Lecture du livre de Michée
L'homme qui entre dans le Temple pose cette question : « Comment dois-je me présenter devant le Seigneur, me prosterner devant le Très-Haut ? Dois-je me présenter avec de jeunes taureaux pour les immoler en sacrifice ? Pour lui plaire, faut-il offrir des centaines de béliers, verser de l'huile à flots sur l'autel ? Faudra-t-il que j'offre mon fils aîné pour ma faute, le fruit de mes entrailles pour mon péché ? »
Et il reçoit cette réponse : « Homme, le Seigneur t'a fait savoir ce qui est bien, ce qu'il réclame de toi : rien d'autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu. »
Psaume : Ps 49, 5.7ac, 8-9, 16bc-17, 21, 23
« Qu'as-tu à réciter mes lois,
à garder mon alliance à la bouche,
toi qui n'aimes pas les reproches
et rejettes loin de toi mes paroles ?
« Voilà ce que tu fais ;
garderai-je le silence ?
Penses-tu que je suis comme toi ?
Je mets cela sous tes yeux, et je t'accuse.
« Qui offre le sacrifice d'action de grâce,
celui-là me rend gloire :
sur le chemin qu'il aura pris,
je lui ferai voir le salut de Dieu. »
Evangile : Le signe de Jonas (Mt 12, 38-42)
Quelques-uns des scribes et des pharisiens lui adressèrent la parole : « Maître, nous voudrions voir un signe venant de toi. » Il leur répondit : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne sera donné que celui du prophète Jonas. Car Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même, le Fils de l'homme restera au cœur de la terre trois jours et trois nuits.Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.
Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que cette génération, et elle la condamnera ; en effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. »
Les textes de ce jour se répondent les uns aux autres avec la même constance que la religion, la vraie pratique de la vraie foi doivent absolument éviter les pièges que lui tendent la raison et le jugement humain. Les musulmans sont entrés en période de ramadan: ils ne mangent ni ne boivent entre le lever et le coucher du soleil. Ainsi, ils se privent et pour certains se font du tort au cours de la journée, et puis la nuit tombée, ils font repas, mangent et boivent toute la nuit. Est-ce bien ce qu'Allah le miséricordieux leur demande ? Ne serait-ce pas plutôt la miséricorde ? Quant aux juifs, ils comptent en taureaux, en béliers et jusqu'en fils aînés à sacrifier sur l'autel. Est-ce donc cela que Dieu demande ? Par le prophète Michée, le Seigneur leur répond - et combien de fois n'a-t-il pas répondu ainsi ? : "Le Seigneur t'a fait savoir ce qui est bien, ce qu'il réclame de toi : rien d'autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu."
Dans l’Évangile, les scribes et les pharisiens doutent de Jésus, et ils doutent parce que Jésus ne se présente pas comme un type de grand-prêtre auquel ils avaient songé. A la place d'un prêcheur itinérant qui s'adresse à la foule du petit peuple et guérit des malades, ils attendent un prêtre savant et autoritaire qui leur parlerait des rites à pratiquer, qui en introduirait même de nouveau et ainsi, entrerait dans leur conception de qui est Dieu. Ah, si Jésus daignait accomplir un signe comme de mettre à sec le Jourdain, sur un simple ordre sorti de sa bouche, alors ils pourraient croire !
Jésus leur répond dans l'humilité avec le "signe de Jonas". Car à force de juger comment doit se comporter Dieu, ils finiront par obtenir par la violence un signe qu'ils ne voudront pas reconnaître non plus: c'est la mort du Christ et sa résurrection. Je crois entendre Jésus s'exclamer : "Il y a ici bien plus que Jonas !" Quelle humilité !
Prenons garde pour nous-mêmes de ne pas nous-mêmes juger de la pratique de foi à laquelle le Seigneur répond. La religion et la vraie foi commencent toujours par : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces - et ton prochain comme toi-même". Prenons garde, en ce temps où très grande richesse et pauvreté se côtoient de ne pas gâcher le "sacrifice d'action de grâce" par le manque où l'absence de miséricorde ou par le jugement de ceux qui ne sont pas comme nous. Dieu est le "tout-autre" et c'est dire, dans bien des cas, comme le prochain lui ressemble !
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