Travail communautaire: Gilles Kègle L’ange des faubourgs
«La rue est mon église, l’amour ma religion», confie Gilles KèglePour en savoir plus sur la
Fondation Gilles Kègle«En bicyclette, l’hiver, à –20°, vous allez avoir de la misère à me suivre!» Quand la maison de production québécoise Christal Films a offert de réaliser un documentaire sur son œuvre, Gilles Kègle a d’abord hésité. Puis accepté. En 2006, il remplira sa mission sous l’œil d’une caméra. Mais les cinéastes ont intérêt à pédaler ferme…
Chaque jour, de 7 heures à 22 heures, l’infirmier des mal-aimés file d’un chevet à l’autre au guidon de sa bécane. Le 28 mai prochain, il fêtera le 20e anniversaire de son travail de rue à Québec. Vingt ans à soulager la misère des vieux, des malades et des démunis. Un million de visites à domicile. Pas un seul jour de congé. Lorsque le premier ministre Jean Charest lui a proposé d’aller aux obsèques du pape Jean-Paul II, à Rome, il a refusé: il ne pouvait se résoudre à laisser ses patients. «Chaque matin, j’ai rendez-vous avec l’amour», a-t-il expliqué. On ne fait pas attendre l’amour.
Et dire que la «mère Teresa de Québec» a longtemps soigné dans l’ombre. Décoré de l’Ordre du Canada et de l’Ordre de la Pléiade, ce «géant» de 1,55 m, aux yeux de charbon brûlant, est devenu la coqueluche des médias. «Il a donné un visage à la bonté et redonné à beaucoup le goût du bénévolat», note Le Soleil, qui participe chaque année à sa collecte de fonds.
Aujourd’hui, le fondateur des Missionnaires de la paix dirige environ 70 volontaires qui soignent 2400 bénéficiaires. Des élèves lui préparent des sandwichs, des entreprises lui offrent de l’argent. Son organisme a même essaimé à Montréal, en 2002.
Fondée en 1998 dans une ancienne piquerie de Saint-Roch, quartier pauvre de Québec, la Maison Gilles-Kègle est une gare de la tendresse. Des itinérants viennent y boire un café, des marginaux s’y font soigner. Un jour, une toxicomane enceinte est arrivée, affolée: elle venait de s’injecter de la drogue et craignait soudain pour son bébé. Une fillette de 11 ans, violée par son beau-père, est déjà venue y chercher asile.
Ce matin d’octobre, le missionnaire en jeans et en baskets remonte d’un pas vif une ruelle décrépite de la basse-ville. «Il faut que je trouve un autre logement à André, s’inquiète-t-il. Le sien est une passoire, il va geler cet hiver.» Dans ce logis exigu, livré aux courants d’air, il trouve son patient en tee-shirt. Le quinquagénaire grimace de douleur. Cancer.
«Ton bras gauche a enflé. Ça te fait mal? demande l’infirmier en lui remettant des comprimés de morphine.
— Un peu, avoue l’homme.
— Les pilules vont te soulager. As-tu de quoi souper?
— Du steak!» lance André avec un regain d’énergie.
Une bénévole a promis de venir cuisiner pour lui, pendant qu’un autre cherchera un appartement décent.
Deux blocs plus loin, Gilles cogne chez Gaston. Qui l’accueille avec joie dans son studio surchauffé. Gaston est cardiaque; mais, surtout, il souffre d’ennui. Comble de malheur, son téléviseur vient de rendre l’âme. «Je t’ai trouvé une nouvelle télé. Je vais te l’apporter ce soir», promet l’infirmier. Le visage fripé s’éclaire comme un phare.
Qui croirait que ce papi pétillant revient d’entre les morts? «Il y a quelques années, raconte Gilles Kègle, un commis de dépanneur m’a téléphoné pour me dire qu’un client qui lui achetait chaque matin son journal n’avait pas reparu depuis un mois. Il me l’a décrit, et j’ai aussitôt pensé à Gaston. Je me suis précipité chez lui.» Il a trouvé un squelette vivant, agonisant sur un matelas au ras du sol. Seul au monde, Gaston avait cessé de s’alimenter. Depuis, il a réappris à manger, à parler, à rire...
Redonner le goût de la vie, c’est la spécialité de Gilles Kègle. Son petit miracle quotidien. Ces miséreux dont tout le monde détourne les yeux, il leur rend visite en ami. Il prend leur tension, écoute leurs chagrins, remplit le frigo, les déclarations d’impôts, promène le chien. Aucun geste n’est trop humble s’il soulage la souffrance. L’ex-membre de la Congrégation des pères du Très-Saint-Sacrement tend même l’oreille à ses bénévoles. «Ils sont souvent désarmés par la détresse dont ils sont témoins. Ils ont besoin d’en parler.»
La Maison Gilles-Kègle est tapissée de photos de célébrités amies. Parmi elles figure l’écrivain John Ralston Saul. C’est lui, le mari de l’ex-gouverneure générale Adrienne Clarkson, qui a convaincu le missionnaire de faire publier sa biographie. Gilles Kègle, l’infirmier de la rue a été un succès de librairie en 2005. Le héros y confie son enfance malheureuse, sa soif d’amour, ses épisodes d’alcoolisme et de dépression, le viol qu’il a subi adolescent. Cette transparence heurte sa famille, mais émeut la chanteuse Diane Dufresne qui, en préface, le baptise joliment «l’ange qui a cru perdre ses ailes».
En 1986, Gilles Kègle tente de se jeter du haut d’une falaise, mais plutôt que de mettre fin à sa vie, décide finalement de la consacrer aux autres.
«Ç’a été ma façon de me suicider», lance-t-il.
Aujourd’hui, il reçoit 2000 lettres par an – appels au secours ou témoignages d’admiration – et s’efforce de répondre à toutes! Comme il tente de satisfaire les reporters, qui le réclament sans cesse. Ce matin, TVA veut son avis sur le cas d’un Montréalais trouvé dans un logement grouillant de coquerelles. «Je n’ai pas le temps», soupire-t-il en pensant à la vingtaine de patients qui l’attendent.
Sa nouvelle célébrité n’est pas synonyme de luxe. Avec 1000$ par mois (c’est le salaire qu’il touche de sa fondation), le porte-parole des laissés-pour-compte vit, selon les statistiques officielles, très en deçà du seuil de la pauvreté. Il partage son appartement, au deuxième étage de la Maison Gilles-Kègle, avec son ami Jean Abran, un artiste peintre… et une dizaine d’animaux recueillis. Dans sa chambre, un matou jaune ronronne, perché sur la cage des colombes. Il veille sur les biens du maître: un vieux matelas, quelques vêtements usés dans une penderie sans porte, une commode bourrée de coupures de presse.
Sa richesse, c’est sa faculté de rêver. «Un autre de mes vœux a été exaucé!» L’automne dernier, il a reçu une minifourgonnette. Offert par la Caisse populaire de Québec, ce véhicule lui permettra d’organiser de courtes excursions pour les démunis. «Certains ne sont pas sortis depuis des années. On va enfin pouvoir leur offrir un peu de bon temps.»
Il rêve aussi d’un centre d’accueil pour personnes âgées démunies offrant la même qualité de soins que les résidences à 4000$ par mois. Aujourd’hui, il doit se résigner à envoyer les gens très malades dans des centres de soins longue durée. Il aimerait les garder près de lui. Ou même habiter avec eux, quand lui-même sera devenu trop frêle pour leur rendre visite.
Ses protégés, il les suit par-delà le trépas. Récemment, il a convaincu l’entreprise funéraire Lépine Cloutier de lui céder un coin de cimetière pour enterrer les morts que personne ne réclame. «Auparavant, je devais les abandonner à la fosse commune. Ça me brisait le cœur», dit-il. Désormais, ses amis décédés auront leur nom sur une plaque de cuivre au cimetière.
Parfois, il réussit même à convoquer leur famille pour un ultime rendez-vous. Avant de mourir, en septembre, Claude lui avait chuchoté le prénom de ses 12 frères et sœurs. Gilles Kègle a cherché leurs noms dans le bottin et a fini par tomber sur une belle-sœur. Vingt ans après avoir perdu toute trace de leur frère, ces gens ont au moins pu lui dire adieu.
«C’est pour cela que je photographie mes patients», ajoute-t-il. Il y a sept ans, une photo publiée dans les pages nécrologiques a permis à un itinérant, un schizophrène qui avait quitté sa Gaspésie natale il y a 25 ans, d’être identifié par ses proches. «Aux funérailles, toute la famille pleurait.»
Dans cette humanité écorchée, Gilles Kègle a trouvé sa propre famille. Celle-ci grandit, constate-t-il non sans inquiétude. «Dans 10 ans, quand les baby-boomers atteindront le grand âge, j’aurai 50 pour 100 de plus de patients à aider. Et le système de santé ne dispensera pas plus de soins. Il me faudra d’autres bénévoles. Je me fie à la Providence…»
Heureusement, sa foi ne faillit jamais. «La rue est mon église, l’amour ma religion», conclut-il. Et de retourner vers ses patients au pas de course. C’est sa façon de prier pour le salut du monde.
TRAVAIL COMMUNAUTAIRE
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Gilles Kègle
Cet infirmier de la rue œuvre dans la ville de Québec depuis plusieurs années. C’est un héros pour les démunis. M. Kègle est un travailleur de rue infatigable, 365 jours par année. Il s’oublie pour ne penser qu’à ses pauvres, à les soigner, les laver, leur parler, leur faire la barbe etc. Cela sans vacances et sans salaire. Bravo Gilles Kègle. Je considère que Monsieur Gilles Kègle mérite toutes les reconnaissances possibles. Ce Monsieur a connu des années excessivement difficiles. Plutôt que de se laisser aller à la déchéance, Il s’est pris en main et, depuis, consacre sa vie aux plus faibles. Des personnes seules, âgées, malades, qui sans lui, ne survivraient peut-être pas. Il leur prodigue des soins d’hygiène, de santé physique et psychologique. Il les accompagne, dans leurs souffrances, jour après jour, jusqu’à leur dernier soupir. Monsieur Kègle est pauvre matériellement mais combien riche dans son cœur. Quel modèle! L’anti-héros, l’infirmier de la rue soigne, visite, réconforte. Il est irremplaçable. Homme hors norme entre tous. Même si on ne croit pas en Dieu, on croit en lui. Gilles Kègle est un infirmier de la rue à Québec. Il a commencé son œuvre sans aucun soutien financier. Il a dû se battre pour continuer à donner des soins à ses malades désœuvrés. Le mentor de cet homme est Sœur Teresa. Il est un bon disciple et mérite d’être connu du public. Son inlassable travail auprès des démunis de la ville de Québec le place dans une classe à part. Il subordonne son intérêt personnel à celui de ses patients. À Québec, tout le monde connaît Gilles Kègle. C’est l’infirmier de la rue. Il est célèbre et respecté de tous. C’est aussi l’anti-héros. Il exerce sa profession en dépit des dangers et des critiques, n’obéissant qu’à un seul critère: le besoin de l’autre, l’autre sans ressources, sans amis. Il est vraiment un être hors du commun, une Mère Teresa au masculin, cela dit sans flagornerie. Il n’a pas peur d’afficher sa foi et donne sa vie pour les plus démunis et les personnes handicapées physiques et mentales Le bénévole par excellence. Un travail dont la qualité est appréciée par les intervenants de quartier. Plusieurs malades peuvent retourner à domicile et s’y maintenir grâce à ses soins assidus. Un bénévole que les intervenants de Québec ne veulent pas perdre, et que les démunis réclament. Les témoignages de toutes sortes venant de personnes malades, droguées, dépressives qui ont été sauvées ou secourues par Gilles Kègle, ces témoignages pleuvent. Calcutta avait sa mère Teresa, Paris son abbé Pierre et Québec a son Gilles Kègle. Un homme qui comprend la détresse humaine et qui tente de la soulager. Tout simplement pour l’homme qu’il est. Tous les jours, il fait preuve de don de soi envers les plus démunis de la communauté de Québec. Combien de malades a-t-il visités depuis qu’il a commencé son bénévolat, combien de gens a-t-il assistés dans la mort alors qu’ils étaient seuls à ce moment (sans parents, ni amis). Ils apportent à ces gens une des choses que chacun d’entre-nous désir, compter pour quelqu’un. Il amène le sourire avec lui à chaque visite. Je trouve ça exceptionnel, admirable, généreux et totalement altruiste à tous les niveaux. C’est pas compliqué, il serait mon héros du bénévolat chaque année. Je le considère pour nous tous un modèle à suivre. Car si au moins chaque jour, chacun d’entre-nous faisait un seul de ses bons gestes (avec amour pour le prochain) j’ose croire que la société en général serait sans doute meilleure et perdrait enfin peut-être de son trop plein d’individualité. Bravo et merci à vous monsieur Gilles Kègle!Pour le bien que cet Homme fait pour les personnes pauvres et malades. Il leur rend visite, les soigne, leur apporte de belles choses, les soutient dans leur détresse. C’est un peu la Mère Teresa des quartiers défavorisés. Partout où les pauvres ont besoin de lui, il est toujours là. Rendre service, réparer des choses dont ces gens ont énormément besoin, c’est à mon avis le meilleur que je connaisse et je lui souhaite une bonne santé pour poursuivre son œuvre. |
Source: www.selection.caUN SEUL CHEMIN Ville de Québec - Canada