Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 13,1-15.
Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ?
Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Cela ne va pas bien, ce matin. Ma mère, depuis sa maison de repos, m'avait demandé hier de rassembler mes souvenirs des jours qui ont précédé le décès de mon père, il y a quatre ans: c'était un 9 avril. Pour répondre à sa demande, j'ai donc consulté le vieil ordinateur à la maison, sur lequel j'ai trouvé... beaucoup de petites notes, trop sans doute. Elles concernaient de petits événements, non pas les plus marquants, mais ceux que l'on met par écrit afin de les 'exorciser', dirait-on, qu'on écrit afin de leur enlever leur part de tension, de désarroi, de chagrin 'pur et dur', de sentiment de malheur indicible... Mais levé avant cinq heures, je les ai tous relus, j'en ai corrigé l'un ou l'autre, et je les ai imprimés.
Ce faisant, je les avais sans doute fait rejaillir en moi avec force, car j'étais tout troublé et abattu. Et finalement, complètement oublieux de tout le reste, j'ai sorti la voiture et je me suis rendu en ville pour la messe du matin... et j'ai évidemment trouvé porte close.
Jeudi saint... Ah bien sûr, l'Office des Ténèbres ! Mais où me rendre ce soir ? Où trouver une célébration qui respecte un peu le caractère particulier de cette commémoration ?
J'ai consulté la gazette locale: un office à Vaulx, à 19h30, organisé par une communauté nouvelle... Je cite ce que j'ai lu : "On ne prie pas des Je vous salue Marie, mais des Psaumes, parce que nous vivons dans le concret"... hop, je n'irai pas à leur "lavement de pieds d'enfants par des adultes et vice versa." Quels choix me reste-t-il ? J'ai consulté ma tante, l'ancienne sacristine. Elle n'a plus de contacts, et okay, je consulterai le site de l’Évêché, en fichier PDF, pas simple à manipuler.
Je suis reparti. Me voici pour ma 'Lectio' de ce jour, et dans l'état où je suis.
Le Seigneur explique donc à ses disciples le geste qu'il a voulu accomplir en leur lavant les pieds, un geste que personne parmi eux ne pouvait prévoir... et qu'il est d'autant plus difficile de reproduire dans une cérémonie, car celle-ci n'aura évidemment jamais le caractère inattendu et "remuant" de ce qu'ont vécu les apôtres !
Pierre s'est rebiffé une fois de plus. Il avait déjà résisté lorsque son Maître avait annoncé sa Passion - Jésus lui avait répondu: "Passe derrière moi, Satan !"... Cette fois, la réponse du Seigneur est beaucoup moins vive, mais elle est douce, tendre, même. Il lui explique, comme l'on fait pour un enfant et il nous explique aussi: puisque Lui notre Seigneur a agi ainsi envers ses disciples, nous devons faire de même. Aucun de nous ne peut espérer être élevé parmi ses frères, s'il ne s'est d'abord abaissé à les servir. N'a-t-il pas dit aussi : "le plus grand parmi vous, qu'il soit votre esclave... car le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir."
Ainsi, je considère cette célébration - et toute la journée qui l'entoure, comme un temps de profond abaissement, d'humilité volontaire. J'ai envie d'employer le terme 'affliction': c'est vrai que je me suis senti affligé, dès mon réveil. Il est à peine dix heures du matin et je me sens tout moulu, mon esprit est embrumé de chagrin, je n'ai rien accompli de concret et je ne vais pas certes pas bouger beaucoup durant le reste de la journée. Je suis venu à la boutique pour écrire ma Lectio, mais je resterai chez moi cet après-midi, car je ne suis pas d'humeur à écouter les bavardages autour de moi. Je prierai pour ma famille dispersée - et je prierai pour moi aussi, car désormais, ma famille, c'est moi, c'est presque ridicule, non ?
Allons, encore un pas ou deux et nous sommes à Pâques !
Petit pain biblique sur cette matinée renversée :
http://www.adlumen.net/pains/index.html
"Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri, sauve-moi et je serai sauvé, car Tu es ma louange !" (Jr: 17:14)
Amen !