En 1972, en plein désert ecclésial post-conciliaire et au sortir de la grande laïcisation sociale des années 60 au Québec, des frères de saint Gabriel inauguraient modestement la première des "Marches du pardon", le Vendredi Saint, à travers les rues de Montréal, un trajet de près de 15 kilomètres qui commence le matin au bord de la rive nord de l'Île de Montréal, pour se terminer à la basilique Notre-Dame juste avant la célébration de l'office de la Passion. Tout au long de la marche, les pélerins d'un jour prient le rosaire, et s'arrêtent dans les églises qu'ils croisent pour entendre des méditations sur le chemin de la croix. Cette idée sera reprise à une échelle plus modeste à bien d'autres endroits dans les années suivantes. Il y eut des années où quelques milliers de fidèles prenaient part à la grande marche, et ces dernières c'était plutôt quelques centaines, mais cela demeure impressionnant et inspirant.
Seulement, les frères qui portaient l'organisation à bout de bras depuis près de 40 ans vieillissaient (certains aujourd'hui très malades) et se préparaient depuis quelques années à quitter les devants sans avoir pu trouver de relève, malgré le succès somme toute durable et le signe très fort porté par ce témoignage collectif de foi. Oui, si vous voulez avoir une idée de la diversité culturelle de la métropole québécoise d'aujourd'hui dans une harmonie sociale quasi idéale, ne cherchez pas dans les assemblées de comté du PQ ou du Bloc Québécois, grands promoteurs du nationalisme "civique" et de la laïcité "rassembleuse", ces patentes qui n'allument que des canadiens français coupés de leurs propres racines; allez plutôt marcher ce vendredi saint 22 avril avec des hommes, des femmes et des enfants de toutes origines et de tous âges, constater de vos yeux que l'Église catholique est aujourd'hui notre institution québécoise à la fois la plus nationale et la plus universaliste. Le foyer d'une éthique de rassemblement, il est là!
Heureusement, alors que les organisateurs avaient publiquement annoncé à la Marche de l'an passé que celle-ci serait la dernière, un groupe de laïcs engagés a décidé dans le mois suivant de les approcher et de reprendre le flambeau. Je ne l'ai appris que tout récemment. Je ne sais pas combien de monde viendra puisque l'an dernier, tout au long de la marche et encore à la basilique, on avait encouragé les fidèles à se trouver d'autres lieux à l'avenir. Moi en tous cas, je compte y être!
http://pages.videotron.com/svsf/Depliant_39e_Marche_du_pardon_2011.pdf
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