Afin de poursuivre la réflexion sur le sens de la croix, bientôt l’Église célèbrera la fête de l’exaltation de la Sainte Croix (14 septembre), une célébration qui veut donner le sens de la Croix du Christ.
Cette fête est née à Jérusalem. Au Ve siècle, on y célébrait, le 13 septembre, l’anniversaire de la dédicace des basiliques constantiniennes du Golgotha, érigées sous la supervision de sainte Hélène. Ce jour avait été choisi, en 335, parce qu’il était celui où, quelques années plus tôt, elle avait découvert la Croix.
Alors qu’à Rome, on connaissait, dès le début du VIe siècle, une fête de la découverte de la Sainte Croix, le 3 mai, ce n’est qu’au milieu du VIIe siècle qu’on commença à proposer le bois de la Croix à la vénération du peuple, le 14 septembre, dans la Basilique du Vatican. Le pape Serge transféra un autre fragment de la Croix du Vatican à la cathédrale du Latran.
La vénération de la Croix était d’autant plus intense à cette époque qu’en 614 les Perses avaient saccagé Jérusalem, massacré ses habitants, détruit les diverses basiliques et emporté la Croix. Recouvrée par Héraclius en 630, celle-ci fut mise à l’abri à Constantinople. Ce n’est pas un hasard si les livres liturgiques commencent à mentionner la fête du 14 septembre au milieu du VIIe siècle.
À partir du VIIIe, la fête se diffusa en Occident, mais elle y fut longtemps concurrencée en solennité par celle du 3 mai, supprimée en 1960.
On Orient, l’universelle Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix est célébrée à l’égal de Pâques. Le mot «exaltation», emprunté à l’Évangile de Jean au chapitre 3 verset 14, convient strictement au rite, tel qu’il est accompli chez les Byzantins. En effet, le prêtre élève le bois sacré au-dessus de sa tête, puis il bénit le peuple en se tournant vers les quatre points cardinaux, tandis que le chœur chante cent fois Kyrie eleison à chacune des ostensions. Les fidèles viennent ensuite vénérer la Croix et recevoir une fleur ornant le plateau sur lequel elle est déposée.
La liturgie occidentale célèbre la Croix glorieuse, que la préface compare à l’arbre de vie du Paradis terrestre. Tant l’évangile que l’épître soulignent l’élévation du Christ en croix, puis dans la gloire, élévation annoncée en image par celle du serpent de bronze : «Quand j’aurai été élevé de terre, dit le Seigneur, j’attirerai à moi tous les hommes». Dans la liturgie des Heures, on chante les hymnes de Fortunat, composées par l’évêque de Poitiers vers 568, Pange lingua, Vexilla Regis, avec la strophe O Crux ave, qui lui fut ajoutée au Xe siècle. Aux vigiles on lit une homélie de saint André de Crète, rappelant que «la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu».