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 HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER"

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Gilles
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Gilles



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MessageSujet: HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER"   HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Icon_minitimeDim 21 Mar 2010 - 12:31

HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Eglise-270580


Psaume 23
Le Seigneur est mon berger




Le Seigneur est mon berger
Je ne manquerai de rien
Il me fait coucher dans de verts pâturages
Il me dirige vers des eaux paisibles
Il restaure ma vie
Il me conduit sur les sentiers de la justice
A cause de son nom
Même si je marche dans la vallée de l’ombre de mort
Je ne crains aucun mal
Car tu es avec moi
Ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort
Tu dresses devant moi une table
En face de mes adversaires
Tu enduis ma tête d’huile
Ma coupe déborde
Oui le bonheur et la fidélité m’accompagneront
Tous les jours de ma vie
Et je reviendrai à la maison du Seigneur
Pour la longueur des jours
---



D’où vient cette prière ?


Il s’agit d’un des psaumes les plus connus dans le monde chrétien. Le mot psaume vient du grec psalmos et désigne une sorte de poème religieux chanté. La Bible compte 150 psaumes dans un livre du même nom. Beaucoup d’entre eux sont précédés par des suscriptions avec des informations sur les instruments à utiliser. Grâce à ce genre d’annotations, entre autres, on sait que les psaumes ont fait partie d’un recueil liturgique utilisé par la communauté du Second Temple à Jérusalem. Mais il est très difficile de les dater d’une façon scientifique. Les plus anciens remontent peut-être à l’époque du roi David (1010-970 av. J.-C. environ) et il en est peut-être lui-même l’auteur, comme le texte le suggère. Les plus récents pourraient être du troisième siècle av J.-C., selon les exégètes. En tout cas, le Psaume 23, dit « De David » comme beaucoup d’autres, fait partie d’une collection dite « davidique » (Ps 3-41) qui serait la plus ancienne.
Comment l’interpréter ?


Quand on étudie les Psaumes, on se rend vite compte d’un phénomène : il est très facile de se les approprier, un par un, en tant que croyant. Souvent il s’agit de suppliques individuelles. En 150 psaumes, on découvre au moins autant de moments particuliers et différents qui caractérisent la relation qu’un individu peut avoir avec Dieu. Cela va des pires craintes, où le croyant en est pratiquement à « engueuler » Dieu (« Pourquoi m’as-tu abandonné ? » par exemple), à l’expression du plus grand bonheur. Dans tous les cas, il s’agit de la mise à nue d’une relation personnelle avec Dieu. On comprend dès lors que le réformateur Martin Luther voyait dans les Psaumes « une petite bible ». Jésus lui-même les a récités et médités (lisez par exemple l’évangile de Luc chapitre 24 verset 44).
Le Psaume 23 est emblématique pour son caractère universel. Il ne nécessite pas de connaissances particulières, ni de contextualisation, pour être dit avec foi par le croyant. Il peut être lu en toute occasion, dans la joie comme dans la peine. Il exprime la connaissance de Dieu, le Père, vu comme un berger. Certains théologiens y voient une préfiguration de Jésus à travers ces mots : "Tu enduis ma tête d'huile. Ma coupe déborde". En tout cas, on y lit la conviction ferme que Dieu, le berger, conduit l’individu sur les bons chemins (ou « chemins de la justice »). Un accent particulier est mis sur la confiance que le croyant accorde à ce Dieu qu’il tutoie (« je ne crains aucun mal, car tu es avec moi »). Ce Dieu est en effet quelqu’un qui collabore avec le croyant. Le dernier verset décrit un aspect positif et optimiste : « Oui, le bonheur et la fidélité m’accompagneront tous les jours de ma vie ». Au total, voici une prière à garder et même à connaître par coeur !

Henrik Lindell

Source: www.dieu-et-moi.com

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Gilles
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MessageSujet: Re: HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER"   HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Icon_minitimeMer 24 Mar 2010 - 10:08

HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Dyn003_original_350_350_gif_2607885_95264ddd0c6afda3308d8475cf88b179


La joie selon l'Ecclésiaste

La joie n'est pas spontanément associée à l'Ecclésiaste, qu'on perçoit souvent comme un livre pessimiste voire déprimant !

Pourtant, la joie est un des thèmes centraux du livre.

Nous pouvons citer un verset qui résume bien la pensée de l'Ecclésiaste sur le sujet :


Ecclésiaste 8.15
J'ai donc fait l'éloge de la joie, parce qu'il n'y a rien de bon pour l'être humain sous le soleil, sinon de manger, de boire et de se réjouir; c'est là ce qui doit l'accompagner dans son travail, pendant les jours de la vie que Dieu lui donne sous le soleil.


L'Ecclésiaste y fait l'éloge de la joie ! La joie, c'est ce qu'il y a de meilleur pour nous sur cette terre.


Manger, boire et se réjouir

Il y a trois verbes pour exprimer ce que l'Ecclésiaste entend par la joie : manger, boire et se réjouir.

Ça peut paraître peu spirituel... Un « bon chrétien » aurait sans doute définit la joie par la prière, la lecture de la Bible et la communion fraternelle ! Pour l'Ecclésiaste, c'est manger, boire et se réjouir !

Les écrits de sagesse sémitiques sont très pratiques et ne se perdent pas dans de grandes considération philosophiques désincarnées !.

L'idée ici est de jouir de la vie et de ses bienfaits. Ce qui est pleinement en accord avec la pensée biblique. Dieu n'a-t-il pas planté pour l'homme un Jardin d'Eden (qui signifie « jardin des délices ») ? Certes, il y avait un arbre interdit, pour nous rappeler notre dépendance du Créateur... Mais le commandement était d'abord de "manger de tous les arbres du jardin" ! Bref, de jouir pleinement de tous les délices proposés par Dieu.

Bien sûr il y a la joie du salut, du pardon, de l'espérance chrétienne... Mais il est aussi spirituel de se réjouir de la vie, du boire et du manger, de l'amour, des plaisirs, petits ou grands... C'est profiter des biens que Dieu a créé pour notre joie.

Un chrétien triste est un triste chrétien ! La joie, le plaisir, le bonheur, voilà ce que Dieu a voulu pour les humains, dès leur création !



La joie qui nous accompagne dans notre travail

Selon l'Ecclésiaste, la joie doit nous accompagner dans notre travail... ou notre peine. Le même mot hébreu peut désigner le travail ou la peine, et même la souffrance.

Voilà encore une référence à la Genèse, au chapitre 3, où le travail est devenu pénible avec le péché.

Le travail, c'est la peine qu'on se donne ici-bas... Une peine futile si on la considère pour elle-même, puisqu'on n'emporte rien avec nous de cette peine lorsqu'on quitte cette terre...

Il y a, pour tous, une peine à vivre sous le soleil. Il y a ceux qui travaillent pour vivre et ne font pas le métier qu'ils aimeraient faire. Il y a ceux qui aimeraient travailler mais ne trouvent pas de job. Il y a ceux qui aiment leur métier mais ne supportent plus leurs collègues de travail ou leur chef. Et puis il y a toutes ces corvées qu'on doit faire et qui nous sont pénibles...

La joie vient contrebalancer la peine d'une vie marquée par le péché et ses conséquences
.


La joie pendant les jours de la vie que Dieu nous donne

Mais l'Ecclésiaste rappelle que la vie, chaque jour de notre vie, est un don de Dieu. Que faisons-nous des jours de notre vie ? Dieu nous les donne, comme des cadeaux...

Et dans chaque jour que Dieu nous donne, il y a des occasions de joie, des plaisirs, petits ou grands, à vivre. Ne pas jouir de la vie et de ses plaisirs, c'est refuser les cadeaux que Dieu nous offre.

L'Ecclésiaste est le premier à dire qu'il y a un temps pour tout, et donc aussi un temps pour la tristesse ou pour le deuil. Mais la vie que Dieu nous donne est faite de la coexistence de la peine et de la joie, de la souffrance et du plaisir. La joie permet de surmonter la peine... elle est un cadeau de Dieu, ce qu'il y a de meilleur pour nous ici-bas.

La joie du salut, apportée par l'oeuvre de Jésus-Christ, ne change pas fondamentalement la donne, même si elle ouvre des perspectives nouvelles. Elle ne doit pas nous transporter artificiellement au ciel. N'oublions pas que le Royaume de Dieu est venu parmi nous en Jésus. Et que souvent Jésus se trouvait à table...

Le salut offert par Dieu commence aujourd'hui et passe aussi par le fait de jouir des biens que Dieu nous accorde.


Conclusion

Le livre de l'Ecclésiaste est loin des clichés que l'on en a. Un des messages qu'il souligne peut être résumé ainsi : « jouissez de la vie, c'est un cadeau de Dieu ! »

Bien sûr, si la joie ou les plaisirs sont compris comme une fin en soi, s'ils sont vécus comme une fuite en avant pour oublier la peine, ils sont aussi futiles et vains. Parce que les joies et les plaisirs passent...

Mais reçus comme des dons de Dieu, la vie et ses plaisirs procurent une joie qui est la meilleure part de ce que Dieu nous réserve.

Et la joie du salut, révélée en Jésus-Christ, ne s'oppose pas à cette joie de la vie. Elle vient l'approfondir, la renouveler. Elle lui donne une dimension d'éternité, qui va au-delà de la barrière ultime à laquelle se heurte notre vie « sous le soleil » : celle de la mort.

Jouir de la vie aujourd'hui, c'est aussi se préparer à jouir de la vie que Dieu nous réserve, pour l'éternité.


Source: kerouvim.over-blog.com/article-29330319.html

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MessageSujet: Re: HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER"   HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Icon_minitimeDim 25 Avr 2010 - 11:59

HEUREUX OU TRISTE ? "LE SEIGNEUR EST MON BERGER" Jd6ips3a

Le Psaume 23 (22) dans la tradition catholique


par Raymond Kuntzmann, professeur émérite de Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg


La lecture de ce psaume ramène à mon esprit un petit événement de mon existence. Jeune vicaire, j’assurai le culte d’une paroisse d’été en Bretagne, et ma chorale privilégiait, allez savoir pourquoi, le chant du Ps. 23 comme entrée pour l’eucharistie. À la fin d’une messe, une dame élégante vint à la sacristie pour se plaindre: «Mon Père, à force de chanter ce psaume, vous allez faire de nous des moutons qui broutent !»

Depuis ce temps-là, ce psaume me poursuit: nous invite-t-il essentiellement à brouter, fut-ce devant le Seigneur? Voici quelques pensées de l’exégète de métier et du catholique célébrant que je suis, sous la forme de flashes, compte tenu des limites de cette intervention.


La traduction liturgique du Psaume 23


Voici tout d’abord le texte du Psaume 23 tel que les Catholiques le prient ou le chantent dans leur démarche centrale, la liturgie.

1. Le Seigneur est mon berger: je ne manque de rien.

2. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles

3. et me fait revivre;
Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.

4. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
Car tu es avec moi: ton bâton me guide et me rassure.

5. Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis;
Tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

6. Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie;
J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.



La traduction liturgique de ce psaume, comme celle des autres, suit un texte latin mis au point par saint Jérôme à partir de l’an 387 à Bethléem et dénommé le «Psautier gallican». Répandue en Gaule dès le 9e siècle, cette traduction est étendue à toute l’Eglise par le pape saint Pie V vers 1570.

Toutefois, une nouvelle traduction critique visant la clarté et la correction s’éloigne délibérément de ce texte traditionnel; elle est approuvée par le Pape Pie XII le 24 mars 1945. Oeuvre de six membres de l’Institut Pontifical Biblique, c’est elle que le Pape impose à l’Eglise par un décret qui s’intitule très justement In quotidianis precibus, «Pour les prières quotidiennes».

Le Psaume 23 usuel vient de cette traduction, qui respecte pour l’ensemble l’original hébreu, avec l’une ou l’autre insistance:

– Au v. 4, le texte hébreu parle de «ténèbres» et notre version, avec la traduction grecque ancienne, dit «ombre de la mort» et ajoute la parole rassurante «Car tu es avec moi».
– Au. v. 5, l’hébreu parle de la coupe qui «déborde» évitant la «coupe enivrante» de la Vulgate latine, qui suit un texte araméen possible.
– Au v. 6, enfin, en place de l’hébreu «je retournerai» (chavetî) qui fait songer à un vœu de pèlerin, notre texte liturgique propose «j’habiterai», d’après le grec «pour me faire demeurer (kai to katoikein me) en la maison du Seigneur».

Ces fidélités à la grande traduction grecque des Septante sont précieuses et orientent souterrainement la prière chrétienne du Psaume 23: là où, selon une interprétation courante, le psalmiste hébreu évoque la marche du retour d’exil (et les références à d’autres textes du Premier Testament vont en ce sens), la prière chrétienne installe déjà le fidèle dans la maison du Seigneur en tant qu’invité à son festin.


L’utilisation liturgique du Psaume 23

Les occasions de prière pour lesquelles le Psaume 23 est utilisé sont aisées à établir: il suffit de parcourir les livres de prière et de liturgie. En voici un relevé représentatif:

– Tout d’abord c’est un psaume à tout usage, si l’on peut dire: la confiance qu’il exprime s’adapte à bien des situations de prières privées ou publiques. Il en était ainsi du souvenir évoqué au début de cet exposé.

– Ce psaume parsème également la Prière des heures, encore appelée «bréviaire». J’ai relevé que l’usage du Psaume 23 occupe surtout les Nones, le petit office de l’après-midi.

– Plus impressionnante est l’utilisation liturgique proprement dite du Psaume 23. Il est généralement sollicité comme prière «graduelle», celle qui se chante après les premières lectures des liturgies de la Parole. C’est d’ailleurs l’un ou l’autre thème de ces lectures qui se développe généralement dans le psaume: (1) le mercredi de la 1ère semaine de l’Avent juste après la lecture d’Isaïe 25,6-20 (le festin que le Seigneur prépare sur sa sainte montagne); (2) le dimanche de la 2e semaine, à Nones, ainsi que le dimanche de la 4e semaine à la même heure; (3) le samedi de la 4e semaine du temps ordinaire, juste avant le récit de la multiplication des pains dans l’Évangile de Marc 6,30-34 qui montrent les foules semblables à des brebis sans berger; (4) le mercredi de la 20esemaine après la lecture de Tite 3,1-7 sur le bain du baptême; (5) enfin le lundi de la 5e semaine de Carême, sans lien apparent avec son contexte (histoire de Suzanne dans le Livre du prophète Daniel). Le Psaume 23 remplit à merveille sa fonction d’une prière prolongeant le texte saint qui vient d’être lu.

– Il est encore un dernier lieu où le Ps 23 trouve son insertion: la liturgie des sacrements, essentiellement le baptême et l’eucharistie. Nous y reviendrons.


Un psaume appliqué au Christ

Dans les prières et les rites chrétiens évoqués ci-haut, le Psaume 23, tiré de la Bible hébraïque se fonde sur la prière juive; mais il la déploie vers le mystère de Jésus Christ. C’est dans cette application qu’il faut voir la spécificité de la prière chrétienne et catholique du Psaume 23. Les chrétiens ont reçu ce psaume dans leur héritage, tout en orientant ses affirmations vers Jésus le Christ en qui, à leurs yeux, toute l’Écriture s’accomplit.

C’est le Ressuscité lui-même qui a ouvert le chemin de cette actualisation. Ainsi dit-il aux disciples d’Emmaüs: «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire. Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait» (Luc 24,26-27). Et un peu plus loin, il dit encore à tous les disciples réunis: «Voici les paroles que je vous ai adressées quand j’étais encore avec vous: il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes» (Luc 24,44). Les Psaumes, bien que recouvrant sans doute cette troisième partie du Premier Testament qu’on nomme les Écrits, sont donc considérés comme des prophéties du mystère du Christ.

Cette orientation christologique a été favorisée, il faut le dire, par le peu de poids du contexte historique évoqué par les psaumes en général et le Psaume 23 en particulier: l’en-tête, «Psaume de David» (mizmor le-David), ne dit rien de très précis de l’histoire évoquée par le Psaume 23. On a débattu de cette absence d’horizon historique et la discussion reste ouverte. La prière attribuée à David fut donc disponible à bien des utilisations dans les situations chrétiennes.

L’orientation du Psaume 23 vers les sacrements du baptême et de l’eucharistie

Dans cette optique, l’orientation chrétienne actuelle du Psaume 23 vers l’eucharistie et vers le baptême s’explique aisément. Elle commence par les Évangiles eux-mêmes. Selon l’Évangile de Marc (6,30 et suivants) dans le cadre de la multiplication des pains, Jésus voit les foules fatiguées et en a pitié car «elles étaient comme des brebis sans berger», il les mène au repos, les fait asseoir sur l’herbe verte. Ces indications renvoient au Psaume 23 et mettent en relief Jésus comme berger-messie nourrissant les siens. L’évangile de Jean, par la parabole du Bon Berger (Jean 10), pousse plus loin cette identification. La parole est connue et on y vérifie facilement l’influence du Psaume 23.

Aux trois premiers siècles chrétiens, le Psautier, surtout dans la traduction grecque des Septante, fut la source principale des prophéties utilisées par l’apologétique ou la pastorale. Un Père de l’Église, Diodore de Tarse (4e siècle), reste proche de la lecture juive: «Ce psaume est dit des Juifs de retour de Babylone», dit-il. «En effet, puisque, après que le roi Cyrus les eut laissé partir, ils ont retrouvé leur bien dans un grand état de prospérité» 3. Selon lui, donc, ce psaume doit être lu comme le «Nouvel Exode» en lien avec l’exil.

Cependant, l’essentiel des lectures patristiques applique le Psaume 23 au baptême et à l’eucharistie. Psaume baptismal par excellence (les «eaux du repos» données comme les eaux du baptême) ce psaume se trouve aujourd’hui lors des célébrations du catéchuménat (ultime préparation, 2e scrutin), puis au baptistère même, juste avant la bénédiction des eaux et le baptême proprement dit. Il est aussi utilisé lors de l’ordination des prêtres après une lecture tirée du livre des Nombres rappelant l’Esprit imposé aux anciens (Nombres 11,11-25).

À ces emplois codifiés, il faut ajouter le chant de ce psaume au gré des nombreuses eucharisties célébrées de par le monde et fondées sur de multiples associations déjà apparentes dans la littérature patristique.

Un Père de l’Église, Cassiodore (5e siècle), à la suite du grand Origène, présente le psalmiste comme un chrétien modèle, en détaillant les affirmations du Psaume 23 comme suit. Le «berger» est identifié à Jésus, les «eaux du repos» représentent le baptême et le «parfum» le don du Saint Esprit reçu». Les «prés d’herbe fraîche» sont l’Église du Christ, tandis que «l’ombre de la mort» et les «adversaires» renvoient aux hérétiques et aux schismatiques. La «table dressée» est celle du corps du Christ, la «coupe débordante», c’est le sang du Christ. Le passage des «ravins de la mort» signifie l’entrée dans la maison du Père pour la vie éternelle, et la «maison du Seigneur» est assimilée à la Jérusalem future4.

L’art chrétien a su également illustrer avec bonheur, telle une Bible visuelle, le thème du Bon Berger, à preuve la représentation du Bon Pasteur de la Catacombe de Domitille présentée par ma collègue. Le texte du début du Psaume 23, psaume de l’initiation chrétienne, se retrouve inscrit, lui, dans beaucoup de baptistères anciens (Latran, Naples, Ravenne, Vatican). Il faudrait encore mentionner les miniatures du Bon Pasteur dans les psautiers anciens et de nombreuses exploitations de la symbolique de ce psaume.
Prier le Psaume 23: un «être-avec»


Il est évident que les communautés catholiques contemporaines très familières du Psaume 23 ne donnent généralement pas, sauf incitation spécifique du maître de chœur, dans ces déploiements symboliques. Elles sont là pour prier, et leur chant dévoile une approche intime de Dieu, auteur de son bonheur, et de son Christ, président de sa table sainte.

Dans cette perspective la communauté actuelle acclame à la fois le Père créateur et le Christ son berger. Le Psaume est nettement divisé en deux parties: le Seigneur berger-guide et protecteur du fidèle (v. 2 à 4) et le Seigneur-hôte qui dresse la table pour son fidèle (v. 5-6). Le fil rouge qui sous-tend ces deux parties est une confiance sereine, pour ne pas dire enthousiaste quand le chant est bien enlevé.

Voilà qui explique le choix fréquent de ce psaume comme chant d’entrée: il ne nous fait pas brouter, mais nous établit comme un «être-avec» le Seigneur, d’une grande intimité, dans nos sacrements essentiels et dans la prière publique ou privée.

Source: www.jcrelations.net

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