Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,1-5.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : " Ne jugez pas, pour ne pas être jugés; le jugement que vous portez contre les autres sera porté aussi contre vous ; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Comment vas-tu dire à ton frère : 'Laisse moi retirer la paille de ton œil', alors qu'il y a une poutre dans ton œil à toi ? Esprit faux ! Enlève d'abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Dans la première lecture, extraite du Livre des Rois, les juifs se sont détournés de Dieu et n'ont pas obéi à ses commandements: ils se retrouvent livrés à leurs ennemis et emmenés en esclavage. Afin de nous éviter un pareil sort, Jésus nous montre à quel point notre propre jugement sur autrui est faussé si en toutes choses, et spécialement celle-ci, nous ne nous en remettons pas à la justice du Père. Autrement dit, avant de traiter notre prochain d'ignorant, mesurons d'abord combien grande est notre ignorance des desseins de Dieu.
Pour être plus concret, je passe à des choses vécues. Autrefois, lorsque je prenais un petit voleur en flagrant délit, j'étais sévère, je réagissais selon le cas en racontant partout mon petit malheur ou bien j'augmentais le prix d'autres marchandises... avec le recul, et pour dire le vrai, ai-je toujours bien tenu le compte de mes ventes, les jours où elles avaient bien rapporté ? Frauder n'est ce pas comme du vol à l'étalage ? Je sais très bien que le Seigneur peut me faire tourner les yeux vers des choses que je ne voudrais pas voir.
Mais je me réjouis que, la semaine dernière, un internaute m'a envoyé un message privé qui posait une question mais était largement accompagné de propos orduriers... j'ai, mais après avoir eu le temps de réfléchir, répondu à une question qu'il me posait ... comme si je ne m'étais pas vu l'insulte qui accompagnait sa question.
Cet enseignement sur le jugement, je le retrouve pratiqué par Jésus lors de la gifle qu'il a reçue de la main d'un des gardes du temple. Il s'est retourné sur lui et lui a dit: "Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai dit de mal, mais si j'ai bien dit, pourquoi me frapper ?" Et plus tard devant Pilate, qui doit décider et qui est embarrassé, c'est encore Jésus, déjà flagellé, qui lui dit: "Tu n’as aucun pouvoir sur moi à part celui que Dieu t’a accordé. C’est pourquoi, l’homme qui m’a livré à toi est plus coupable que toi." Qui de nous eût pu parler ainsi ?
Et donc, il ne m'étonne guère que beaucoup de saints et de saintes ont supporté bien des tourments injustes, non en récriminant contre Dieu, mais afin d'obtenir de sa grâce que le cœur des hommes change.