En juillet 1969, Julien Green s'étonne devant les luttes victorieuses des grands mystiques, qui leur ont coûté parfois des années d'abandon mais qui ont tenu bon, tandis que nous, il nous suffit de trois jours de silence de Dieu, pour retomber aussi vite:
"Ces livres sur les mystiques, on les lit transporté de ferveur et cela dure quelques jours; puis la vie, avec ses dix mille voix, vous crie autre chose qui est quelquefois Dieu et souvent ne l'est pas du tout. Les belles impressions de spiritualité s'effacent. Le rêve divin se dissipe, parce que la foi n'est pas toujours aussi triomphante et parce que nous ne souffrons pas que Dieu se cache. Alors que Mère Yvonne-Aimée de Jésus, elle, a dû souffrir une nuit obscure de huit années sans consolation aucune, nous, il faut que le Seigneur nous porte comme des bébés et dès qu'il nous met à terre pour qu'enfin nous marchions, que nous apprenions à marcher, c'est fini, chute désespoir. J'exagère à peine. En lisant la vie de cette religieuse, comment ne pas se demander qui est sauvé ? Les âmes prédestinées et aux prix de quels crucifiants efforts. Et les autres ? Les autres aussi, je le crois, je l'espère."
Eh bien, je me suis dit, moi qui passe de la prière à la faute sans cesse, en me relevant avec ardeur et discipline mais pour retomber à cause d'une simple bosse sur ma route, que sans doute, ces grands mystiques supportent plus afin que nous "les petits, les sans-grade" tenions finalement dans le désir du salut jusqu'à la fin !