Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 11, 28-30)
En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Cy Aelf, Paris
On interprète souvent cette phrase comme un appel à une forme de soumission, alors que, du temps de Jésus, dans une société agricole, tout le monde comprenait que c'était une proposition de partage de nos taches et de nos fardeaux. C'est ainsi qu'on peut donc entendre le mot "conjugal", dérivé de joug : un appel à partager, en couple, les joies et les peines. (*) Mais, en ce qui me concerne - c'est tout à fait personnel, le joug posé sur les cornes de l'animal est moins destiné à le soumettre qu'à le guider, vers la droite ou vers la gauche, et donc, je l'interprète comme "guidance". Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la suite de la phrase ne parle pas de poids, mais de repos - et le mot repos revient deux fois. Et plus encore: "mon joug est facile et mon fardeau léger" !
Ce qui attire le plus mon attention, c'est ce que le Seigneur dit de lui-même: "Je suis doux et humble de cœur". Adolphe Tanquerey, dans ‘La Vie Spirituelle’ définit la douceur comme "une vertu surnaturelle et morale, par laquelle nous empêchons et retenons la colère, nous supportons notre prochain malgré ses défauts, et le traitons avec gentillesse."
Quant à l'humilité du cœur de Jésus, nous la voyons à l’œuvre, par exemple devant la femme adultère que les juifs se proposent de lapider. Il n'est pas question pour Jésus de faire exception à la Loi - dont il affirme que "pas un seul petit trait ne passera", mais de l'humilité de son cœur sort la simplicité de sa réponse : "Que celui qui, d'entre vous, n'a jamais péché, qu'il lui jette la première pierre."
De même, lorsqu'on lui présente la pièce de monnaie qui porte l'effigie de César, je trouve merveilleuse cette réponse: "Ah, cette monnaie est à César et porte son effigie ? Alors il faut lui rendre, bien sûr ! ... Mais vous tous, n'avez-vous pas été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu ? Donc, rendez aussi à Dieu ce qui lui appartient !
Dans ces deux exemples, avez-vous entendu Jésus s'exprimer comme un maître qui donne des ordres et entend bien se faire obéir, sur le champ et sans discussion ?
Je reviens aux premiers mots par lesquels Jésus nous interpelle, nous tous qui peinons sous le fardeau. Ce fardeau est social, culturel, politique, financier - mais aussi physique, charnel, rempli de distractions et de tentations, c'est un aussi un fardeau de dispersion de soi. Mais de tout cela, le joug du Seigneur nous délivre.
(*) Post-Scriptum
Aujourd'hui, Wikipedia a participé au commentaire de l'Evangile. Cliquez sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Joug et vous verrez que je n'ai fait vraiment que recopier le texte du dernier paragraphe !!!