Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4,35-41.
Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l'autre rive. »
Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ; et d'autres barques le suivaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d'eau.
Lui dormait sur le coussin à l'arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ? » Saisis d'une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La tempête est violente et le Christ dort ? Avez-vous déjà essayé de dormir sur un bateau qui est secoué en tous sens ? J'ai un jour occupé une cabine qui faisait la traversée d'Anvers à Glasgow et qui a supporté un "grain"... et je n'ai pas pu fermer l'œil une seconde, d'autant plus, de seconde en seconde, le prochain mouvement du bateau était complètement imprévisible: soulevé à l'avant, allait-il ensuite s'enfoncer de nouveau, ou bien rouler à bâbord entre-temps ? Impossible de savoir.
Si la barque des disciples est à ce point secouée, c'est peut-être parce que le Christ dort en eux. Parce qu'ils l'ont laissé à l'arrière sur un coussin. C'est une pensée que j'emprunte à Saint Augustin, car elle éclaire ce passage mieux que tout. En effet, une fois réveillé, Jésus va leur poser une question qui achève de me confirmer la torpeur spirituelle des disciples. "Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ?" C'est en tout temps qu'il faut invoquer le Seigneur - dans les temps de bonheur comme dans les temps de malheur.
Il est clair pour moi que lorsqu'une tentation survient, si je ne suis pas en état de veille, bien qu'en apparence tout aille bien, ma chute sera comme croche-pied: j'étais distrait et vlan, je suis tombé par terre et je dois me relever. Cependant, l'âge venant, les périodes où j'abandonne ma garde sont plus rares, j'ai de plus en plus besoin de me défier de moi-même et de tout attendre de mon Maître.
C'est en partie à cause de cela que j'ai écrit l'autre jour quelques lignes par lesquelles je me demandais: "Disparaître pour être ?" et je constatais: "Il est vraiment étrange que les inspirations du moment prennent le pas sur la volonté. Mais le critère de la joie est infaillible: c'est comme si un autre pilote avait pris les commandes, à la fois plus habile et plus entraîné. En définitive, je rejoins un terrain connu, mais toujours surprenant, car il suffit que je mette mes pas dans les pas de Celui qui me précède et c'est exactement ce que dit le Psaume: "Ta Parole est lampe pour mes pas et lumière pour ma route"."
Or, berger ou navigateur, c'est toujours le même qui nous guide sûrement, pourvu que nous placions en lui notre confiance.