnaüm n’avaient qu’une chose à faire : croire en lui, à l'image de ce fonctionnaire.
Je reviens simplement à la phrase que j'ai détachée du texte: "L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite"... pour me demander ce que vaut ma foi. De ce temps-ci, je trouve plus difficile d'avoir foi, en partie car je ne bénéficie plus d'une Eucharistie chaque jour, en partie à cause des catastrophes qui se produisent dans le monde, des attaques constantes que subit l'Eglise, mais aussi du comportement insensé et terriblement injustes des sphères de pouvoir et d'argent. Sur deux jours de temps, j'ai rencontré plusieurs personnes qui vivent dans la peur. L'une d'entre elles m'a dit :"C'est le carnaval, ne laisse pas ta boutique ouverte, tu risques un vol, un sacage, une agression !" Mais j'ai travaillé normalement et il ne s'est rien passé. Mon voisin de rue, dépressif depuis le décès de son épouse, a été convoqué par la Caisse d'Assurances sociales, où on lui a signifié qu'il était sans emploi depuis vingt ans ... mais les règles ont changé depuis la crise financière: plus question pour lui de toucher un chômage. Puisqu'il a soixante ans, désormais il ne touchera plus que sa prépension (calculée sur son revenu - sur base des cotisations sociales retenues sur son ancien salaire, ce qui signifie qu'il va désormais vivre avec près de trois cents euros en moins).
Divers incidents graves laissent à penser que les budgets des "travaux ordinaires" des villes et des régions ont été ponctionnés de toutes sortes de façon - à des fins politiques, pour ériger des monuments de prestige. Les canalisations de gaz sont vêtustes, le réseau de chemin de fer ne dispose pas de systèmes de sécurité efficaces, la voirie est en très mauvais état. Le nombre de jeunes au chômage est en constante augmentation, les prix sont repartis à la hausse, etc. Mais rien n'arrête le bâtiment : on monte partout des immeubles à appartements !
Tout cela laisse une impression de grande confusion, d'instabilité, de crainte pour l'avenir. Pour entretenir sa foi, il faut donc pratiquer plus. Du moins aujourd'hui, je n'ai pas manqué de foi, car j'ai cru pouvoir laisser des ouvriers réparer ma toiture après l'hiver, tandis que je suis venu à mon travail comme si de rien n'était... Ils m'ont assuré qu'ils pratiquent souvent ainsi, car plus personne qui travaille ne prend de jours de congé pour de tels travaux. Bref, le meilleur acte de foi que je peux poser en ce moment, c'est de garder mon calme, de ne pas prêter attention aux propos alarmistes et de sortir mon meilleur sourire autour de moi !
Jézu Ufam Tobie !