Le 13 mai 2004 fut le jour crucial ... où j'aurais pu me laisser reprendre par la cigarette, après deux jours sans tabac. Mais ce jour-là fut tout particulier. Je venais de recevoir de la congrégation "Faustinum" mes premières séries de conférences concernant la théologie de la miséricorde divine. Il y avait, en plus de ces textes de formation, une règle de vie à adopter - qui comprenait la tenue d'un journal de "chutes" et de "victoires", concernant les défauts. Evidemment, en rouge, "gros comme un camion", j'avais comme défaut : la cigarette. J'en étais à un paquet par jour au minimum. Il me semblait que je ne savais pas écrire quoi que ce soit sans fumer, car l'inspiration me semblait provenir tout droit d'une bonne dose de nicotine !!!
Pourtant, ce jour-là fut le signe évident que j'étais veillé dans ma Xième tentative. J'ai été très malade ce jour-là. J'ai souffert à chaque seconde, à chaque instant, à partir de deux heures de l'après-midi. J'allais craquer, c'était évident ! Comme je ne savais pas que faire d'autre à part retarder le momment de ma rechute, j'ai comme "ancré" ma tête entre mes mains et mes coudes sur mon bureau. J'ai commencé de supplier Dieu, mais sans parole, c'était une supplication intense, comme j'en avais rarement fait une.
Au bout d'une demie heure, il s'est passé quelque chose en moi. C'était la joie de l'Eucharistie matinale qui "remontait". La souffrance devenait à chaque instant plus puissante, mais la Joie, celle qui est une grâce divine, la même Joie qui avait présidé à ma conversion, vingt ans plus tôt, accompagnait la douleur.
J'ai écrit à l'époque - et je le dis encore - si une telle souffrance est accompagnée d'une telle Joie, alors à coup sûr, les âmes qui sont au purgatoire doivent l'éprouver. Ces âmes, sur le chemin d'être sauvées, se précipite d'elles-mêmes au travers du feu de la purification, afin de rejoindre plutôt le Seigneur. "Purifiées comme à travers le feu", ai-je lu quelque part.
D'instant en instant - mais qu'est-ce qu'un instant - la Joie ressentie m'a fait traverser ce jour-là dans un état de douleur intense, mais aussi d'une intensité de joie si forte que j'aurais voulu que le lendemain fut semblable... Mais le lendemain, j'ai continué de souffrir, moins fort, mais tout de même, mais sans cette sensation de pure joie spirituelle qui m'avait accompagné durant les moments les plus durs.
Bref, au total, j'ai toujours dit de cette expérience: on ne se détache pas de la tabagie par la seule volonté, mais on est délivré....