Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.
Jésus déclarait à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;
ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,
les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Une des raisons pour lesquelles, durant vingt ans, j'ai aimé venir à la messe chaque jour dans le petit couvent des Clarisses, tient au fait de la disposition des stalles: nous étions séparés les uns des autres par un panneau de bois et aucune personnalité ne pouvait dénoter d'une autre. Peu importait la façon de se tenir, peu importait le vêtement. Nous étions ensemble mais les stalles étant aussi en arc de cercle autour de l'autel, les regards ne pouvaient se tourner que vers lui. Et dans cette pénombre, dans cet "isolement ensemble", et dans le silence, l'expression de communion d'esprit prenait tout son sens.
C'est tout autre chose à la messe dominicale (mais célébrée le samedi à 17 h) d'une des principales églises du doyenné. Tout d'abord, pour s'y rendre il faut être sur place une demie heure à l'avance afin de se garer et trouver une place assise ensuite. Sans que ce soit encore la règle, on reconnaît sur les premiers rangs diverses figures bien connues de tous dans la cité. C'est aussi une des messes où je n'ai jamais vu que des hommes rasés de près, portant de larges manteaux, ainsi que femmes coiffées avec goût et maquillées avec soin. (Et pourquoi pas ? Mais j'ai toujours eu difficile de m'y recueillir). Le sermon du doyen principal est classique: c'est-à-dire qu'il est strictement spirituel et n'établit jamais le moindre rapport avec des situations pourtant vécues par tous au quotidien. Les orgues jouent des pièces connues - et l'organiste est vraiment bon. Je m'y suis rendu trois fois, et les trois fois, j'ai eu mon goût satisfait - mais pas forcément mon âme (si ce n'est à l' Eucharistie, car jamais le Seigneur ne m'a fait défaut)...
J'ai vu l'extrême inverse, bien sûr, les messes 'folkloriques' dont on dit, pour les défendre: "c'est pour faire revenir les jeunes"... mais j'y suis rarement demeuré jusque la fin. Du reste, Jésus ne dénonce pas uniquement les "pharisiens d'église" dans ce passage, mais aussi les modèles de pensée bien établis. Les journaux en sont plein, les feuillets publicitaires et aussi beaucoup de pages sur le web.
La conclusion est pour qui aime Dieu de redevenir petit en tout temps. Dans l'église comme dans la ville. Celui qui passe inaperçu, c'est celui-là que Dieu regarde en premier : voyez la pauvre veuve dans le temple, de même que le pauvre Lazare dont les chiens lèchent les plaies au bas de la porte du riche; voyez ces ouvriers de la dernière heure qui ont 'glandé' toute la journée mais qui seront payés les premiers ! Et puis, finalement: le Fils de l'homme se baissant pour laver les pieds de ses disciples.
Pour l'honnête homme, bien éduqué, sage et raisonnable, il est bon d'être abaissé, car il deviendra juste plus qu'honnête, car c'est le Seigneur qui l'éduquera, car sa sagesse deviendra folie de l'Amour et sa raison parlera des lys des champs, toujours mieux habillés que Salomon dans tout sa gloire...
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