De l'efficacité du jeûne

Alors... Moi je dirais que "le jeûne pour le jeûne", même réalisé dans le but de purifier notre âme, ne suffit pas : pour porter du fruit, je pense qu'il doit être associé à la prière.
On doit demander à Dieu que notre jeûne ne soit pas vain, mais qu'il porte du fruit par l'action de l'Esprit-Saint... Enfin, je crois.

Merci de ta réponse Cessounette! Oui évidement autrement cela revient à vouloir obtenir le salut par nos propres forces. Traditionnellement le jeûne est associé à la prière et à l'aumône. On donne ce que l'on ne consomme pas, on se prive pour autrui. Je n'en ai pas parlé parce que je souhaitais orienté ma question dans une direction précise.

Cessounette a écrit:

Alors... Moi je dirais que "le jeûne pour le jeûne", même réalisé dans le but de purifier notre âme, ne suffit pas : pour porter du fruit, je pense qu'il doit être associé à la prière.
On doit demander à Dieu que notre jeûne ne soit pas vain, mais qu'il porte du fruit par l'action de l'Esprit-Saint... Enfin, je crois.

Je crois aussi...

Bonjour,

je suis tout à fait d'accord avec Cessournette et pascal (qui est d'accord avec Cessounette).

Je connais bien le jeûne, qui est un moyen de purification pratiqué de tous temps, dans presque toutes les religions et médecines traditionnelles. Le jeûne purifie bien évidement le corps, mais même cette dimension là sera tout juste effleurée, si l'on n'y pose pas les formes.
Il faut bien entendu une intention, un objectif à cet acte pas anodin du tout. Jeûner pour jeûner est un acte dangereux physiquement, mais aussi psychiquement et spirituellement. Psychiquement, car ça cache toujours un désamour de soi, une déconnection du réel (incorporé, incarné)... convertit dans un fantasme (ou un délire même) de toute puissance et de maîtrise. Bref, on crée un clivage entre soi et son corps, on se brime, croyant se dominer... la folie n'est pas loin, d'un point de vue des schémas psychologiques mobilisés. Et aussi risque spirituel, car ne pas s'aimer, au point de se faire souffrir ainsi, est un péché. La domination du corps pour la domination est péché d'orgueil, mais du ressentiment, de la haine... bref, des choses pas jolies jolies traînent souvent, dans ces auto-punitions.

Il faut donc un objectif... qui touche aux trois étages, puisque le jeûne va agir aux trois étages : physique, psychique et spirituel. Prière et méditation (oraison) sont donc un plus important.
Il faut aussi un temps dédié. Je ne crois pas que jeûner en poursuivant une activité routinière "dans le monde" soit d'une grande pertinence.
Mais le plus important, et de loin, c'est de faire cela dans un cadre rituel. Donc, accompagné par quelqu'un d'habilité, comme un prêtre. Il y faut un rituel d'ouverture, et un rituel de clôture du jeûne. C'est essentiel. Ca implique aussi un accompagnement du jeûneur, ce qui est un point clef : un vrai jeûne secoue de la matière physique, psychique, provoque des résurgences de la mémoire... ça enseigne, et il est bon d'avoir quelqu'un capable d'accompagner toutes ces manifestations, quelqu'un qui suit le processus.
Le rituel à aussi une fonction protectrice, car jeûner "expose", "ouvre" l'individu au plan spirituel, et un cadre précis, solide et stricte évitera tout accident (infestation, bouffée délirante). Pour cette raison de très grande sensibilité psychique et spirituelle, un bon jeûne doit se faire dans l'isolement, pour éviter de se polluer les uns les autres. C'est un temps ou l'on "laisse faire" l'esprit Saint en nous, un temps offert, ou l'on doit être seul face à soi même, si possible : pas de gameboy, de livre compliqué, de téléphone...
Pour ma part, j'ai fait des jeûnes de 6 jours, en isolement total, mais suivi par des gens habilités (prêtres catholiques) et experts. Le travail est ainsi très profond, intense, et utile. Je ne me suis pas alimenté durant ce temps, mais d'autres mangent, une nourriture spartiate, mais c'est sans souci.

Cher Chepeur,je ne comprend pas l'idée que tu as de vouloir te débarasser de tes idées sexuelles.Il me semble qu'un jeÛne doit se faire pour une bonne raison et aussi se faire en secret a l'image de Jésus.

Je crois que Chepeur constatait les effets inhibiteurs de la privation d'aliments sur sa sexualité, sans que ce soit l'objectif premier recherché. Ensuite, il est vrai qu'il qualifiait ses désirs de "souillures" et leur absence d'état de "pureté".

La première chose que je constate, c'est l'originalité, sur cette question sexuelle, des effets de cette privation d'aliments sur Chepeur. En général, c'est tout l'inverse qui se passe : l'effet légèrement euphorisant et la purification organique due à la diète augmentent la libido et ses manifestation physiques comme psychiques. Ceux qui ont lu "Le grand secret" de Barjavel se souviendront du final dramatique lié à cette effet, disons... "aphrodisiaque". De même, dans la médecine traditionnelle amazonienne, "la dieta" est beaucoup employée, toujours avec un cadre rituel, et une des règles de la periode "post-diète" est l'abstinence sexuelle totale... pendant un mois! Ceci justement pour permettre aux effets de la diète de bien s'intégrer, sans perturbations, alors même que la personne en sortie de diète dégage une force de séduction sexuelle inégalée... pour résumer ce que disait un prêtre de mes amis à ce sujet : "c'est une leçon d'obéissance et de tempérance. C'est quand on peut le plus que l'on a le moins le droit!". J'ai pu vérifier tout ceci personnellement.

Deuxième point, clef, à mon avis. La diète est une confrontation à soi-même. Si l'on est pas en isolement, nos mécanismes de défense, nos projection et nos fuites se remettent en place, amplifiés par la pression sociale et relationnelle... et tout ce que l'on n'a pas réglé dans ce relationnel. Isolé, un diéteur serait sans doutes torturé par ses désirs trop développés et/ou déviants durant toute la diète! Cette très rude épreuve n'aurait comme but que de l'en mieux libérer, ou en tout cas, de purifier ce qui doit l'être. Car "à leur juste place", libido, sexualité et désir sont des grâces, les moteurs de la vie. D'ailleurs, l'abstinence des consacrés n'élimine pas du tout cette dimension de leur vie : elle la convertit en "autre chose", pour la plupart, elle en fait une épreuve quotidienne de purification et de contrôle, elle en fait une offrande... et bien d'autres choses encore qui m'échappent.