Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C'était après la multiplication des pains. Le soir venu, les disciples de Jésus descendirent au bord du lac.
Ils s'embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l'autre rive. Déjà il faisait nuit, et Jésus ne les avait pas encore rejoints.
Un grand vent se mit à souffler, et le lac devint houleux.
Les disciples avaient ramé pendant cinq mille mètres environ, lorsqu'ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de crainte.
Mais il leur dit : « C'est moi. Soyez sans crainte. »
Les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais aussitôt, la barque atteignit le rivage à l'endroit où ils se rendaient.
Il faudrait rappeler que dans l'épisode précédent, Jésus s'était réfugié dans la montagne afin d'échapper à la foule dont il savait qu'elle chercherait à se saisir de lui pour le proclamer roi. Les disciples l'attendent pour regagner l'autre bord du lac, mais jésus n'arrive pas. Son temps n'est pas le leur, ni le nôtre. Finalement, ils embarquent à la nuit tombée. Un vent contraire se met à souffler, comme il en souffle parfois dans nos vies, lorsque nous avançons avec peine, lorsque tout semble aller de travers et que ce que nous avions prévu se déroule tout autrement que nous l'avions pensé. Et que faire d'autre que d'user de la rame contre ce vent contraire, c'est-à-dire de l'effort et de la volonté ? Sur le lac, les disciples ont donc ramé près de cinq kilomètres - étaient-ils bien certains de ne pas tourner en rond ?
Et voici que Jésus vient vers eux. Il marche sur les eaux et l'on peut se demander, puisque rien ne lui est impossible, pourquoi ne pas être réapparu d'un seul coup au milieu d'eux ? Mais il fallait qu'ils le voient venir, car le fait de marcher sur les eaux de ce monde - toutes secouées par des événements effrayants, est d'une très grande signification pour tous ceux qui sont dans la barque de Pierre aujourd'hui ! Mais "C'est moi. Soyez sans crainte".
Il me plait beaucoup de songer que ces mots me rejoignent à la fin de cette semaine durant laquelle j'ai subi quelques affronts et des moments de détresse. Mais en réalité, il faut lire plus loin: car aussitôt ils abordent la terre ferme à l'endroit où ils se rendaient. J'ai eu ma consolation et j'obtiens, après la consolation, la joie de nouveau. La vie du chrétien passe ainsi de l'attente au labeur, du labeur à la foi, de la foi à la consolation et de la consolation à la Joie.
Les périodes difficiles n'ont pas manqué depuis trois ans, mais je sais depuis longtemps qu'il vaut mieux pour moi ramer dur que d'avoir trop de temps libre. Une vie que l'on gagne, c'est celle que l'on a bien voulu perdre; une vie que l'on sauve, c'est la vie que l'on donne librement. Et finalement, que sommes-nous appelés à devenir, sinon des hommes qui marchent au travers des événements du monde pour rejoindre leurs frères et leur dire: ne craignez pas, mais ayez donc la foi !