La séparation d'un couple après 35 ans....

Il est si difficile de regarder partir l'autre ; la déchirure est intense. Jean doit être mis dans une institution spécialisée compte tenu de son état de santé. Pour ma part, je me suis trouvé un nouvel appartement et je déménage le 1e juin, seule

Le condo est à vendre, Jean sera relogé dans un soin de longue durée de façon permanente et ce à partir du 1e mai. Une nouvelle vie s'offre à nous ; la maladie a eu raison de lui et ce à tout point de vue. Ça fait 17 ans que je suis à son chevet 24/24 et je n'ai eu qu'une seule semaine de vacances ; je tombe en morceaux.

Je serai à 1 coin de rue de l'Église Saint-François-d'Assise ; j'irai souvent m'y ressourcer car cette période est au dessus de mes forces physiques et morales. J'ai peur

Vous êtes courageuse , persévérer dans vos épreuves et vous aurez la couronne de Vie .

Promesse du Seigneur Jésus.

Je pense qu'il s'agit de votre mari dont vous nous parlez. Oui, vous êtes courageuse mais est-ce anormal quand il d'agit de l'être que l'on aime et avec lequel on vit depuis tant d'année ?

J'imagine que s'il s'agissait de ma femme avec laquelle je vis depuis bientôt 60 ans, j'agirais comme vous. "La foi" n'a rien avoir avec cela, seulement l'amour...

Puisse le Séraphique père St François dont vous visiterez l'église vous aider à ne pas avoir peur, vous obtenir tout réconfort du Seigneur et vous guider dans ces moments de joie parfaite.

Ma chère Lisette, je te souhaite plein de courage dans toutes ces épreuves ! Je prie pour toi et Jean...

Chère Lisette,

Merci pour ces nouvelles de vous. Je prierai pour que tu puisses vivre ces moments - ainsi que Jean - dans la plus grande Paix malgré la souffrance qu'ils engendrent. Tu dois te reposer afin de garder les "morceaux" collés ensemble... ou du moins, laisser le Christ tenir les morceaux ensemble.

La force de l'Eucharistie a la puissance de garder unifié ce qui semble déchiré, désuni, défait, brisé. C'est le Christ dans Sa Présence Réelle Eucharistique qui m'a donné de tenir le coup durant de longs mois de souffrances dans la dernière année. Si j'en sors peu à peu, c'est grâce à la force de l'Eucharistie (et du Sacrement de la Réconciliation) et j'ai fait mienne cette parole du père Yves Girard, o.c.s.o. :

"Il est Vivant Celui qui se tient debout au milieu de mon être brisé"...

Il ne reste plus que 4 jours avant le grand départ. Il ne semble afficher aucune reconnaissance pour les 17 ans passées à son chevet ; il n'affiche aucun sentiment humain, de peine, de déchirure, rien du tout. Lorsqu'il m'a fallu me départir de mon chien à cause de lui, il m'a fallu aller le reprendre à 3 reprises car ses pleurs me faisais mal aux tripes mais notre séparation de corps semble pour lui la grande libération.

En tant qu'aidant naturel depuis presque 17 ans, je l'ai fais avec amour, tolérance, humanité malgré la fatigue et la maladie que toutes ces nombreuses heures, où tout ce que je faisais n'était centralisé que sur sa personne sans jamais penser à moi, ce qui fut ma perte en somme. Je ne l'ai pas fais pour recevoir quelque chose en retour mais non pas pour me faire larguer comme une vieille chaussette non plus... Maintenant qu'il a purgé le citron bien d'aplomb, je ne sers plus à rien, je ne lui apporte qu'une vie infernale pour laquelle il ne peut plus supporter mon burn out qui lui est entièrement attribuable. Je l'ai entendu dire à son intervenante en santé mentale que la vie à mes côtés était infernale, invivable :-(

Aussitôt déménagée, le 1e juin, j'irai à l'Église Saint-Françcois-d'Assise qui veut bien m'accueillir comme nouvelle paroissienne dans son Église ; j'en ressens un grand besoin.

Je ne regrette rien et si cela était à refaire, malgré la déchirure, je le referais sans la moindre hésitation. J'ai donné avec mon coeur. Je le vois partir à contre coeur, contre ma volonté. Elle a dit oui avec la tête, elle a dit non avec le coeur, elle a sourit avec la tête et elle a pleuré avec son coeur....

Tout a fait désolé de la peine que vous subissez
Votre récompense n'est de toute évidence pas pour ce monde
Vous avez amassé un trésor pour le futur
Je ne sais pas la pathologie dont votre époux souffre, mais n'a-t-elle pas pu altérer son jugement ?

Je vous souhaite tout le courage que vous méritez

Chantal a écrit:

Chère Lisette,

Je lis tous les post présentement sur le mur et je me pince, car j'ai l'impression que c'est irréel!

La dernière fois que tu avais donné des nouvelles, Jean était presque mourant, décompté et j'apprends qu'il est toujours vivant. Non pas que je souhaite sa mort, mais je suis étonnée étant donné sa maladie. On est dans l'ordre de l'incompréhensible avec sa médication.

L'autre chose qui me dépasse, c'est que tu doives aller en appart. Mais votre condo est génial! Pourquoi le laisser? Déjà le déménagement de Jean en soi est un deuil, celui du condo en plus. Je suis sans mots Lisette!

Je suis sans mots également devant les propos de Jean. J'imagine que sa réaction froide est une façade de ses émotions réelles. Je ne peux pas croire qu'il te rejette... ça pas de sens!

Je te souhaite la meilleure des chances dans tous ces changements. Pardonne-moi, je suis tellement étonnée que je n'ai pas de mots réconfortants. Je vais te porter dans ma prière.

Merci de donner des nouvelles.

Chantal

Allô ma belle,

Il y a si longtemps que nous nous sommes parlés. Oui, hier, Jean est déménagé à Place Alexandra à Beauport. Il est dans un loft de la grandeur de ma chambre à coucher où il y est intégré une salle de bain, un coin cuisine. Je l'ai déménagé hier. Le fait que l'on devait vendre est du au fait que si Jean quitte le domicile, les assurances invalidité cesse le paiement de l'hypothèque. Cela m'aurait fait des paiements de
1 450$ par mois sans compter les autres paiements de tous gabarit. Ce sont les toubibs qui l'ont incité, ainsi que sa travailleuse sociale et son intervenante en santé mentale à se faire placer, considérant que 17 ans sans vacances, sauf en février où je me suis permise une semaine en Californie sur le bord de la mer chez ma meilleure amie d'enfance était suffisante comme lourde tâche en tant qu'aidant naturel et qu'il était temps de me laisser me reposer. On lui a également fait miroiter que d'être entouré de professionnels de la santé était rendu pour lui une nécessité.

Où il est, il a un médecin qui viendra le suivre 3 fois la semaine et une infirmière en permanence 24/24. Pour ma part, je quitte le 1e juin dans un magnifique appartement que Jean me paiera. Il me doit une pension, ce dont il est obligé de faire et pour ce faire, l'argent, l'équité de la vente lui était nécessaire. Cela nous donnera une somme rondelette nous permettant des jours meilleurs. Je change de quartier, je m'en vais sur le boulevard Benoît XV dans 5 semaines. On espère que le condo se vendra le plus rapidement possible.

Il n'a eu aucune réaction, strictement aucune. Il n'a même pas regardé en arrière en quittant le domicile et il ne m'a presque pas regardé lorsque j'ai refermé la porte de son loft (sa prison)... Il a même poussé le bouchon, hier soir, en me téléphonant pour "m'engueuler" car j'avais oublié sa margarine dans le frigo ici. Il ne l'avait donc pas pour se faire son petit dej ce matin ce qui l'a mis dans tous ses états. Bref, chaque point négatif apporte un positif. Je suis au bout du rouleau, Chantal et je n'étais guère en état de prendre soin de lui. Disons que de me taper un déménagement n'aidera pas à ma cause mais c'est pour le mieux....