Sujet: Le Pape François : un Pape pour notre temps Jeu 17 Sep 2015 - 11:15
Présentation
Au début de cette année, j'ai commencé régulièrement de lire le "Monde diplomatique", car j'y ai trouvé des articles écrits - du moins il me semble - non de façon polémique, mais afin de rendre compte de la réalité du temps en mouvement.
J'ai commencé de lire l'article de Jean-Michel Dumay, qui a le mérite de revenir sur de nombreux déplacements, de nombreuses démarches, et des déclarations novatrices. Je compte le reproduire ici, tout à mon aise, en n'hésitant pas à l'illustrer comme je l'ai fait pour l'interview de l'écrivaine afro-américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature.
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Changement de cap pour la conquête des âmes (éditorial)
Le christianisme est soumis à forte concurrence : à l'horizon 2050, selon les projections démographiques, les chrétiens, stabilisés à 31 % de la population mondiale, devraient être talonnés par les musulmans (presque 30 %) dont le nombre de fidèles aura crû deux fois plus vite que la population mondiale en quarante ans, en particulier en Asie. Parmi eux, les catholiques, estimés à 1,2 milliards, verront leur part encore grignotée par les évangéliques et les pentecôtistes, actuellement évalués à un chrétien sur quatre et deux protestants sur trois.
Pour réunir la famille chrétienne, le pape fait preuve d'un zèle œcuménique certain. D'emblée, il s'est opportunément présenté aux Orthodoxes comme simple « évêque de Rome » et il invite les pasteurs évangéliques et pentecôtistes par dizaines au Vatican. En sa paroisse, il a surtout inversé les objectifs de ses prédécesseurs : il valorise désormais les points forts de l’Église, là où elle est la plus vivante, où elle détient ses plus grosses « parts de marché » (Amérique latine, Philippines, Afrique). Il ne s'échine plus à la ranimer sur les terres tombées dans la « nuit obscure » du sécularisme.
« A l'Europe, nous pouvons demander : où est ta vigueur ? », disait-il devant le conseil de l'Europe à l'automne 2014. « Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l'a rendue grande ? » François emmène l’Église où le vent la porte.
Allocution à partir de la 53ème minute :
En Asie, il s'est rendu aux Philippines (qui comptent 81% de catholiques), mais aussi en Corée du Sud, où le christianisme s'est installé sous la poussée des églises évangéliques (18% de protestants, 11% de catholiques. En novembre, il se rendra en Afrique (Ouganda, Kenya, Centre-Afrique) où la compétition pour le marché des âmes bat aussi son plein.
« Là les Eglises évangéliques, qui recrutent dans la même clientèle, ont un temps d'avance sur les catholiques, note Sébastien Fath, spécialiste du Protestantisme évangélique au CNRS . Elles n'ont pas trempé dans le monde colonial, leur liturgie est africaine et elles offrent aux fidèles une promotion des laïcs et des femmes, un rapport sur la sexualité plus souple et de réelles solidarités locales » . Pour affronter cette concurrence, François fait plutôt profil bas : ce pape-là ne les prend pas de haut, relève Fath, Il a du respect, il est perçu comme un Pape qui veut apporter des solutions dans la vie quotidienne. Or, les Africains veulent précisément que la foi chrétienne les aide ici et maintenant. Ils ne veulent pas d'un Évangile déconnecté des questions économiques et sociales. »
François, qui aborde le catholicisme par la souffrance sociale, tisse là des alliances. Pas question de tenir ces églises vivantes à l'écart. En internalisant des pratiques évangéliques, en les validant, sa stratégie vise plutôt à récupérer sur le long terme les déçus qui voudraient échapper aux dérives sectaires et mégalomanes de certains pasteurs », note encore Fath. Ce Pape paraît bien enclin à favoriser le catholicisme de conversion et d'appropriation personnelle, plutôt que celui des « héritiers »
(Jean-Michel Dumay)
Voici donc un pontife qui assure qu'un autre monde est possible, non pas au jour du Jugement dernier, mais ici-bas et maintenant. Ce Pape super-star, dans la lignée de Jean-Paul II (1978-2005) tranche et divise : canonisé par des figures écologistes (Nahomi Klein, Nicolas Hulot, Edgad Morin, pour avoir « sacralisé » l'enjeu écologique ; diabolisé par les ultralibéraux et les climato-sceptiques, capables de faire de lui « la personne la plus dangereuse de la planète », comme la caricaturé un polémiste de la chaîne ultraconservatrice américaine Fox News.
Les droites chrétiennes s'inquiètent de voir un pape au discours gauchisant et si peu disert sur l'avortement. Et les éditorialistes de la gauche laïque s'interrogent sur la profondeur révolutionnaire de cet homme du Sud, premier Pape non-européen depuis le Syrien Grégoire III (731-741) qui crie au scandale face au trafic des migrants, appelle à soutenir les Grecs en rejetant les plans d'austérité, nomme génocide un génocide (celui des Arméniens), signe un quasi concordat avec l'Etat de Palestine, appuie son front, façon prière, au mur des lamentations, sur la barrière de séparation que les Israéliens imposent aux Palestiniens et se rapproche de Mr Vladimir Poutine sur la question syrienne quand l'heure, chez les Occidentaux est aux sanctions contre la Russie en raison du conflit ukrainien.
« Il a remis l’Église dans le jeu international », estime Pierre de Charentenay, ancien rédacteur en chef de la revue Etudes, aujourd'hui spécialiste des relations internationales à la revue jésuite romaine La Civilta Cattolica. « Il a aussi changé son visage. Il est le champion de l'altermondialisme ! A côté de lui, Benoit XVI est un gentil garçon. » Le prédécesseurs, en effet, tout en introversion théologique, toujours enclin à condamner, fait figure de rabat-joie à côté du miséricordieux Argentin, plutôt prêt à pardonner. Mais, sur le fond, « sa force est surtout d'interroger l'ensemble d'un système », estime Charentenay.
Le souverain pontife a comblé ses hôtes du jour en se félicitant des bonnes relations entre le Vatican et « l’État de Palestine ». « Il est temps de mettre fin à une situation qui devient toujours plus inacceptable », a-t-il déclaré.
Photo: le Pape s'appuie sur le mur de séparation
Voici de que dit précisément ce premier pape jésuite et américain : l'humanité porte la responsabilité de la dégradation généralisée et laisse le système capitaliste et néo-libéral détruire la planète, "notre maison commune" en semant les inégalités. Elle doit donc rompre avec une économie de laquelle, comme le dit l'économiste - et jésuite, lui aussi - Gaël Giraud, "depuis Adam Smith et David Ricardo, la question éthique est exclue par la fiction de la main invisible" censée réguler le marché. Elle a besoin désormais d'une "autorité mondiale", de normes contraignantes et, surtout, de l'intelligence des peuples, au service desquels il convient d'urgence de replacer l'économie.Car la solution, politique, se retrouve entre leurs mains et non entre celle des élites, égarées par la"myopie des logiques du pouvoir".
Pour le Pape, la crise environnementale est d'abord morale, fruit d'une économie, déliée de l'humain, où les dettes s'accumulent : entre riches et pauvres, entre Nord et Sud, entre jeunes et vieux. Où "tout est lié": pauvreté-exclusion et culture du déchet, dictature du court-termisme et aliénation consumériste, réchauffement climatique et glaciation des cœurs. De sorte qu''une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale. Appelée à se ressaisir, l'humanité doit donc se doter d'" d'une nouvelle étique des relations internationales" et d'une "solidarité universelle" - ce que plaidera François à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies, ce 25 septembre, à l'occasion du lancement des Objectifs du millénaire pour le développement.
Photo : le père de Charenteney
Le jésuite Pierre de Charentenay, actuellement rédacteur à la revue jésuite italienne Civiltà Cattolica à Rome, après avoir été rédacteur en chef de la revue jésuite française Études. Le père de Charentenay a passé sept ans auprès des institutions européennes et parcouru des grandes capitales comme Bogota en Colombie, New York aux Etats-Unis, Bruxelles en Belgique et Manille aux Philippines. Docteur en sciences politiques, il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages dont le dernier est sur les Philippines et s’intitule : « Les Philippines, Archipel Asiatique et Catholique ».
Certes, arguera-t-on, tout cela n'est pas totalement neuf. François s'inscrit avec une belle continuité dans la ligne du Concile Vatican II, constate par exemple à Rome Mr Michel Roy, secrétaire général du réseau du réseau humanitaire Caritas International. De fait, le Pape renvoie à l'Evangile, revisite la doctrine sociale de l'Eglise élaborée à l'ère industrielle et surtout arrime ses convictions à celles de Paul VI , en qui le père de Charenteney voit son "maître intellectuel et spirituel.
Premier Pape de la mondialisation et des grands voyages intercontinentaux, Paul VI, à la suite du réformateur Jean XXIII (1958-1963) est celui qui a physiquement sorti la Papauté de l'Italie, internationalisé le collège des cardinaux, multiplié les Nonciatures (ambassades du Saint-Siège) et les relations bilatérales avec les États. Celui, aussi, qui a amené l’Église à outrepasser ses compétences restreintes de gendarme des libertés religieuse, pour la rendre "solidaire des angoisses et des peines de l'humanité toute entière" Pour Paul VI, le développement était le nouveau nom de la paix; une paix appréhendée non pas comme un état de fait, mais comme le processus dynamique d'une société plus humaine, ouvrant sur une richesse partagée.
Cependant, s'il y a de la continuité, et même, pour certains, comme un aboutissement du grand chambardement catholique entamé durant les années 1960, il est difficile d'ignorer que le pontife argentin tranche sur ses prédécesseurs. Même s'ils n'étaient pas, eux non plus, avares de discours anti-libéraux, les pontificats du Polonais Jean-Paul II et de l'Allemand Benoît XVI, ont été marqués par leur ancrage doctrinal.
Deux types de causes peuvent être avancées au renouveau actuel : les unes tiennent au contexte; les autres sont inhérente à l'homme. "Sur un plan éthico-politique, François comble un vide au niveau international", conçoit François Mabille, professeur de sciences politiques à la fédération universitaire polytechnique de Lille, et spécialiste de la diplomatie pontificale. Il est le Pape de l’après-crise financière de 2008, comme Jean-Paul II avait été celui de la fin du communisme. "En procédant à un aggiornamento de la doctrine sociale, François introduit une pensée systémique, c'est-à-dire où tout fait système, et il occupe avec succès le créneau de la sollicitude contestataire. Il y avait urgence, ajoute Mabille : le temps de l’Église n'était plus celui du monde. Tout allait trop vite pour Benoit XVI. Il y avait une nécessité d'être dans l'anticipation et non plus dans la réaction"
Avant d'aller secouer le monde, le nouveau Pape a donc bousculé sa maison. Adepte d'une sobriété qu'il partage avec François d'Assise, dont il a emprunté le nom, il a instauré, si l'on peut dire, une papauté "normale" qu'il veut exemplaire. Il a remis au placard les derniers attributs vestimentaires honorifiques de sa fonction, et pris demeure dans un deux-pièces de 70 m² qu'il a préféré aux luxueux appartements pontificaux. Le Pape aime le symbole et joint souvent le geste à la parole, ce qui paie dans une société de l'image.
Ainsi, avec une bonhomie qui semble faire de lui "le curé du monde", il apparaît direct, spontané, et appelle un chat un chat - au risque de quelques écarts diplomatiques, qu'ensuite les nonces parviennent - ou pas - à rattraper. Désigné par ses pairs pour réformer en profondeur la curie, c'est-à-dire l'appareil d'Etat du Saint-Siège, il a listé, sans prendre de gants quinze maux frappant l'institution, marquée par un clientélisme à l'italienne. Parmi ses fléaux : "l'Alzeimer spirituel" et, en première place "l'habitude de se croire indispensable"...
UNE THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION NON MARXISTE
Pour gouverner, le Pape s'est entouré d'une garde rapprochée de huit prélats de terrain. Il a lancé des commissions pour réformer les finances et la communication; multiplié les installations d'experts laïcs pour conseiller son administration; créé un tribunal au Vatican pour juger les évêques ayant couvert des prêtres pédophiles; nommé un premier jet d'une quinzaine de cardinaux, futurs électeurs de son successeur. Le prochain pape sera choisi a priori de son vivant, comme l'avait voulu Benoît XVI pour lui-même. François l'a répété avant d'aller voir M. Evo Morales en Bolivie et M Rafael Correa en Equateur : il est, lui, contre les "leaders à vie":
Ses nouveaux hussards pourpres le Pape les choisit parmi ceux qui sont allés au charbon, là où les plaies sociales sont vives, comme à Agrigente, au diocèse de laquelle appartient Lampedusa l'île des migrations clandestines. Il va les chercher en Asie, au fin fond de l'Océanie, en Afrique, en Amérique latine, s'affranchissant ainsi de règles non-écrites : fini ainsi les archidiocèses qui poussaient mécaniquement leurs titulaires vers la haute hiérarchie romaine en augmentant le poids de l'Europe au conclave et, en son sein, celui de l'Italie.
"Ce Pape brise les tabous, donne des coups de pieds dans la fourmilière, sans trop prendre de précautions, constate un diplomate français, observateur de l'action pontificale. "Il a compris qu'il était chef d’État. La fonction le rattrape. Il est pragmatique et très politique" Tout cela déteint sur l’Église, puisque François "est"l’Église, comme il l'a lui-même rappelé, non sans une onction maligne de jésuite "un peu rusé" (c'est ainsi qu'il se définit) à ceux qui s'inquiétaient de savoir si l'institution le suivait.
"On se presse pour le voir !", se délecte à l'autre bord, côté nonciature, un conseiller pontifical. En deux ans, plus de cent chefs d'Etat ont été reçus au Vatican. Certains recherchent sa médiation : les Etats-Unis et Cuba, dont il a favorisé le rapprochement; la Bolivie et le Chili, en bisbille quant à l'accès de la première à l'océan; et jusqu'à la guerilla des forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui, lorsqu'il passera à Cuba, demande à bénéficier de son intercession... Ainsi soient les désirs du Pape, qui fait rouvrir à Rome un bureau de médiation pontificale. Sans succès garanti: en juin 2014, faire prier ensemble, très médiatiquement, le président palestinien Mahmoud Abbas et le président Israélien Shimon Pérès dans les jardins du Vatican n'a pas empêché les meurtrières attaques israéliennes sur Gaza un mois plus tard.
Né en Argentine José Mario Bergoglio, François "est le premier pape qui comprend véritablement les échanges Sud-Sud, que ce soit en matière de biens matériels ou de biens symboliques, religieux, estime Sébastien Fath, membre du Groupe sociétés, religions, laïcités (GSRL) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
"Il sait que des prédicateurs africains sont en lien avec des Eglise brésiliennes, que les Jésuites indiens partent en mission en Afrique." C'est un "Latino parfait... qui ne parle pas anglais", complète M. Roy, chez Caritas.
Petit-fils d'immigrés piémontais, "il fait penser à un Pape européen qui aurait quitté l'Europe, une Europe "no future", reprend notre diplomate français. Il n'a pas une vision à proprement parler géopolitique du monde, précise M. Roy. Un monde qu'il connaît d'ailleurs peu : François n'a quasiment pas voyagé avant la Papauté. "Il pointe d'abord du doigt un système matérialiste, basé sur la promotion de l'individu, qui détruit les solidarités tradtionnelles et plonge les plus fragiles dans la pauvreté". Pour le conseiller Pontifical, c'est un lanceur d'alerte !"
A propos de M. Roy : http://www.eglise.catholique.fr/actualites/359787-m-michel-roy-nomme-consulteur-du-conseil-pontifical-cor-unum/
Jadis gamin des faubourgs de Buenos Aires, Bergoglio a cependant sa propre géographie de l'espace : moins une opposition entre Sud et Nord qu'entre un centre et des "périphéries", qu'elles soient spatiales (pays pauvres, banlieues, bidonvilles) ou existentielles (populations précaires, exclus, détenus, etc.). Il y a, dans cette vision, bien des périphéries au Nord et des visages colonialistes dans les circuits globalisés; et c'est là qu'il veut que son Eglise travaille prioritairement. Bergoglio a choisi son camp: celui de "l'option préférentielle pour les pauvres" et les "petits" que, dans ses discours, comme a Santa Cruz, il accroche personnellement: "chiffonniers", "ramasseurs d'ordures", "vendeurs ambulants", "transporteurs", "travailleur exclu", ""paysan menacé", indigène opprimé,"migrant persécuté", "pêcheurs qui peuvent à peine résister à l'asservissement des grandes corporations"... C'est un pasteur avec des éléments missionnaires très forts, dit-on. Pas un diplomate. Est-ce un problème ? Pour cela, il y a des diplomates, pilotés par l'expérimenté secrétaire d’État du Vatican, Pietro Parolin, jadis l'homme des missions délicates au Venezuela, en Corée du Nord, au Vietnam ou en Israël.
SANTA CRUZ : UNE TRÈS PRENANTE HOMÉLIE
LE SYNODE SUR LA FAMILLE BIENTÔT ACHEVE
Le pape est convaincu que l'avenir repose sur ceux qui sont sur le terrain, reconnaît Mr Roy. Il se méfie des organisations, (à commencer par la sienne !), dont les dérives, selon lui, conduit à la stérilité des discours auto-référentiels éloignés des réalités. Cela fait de lui un dirigeant à la dimension humaine et "managériale" très ascendantes, constatent les diplomates, tandis que ses prédécesseurs étaient totalement "vectorisés" du sommet vers la base. "Je vous demande votre prière qui est la bénédiction du peuple pour son évêque" a dit François aux fidèles, place Saint-Pierre, en inversant les rôles le jour de son élection.
Sur la vidéo, cette demande du Pape se situe tout à la fin et le silence redescend sur toute la place saint-Pierre :
Cet attachement aux populations, qui lui confère des accents populistes (il a été proche d'un groupe de la Jeunesse Péroniste, il l'ancre conceptuellement dans la théologie du peuple, une branche argentine non marxiste de la théologie de la libération. La théologie du peuple ? "Une théologie pour le peuple et non par le peuple", résume Pierre de Charentenay, pour marquer la différence. Le Pape opère une sorte de reprise populaire et culturelle de la théologie de la libération" Mezza Voce, ce n'en est pas moins une réhabilitation. Issue de la réappropriation latino-américaine de Vatican II dans les années 70, la théologie de la libération était honnie par Benoît XVI et Jean-Paul II pour son approche marxisante.
En septembre 2013, François recevait en audience privée, l'un des illustres fondateurs le père péruvien Gustavo Guttierez. En mai 2015, il béatifiait Mgr Oscar Romero, l'Archevêque de San Salvador assassiné en 1980 en pleine messe par des militants d'extrême droite. Ses prédécesseurs ne s'étaient guère empressés d'instruire la procédure.Selon M Léonardo Boff, l'un des chefs de file brésilien du mouvement, la vision de François s'inscrit "dans le grand héritage de la théologie de la libération. Son règne pourrait même ouvrir sur une "dynastie de Papes du Tiers-Monde"
Mais le pape Bergoglio détonne aussi car il est un vrai chef d’Église, un Pape manager, le premier à avoir complètement exercé des responsabilités territoriales, extra-diocésaines, à un niveau national. De 2005 à 2011, il fut président de la Conférence épiscopale argentine. Du coup, au sein du Vatican, "Les troupes sont bien mieux organisées, et sa personnalité, son implication personnelle ont redynamisé la diplomatie du Saint-Siège, comme le constate un observateur romain.
En dirigeant, le Pape a défini un cap pour sa multinationale. Habilement, il découplé l'attaque en fonction de la cible. Au grand monde, il donne à son projet l'air connu de l'internationalisme catholique : participer à la pacification des relations entre États, promouvoir la démocratie, insister sur les structure de dialogue international, sur la justice pour tous les peuples, le désarmement, le bien commun international; tous thèmes qui confèrent parfois à l’Église catholique des airs de pure organisation non-gouvernementale (ONG). Et en interne, à ses collègues cardinaux sur le point de l'élire, le jésuite argentin rappelle l'essentiel: évangéliser, bien sûr, mais aussi sortir l'Eglise d'elle-même, de son "narcissisme théologique", pour aller, sans attendre vers les périfphéries.
Certains semblent n'avoir pas bien mesuré à qui ils confiaient les clefs. Car pour évangéliser, François ne brandit pas sa croix comme Jean-Paul II qui dès son premier sermon, passait à l'offensive :
« N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des états, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait ! »
Le pape argentin a un autre sens politique. Il ne rechigne pas de faire travailler l'Eglise avec les mouvements populaires qui sont parfois bien loin de partager sa foi. Il a compris que si l’Église restait universelle, elle n'est plus le centre du monde - mais, tout au plus une "experte en humanité" comme la présentait Paul VI.
(Redécouvrir sous le lien : POPULORUM PROGRESSIO, lettre encylique de sa sainteté le Pape Paul VI, sur le développement des peuples : http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_26031967_populorum.html)
Ces nouvelles inclinations ne cachent pas les difficultés. Au Proche-Orient, où François, en 2013, lançait le retour de la diplomatie vaticane en appelant à la paix en Syrie quand la France et les États-Unis voulaient en découdre avec le régime de Bachar Al-Assad, le Saint-Siège a dû finalement en rabattre face à l'urgence : un an plus tard, il demandait aux Nations Unies de "tout faire" pour contre les violences de l'Organisation de l'Etat Islamique (OEI), "responsable d'une espèce de génocide en marche" qui contraignait les chrétiens à l'exode. Les fondamentalismes n'ont que faire des dialogues interreligieux.
De même, en Asie, région perçue comme un gisement de développement, la diplomatie vaticane patine. Si les relations avec le Vietnam sont en cours de réchauffement, en Chine, tout un courant catholique, contrôlé par l'Association patriotique des catholiques chinois, une structure étatique, continue d'échapper à l'Evêque de Rome. Certes, François fait des pas de deux pour amadouer le président Xi Jinping - en évitant une rencontre avec le dalaï-lama, et en reconnaissant une ordination d'évêque intervenue en juillet à Anyang (province du Henan), ce qui n'était pas arrivé depuis trois ans. Mais la réalité est bien loin des rêves missionnaires : ces derniers mois, rapporte l'Agence Eglises d'Asie, les autorités chinoises ont fait détruire par dizaines les croix sur les églises, trop ostensibles, notamment dans la province de Zhejiang. Enfin, en Inde, l'infime minorité catholique (2,3 % de la population) subit régulièrement des atteintes aux biens et aux personnes.
Une vingtaine de chrétiens montés sur le toit d’une église de la ville de Huzhou, province du Zhejiang, à l’est de la Chine, afin d’empêcher les autorités de retirer du clocher la croix, ont été arrêtés. Les protestataires étaient juchés sur le toit depuis le début du mois de juillet, pour défendre le lieu religieux, certains d’entre eux menaçant de sauter du clocher si le gouvernement local continuait avec ses plans d’élimination des croix des églises. La chaleur intense, l’humidité et les conditions difficiles du séjour sur le toit affaiblissent les manifestants. Les autorités ont arrêté au moins sept personnes appartenant à une communauté protestante appelée « Amour sacré ». La protestation intervient à un moment d’intenses campagnes publiques de retrait des croix par les autorités du Zhejiang, l’une des provinces de la Chine avec le plus grand nombre de communautés chrétiennes protestantes. Le gouvernement provincial soutient que la suppression de ces symboles, qui a commencé l’année dernière, a seulement des raisons sécuritaires alors que les groupes chrétiens disent qu’il s’agit une attaque contre la liberté religieuse. On estime à environ 60 millions le nombre de croyants en Chine. Plus de la moitié d’entre eux, soit environ 37 millions, sont regroupés en congrégations non affiliées au gouvernement.
En recherchant d'autres renseignements concernant la persécution des catholiques en Chine (et ailleurs), j'ai trouvé ce forum qui pourrait intéresser quelques-uns parmi nous :
L'ARC-EN-CIEL DES RACHETÉS Forum Catholique Romain pour l'unité des chrétiens Adresse : http://l-arc-en-ciel.forumactif.org/t2024-en-chine-une-campagne-de-demolition-des-eglises-et-des-croix
Les obstacles, pour François, ne sont pas qu'en terre lointaines, non christianisées. Aux Etats-Unis, où il s'exprimera ce 24 septembre devant le Congrès, sa cote de popularité a pris du plomb dans l'aile : de 76% d'opinions favorables en février, elle a chuté à 59% en juillet après l'Encyclique de Santa Cruz, surtout chez les Républicains (45%). Le ton, tout autant que le fond, passe mal. On lui reproche son tropisme latino-américain, son peu de considération pour ce que le capitalisme a pu apporter aux pays pauvres ou ses sermons qui ne proposent pas de solutions. A gauche, on suspecte une offensive de charme pour faire passer des pilules plus amères. On notera qu'il maintient l'opposition doctrinale à la contraception et ne fait pas évoluer celle relative à l'usage du préservatif en matière de lutte contre le Sida. Qu'il élude les conséquences de la démographie galopante, aussi problématique que le consumérisme. "La croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire", assure-t-il au contraire. Les conservateurs, eux, le renvoient sèchement à ses attributions théologiques et morales. "Je ne tiens pas ma politique économique de mes évêques, de mon cardinal ou de mon pape", a déclaré Jeb Bush. Le Pape ne s'en formalise pas : "N'attendez pas du Pape une recette; l'Eglise n'a pas la prétention de se substituer à la politique"
Plus généralement, François est attendu sur les questions de société, au sujet desquelles les orgues vaticanes jouent depuis deux ans en sourdine. En 2014, il a ouvert une boîte de Pandore en demandant aux Evêques, réunis en synode, de plancher sur la famille. Les travaux se termineront en octobre. A plusieurs reprises, il a semblé plaider pour une évolutions sur la question, très sensible dans l'institution, des divorcés remariés privés de communion, ou encore sur l'homosexualité - son retentissant "Qui suis-je pour juger ?", qui ne l'a cependant pas empêché de geler, au printemps, la procédure de nomination, auprès du Saint-Siège d'un nouvel ambassadeur de France dont l'orientation sexuelle était stigmatisée, notamment par la Curie.
Article du Monde sur le sujet : http://www.lemonde.fr/religions/article/2015/04/09/le-pape-bloque-la-nomination-d-un-ambassadeur-de-france-gay_4612443_1653130.html
En interne, plus d'un l'attend au tournant. Il veut rompre avec le centralisme romain, développer la collégialité, rendre aux conférences épiscopales leur part d'autorité doctrinales, promouvoir l'inculturation de la Liturgie... De quoi chahuter l'unité de son Église. Or, il a déjà 78 ans. Et la Curie, un univers qui lui était inconnu, oppose de belles résistances. "Il s'y casse les dents, observe Pierre de Charenteney : "La charrue s'est bloquée dans une terre difficile". Pour la famille, François appelle "un miracle". Et, pour le reste, rien ne dit, pour l'instant, que ce Pape qui dérange, réussira.
FIN DE L'ARTICLE DE JEAN MICHEL DUMAY, pour "Le monde diplomatique" Septembre 2015]
Dernière édition par boisvert le Lun 21 Sep 2015 - 14:02, édité 1 fois
Hélène Administrateur
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Lun 21 Sep 2015 - 11:45
Très beau dossier complet...
Merci Boisvert.
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Mer 23 Sep 2015 - 10:42
La messe du Pape à Cuba, place de la Révolution :
LA DERNIÈRE MESSE DE LA VISITE DE TROIS JOURS DU PAPE A CUBA
(RV) C'est à Santiago de Cuba, grand port de l'est de l'île, qui a vu naître la révolution cubaine, non loin de la base américaine de Guantanamo, que le pontife argentin a célébré la dernière messe de sa visite de trois jours à Cuba. La célébration s’est déroulée à la basilique de la Vierge de la charité del Cobre, nichée dans les collines verdoyantes. Cette Vierge que les Cubains appellent familièrement "Cachita" a été proclamée patronne de Cuba et de tous les Cubains en 1916 par Benoît XV, et couronnée en 1936.
Lié à l’histoire nationale de Cuba et à sa lutte pour l’indépendance nationale, ce sanctuaire est le plus fréquenté de l’île. C’est là que fut proclamé en 1801 le Manifeste pour la liberté des esclaves. La statuette, délicate et fragile, vénérée avec ferveur à Cuba, y compris par les non-croyants, aurait été retrouvée par trois jeunes esclaves dans les eaux d’une baie vers 1612. Il y a deux ans, la Vierge de la charité a parcouru l’ensemble des paroisses de l’île. Cet événement fut perçu comme un signe révélateur du changement d’attitude du régime à l’égard du christianisme. Jean-Paul II en 1998, puis Benoît XVI en 2012 s’y sont rendus en pèlerinage.
Dans son homélie, le Pape François n’a pas manqué de rappeler que la patrie cubaine est née et a grandi dans la chaleur de la dévotion à la Vierge de la Charité. Une homélie mariale, profondément spirituelle, mais ancrée dans le contexte historique. « L’âme du peuple cubain, a affirmé le Saint-Père, a été forgée dans les douleurs et les privations, mais celles-ci n’ont pas réussi à éteindre la foi. Cette foi s’est maintenue vivante grâce à la tendresse et au courage de tant de grand-mères et de mères. » Le Pape François a relevé que « Marie a accompagné la gestation dramatique de nombreux peuples ; elle a protégé la lutte de tous les peuples qui ont souffert pour défendre les droits de leurs fils. Aujourd’hui, a-t-il dit, elle protège nos racines, notre identité pour que nous ne nous perdions pas sur les chemins du désespoir. »
Évoquant la visite de Marie à sa cousine Élisabeth, le Souverain Pontife a souligné que « la présence de Dieu dans notre vie ne nous laisse jamais tranquilles ; elle nous pousse à nous mettre en mouvement. La joie qui jaillit de savoir que Dieu est avec nous, avec notre peuple, réveille le cœur, nous met en mouvement, nous conduit à partager la joie reçue comme service, comme dévouement. » Le Pape François a alors invité les catholiques cubains à vivre « la révolution de la tendresse », comme Marie, Mère de la Charité.
« Comme Marie, nous voulons être une Église qui sert, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité de ce peuple noble et digne. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sort de chez elle pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. » Le Saint-Père exhorte l’Eglise cubaine à ne pas se cacher, mais à cheminer avec le peuple cubain ; « tous ensemble », a-t-il insisté. Elle devra donc accompagner toutes les situations difficiles des cubains, engagés dans la vie, la culture, la société.
Lundi soir, à son arrivée à Santiago, le Pape François avait déjà prié la Vierge pour l'avenir du peuple cubain.
(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)
boisvert Martyr du forum
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Mer 23 Sep 2015 - 11:22
L'arrivée du Pape aux Etats-Unis
LES ENJEUX DE LA VISITE DU PAPE AUX ETATS-UNIS
(RV) Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, se réjouit de la visite du Pape François le 25 septembre prochain au siège new-yorkais de l’Organisation. Selon Ban Ki-Moon, il s’agira d’un jalon important en cette année qui marque le 70° anniversaire de l’ONU ; une année, également, au cours de laquelle les Etats membres devraient prendre des décisions majeures au sujet du développement durable, des changements climatiques, de la paix et du bien commun. Jean-Baptiste Cocagne
Paul VI a été le premier pape à se rendre aux Nations Unies en 1965. C’est à la tribune de l’ONU qu’il lança son célèbre « plus jamais la guerre ». En pleine guerre du Vietnam, il frappa l’imaginaire collectif en affirmant : « L’humanité devra mettre fin à la guerre ou c’est la guerre qui mettra fin à l’humanité ». Sa visite dans la foulée du concile Vatican II marqua un virage important dans l’évolution de la diplomatie vaticane.
Le Pape François posera lui aussi un geste historique puisqu’il prendra également la parole devant le Congrès américain à Washington, une première pour un pape. Mais si le Souverain Pontife se rend aux Etats-Unis au mois de septembre, c’est avant tout pour présider la 8° Rencontre mondiale des familles à Philadelphie, moins d’un mois avant un deuxième Synode des évêques sur la famille au Vatican.
Canonisation d'un grand évangélisateur
François devrait également canoniser le missionnaire Junipero Serra qui a évangélisé l’Ouest des Etats-Unis au XVIII° siècle. Très sensible au sort des migrants, le premier Pape américain de l’histoire a lui-même confié qu’il aurait voulu entrer aux Etats-Unis en passant par la frontière mexicaine. Mais il a dû renoncer à ce projet.
A New York, le Saint-Père s’adressera à l’assemblée générale des nations Unies, il aura des entretiens avec le Secrétaire général et avec le président de l’Assemblée générale et rencontrera le personnel de l’ONU. Ban Ki Moon s’est dit convaincu que sa visite encouragera la communauté internationale à redoubler d’efforts pour garantir le respect de la dignité humaine dans le monde. Cela passe par une plus grande justice sociale et par plus de tolérance et de compréhension entre tous les peuples de la planète.
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Mer 23 Sep 2015 - 13:28
Allocution du Pape François à son arrivée à la Maison Blanche
(RV) Le Pape François a été accuelli ce mercredi matin à la Maison Blanche par Barack Obama, premier évènement officiel de sa visite à Washington. Devant près de 20 000 personnes installées dans les jardins de la résidence présidentielle, dont les cardinaux américains, les responsables de la conférence épiscopale et les évêques auxiliaires de Washington, le président américain et sa femmes Michelle ont salué le Saint-Père. Les honneurs miliatires ont été rendus et les hymnes nationaux ont été interprêtés par le corps des Marines.
« Il n'y a pas autant de monde d'habitude dans les jardins de la Maison Blanche! » a lancé le président américain dans un sourire, dans ses mots d'accueil au Saint-Père, votre message d'amour et d'espoir inspire des millions de gens, c'est un grand honneur de vous recevoir. » Obama a rendu hommage au rôle des catholiques dans la société américaine, et fait part de ses souvenirs à Chicago de communautés catholiques hispaniques très engagées auprès des exclus.
Le président américain a fait part de son admiration pour le Souverain Pontife, le remerciant d'avoir œuvré pour la réconciliation avec le peuple cubain, pour ses appels constants à la paix et à suivre la voix de la diplomatie. « Nous sommes à vos cotés pour défendre la liberté religieuse » a également lancé le chef de la Maison Blanche, déplorant que de nombreux chrétiens étaient visés dans le monde en raison de leur foi. Il a souligné l'humilité et la générosité de son hôte. « Vous secouez nos consciences, nous donnez confiance » a enfin expliqué Obama en rendant hommage à François pour son rôle joué dans le réveil des esprits face la crise climatique, ou encore les crises migratoires. « Vous nous rappelez que nous avons une secrète obligation de défendre notre planète. » a conclu le président américain.
Liberté religieuse
Dans son discours le Pape s’est prononcé en faveur d’une société authentiquement tolérante et inclusive. Il a plaidé en faveur du droit à la liberté religieuse, l’un des plus précieux acquis de l’Amérique. Citant les évêques américains, le Pape a demandé à tous les citoyens américains de préserver et défendre cette liberté de tout ce qui la menacerait ou la compromettrait. Les évêques américains se sont battus avec détermination contre à l’Obamacare, la réforme du système de santé obligeant les institutions religieuses à offrir à leurs employées une assurance maladie couvrant la contraception. Pour l’Eglise américaine, le droit à la liberté religieuse est aujourd’hui limité par des politiques qui violent la liberté de conscience des croyants. Ils ont donc reçu le soutien public du Souverain Pontife. En revanche, François est allé dans le sens de Barack Obama en saluant de manière appuyée ses efforts en vue de réduire la pollution. « Il semble clair que le changement climatique est un problème qui ne peut plus être laissé à la future génération » a souligné le Saint-Père. « En ce qui concerne la sauvegarde de notre ‘‘maison commune’’, a t-il souligné, nous vivons un moment critique de l’histoire.»
Il est encore temps de procéder aux changements qui s’imposent, sans oublier de prendre en considération les millions de personnes vivant dans un système qui les a marginalisés. Ces exclus crient vers le ciel et frappent aujourd’hui avec force à la porte de nos maisons, de nos villes et de nos sociétés. Sans citer explicitement le dossier cubain, le p a enfin salué les récents efforts visant à recomposer les relations rompues. Il s’agit d’étapes positives sur le chemin de la réconciliation, de la justice et de la liberté, a-t-il dit avant d’exhorter le peuple américain à soutenir les efforts de la communauté internationale pour protéger les personnes vulnérables et encourager les modèles de développement intégral et inclusif.
Sujet: Une guérison inexpliquée attribuée au Pape François Ven 25 Sep 2015 - 12:39
Une étreinte miraculeuse ? Lynn Cassidy, qui vit à Phoenix (Arizona) en est persuadée : « Le pape a guéri le cœur de [s]on bébé », rapportent USA Today et 12News.com.
Le souverain pontife, qui est actuellement en visite aux Etats-Unis, a rencontré la petite Ave, qui est atteinte du syndrome de Down et de complications oculaires et cardiaques, à Pâques 2014, à Rome, à l’occasion de la canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII. La petite fille avait alors trois mois. « Quel âge a-t-elle ? Comment s’appelle-t-elle ? »
« Il pleuvait », a raconté la maman. La famille Cassidy a attendu des heures près d’une barrière et quand la papamobile est apparue, le mari de Lynn, Scott, a levé Ave dans les airs. « On aurait dit une scène du Roi Lion », rigole Lynn. L’un des gardes du corps du pape s’est alors arrêté, a pris Ave, et l’a tendue au pape.
« Le pape a alors demandé à mon mari "Quel âge a-t-elle ? Comment s’appelle-t-elle ?" Il lui a expliqué qu’elle avait deux trous dans le cœur. Et quand nous sommes rentrés en mai, nous sommes allés chez le cardiologue pour une visite de contrôle. L’un des trous s’était totalement refermé et l’autre avait diminué de moitié », a encore raconté la maman, précisant que le second pouvait se refermer totalement à son tour. « Merci de dire au monde que chaque vie est précieuse »
Une photographie du moment où le pape François bénit Ave, une main au-dessus de sa poitrine, est accrochée dans la maison. « Quand on regarde cette photo, on voit que sa main, celle d’un serviteur de Dieu, est juste là », souligne Lynn, qui parle d’intervention divine.
La mère de famille conclut sur les mots qu’elle emploierait si elle avait l’opportunité de revoir le pape François. « Merci de dire au monde que chaque vie est précieuse. Même une vie comme la sienne, qui semble devoir affronter bien des combats. Elle est aussi précieuse que n’importe quelle autre. Merci de répandre ce message, les gens ont besoin de l’entendre. »
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Ven 25 Sep 2015 - 13:21
LE DISCOURS DU PAPE DEVANT LE CONGRES AMERICAIN
« Chaque fils ou fille d’un pays a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. »
C’est par ces mots que le pape François s’est adressé aux membres du Congrès des États-Unis jeudi 24 septembre 2015. Saluant successivement « quelques-unes des richesses de l’héritage culturel, de l’esprit du peuple américain », il l’a, à plusieurs reprises, « encouragé dans (son) effort ».
1/Le fondamentalisme
« Notre monde devient de plus en plus un lieu de violent conflit, de haine et d’atrocités brutales, perpétrées même au nom de Dieu et de la religion. Nous savons qu’aucune religion n’est exempte de formes d’illusion individuelle ou d’extrémisme idéologique. Cela signifie que nous devons faire spécialement attention à tout type de fondamentalisme, qu’il soit religieux ou de n’importe quel autre genre ». Sans s’engager dans la question d’une intervention armée en Irak ou en Syrie – qui, de l’avis général, ne pourrait se faire sans l’appui des États-Unis –, le pape s’en tient à rappeler «l’équilibre délicat (…) pour combattre la violence perpétrée au nom d’une religion, d’une idéologie ou d’un système économique, tout en sauvegardant aussi la liberté religieuse, la liberté intellectuelle et les libertés individuelles. » Le pape fait peut-être allusion aux tensions créées par la peur du terrorisme islamiste dans nombre de pays occidentaux.
Immédiatement, il mentionne d’ailleurs « une autre tentation dont nous devons spécialement nous prémunir : le réductionnisme simpliste qui voit seulement le bien ou le mal ; ou, si vous voulez, les justes et les pécheurs ». Pour le pape, « le monde contemporain, avec ses blessures ouvertes » implique de rejeter « toute forme de polarisation qui le diviserait en deux camps ». « Imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure façon de prendre leur place », rappelle-t-il.
2/ La coopération
« Notre réponse doit au contraire être une réponse d’espérance et de guérison, de paix et de justice. Nous sommes appelés à unir le courage et l’intelligence pour résoudre les nombreuses crises géopolitiques et économiques actuelles ». Pour le pape, l’heure est à une revivification de cet esprit de coopération, qui a « accompli tant de bien tout au long de l’histoire des États-Unis. » Rappelant - en lien avec la Doctrine sociale de l’Église - que la politique doit être « au service de la personne humaine » et du « plus grand bien commun, celui de la communauté, il juge urgent de mettre « en commun nos ressources ainsi que nos talents (...) dans le respect de nos différences et de nos convictions dictées par la conscience ».
3/ Les « native Americans »
« Nous, le peuple de ce continent, nous n’avons pas peur des étrangers, parce que la plupart d’entre nous était autrefois des étrangers. Je vous le dis en tant que fils d’immigrés, sachant que beaucoup d’entre vous sont aussi des descendants d’immigrés. Tragiquement, les droits de ceux qui étaient ici longtemps avant nous n’ont pas été toujours respectés ». Au lendemain de la canonisation du P. Junipero Serra, l’évangélisateur de la Californie, le pape François a tenu à redire sa « plus haute estime » à « ces peuples et à leurs nations, du cœur de la démocratie américaine ».
L’occasion aussi, d’appeler les Américains, à ne « pas répéter les péchés et les erreurs du passé ». « Nous devons nous résoudre à présent à vivre de manière aussi noble et aussi juste que possible, alors que nous éduquons les nouvelles générations à ne pas tourner le dos à nos ‘‘voisins’’, ni à rien autour de nous », a-t-il lancé aux membres de ce Congrès américain, auxquels est reproché un certain isolationnisme. « Bâtir une nation nous demande de reconnaître que nous devons constamment nous mettre en relation avec les autres (...) dans un constant effort pour faire de notre mieux ».
4/ Les réfugiés
« Notre monde est confronté à une crise de réfugiés d’une ampleur inconnue depuis la Seconde Guerre Mondiale. Cette crise nous place devant de grands défis et de nombreuses décisions difficiles ». Rappelant que ces « milliers de personnes sont portées à voyager vers le Nord à la recherche d’une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leurs proches », le pape François a choisi l’angle de la morale pour s’adresser au Congrès : « N’est-ce pas ce que nous voulons pour nos propres enfants ? (...) Souvenons-nous de la Règle d’Or : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour les autres aussi » (Mt 7, 12) ».
Conscient que son appel lancé aux paroisses d’accueillir une famille de réfugiés suscite des réticences, le pape l’affirme : « Cette règle nous indique une direction claire. Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités ».
5/ La peine de mort
« Cette conviction m’a conduit, depuis le début de mon ministère, à défendre, à différents niveaux, la cause de l’abolition totale de la peine de mort. Je suis convaincu que ce chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable, et la société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes ». Sur ce point, le pape François dit son « soutien » et « ses encouragements » aux évêques américains qui ont récemment « renouvelé leur appel pour l’abolition de la peine de mort ».
6/ La lutte contre la pauvreté
« Je voudrais vous encourager à vous souvenir de tous ces peuples autour de nous, enlisés dans le cycle de la pauvreté. Ils ont besoin eux aussi qu’on leur donne l’espérance. La lutte contre la pauvreté et la faim doit être menée constamment et sur plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs causes ».
Tout en rappelant le travail de « beaucoup d’Américains » sur le front de la lutte contre la pauvreté, le pape François rappelle les mots d’ordre de la Doctrine sociale de l’Église : juste utilisation des ressources naturelles, convenable application de la technologie pour « une économie qui vise à être moderne, inclusive et durable ».
7/ La sauvegarde de la Création
« Ce bien commun inclut aussi la terre, un thème central de l’Encyclique que j’ai écrite récemment afin ’d’entrer en dialogue avec tous au sujet de notre maison commune’. ’Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous’ ».
Reprenant les mots de son encyclique Laudato si’, il invite les responsables américains - parmi lesquels se trouvent encore quelques climatosceptiques - « à un effort courageux et responsable (...) pour inverser les effets les plus graves de la détérioration environnementale causée par l’activité humaine ». « Je suis certain que nous pouvons faire la différence et je n’ai aucun doute que les États-Unis – et ce Congrès – ont un rôle important à jouer », insiste-t-il à la veille de la COP21.
8/ Cuba, Colombie, Iran ?...
« Dans cette perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue – un dialogue qui aurait pu avoir été interrompu pour des raisons les plus légitimes – de nouvelles opportunités s’offrent pour tous ».
Sans précision de noms ou de lieux, le pape François salue le « courage et (la) hardiesse » de ces dirigeants qui, « ayant à l’esprit les intérêts de tous », ont su saisir « le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme » et opérer des rapprochements politiques ou diplomatiques audacieux.
9/ Le commerce des armes
« Être au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Ici, nous devons nous demander : pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés ? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple : pour de l’argent ; l’argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes ».
10/ La famille
Enfin, rappelant qu’il achèvera ce week-end sa visite aux États-Unis en prenant part à la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie, il termine son discours en leur rendant hommage. « Que la famille a été importante pour la construction de ce pays ! Et combien elle demeure digne de notre soutien et de notre encouragement ! »
Mais au Congrès américain, il dit aussi sa « préoccupation pour la famille, qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l’intérieur comme de l’extérieur ». « Les relations fondamentales sont en train d’être remises en cause, comme l’est la base même du mariage et de la famille », dénonce-t-il avant d’attirer l’attention « sur ses membres les plus vulnérables : les jeunes ». « Au risque de simplifier à l’extrême, nous pourrions dire que nous vivons dans une culture qui pousse les jeunes à ne pas fonder une famille, parce qu’il n’y a pas de perspectives d’avenir ».
« Leurs problèmes sont nos problèmes. Nous ne pouvons pas les éviter. Il nous faut les affronter ensemble, échanger à ce sujet et chercher des solutions efficaces au lieu de nous enliser dans des discussions », conclut-il, à la veille de la deuxième assemblée du Synode sur la famille qui se tiendra, à Rome, du 4 au 25 octobre.
Sujet: Re: Le Pape François : un Pape pour notre temps Lun 28 Sep 2015 - 12:33
Petit discours d'au-revoir à l'Amérique :
Voici le discours du Pape:
Monsieur le Vice-Président,
Distinguées autorités,
chers frères Evêques,
chers amis,
Mons séjour au milieu de vous a été bref. Mais ces jours ont été des jours d’immense grâce pour moi, et j’espère, pour vous aussi. S’il vous plaît, sachez qu’au moment de partir, j’ai le cœur plein de gratitude et d’espérance.
Je suis reconnaissant à vous tous et à tous ceux qui ont travaillé si dur pour rendre cette visite possible et pour préparer la Rencontre Mondiale des Familles. En particulier, je remercie l’Archidiocèse de Philadelphie, les autorités civiles, les organisateurs ainsi que tous les volontaires et bienfaiteurs qui y ont contribué, dans les grandes comme dans les petites choses.
Je remercie aussi les familles qui ont partagé leur témoignage durant la Rencontre. Il n’est pas si facile de parler ouvertement de son propre parcours de la vie ! Mais leur honnêteté ainsi que leur humilité devant le Seigneur et devant chacun de nous ont montré la beauté de la vie familiale dans toute sa richesse et sa diversité. Je prie pour que les jours de prière et de réflexion sur l’importance de la famille pour une société saine inspirent les familles à continuer de tendre vers la sainteté et de voir l’Eglise comme leur compagne fidèle, quels que soient les défis qu’elles pourraient affronter.
A la fin de ma visite, je voudrais aussi remercier tous ceux qui ont préparé mon séjour dans les Archidiocèses de Washington et de New York. C’était particulièrement émouvant pour moi de canoniser saint Junipéro Serra, qui nous rappelle à tous notre appel à être des disciples missionnaires ; et aussi de me trouver avec mes frères et sœurs d’autres religions au Ground Zero, cet endroit qui nous parle si puissamment du mystère du mal. Cependant, nous savons avec assurance que le mal n’a jamais le dernier mot, et que, dans le plan miséricordieux de Dieu, l’amour et la paix triomphent de tout.
Monsieur le Vice-Président, je vous prie de renouveler ma gratitude au Président Obama et aux Membres du Congrès, avec l’assurance de mes prières pour le peuple américain. Ce pays a été béni à travers d’immenses dons et opportunités. Je prie pour que vous puissiez tous être de bons et généreux intendants des ressources humaines et matérielles qui vous ont été confiées.
Je remercie le Seigneur d’avoir pu expérimenter la foi du peuple de Dieu dans ce pays, manifestée dans nos moments de prière commune et exprimée dans de si nombreuses œuvres de charité. Jésus déclare dans les Ecritures : ‘‘Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’’. Votre sollicitude envers moi et votre généreux accueil sont le signe de votre amour pour Jésus et de votre foi en lui. Il en est de même de votre sollicitude envers les pauvres, les malades, les sans-abri et les migrants, de votre défense de la vie à toutes ses étapes, et de votre souci de la vie familiale. Dans tout cela, vous reconnaissez que Jésus est au milieu de vous et que votre sollicitude les uns pour les autres est sollicitude pour Jésus lui-même.
En prenant congé, je vous demande tous, surtout aux volontaires et aux bienfaiteurs qui ont apporté une contribution pour la Rencontre Mondiale des Familles : ne laissez pas votre enthousiasme pour Jésus, pour l’Eglise, pour nos familles, et pour la famille plus grande de la société se dessécher. Puissent nos jours passés ensemble porter du fruit qui dure, une générosité et une sollicitude pour les autres qui perdurent ! Tout comme nous avons reçu beaucoup de Dieu – des dons librement accordés, et non pas issus de notre propre effort – de la même manière donnons librement aux autres en retour.
Chers amis, je vous embrasse tous dans le Seigneur et je vous confie à la maternelle protection de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse tous ! Que Dieu bénisse l’Amérique !
Les prochaines "JMJ" auront lieu à Cracovie, siège du Sanctuaire de la Miséricorde divine ...
Je poste cette info en ressentant profondément le temps qui s'est écoulé depuis l'année 2004 au cours de laquelle j'ai commencé de lire les conférence concernant la miséricorde divine et de pratiquer une "estimation quotidienne" de mes "ups and downs", de mes "victoires et défaites" dans la pratique de la vie quotidienne. C'est cet exercice qui m'a conduit à rompre complètement avec le tabac, le 13 mai 2004, sans aucune méthode particulière, mais simplement celle d'accepter d'être malade : j'ai raconté combien j'ai pu me sentir mal ce jour-là, mais aussi combien paradoxalement j'aurais aimé demeurer dans "la Joie immense" qui m'a envahie le troisième jour d’abstinence. Par la suite, j'ai suivi les "conférences" (un feuillet de trois fois cinq pages par mois durant quatre ans) qui constituent ensemble une théologie de la miséricorde divine.
Cependant, je n'ai pas pu participer au grand rendez-vous des candidat(e)s - à Cracovie ... qui m'eût permis d'obtenir un beau petit diplôme... mais le décès de mon père et le placement rapide de ma mère à la maison de repos (prévu pour eux deux au départ) n'ont laissé aucune place pour ce rendez-vous final. Cependant, je me suis mis à retranscrire - selon ma compréhension - les homélies de chaque jour, lesquelles contribuent à soutenir mon effort.
Des candidats parmi nous au voyage à Cracovie ? Il est remarquable que le Seigneur ait choisi cette ville de Pologne pour devenir le sanctuaire de la Miséricorde divine : sainte Faustine y a vécu jusqu'en octobre 1938. Moins de deux ans plus tard, à une heure de train de Cracovie, fut construit le camp de concentration d'Auschwitz... Je ne crois pas à la coïncidence : on va d'abord au sanctuaire, ensuite on va voir le "bunker de la faim" où mourut saint Maximilien Kolbe...