Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 6,1
Pour que notre ministère ne soit pas exposé à la critique, nous veillons à ne choquer personne en rien, mais au contraire nous nous présentons comme de vrais ministres de Dieu par notre vie entière : toute notre persévérance, les détresses, les difficultés et les angoisses, les coups de bâton, la prison et les émeutes, les fatigues, les nuits sans dormir et les journées sans manger, la chasteté, la connaissance de Dieu, la patience, la bonté, la sainteté de l'esprit, la sincérité de l'amour, la loyauté de la parole, la puissance qui vient de Dieu ; nous nous présentons avec les armes des justes pour attaquer et pour nous défendre, dans la gloire et le mépris, dans la bonne et la mauvaise réputation. On nous traite de menteurs, et nous disons la vérité ; de gens obscurs, et nous sommes très connus ; on nous croit mourants, et nous sommes bien vivants ; on nous punit, mais sans nous faire mourir ; on nous croit tristes, et nous sommes toujours joyeux ; pauvres, et nous faisons tant de riches ; démunis de tout, et nous possédons tout.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,38-42.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre.
Et si quelqu'un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t'emprunter.
Cy Aelf, Paris
Sous l'emprise de l'Esprit Saint, les apôtres sont rendus capables de supporter mille et une épreuves. Pour eux, c'est comme si l'oeuvre de Dieu était en train de se dérouler sous leur marche, sous leurs yeux, comme un tapis, au fur et à mesure qu'ils s'avancent.
Les occasions de souffrir ne manquent certes pas, et si nous en savons quelque chose c'est que le simple fait de nous déclarer chrétiens, nous fait passer pour des faibles d'esprit, ou d'hypocrites moralistes. Combien de fois n'ai-je pas fait l'objet de fausses rumeurs ? Dans l'exercice de ma profession, combien de fois n'ai-je été faussement accusé et même si j'ai pu chaque fois dévoiler la malice employée, j'en suis resté affecté par de lourds malaises nerveux. Mais qu'est cela, en comparaison de tout ce que rapporte Paul !
Cependant, de temps à autre, se produit un évènement tout lumineux qui manifeste combien les refus d'entendre et les dommages encourrus valent la peine de les supporter. "Si quelqu'un te réquisitionne pour faire un mille avec lui, fais en deux" dit Jésus. Il m'est arrivé un jour qu'on me fasse cette demande. J'ai essayé de l'esquiver mais à ce moment, je ressentis une parole en moi: "Fais-le ! Par amour de la charité parfaite, fais-le !".
Ils s'agissait d'accompagner une dame craintive qui devait traverser une grande partie de la ville à la nuit tombante. Je ne la connaissais, elle était bavarde et précieuse, ennuyeuse, pour tout dire, et pourtant, non seulement je l'ai accompagnée, mais j'ai fait le tour complet.
Récemment, j'ai beaucoup souffert à tondre le gazon chez moi en fin de journée, car je me disais : à quoi bon que tu te fatigues, tu sais bien que personne ne vient jamais voir ! Et cette pensée s'est étalée et a accompagné chacun de mes gestes durant une heure.
J'ai continué le lendemain : une plate-forme à nettoyer. J'avais la même disposition intérieure, pénible, lancinante et presque douloureuse comme un mal de tête. Mais plus tard, comme j'avais fini, je me suis étendu quelques minutes sur mon lit. Il était dix-sept heures. Sans prendre aucun cachet, j'ai ressenti un merveilleux bien être. C'est comme si "Quelqu'un-qui-m'aime" était tout proche de moi dans mon coeur afin d'apaiser mon ressentiment. Que c'était doux ! Je me suis mis à prier et quelques minutes plus tard, puis je me suis endormi et, sans somnifère, j'ai dormi près de quatorze heures. A mon réveil encore, cette consolation se poursuivait...
Ces petits évènement aident bien à concevoir (il suffit d'être un peu attentif) combien la vie chrétienne, en apparence banale, n'est pas une "existence" comme une autre: mais le Seigneur y est toujours présent et c'est Lui qui est au travail !