Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Jésus enseignait au temple de Jérusalem. Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient : « C'est vraiment lui, le grand Prophète ! »
D'autres disaient : « C'est lui le Messie ! » Mais d'autres encore demandaient : « Est-ce que le Messie peut venir de Galilée ? L'Écriture dit pourtant qu'il doit venir de la descendance de David et de Bethléem, le village où habitait David ! »
C'est ainsi que la foule se divisa à son sujet.
Quelques-uns d'entre eux voulaient l'arrêter, mais personne ne mit la main sur lui.
Voyant revenir les gardes qu'ils avaient envoyés arrêter Jésus, les chefs des prêtres et les pharisiens leur demandèrent : « Pourquoi ne l'avez-vous pas ramené ? »
Les gardes répondirent : « Jamais un homme n'a parlé comme cet homme ! »
Les pharisiens leur répliquèrent : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! »
Parmi les pharisiens, il y avait Nicodème, qui était allé précédemment trouver Jésus ; il leur dit : « Est-ce que notre Loi permet de condamner un homme sans l'entendre d'abord pour savoir ce qu'il a fait ? »
Ils lui répondirent : « Alors, toi aussi, tu es de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! »
Puis ils rentrèrent chacun chez soi.
L'Évangile d'aujourd'hui nous montre encore une fois le drame de l'incapacité d'accueillir Jésus, à cause de détails dans la lettre, qui ne relevaient pas nécessairement de l'Esprit. En enseignant, Jésus rejoignait les cœurs des simples, les cœurs des gens ordinaires et de bonne volonté. Il rejoignait les cœurs de monsieur et madame tout-le-monde. Mais on ne savait pas si l'on pouvait vraiment accepter cette nouvelle qui semblait si joyeuse, parce qu'on disait de Jésus qu'il était de Galilée... Dans cet Évangile, on n'a pas accès à ce que Jésus enseignait tant dans le temple, d'ailleurs il y a fort à parier que les pharisiens n'en avait pas grand chose à faire de ce qu'Il enseignait, puisqu'ils n'avaient qu'une réalité en tête, leur interprétation de la Loi. Nous voyons déjà se préparer l'injustice de la Croix. Les pharisiens ont demandé aux gardes que Jésus soit arrêté, et ils revinrent bouleversés, s'étant trouvés incapables devant Lui et sa Parole de trouver un motif de condamnation... Imaginons un peu la frustration des pharisiens et des chefs des prêtres qui doivent essuyer ainsi une désobéissance flagrande de la part de leurs gardes. Nous pouvons maintenant mieux comprendre pourquoi les pharisiens et les chefs des prêtres se sont fait aussi insistants auprès de Pilate pour assassiner Jésus en coupant court au procès.
Ce qui est encore plus dramatique dans cet Évangile, ce sont les arguments utilisés pour ne pas croire en Jésus. Que les foules se retrouvent rejointes, les pharisiens se contentent de dire d'eux que ce sont des maudits, des ignorants. Ainsi, tous ceux qui se sont retrouvés mieux, guérit, soulagés, relevé, grâce à Jésus, n'avaient pas de témoignage pertinents, puisque c'était des ignorants de la loi, des maudits. Voilà donc l'argument utilisé pour discréditer l'ampleur du bien que Jésus a fait aux foules qui le suivaient.
Nicodème, qui aurait espérer que ses frères ouvrent un peu leurs oreilles, essaie de les raisonner en leur suggérant un autre pan, celui-là essentiel, à la Loi, qui était d'écouter d'abord un homme, avant de le condamner. Nicodème n'a rien dit de mal, il a simplement essayé de ramener l'heure à propos de la Loi... Et voilà que les pharisiens se permettent de faire ce qu'ils prétendaient dénoncer... Ils ont méprisé la Loi auquel Nicodème avait voulu les ramener et se permettent par le fait même d'intimider ce dernier en lui suggérant qu'on puisse dire de lui qu'il a un parti pris pour Jésus du fait qu'il serait, lui aussi de Galilée. En fait, puisque les pharisiens considéraient les galiléens comme de juifs de seconde catégorie, cela revenait à dire à Nicodème que pour essayer de justifier Jésus, il ne pouvait pas être un vrai juif. Et de nouveau, au mépris de la Loi, au mépris de la Parole de Jésus, au mépris du peuple, au mépris du témoignage des gardes, au mépris du rappel à l'ordre tenté par Nicodème, un des leur, on essaie de justifier le discrédit fait envers Jésus sous le seul prétexte que jamais un prophète ne serait sorti de Galilée. Quand bien même Dieu avait souvent dans l'ancien Testament, affirmé par la bouche de ses prophètes, que des païens servaient son œuvre, ils n'en avaient rien à faire. Jésus ne pouvait qu'avoir tort et tous les arguments, même les plus ridicules, étaient les bienvenus pour soutenir cette thèse.