Evangile : La venue du Fils de l'homme. « Voici l'époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Soyez vigilants et demeurez prêts : vous ne connaissez pas l'heure où le Fils de l'homme viendra. Alléluia. (Mt 24, 42.44)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole :
« Le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s'en allèrent à la rencontre de l'époux.
Cinq d'entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes : les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d'huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l'huile en réserve.
Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : 'Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre.'
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : 'Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent.'
Les prévoyantes leur répondirent : 'Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.'
Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : 'Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !'
Il leur répondit : 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.'
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure. »
Cette seconde venue du Seigneur, comme sont nombreux ceux et celles qui en voient des signes ! Et d'ailleurs, depuis quelques années, je crois en discerner quelques-uns... mais tout en m'abstenant d'en parler. C'est exprès que je fais ainsi. En gardant pour moi ces spéculations, je m'efforce de suivre le conseil donné dans le dernier verset de cet Évangile.
Car lorsqu'Il dit : "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure", à l'appui de cette parabole, Jésus nous renvoie à notre destinée personnelle. Il a fait de même lorsqu'il a parlé de l'écroulement de la tour de Siloë et des assassinats commis sur l'ordre de Pilate: "Étaient-ils plus coupables que les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis, mais convertissez-vous, de crainte de périr de la même manière".
L'attente vécue par les vierges folles et les vierges sages en vue de participer à un banquet de noces a dû paraître une histoire très simple, très banale, au fond, pour les auditeurs de Jésus. Dans son homélie, le prêtre nous a d'ailleurs confirmé que les mariages se fêtaient ainsi à l'époque: le marié arrivait le soir à la maison de sa future épouse, accompagné des siens. Tout le monde entrait, on fermait les portes, la cérémonie avait lieu aussitôt et le banquet commençait ensuite. Le problème qui se pose est que le marié ayant pris du retard, toutes les jeunes filles invitées se sont finalement assoupies à quelque distance du lieu du banquet. La fatigue de l'attente et la nuit étant tombée, la joyeuse excitation ressentie à la pensée de participer à cette fête, a laissé place à la lassitude et toutes se sont endormies. Mais le moment venu, les unes peuvent aussitôt rallumer leurs lampes pour achever leur route, tandis que les autres, à la fin, resteront dehors.
Les premières avaient été prévoyantes : elles avaient anticipé un quelconque incident sur la route et elles ont bien fait: elles seront accueillies. Tandis que les autres s'entendront répondre: "Je ne vous connais pas", et seront laissées "dans les ténèbres extérieures".
Bref, Jésus nous dit que ce n'est pas la longueur du temps de l'attente qui compte, mais c'est d'être prêts en tous temps, c'est-à-dire: chaque jour et chaque heure de chaque jour.
A ce moment, je me suis souvenu de mon ami Jean-Paul, qui avait le même âge que moi, à quelques jours près. Il est décédé brutalement, dans un accident de voiture, un jour de printemps durant les années 90. Rien que d'y penser, çà donne froid dans le dos: il s'est levé, il a embrassé sa femme et ses enfants, il est monté dans sa voiture... et à midi, la gendarmerie est venue prévenir que sa voiture s'était écrasée contre un arbre. Et non seulement il était mort, mais la proche famille ne put même pas voir son corps, tant le choc avait été violent. C'est une histoire épouvantable et pourtant tout à fait ordinaire. La question que je me suis posée est évidemment : était-il prêt ? Je réponds 'Oui'. C'était un fervent catholique et il était vraiment débonnaire. En mettant en ordre ses papiers, les parents ont découvert beaucoup de factures impayées au cours des cinq dernières années de sa vie: ceux qui ne savaient pas payer ne payaient pas (il était ostéopathe).
A son exemple, bien que ne désirant certes pas le même type de 'départ', je désire être prêt moi aussi. Et je dois me battre pour cela, car en regardant les actualités, je m'efforce souvent d'anticiper mon avenir "économique"- cette préoccupation peut paraître tout à fait légitime, mais il ne faudrait pas qu'elle occupe mon esprit toutes les heures de chaque jour. Ce n'est pas pour ma retraite que je dois me montrer prévoyant en premier lieu, mais plutôt : en vue du Royaume des Cieux !
Et finalement, que j'aille jusqu'au bout de ma carrière, dans une dizaine d'années, et que je vive encore longtemps, ou bien que je tombe malade (comme tant et plus de mes clients décédés des suites de maladie), ou encore : que j'assiste au retour de mon Seigneur "venant sur les nuées du ciel", ce qui compte en fait, c'est d'être prêt chaque jour. Ce qui compte, c'est de vivre mieux ma foi aujourd'hui qu'hier et demain mieux qu'aujourd'hui.