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| Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas | |
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Auteur | Message |
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ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mer 21 Juin 2017 - 16:17 | |
| XV. AUTRES OBJECTIONS
(...) ANTOINE : Cher neveu, je n'ai jamais parlé de règle absolue, je ne prétends pas que l'épreuve soit toujours salutaire ni la prospérité toujours funeste. Je sais parfaitement que Dieu donne à chacun un sort différent. « Il fait briller le soleil aussi bien pour le méchant que pour le bon et fait tomber sa pluie sur tous également » (Mt., 5, 45). Je sais aussi qu'il « éprouve ceux qu'il veut recevoir en son paradis », pourtant il n'éprouve pas seulement les bons qu'il aime mais il y a bien des épreuves pour les pécheurs. Quand il invite les méchants avec douceur et en les entourant de prévenances et qu'ils ne viennent pas à lui, cela montre à quel point ils sont mauvais. Parfois alors, il leur envoie des épreuves et il arrive que ces mêmes gens qui, dans la prospérité, ne pouvaient pas faire un pas vers Dieu, accourent à lui dès qu'ils sont malheureux. « Leurs misères s'accrurent » dit le prophète « en suite de quoi ils firent diligence » (Ps., 32). Dieu comble de ses bontés un certain nombre de justes : ils le remercient de ses bienfaits, et lui les récompense encore en retour de ces remerciements.
À d'autres justes, il envoie des tourments, et eux aussi le remercient. Si Dieu ne dispensait les biens de ce monde qu'aux méchants, les hommes croiraient qu'il n'en est pas le maître. S'il ne les accordait qu'aux justes, les hommes serviraient Dieu dans le seul espoir d'obtenir ces avantages.
XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
« Il vivait entouré d'honneurs, sa raison l'abandonna et il devint pareil aux animaux. » La tribulation peut engendrer le péché. C'est pourquoi le prophète dit : « Le sceptre de l'impiété ne restera pas sur la part échue aux justes, afin que les justes n'étendent pas leurs mains vers l'iniquité » (Ps., 125, 3).
Je ne nie donc pas que la fortune et le malheur puissent être tous deux sources de vices ou de vertus.
Mais le problème qui nous intéresse actuellement n'est pas de savoir si la fortune en général est un danger pour notre âme, mais bien plutôt si une fortune continuelle et sans aucune épreuve n'est pas le signe de la colère divine. Nous devons serrer ce problème de près et étudier nos coups, comme les archers examinent à quelle distance de la cible leurs traits sont tombés. (...)
Source : livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde
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| | | ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Jeu 22 Juin 2017 - 19:47 | |
| XV. AUTRES OBJECTIONS
(...) ANTOINE : Cher neveu, je n'ai jamais parlé de règle absolue, je ne prétends pas que l'épreuve soit toujours salutaire ni la prospérité toujours funeste. Je sais parfaitement que Dieu donne à chacun un sort différent. « Il fait briller le soleil aussi bien pour le méchant que pour le bon et fait tomber sa pluie sur tous également » (Mt., 5, 45). Je sais aussi qu'il « éprouve ceux qu'il veut recevoir en son paradis », pourtant il n'éprouve pas seulement les bons qu'il aime mais il y a bien des épreuves pour les pécheurs. Quand il invite les méchants avec douceur et en les entourant de prévenances et qu'ils ne viennent pas à lui, cela montre à quel point ils sont mauvais. Parfois alors, il leur envoie des épreuves et il arrive que ces mêmes gens qui, dans la prospérité, ne pouvaient pas faire un pas vers Dieu, accourent à lui dès qu'ils sont malheureux. « Leurs misères s'accrurent » dit le prophète « en suite de quoi ils firent diligence » (Ps., 32). Dieu comble de ses bontés un certain nombre de justes : ils le remercient de ses bienfaits, et lui les récompense encore en retour de ces remerciements.
À d'autres justes, il envoie des tourments, et eux aussi le remercient. Si Dieu ne dispensait les biens de ce monde qu'aux méchants, les hommes croiraient qu'il n'en est pas le maître. S'il ne les accordait qu'aux justes, les hommes serviraient Dieu dans le seul espoir d'obtenir ces avantages.
XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
« Il vivait entouré d'honneurs, sa raison l'abandonna et il devint pareil aux animaux. » La tribulation peut engendrer le péché. C'est pourquoi le prophète dit : « Le sceptre de l'impiété ne restera pas sur la part échue aux justes, afin que les justes n'étendent pas leurs mains vers l'iniquité » (Ps., 125, 3).
Je ne nie donc pas que la fortune et le malheur puissent être tous deux sources de vices ou de vertus.
Mais le problème qui nous intéresse actuellement n'est pas de savoir si la fortune en général est un danger pour notre âme, mais bien plutôt si une fortune continuelle et sans aucune épreuve n'est pas le signe de la colère divine. Nous devons serrer ce problème de près et étudier nos coups, comme les archers examinent à quelle distance de la cible leurs traits sont tombés. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Sam 24 Juin 2017 - 3:17 | |
| XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
(...) Si vous acceptez cette définition, vous conviendrez qu'il y a bien plus de sortes de tribulations que vous ne l'aviez d'abord pensé. La moindre tribulation est une atteinte au bonheur (qui est une sorte de prospérité). Dites-vous bien que beaucoup de gens souffrent sans que personne en sache rien. Pensez-vous que les tentations du démon, les sollicitations du monde et celles de la chair, qui attirent l'esprit du juste vers le péché, ne sont pas une épreuve, une douleur ?
Pour les misérables qui ne se soucient pas de leur conscience et se laissent aller à leurs mauvais penchants comme de vulgaires bêtes, ces tentations ne sont rien d'autre qu'une cause de plaisir charnel. Mais pour celui qui se tient dans la crainte de Dieu, l'épreuve de la tentation est si douloureuse que, pour en être débarrassé ou pour être sûr de la victoire, il donnerait la moitié de sa vie. Si celui qui ne croit pas en Dieu pense que la résistance aux mauvais penchants n'est point pénible et qu'une telle épreuve ne porte nulle atteinte au bonheur, il verra lui-même ce qu'il en est quand il ne pourra obtenir une chose qu'il désire passionnément, comme par exemple une femme qu'il ne peut posséder. Il verra alors que rien ne pourra le distraire de son désir. J'ose lui affirmer que la lutte que doit livrer un homme juste à ses mauvais instincts et sa grande peur d'y céder causent une souffrance au moins aussi douloureuse que celle d'un désir inassouvi.
Personne, mon cher neveu, personne ne pense à prier pour éviter aux autres ou à soi-même toute espèce d'épreuve, ce serait puéril. Cela équivaudrait à demander à Dieu de supprimer toute tentation ou alors de nous permettre d'y succomber impunément. Qui oserait faire une prière pareille ?
De plus, l'Église recommande le jeûne et la prière, à la fois pour dominer les désirs de la chair et pour aider au repentir, comme le fit le prophète David, et comme le firent les habitants de Ninive. Mais jeûner, se repentir, n'est-ce pas aussi souffrir ? Il n'y a pas que les souffrances qu'on subit contre son gré. La souffrance est toujours la souffrance, même si elle est acceptée de bonne volonté, même si nous nous l'infligeons personnellement. Puisque l'Église nous conseille d'endurer nos épreuves pour nos péchés, soyez sûr que les prières ne demandent jamais à Dieu de supprimer complètement toute espèce d'épreuve. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Dim 25 Juin 2017 - 0:23 | |
| XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
(...)Dites-vous aussi que, sans être malade, en pleine jouissance de ses biens, un homme peut parfaitement souffrir dans son corps ou dans son esprit, soit à cause d'une tentation, soit par une pénitence qu'il s'inflige volontairement pour ses péchés.
Non, mon neveu, personne ne prie jamais pour obtenir d'être exempté de toute espèce d'épreuve. Et ceci répond à votre première objection. Avant de répondre à la seconde, j'examinerai les exemples que vous avez donnés.
Salomon fut, comme vous le dites, un roi fabuleusement riche et très aimé de Dieu, au début de son règne. Mais conserva-t-il la faveur de Dieu ? Je n'en suis pas sûr. Ce qui est certain, c'est que cette continuelle prospérité finit par le faire choir dans l'extravagance. Il accrut le nombre de ses concubines de façon inadmissible et contraire à la loi mosaïque ; il prit femme parmi les infidèles, ce qui est également contraire à la loi de Dieu. Finalement, sous l'influence de son épouse étrangère, il tomba lui-même dans l'idolâtrie. Il n'est pas dit qu'il s'en repentit comme l'avait fait son père. Nous pouvons espérer qu'il en eut quelque chagrin secret, mais nous ne pouvons en être sûrs. Non, l'exemple de Salomon ne me paraît pas convaincant.
Quant à Job, il ne peut en tout cas pas servir d'exemple de prospérité ininterrompue. Que Dieu lui ait rendu le double de ce qu'il avait perdu n'infirme en rien ce que je vous ai dit. Je n'ai jamais nié que la fortune pût être un don de Dieu à certains justes, entre autres à ceux qui avaient souffert.
Mais en Abraham, cher neveu, vous tenez, je crois, votre principal atout, car il ne fut pas seulement riche et honoré sur terre, mais aussi après sa mort. Lazare, ce pauvre homme qui vécut dans la misère et mourut de faim et de soif, eut une place de choix après sa mort et c'était dans le sein de cet homme riche. Mais vous devez vous rappeler qu'Abraham souffrit d'abord bien des tribulations.
N'était-ce rien, d'après vous, de quitter son pays et de partir vers une terre étrangère, que Dieu lui avait promise à lui et à ses descendants ? Mais jusqu'à la fin de sa vie Dieu ne lui en donna pas un pouce. N'était-ce rien de se séparer de son neveu Loth parce que leurs serviteurs ne s'accordaient pas entre eux ? (...)
Source : livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Lun 26 Juin 2017 - 5:06 | |
| XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
(...) Il parvint à libérer Loth des rois qui l'avaient emmené prisonnier, mais sa capture ne lui occasionna-t-elle pas un gros chagrin ? La destruction des cinq villes ne lui causa-t-elle nulle peine ? Quand on lit l'histoire d'Abraham, on se rend compte du mal qu'il s'est donné pour sauver ces cités menacées. Son cœur ne saigna-t-il pas quand il laissa Sara sa femme au roi Abimelech ? Grâce à Dieu, Abimelech respecta Sara et la traita bien. Mais ce fut dur pour Abraham. Et que dire de ce tourment que fut pour lui le fait de rester si longtemps sans avoir d'enfant ? Celui qui doute lira dans la Genèse la plainte d'Abraham à Dieu. Sans doute la naissance d'Ismaël fut une grande joie ; mais ne fut-ce pas terrible de devoir chasser la mère et l'enfant ? Qui pourrait comprendre la douleur d'Abraham, se préparant à sacrifier Isaac, ce fils si longtemps attendu ? Vous me parlez de Lazare, mais, même en mourant, Lazare ne connut pas une telle souffrance. Lazare endurait patiemment ses maux, mais Abraham était plus méritant encore : il supportait tout dans un esprit d'obéissance et de bonne volonté. Même si d'ailleurs les mérites d'Abraham n'avaient dépassé de beaucoup ceux de Lazare, même s'il n'avait pas été le patriarche de la foi, la façon dont il acceptait les épreuves envoyées par Dieu aurait suffi à le distinguer tout particulièrement. Il me semble que vous n'auriez pu trouver plus mauvais exemple à l'appui de votre thèse que celui d'Abraham !
Or, maintenant, cher neveu, examinons d'un peu plus près le cas du pauvre Lazare et celui du riche Abraham. Nous verrons que si le pauvre Lazare est un peu moins honoré que le riche Abraham, un autre riche gît en enfer, en dessous de l'habitat céleste de Lazare et le supplie de laisser tomber une goutte d'eau pour adoucir quelque peu son supplice. Écoutez ce qu'Abraham répond au mauvais riche : « Mon fils, souviens-toi que dans ta vie tu as reçu la fortune alors que Lazare n'avait en partage que la misère. » Le Christ dans la parabole, décrit la vie fastueuse que menait le riche, jour après jour : « Il vécut royalement, et ne connut pas les épreuves. » Abraham répète la même chose : le mauvais riche avait connu l'opulence pendant que Lazare était dans la disette et leurs sorts étaient maintenant intervertis. Notre-Seigneur n'attribue guère de grandes vertus à Lazare, pas plus qu'il n'attribue à ce riche glouton d'autre crime que celui de vivre sans souci et de ne pas se préoccuper des souffrances du pauvre homme. Mais ni le Christ, ni Abraham ne lui reprochent d'avoir laissé Lazare mourir de faim devant sa porte. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mar 27 Juin 2017 - 5:23 | |
| XVI. RÉPONSE AUX OBJECTIONS LA FORTUNE PEUT NOUS FAIRE SOMBRER DANS LA FOLIE
(...)En me parlant d'Abraham et de Lazare vous me rappelez le danger qu'il y a à vivre dans une continuelle prospérité, et tous les bienfaits qui peuvent venir des épreuves. Vous voyez que si Salomon et Job ne vous ont guère avancé, le pauvre Lazare vous a plutôt fait reculer !
XVII. RÉPONSE À LA SECONDE OBJECTION
VINCENT : Mon oncle, vous avez bien démoli mes arguments, et votre tir fut si efficace que vous avez même réussi à éloigner du but certaines de mes flèches. Je serai bien content de les ramasser maintenant. Mais il me semble que je puis laisser la seconde, à l'endroit où elle s'est plantée. Car si vous dites vrai quand vous affirmez que toute espèce de tribulation est profitable, je ne vois vraiment pas pourquoi nous prierions pour nous la voir retirer à nous ou à quelque ami.
ANTOINE : La tribulation me paraît si profitable, si bienfaisante, que je douterais comme vous qu'il fût utile à quiconque de prier pour s'en voir délivrer, si Dieu ne nous avait enseigné l'une et l'autre chose.
Il nous apprend à supporter patiemment notre douleur, mais aussi à lutter contre elle et à nous efforcer de nous en débarrasser. Puisque c'est Dieu lui-même qui nous donne ces deux leçons contradictoires, je ne me casserai pas la tête à essayer de comprendre ses raisons.
S'il nous envoie une famine, il veut que nous la supportions patiemment, mais si, au cours de cette disette, nous trouvons de la viande, il veut que nous la mangions. S'il nous envoie la peste, il veut que nous la supportions avec patience, pourtant il veut que nous nous fassions soigner, que nous nous efforcions de guérir. Ces attitudes nous sont toutes deux prescrites par Dieu à maints endroits de l'Écriture. Jeûner vaut mieux que manger et fait plus grand plaisir à Dieu. Pourtant, il veut que nous mangions. Mieux vaut prier que boire, pourtant Dieu veut que nous buvions.(...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mar 27 Juin 2017 - 17:21 | |
| XVII. RÉPONSE À LA SECONDE OBJECTION
(...) Il préfère nous voir veiller plutôt que dormir, il veut pourtant que nous dormions. Dieu nous a donné un corps et désire que nous le conservions jusqu'à ce qu'il décide de nous rappeler à lui.
Nous ne savons pas quelle dose de douleur nous pouvons supporter sans nuire à notre corps et peut-être aussi à notre âme. L'Apôtre, après avoir ordonné aux Corinthiens de laisser au démon l'abominable fornicateur qui avait pour maîtresse la femme de son propre père, leur recommanda quand il eut subi le châtiment de son péché, de le recevoir de nouveau et de le consoler « de crainte qu'il n'étouffe dans son immense douleur » (1 Cor., 5). Quand Dieu envoie la tempête, il veut que les marins courent à leur poste et fassent leur possible pour se sauver du naufrage.
Il désire que nous agissions envers les autres comme envers nous-mêmes, que nous ayons pitié les uns des autres, que nous ne soyons pas sine affectione et l'Apôtre reproche à certains de ses fidèles leur froideur et leur indifférence. Nous devrions même avoir pitié de ceux que nous sommes amenés à faire souffrir en raison de quelque nécessité. Quiconque prétend qu'en vertu de la considération qu'il a pour l'âme de son voisin, il veut ignorer les peines corporelles de celui-ci, devrait se remémorer les paroles de saint Jean : « Qui n'aime pas son prochain (que pourtant il peut voir) n'a pour Dieu (qu'il ne peut voir) qu'un amour bien tiède » (1 Jn., 4, 20). Ainsi, celui qui reste indifférent aux peines matérielles n'a que peu de pitié (quoiqu'il dise) pour les peines spirituelles.
Parfois, Dieu nous envoie des épreuves parce qu'il veut nous voir prier pour implorer son assistance. L'Écriture raconte que quand saint Pierre était en prison, tous les chrétiens se sont mis à prier sans interruption et que devant la ferveur de leurs prières, Dieu le délivra miraculeusement.
Les disciples dans la tempête eurent peur de se noyer. Ils invoquèrent le Christ : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons » (Mt., 8, 25 ; Le., 8, 24). Entendant leur prière, il mit fin tout aussitôt à la tempête.
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mer 28 Juin 2017 - 21:02 | |
| XVII. RÉPONSE À LA SECONDE OBJECTION
(...) Et maintenant encore, nous voyons souvent Dieu accorder son aide à ceux qui sont en danger. Quand nous sommes en pleine prospérité, nous oublions le Seigneur ; alors dans sa bonté, il nous envoie un chagrin ou une maladie pour nous forcer à nous tourner vers lui, à l'appeler pour qu'il vienne nous soulager. Quand nous avons appris à le connaître et à le prier, nous avons une chance de pénétrer plus avant dans la grâce.
XVIII. CONSOLATIONS DIVINES OU CONSOLATIONS DIABOLIQUES
VINCENT : Mon cher oncle, votre réponse me satisfait pleinement.
ANTOINE : Cher neveu, beaucoup de gens déplaisent à Dieu car ni les bons traitements ni la sévérité ne peuvent les inciter à se rappeler leur Créateur. Quand ils ont de tout en abondance, ils vivent selon leur bon plaisir et se livrent à la débauche ; quand Dieu veut se rappeler à eux en les plongeant dans l'adversité, ils perdent la tête et s'écartent de lui, ils cherchent du secours partout sauf auprès de lui : dans les plaisirs de la chair, auprès du monde, chez le diable lui-même.
Prenez par exemple un homme en pleine prospérité et enfoncé dans le péché. Il a toujours considéré ses vices comme nécessaires à son plaisir. Dieu, dans sa bonté, veut appeler cet homme à la grâce ; il lui envoie le remords dans son sommeil. Notre homme se met à réfléchir. Il revoit sa vie et de là, sa pensée glisse vers la mort. Il songe qu'il doit abandonner tous ses biens terrestres et s'en aller seul il ne sait où, il ne sait quand. Il ignore également qui il rencontrera là-bas. Alors, il commence à se dire qu'il serait prudent de s'assurer une bonne fin, de peur de rencontrer dans l'au-delà ces êtres très peu sympathiques généralement appelés « démons » et qu'il avait jusque-là considérés comme des rêves de poètes. De telles pensées, si elles deviennent des obsessions, constituent une dure épreuve. Si elles conduisent à la grâce, l'épreuve est salutaire. Il sera réconfortant pour cet homme de penser que Dieu, par cette admonition, veut lui faire quitter le royaume du péché où il vécut si longtemps et l'attirer dans son royaume à lui, où coulent, en abondance, le lait et le miel. S'il répond à cet appel, son tourment se changera en joie, il sera tout heureux de faire pénitence et de changer de vie. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Jeu 29 Juin 2017 - 18:04 | |
| XVIII. CONSOLATIONS DIVINES OU CONSOLATIONS DIABOLIQUES
ANTOINE : (...) Mais il en est que cet appel de Dieu aigrit, au lieu de les amender. Ils ne veulent pas se débarrasser de leurs mauvais penchants, surtout s'ils doivent y laisser beaucoup d'argent ou encore changer radicalement leur existence. Alors, Dieu, dans sa grande bonté, continuera à les tourmenter. Eux, par méchanceté, prétendent se détourner de lui et cherchent à se débarrasser de leur obsession en s'étourdissant de plaisirs et en s'enfonçant dans ces péchés qui déplaisent tant au Seigneur. Ils finissent par lasser Dieu qui à son tour les repousse. Quand un pécheur s'endurcit au point de toucher le fond, il ne craint plus rien, sauf la perte de ses biens matériels. Il sait pourtant que ceci doit lui arriver fatalement avec la mort. Hélas, à ce moment revient aussi son angoisse. À quoi bon un lit douillet, une plaisante compagnie, tout un cortège d'honneurs ? Il gît, haletant sur sa couche, la conscience torturée et craignant le jugement. Le diable est là, qui le pousse au désespoir en présentant à son imagination des tableaux de l'enfer et cette fois le misérable ne croira plus qu'il s'agit d'une fable, et s’il prétend le croire encore, il verra bientôt que ce n'en est pas une. Ah ! Malheur à ceux qui n'y ont point pensé à temps !
Dieu se réjouirait de voir les hommes se tourner vers lui dans l'épreuve mais, la plupart du temps, ils s'enfoncent plus avant dans leur erreur, prennent conseil auprès de gens de leur espèce et, finalement, sombrent dans le néant.
J'en ai vu qui, sur leur lit de mort et soutenus par des coussins, jouaient aux cartes. Cela les aidait, disaient-ils, à écarter leurs hantises.
Et à quelles hantises faisaient-ils allusion, croyez-vous ? À celles dont je viens de vous parler, n'en doutez pas ! Ils pensaient sans cesse à leur vie dissolue, au péril que courait leur âme, au ciel, à l'enfer et ces images leur faisaient mal. Alors, ils les chassaient par le jeu. Et ils jouèrent ainsi jusqu'à ce que le trépas les empêchât de compter leurs points. Leurs partenaires alors s'esquivèrent subrepticement, mais ils ne tardèrent pas à rencontrer « le mort ». À quel jeu jouèrent-ils alors ? Dieu seul le sait. Je crains que ce ne fût un jeu cruel. (...)
Il y en a qui, dans leur malheur, font comme le roi Saül et ont recours au démon. Ce roi avait ordonné que fussent mis à mort tous ceux de ses sujets qui pratiquaient la sorcellerie et la nécromancie.
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Ven 30 Juin 2017 - 18:34 | |
| XVIII. CONSOLATIONS DIVINES OU CONSOLATIONS DIABOLIQUES
ANTOINE : (...) Mais, quelque temps après lui-même s'y adonna. Il alla trouver une sorcière (1S., 28, 3 sqq.) et lui demanda de faire parler un mort, afin de connaître l'issue de la bataille qu'il allait livrer. Dieu l'avait pourtant prévenu, par l'intermédiaire de Samuel que ces pratiques n'aboutiraient à rien, mais il n'en tint aucun compte, s'endurcit dans son erreur et devint toujours plus mauvais, si bien que Dieu ne voulut même plus veiller sur lui. Et quand il chercha auprès du prophète une réponse du Seigneur, il n'en reçut point et cela lui parut étrange. Alors voyant que Dieu ne l'écoutait pas, il se tourna vers le démon et il obtint d'une sorcière qu'elle évoquât le fantôme de Samuel qui était mort dans l'intervalle et qu'elle le fît parler. Mais il lui arriva ce qui arrive à ceux qui ont recours à de tels sortilèges. La réponse fut défavorable et le sort funeste. Son armée fut déconfite et lui-même, tué. Il est dit dans les Paralipomènes, livre premier, chapitre X, que Saül périt pour avoir manqué de confiance en Dieu et pour avoir interrogé et consulté une sorcière, ce qui était contraire à la loi de Dieu, et aussi à la loi qu'il avait lui-même promulguée si peu de temps auparavant.
Que tous ceux qui s'adonnent à de telles pratiques s'attendent à pareil sort ! J'en connais beaucoup qui, en cas de lourde perte financière, recourent à la sorcellerie pour retrouver leurs biens. Parfois, ils y rencontrent des choses étonnantes, mais jamais l'histoire ne s'achève à leur avantage. Il y a des gens stupides qui, s'ils sont malades, ne font pas venir le médecin, refusent de faire faire des analyses d'urine, mais envoient un bonnet ou un bas à une guérisseuse, autrement dit, à une sorcière. Elle fait dire qu'elle a, dans le bas, trouvé la preuve que le malade a été victime des agissements d'un mauvais esprit, un soir entre deux portes, mais que cette preuve n'apparaîtra clairement que dans quelques jours. En attendant, l'esprit, assure-t-elle, a infesté le corps du malade, et c'est ce qui le fait tant souffrir. Qu'il se garde de prendre aucune médecine ! Qu'il se contente de bien manger et de bien boire, les potions lui feraient du mal. Mais voici cinq feuilles de valériane. Elle les a cueillies de la main gauche et leur a communiqué un charme. Il faut que le malade attache ces cinq feuilles à son pouce droit, avec un lacet vert, sans trop serrer ; il ne devra jamais les changer à moins qu'elles ne viennent à tomber ; qu'il les garde jusqu'à ce qu'il soit guéri. Et voilà les beaux conseils que suivent des quantités d'imbéciles, au lieu de se fier à Dieu ! (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Sam 1 Juil 2017 - 18:11 | |
| XVIII. CONSOLATIONS DIVINES OU CONSOLATIONS DIABOLIQUES
ANTOINE : (...) Neveu, croyez-moi, tous ces gens qui dans l'épreuve, se détournent de Dieu et cherchent le réconfort dans le plaisir ou auprès du démon, se font tort à eux-mêmes. Tandis que ceux qui se tournent vers Dieu trouvent en lui leur consolation et, de l'épreuve même qu'ils subissent, tirent un grand profit.
XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
VINCENT : Vos réponses me satisfont, mon oncle ; il me reste pourtant encore un doute. Quand ce doute sera dissipé, je ne vous ennuierai plus car je crains de vous fatiguer par une trop longue discussion. Je ne vous poserai qu'une seule question ; nous verrons le reste plus tard.
Vous dites qu'un riche peut s'élever vers Dieu et qu'un pauvre accablé de maux peut tomber au pouvoir du démon ; qu'on peut tout aussi bien plaire à Dieu en le remerciant de ses bienfaits qu'en supportant avec patience les épreuves qu'il envoie. La richesse et la pauvreté semblent donc pouvoir être causes de salut ou de perdition. Elles ne seraient en soi ni bienfaisantes ni malfaisantes ; tout dépendrait, en somme, de la façon dont ces états sont acceptés. Dès lors, je ne vois pas pourquoi vous donneriez la préférence à la tribulation, à la pauvreté, ni pourquoi vous y voyez plus de causes de vous réjouir. Il me semble à moi qu'on en trouve bien moins dans l'adversité que dans le bonheur, à moitié autant.
Un homme heureux et épanoui qui remercie le Seigneur élève son âme, mais dans l'adversité (bien qu'il puisse acquérir des mérites par sa patience comme l'autre par ses actions de grâces) il est submergé par sa peine. Le riche peut prier Dieu tranquillement, joyeusement, sereinement, mais celui qui gémit dans l'affliction ne pense même pas à prier.
ANTOINE : Je vous dirai d'abord, cher neveu, que les prières du riche et celles du pauvre ne valent pas mieux les unes que les autres, si tous deux sont méchants. Car ni l'un ni l'autre n'a envie de prier. Le riche en est empêché par son plaisir, le pauvre par sa misère – à ceci près que le malheur sert souvent d'aiguillon et force l'homme à se tourner vers Dieu, à moins qu'il ne s'agisse d'un cœur vraiment corrompu, alors que le plaisir détourne plutôt de Dieu – sauf s'il s'agit de mortels vraiment très pieux et très vertueux. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Dim 2 Juil 2017 - 19:23 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...) Sur ce point, il me semble que tous les hommes de bonne foi seront d'accord. Dans la douleur, tout homme qui n'est pas complètement stupide ou foncièrement mauvais en appelle à Dieu, non pas timidement, mais de tout son cœur, tant il souhaite être soulagé. Cependant quand nous sommes riches et prospères, notre esprit ne vagabonde-t-il pas tandis que nos lèvres murmurent des prières ? Je sais qu'au cours de certaines maladies, dans certains malheurs, il serait difficile de dire de longues prières à matines. Pourtant, certains agonisants disent dévotement les sept psaumes et d'autres prières, avec le prêtre qui leur administre l'extrême-onction. Mais Dieu ne l'exige pas, et il y en a qui souffrent trop ou qui n'ont pas le courage d'articuler toutes ces formules. Qu'ils élèvent donc leur cœur, sans prononcer une parole. Le Seigneur préfère ce genre de prière dans ces circonstances à une longue liturgie offerte par des bien-portants. Les martyrs, dans leur agonie, n'articulaient pas de longues invocations, mais un mot de leur bouche à ce moment de grande douleur était bien plus précieux que les longues prières qu'ils avaient adressées au Seigneur avant leur supplice.
De grands Docteurs disent que le Christ, quoique vrai Dieu et comme tel jouissant avec son Père d'une éternelle félicité, s'acquit des mérites en tant qu'homme, non seulement pour nous mais aussi pour lui-même. À l'appui de cette thèse, ils citent ces paroles de saint Paul : « Le Christ s'est humilié jusqu'à la mort, jusqu'à la mort sur la croix. Pour cela, Dieu l'a exalté. Le nom de Jésus est au-dessus de tous les noms. Au nom de Jésus, tous les genoux doivent plier aussi bien au ciel que sur la terre et en enfer. Toute bouche doit proclamer que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu son Père » (Phil., 2, 8-11). Si ces savants ont raison, si Notre-Seigneur a mérité non seulement pour nous mais aussi pour lui, il semble bien que ses différentes actions n'ont pas été toutes également méritantes. En lavant les pieds de ses disciples, il mérita moins que pendant sa Passion ; pendant son sommeil, moins que quand il était éveillé et qu'il priait ; ses prières elles-mêmes n'eurent peut-être pas toutes le même mérite. Il ne pouvait dire que des oraisons infiniment supérieures à celles des autres hommes, mais elles ne furent pas toutes équivalentes, certaines étant très supérieures aux autres. Ainsi celles qu'il dit dans sa passion et dans son agonie me paraissent l'emporter sur les autres. La première, quand il tomba trois fois, prostré dans son agonie, quand la peur d'une mort cruelle et toute proche secouait son corps sacré, et qu'une sueur de sang coulait sur le sol. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mar 4 Juil 2017 - 4:46 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...) Les autres furent les douloureuses prières qu'il fit sur la croix malgré ses tourments atroces : il avait été flagellé, on avait enfoncé des clous dans sa chair, ses membres étaient écartelés, ses muscles se tordaient, ses veines se rompaient, la cruelle couronne d'épines s'enfonçait dans sa tête et son sang se répandait sur sa face (Lc., 22). Pendant toutes ces souffrances horribles, il prononça deux invocations très ferventes, l'une pour le pardon de ceux qui le torturaient si cruellement, l'autre pour remettre son âme entre les mains de Dieu son Père (Lc., 23). Ces prières, lancées au plus fort de ses tortures, me paraissent les plus importantes de toutes celles qu'il fit. Aucune prière adressée à Dieu dans la joie n'est aussi belle ni aussi forte que celles qu'on lui adresse dans la souffrance.
Venons-en maintenant au second de vos arguments. Vous dites qu'un homme peut offenser Dieu aussi bien dans l'adversité que dans la fortune : dans le premier état en montrant de l'impatience, dans le second par la recherche immodérée des plaisirs charnels. Par ailleurs, on peut être tout aussi vertueux dans la prospérité que dans la misère en remerciant Dieu aussi bien parce qu'il a donné la richesse, les honneurs, la fortune que parce qu'il a donné la pauvreté, la misère, l'emprisonnement, la maladie, la souffrance. Et vous ne comprenez pas pourquoi je crois que l'épreuve apporte plus de réconfort. Vous croyez en trouver davantage dans la prospérité. Vous y voyez même deux fois plus de soutien moral que dans le malheur puisque l'âme et le corps y ont également leur part, tandis qu'une personne qui souffre ne trouve de réconfort que pour son âme seulement.
Là, je ne suis pas d'accord avec vous, mon neveu. Un homme en pleine prospérité est naturellement porté à remercier Dieu, il peut être heureux de le faire mais il a peu de motifs pour se croire réconforté puisqu'il jouit d'un bonheur terrestre, à moins que vous ne donniez le nom de réconfort à ces satisfactions sensuelles que sont les plaisirs du corps. On donne parfois ce sens à ce terme quand on dit : « Cette boisson me réconforte ». Mais, pour ceux qui ont l'âme droite, le réconfort est beaucoup plus une consolation apportant l'espoir d'une récompense qu'un plaisir passager réjouissant le corps. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mar 4 Juil 2017 - 19:57 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...) Un homme qui manque de patience dans ses malheurs ne peut être récompensé. Mais s'il souffre patiemment pour l'amour de Dieu, s'il se conforme aux désirs de Dieu, il sera récompensé en proportion de sa peine. Ceci apparaît dans plusieurs passages de l'Écriture, je vous en ai cités quelques-uns, je vous en citerai d'autres. Mais nulle part on ne voit qu'un riche ayant remercié le Seigneur de ses bienfaits, Dieu lui ait promis une récompense au ciel pour la seule et unique raison qu'il avait pris du bon temps sur la terre. Mais puisque je vous parle du véritable réconfort, de celui qui donne à l'homme l'espoir de gagner la faveur de Dieu, la rémission de ses péchés, la diminution de la peine du purgatoire ou encore une récompense dans le ciel, puisque de tels bienfaits ne sont accordés qu'au malheur subi avec patience et non au bonheur, même s'il est accepté avec reconnaissance, vous voyez bien que vous ne pouvez parler de deux fois plus de réconfort dans la prospérité.
En vérité, il y a bien plus de motifs de se sentir réconforté dans le malheur que dans le bonheur. D'abord, comme je vous l'ai déjà montré longuement, une prospérité continuelle, jamais interrompue par aucune épreuve, est un présage inquiétant de damnation. Il s'ensuit que, pour un cœur droit, une épreuve est un mobile de réconfort. Ensuite, l'Écriture nous dit qu'il y a plus d'avantages à retirer de l'épreuve que de la prospérité et l'Ecclésiaste dit : « Mieux vaut aller à la maison du deuil qu'à la maison du banquet ; car c'est ainsi que doit finir tout homme et le vivant y réfléchit » et un peu plus loin : « Le cœur du sage est dans la maison du deuil et le cœur des fous dans la maison de la joie » (Eccl., 7, 2). En vérité, quand l'Écriture recommande la joie humaine, il faut l'entendre comme une joie spirituelle ou encore comme un léger rafraîchissement de l'esprit, une légitime réaction contre la mélancolie. Dans l'Ancien Testament, la prospérité fut promise aux enfants d'Israël comme un don spécial de Dieu car, en ce temps-là, à cause de leur imperfection, il fallait les amener à Dieu par des perspectives plaisantes comme maintenant, pour faire étudier les enfants, on leur promet des bonbons. L'Écriture fait remarquer que les gens étaient comme des enfants et elle donne à leur maître Moïse le nom de « pédagogue ».(...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mer 5 Juil 2017 - 19:37 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...) Saint Paul dit : « La Loi ancienne n'a rien amené à la perfection » (Héb., 7, 19) et Dieu a menacé les humains de leur envoyer des épreuves dans ce monde pour leurs péchés, non que l'épreuve soit un mal en soi, mais pour que nous soyons conscients de la maladie que donne le péché et que nous en craignions les suites. Car l'épreuve a beau être bienfaisante, si nous la prenons comme il faut, elle n'en est pas moins pénible et nous ne nous en délectons point. Pourtant, je ne me lasserai pas de répéter que l'Écriture désigne l'épreuve comme très supérieure à la fortune pour nous faire obtenir le vrai bien que Dieu nous donnera dans l'autre monde. Que signifieraient autrement les paroles de l'Ecclésiaste que je viens de vous citer : « Mieux vaut aller à la maison du deuil qu'à la maison du banquet » ? Pourquoi dirait-il que le cœur du sage est attiré par ceux qui sont dans la peine, et le cœur du fou par ceux qui sont dans la joie ? Pourquoi menacerait-il le sage en disant que celui qui se complaît dans les richesses tombera dans le malheur, que le rire sera mêlé de tristesse et que la joie se terminera en douleur ?
Et Notre-Seigneur lui-même a dit : « Heureux les affligés car ils seront consolés » (Mt., 5, 5). Il dit encore à ses disciples : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous allez pleurer et vous lamenter, le monde, lui, se réjouira, vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie » (Jn., 16, 20). Vous avez déjà pu constater de nombreuses vérifications de ces prophéties : bien des gens qui étaient dans la joie sont maintenant dans la peine. Et vous voyez dans l'Écriture que l'épreuve bien plus que la prospérité vous donne sujet d'espérer la véritable consolation.
En examinant l'adversité et la prospérité, en considérant les conséquences heureuses ou funestes qu'elles entraînent, vous verrez d'autres raisons d'estimer l'épreuve préférable à la fortune. Dans l'épreuve, nous pouvons gagner des mérites par la patience, par la soumission de notre volonté humaine à la volonté divine ou encore en remerciant Dieu de s'être penché vers nous. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Jeu 6 Juil 2017 - 16:09 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...) Vous pouvez me rétorquer que le riche peut faire des générosités, que par l'autorité que lui vaut son crédit, il peut contribuer à faire régner la justice, en un mot qu'il peut faire toutes sortes de bonnes actions. Je vous réponds qu'un pauvre qui supporte patiemment l'épreuve a bien plus de mérites qu'un riche même très vertueux. En effet, celui qui est dans le malheur ferait la même chose que le riche, s'il le pouvait, et son seul bon vouloir a presque autant de valeur que l'action. Tandis que le riche n'est pas dans la même situation : il n'est pas disposé à supporter l'épreuve, à conformer ses désirs à ceux de Dieu, à le remercier de la lui avoir envoyée ; il n'est pas prêt à endurer ce que le malheureux subit avec résignation. De plus, le riche peut faire de grandes largesses, le puissant peut agir en faveur de la justice, mais on peut être généreux sans être riche, on peut lutter pour la justice sans être puissant. Le riche peut enfin, comme le roi David, compter pour rien ses richesses et mener une vie de pénitence. Ainsi vous voyez bien que la prospérité n'est pas la cause essentielle de ces actes vertueux, puisque celui qui est dépourvu de richesses accomplit mieux encore que le riche ces actions bonnes et méritoires. Finalement, nous voyons que plus le riche est généreux moins il est riche. Par le fait même qu'il travaille à faire le bien, il abandonne sa tranquillité, il entame sa fortune. Celui qui considère la chose avec attention s'aperçoit que le riche, s'il veut agir bien, s'écarte de l'état de richesse pour se rapprocher de l'état de misère. C'est donc qu'il reconnaît la supériorité, en ce qui concerne la grâce, de l'état d'infortune sur l'état de prospérité.
Si vous ne comprenez pas ce raisonnement, et m'alléguez qu'un riche, malgré toutes ses largesses, est resté riche, et qu'un homme puissant, malgré tous ses efforts pour faire régner la justice, est resté puissant, rappelez-vous qu'il faut respecter les proportions : s'il est resté riche, c'est qu'il a donné bien peu en comparaison de ce qu'il avait. Si le riche donnait tout ce qu'il possède jusqu'à être lui-même dans le dénuement, alors on comprendrait ce qui vient d'être dit. Car ce riche-là serait tombé volontairement de la richesse dans la pauvreté. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Ven 7 Juil 2017 - 18:46 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...)Nous avons pesé les mérites de la prospérité, examinons maintenant plus en détail ce qui fait le mérite d'une épreuve, c'est-à-dire la patience, la soumission et les remerciements à Dieu. L'homme fortuné n'a pas de patience, et l'on peut dire que plus il sera riche moins il sera patient. Dès que sa patience est mise à l'épreuve, ce lui est une souffrance, de sorte que s'il a quelque mérite il l'obtient par sa souffrance, non par sa richesse.
Mais ce sont les deux autres vertus qui nous apporteront les meilleurs points de comparaison : je veux parler de la soumission de l'homme à la volonté de Dieu et de sa gratitude envers le Seigneur. L'homme vertueux, dans l'épreuve, se soumet à Dieu et lui rend grâce ; ainsi le riche qui accepte sa richesse comme venant de Dieu et rend grâce à Dieu de la lui envoyer. C'est dans ces deux points qu'on peut le mieux comparer les mérites de la richesse et ceux de l'adversité.
Les différences qui les opposent se manifestent clairement en ceci : il faut être d'une nature toute particulière pour pouvoir dans l'épreuve se soumettre à la volonté de Dieu et lui rendre grâce. Mais sans être très vertueux on peut se montrer très satisfait des richesses que Dieu procure et lui déclarer : « Je vous remercie de tout mon cœur, et je vous aimerai toujours, aussi longtemps que vous me traiterez ainsi ! » Confitebitur tibi, cum beneficeris ei. Même si le riche est très bon, il lui faut moins de vertu pour conformer sa volonté à celle de Dieu qu'il n'en faut à l'homme dans l'adversité. Les philosophes ont eu raison de dire : « La vertu est dans les épreuves et les difficultés ». Je vous l'ai déjà dit, il est bien plus facile de remercier Dieu pour ses bienfaits que pour les épreuves qu'il nous envoie. C'est pourquoi, en nous soumettant à sa volonté et en le remerciant de ce qu'il fait pour nous quand nous sommes dans le malheur, nous méritons une récompense céleste bien plus que si nous montrons les mêmes dispositions d'esprit quand nous sommes dans la prospérité. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Sam 8 Juil 2017 - 20:20 | |
| XIX. UNE AUTRE OBJECTION. RÉPONSE
ANTOINE : (...)C'est ce que vit bien le démon quand il dit au Seigneur qu'il n'y avait rien de remarquable dans la piété de Job : Dieu l'avait toujours gardé prospère et heureux. Mais le diable savait qu'il serait dur pour Job de rester aussi pieux, de continuer à remercier Dieu dans l'adversité. Il fut donc tout content de recevoir de Dieu l'autorisation de plonger Job dans le malheur, il ne doutait pas que Job ne vînt à s'impatienter et à murmurer contre Dieu. Mais c'est là que le démon fut pris ; la patience de Job pendant son malheur, qui pourtant ne dura pas longtemps, lui acquit la faveur de Dieu bien plus que la piété dont il avait fait preuve pendant sa longue vie de bonheur et de prospérité. Notre-Seigneur aussi nous dit qu'en remerciant ceux qui nous font du bien nous ne faisons rien de remarquable, nous ne devons pas nous attendre à beaucoup de récompenses pour cela.
Ainsi, je vous ai montré, je pense, la grande supériorité de l'adversité sur la fortune en ce qui concerne les récompenses célestes.
XX. CONCLUSION : ÉLOGE DE L'ÉPREUVE
Cher neveu, terminons maintenant cette discussion, je ne veux plus vous retenir, vous avez d'autres occupations.
Si nous prenons comme principe de notre foi tout ce que dit l'Écriture telle que les saints Docteurs la commentent et telle que l'Esprit de Dieu l'enseigne à l'Église catholique, alors nous accepterons l'épreuve comme un don de Dieu, un don qu'il réserve à ses amis très chers. Ce don du ciel, dans l'Écriture, est hautement loué et recommandé ; il conjure le danger qui nous menace et, si Dieu ne nous l'envoyait pas, nous devrions le chercher dans la pénitence. L'épreuve nous aide à purger nos péchés passés et nous préserve des péchés à venir ; elle nous aide à nous détacher du monde et à nous rapprocher de Dieu ; elle diminue nos peines dans le Purgatoire et augmente nos récompenses dans le Paradis. C'est par la douleur que Notre-Seigneur lui-même pénétra dans son propre royaume, et que tous ses apôtres l'y suivirent. C'est à la supporter avec patience que le Christ exhorte tous les hommes, sans cela, dit-il nous ne serions pas ses disciples et nous ne pourrions atteindre le ciel. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Dim 9 Juil 2017 - 19:42 | |
| XX. CONCLUSION : ÉLOGE DE L'ÉPREUVE
ANTOINE : (... ) Qui réfléchit à cela et s'en souvient ne s'insurgera pas dans l'adversité ; il en verra toute la valeur, il grandira en vertu et pensera qu'il a mérité cette épreuve. Il comprendra que Dieu la lui a envoyée pour son bien et bientôt, il en remerciera le Seigneur. Alors la grâce en lui grandira et Dieu lui apportera le réconfort en faisant sentir sa présence, car « Dieu est près des cœurs brisés, il sauve les esprits abattus » (Ps., 34, 19). Et la joie qu'il en ressentira allégera beaucoup l'épreuve. Il ne cherchera pas ailleurs une vaine consolation, mais c'est en Dieu seul qu'il mettra sa confiance, auprès de lui qu'il cherchera du secours. Il soumettra entièrement sa volonté au bon plaisir de Dieu. Il priera le Seigneur dans son cœur et demandera à ses amis et surtout aux prêtres de prier pour lui, comme saint Jacques le recommande. Il commencera par se confesser, il se purifiera et se préparera au grand départ, il se réjouira à l'idée de quitter ce monde et même à l'idée de passer par le purgatoire.
Si nous agissons de la sorte, nous ne tarderons pas à sentir nos cœurs s'alléger, notre épreuve devenir plus supportable ; nous guérirons et nous vivrons plus longtemps.
Si Dieu veut que nous sortions de cette vie, alors il fait bien plus pour nous, car celui qui prend ce chemin-là ne peut qu'aller droit. Celui qui ne quitte pas volontiers ce monde misérable, je crains fort qu'il ne meure pas bien. Il n'est pas bien accueilli celui qui ne vient pas de bon cœur et qui dit au Seigneur « Salut ô mon Créateur, je ne vous porte point d'amour ! » Mais celui qui l'aime au point de désirer aller vers lui, celui-là sans aucun doute est le bienvenu, même s'il vient sans être lavé de ses péchés, car « la charité couvre une multitude de péchés » (1 P., 4, 9) et « ceux qui mettent en moi leur confiance ne sont pas déçus » (Es., 49, 23). Et le Christ dit : « Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors » (Jn., 6, 38). Ne comptons donc pas sur une longue existence. Gardons la vie tant que nous l'avons parce que Dieu l'a ordonné ainsi, mais dès qu'il nous appelle, réjouissons-nous d'aller vers lui. L'espoir d'aller au ciel nous soutiendra dans notre épreuve passagère et nous parviendrons ainsi à la joie éternelle. Cher neveu, je prie Dieu que nous y accédions l'un et l'autre. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Lun 10 Juil 2017 - 18:36 | |
| XX. CONCLUSION : ÉLOGE DE L'ÉPREUVE
(...)VINCENT : Mon cher oncle, je prie Dieu qu'il vous récompense et cette fois je ne vous ennuierai plus. Je crains de vous avoir mis à rude épreuve avec mes objections importunes. Vous m'avez donné un bel exemple de patience en supportant si longtemps mes sottises. Je me permettrai pourtant de revenir vous parler du problème si passionnant de l'épreuve et de la souffrance. Du reste, vous m'avez dit que vous aviez des arguments que vous réserviez pour la fin.
ANTOINE : Revenez bientôt, cher neveu, nous en discuterons tant que ce dont nous nous sommes entretenus sera encore frais dans notre mémoire.
VINCENT : Je vous promets, cher oncle, de ne jamais oublier ce que nous avons dit. Que le Seigneur vous envoie la consolation qu'il jugera la meilleure pour vous !
ANTOINE : Bien dit, neveu bien-aimé ! Je lui demande d'en faire autant pour vous et pour tous nos amis, qui ont si grand besoin d'être réconfortés. C'est pour eux plus que pour vous-même, je suppose, que vous êtes venu me demander conseil.
VINCENT : Je les réconforterai en leur rapportant vos paroles. J'ai confiance en Dieu, soyez en sa sainte garde !
ANTOINE : Qu'il vous y tienne également. Adieu très cher neveu.
LIVRE II. DU DIALOGUE DU RÉCONFORT DANS LES TRIBULATIONS
VINCENT : Vos gens me disent, cher oncle, que depuis ma dernière visite, vous avez goûté un bon repos, Dieu merci !, et que vous vous sentez mieux. Je suis heureux de l'apprendre.
Après notre dernier entretien, je m'en suis voulu d'avoir eu si peu de considération pour votre santé. On m'avait bien assuré qu'elle s'était quelque peu améliorée, autrement jamais je n'aurais voulu vous imposer la fatigue d'une aussi longue discussion. En vous quittant, j'ai pensé à la tension d'esprit que je vous avais imposée, vous forçant à me parler de sujets rébarbatifs et ardus comme la maladie, la misère, l'épreuve, la tribulation. Je m'en suis voulu d'avoir eu aussi peu d'égard pour votre santé. Je ne fus pleinement rassuré qu'en apprenant que vous vous sentiez mieux. J'en remercie le Seigneur, car le moindre accroc serait dangereux, à votre âge. (...)
Source : livres-mystiques.com
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Mar 11 Juil 2017 - 16:58 | |
| LIVRE II. DU DIALOGUE DU RÉCONFORT DANS LES TRIBULATIONS
(...) ANTOINE : Non, cher neveu, parler ne me fait pas de mal. Un vieillard un peu fantasque est souvent aussi bavard qu'une femme. Les poètes ont raison de dire que le bonheur des vieillards est de s'asseoir bien confortablement au chaud, avec, à portée de la main, une boisson, une pomme cuite, et de bavarder en buvant et en mangeant !
Notre conversation ne fut en rien déplaisante, elle me fit du bien. Si nous mîmes en commun nos chagrins, nos épreuves, ce fut avant tout pour en tirer consolation et réconfort. Je suis heureux que vous soyez revenu pour achever cette discussion.
VINCENT : En vérité, elle me fit grand bien, et tous ces bons conseils que vous m'avez donnés, toutes ces paroles si encourageantes, je les ai répétés autour de moi et j'en ai fait profiter nos amis. Me voici revenu pour continuer, et je suis tout heureux de vous trouver si dispos. Mais, je vous en prie, mon oncle, si, dans la joie que me cause votre conversation, je m'oublie jusqu'à vous imposer de la fatigue, dites-le moi. Et quand vous désirerez me voir prendre congé, renvoyez-moi : je reviendrai à un autre moment.
ANTOINE : Après notre entretien, je me sentis, je vous l'avoue, un peu fatigué ; car parler longtemps sans interruption finit, à la longue, par lasser un homme affaibli. Je regrettai d'avoir tant parlé et que notre conversation fût plutôt un long monologue. Nous aurions dû mieux répartir les rôles et faire comme les savants qui exposent leurs idées dans des dialogues entre personnages imaginaires. Mais là, je suis seul coupable.
Entre vous et moi, tout s'est passé comme entre une certaine nonne et son frère. La dame, de haute vertu, était entrée dans un ordre cloîtré, très sévère. Elle y était restée longtemps sans voir son frère, homme également vertueux, qui avait obtenu, dans une université, le titre de docteur en théologie. Quand il revint chez lui, il alla rendre visite à sa sœur, tout heureux de la savoir dame de si grand renom. Elle vint à la grille, comme on dit, c'est-à-dire au parloir et après s'être pieusement salués de part et d'autre comme il est d'usage en ces endroits, ils se touchèrent le bout des doigts, car on ne se serre pas la main à travers une grille. Alors la dame se lança dans un sermon sur la misère du monde, la fragilité de la chair, les ruses du malin, et donna à son frère force bons conseils (quoiqu'à vrai dire un peu longs) sur la prudence à observer pendant la vie, sur la façon de mortifier la chair et de sauver son âme. Après quoi, elle se mit à lui faire des reproches : (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Jeu 13 Juil 2017 - 4:21 | |
| LIVRE II. DU DIALOGUE DU RÉCONFORT DANS LES TRIBULATIONS
ANTOINE : (...)— Vraiment, mon frère, je m'étonne que vous, qui avez passé tant de temps à étudier, et êtes si savant en tout ce qui concerne Dieu, ne trouviez rien à me dire, à moi votre sœur ignorante, que vous avez si rarement l'occasion de rencontrer. Je ne doute pas que vous sachiez parler doctement.
— En vérité, ma sœur, avec vous c'est impossible, car vous n'avez cessé de parler pour nous deux. Je me souviens, mon neveu, que lors de notre dernier entretien je ne vous laissai guère ouvrir la bouche. J'en userai autrement cette fois, et vous parlerez la moitié du temps.
VINCENT : Vous m'avez raconté une bien plaisante anecdote, mon cher oncle !
Mais si vous me demandez de parler la moitié du temps, vous ne ressemblez pas à une de vos cousines, je ne vous dis pas laquelle, vous le devinerez. Son mari appréciait énormément la compagnie d'un voisin, à tel point qu'il s'absentait souvent de chez lui. Un jour qu'ils dînaient tous trois, la femme reprocha gaiement au voisin d'attirer son mari loin du foyer conjugal.
— Eh bien ! faites comme moi, madame, il ne s'éloignera jamais de vous.
— Et que faites-vous donc ? dit-elle.
— Eh bien ! voilà : votre mari aime parler et, quand il est avec moi, je le laisse jaser tout son saoul.
— Oh ! dit-elle, je préfère encore qu'il soit en votre compagnie, plutôt que de lui céder chez nous la moitié du temps pour bavarder !...
ANTOINE : Ça, neveu, je devine de qui il s'agit. Je voudrais qu'aucune femme ne fût plus bavarde que celle-là !
VINCENT : Elle n'est pas seulement pleine de bonne humeur, elle est bonne. Mais il ne m'a pas semblé parler si peu, au contraire, j'étais confus de vous poser tant de questions que j'aurais parfaitement pu taire, vos réponses me l'ont bien fait comprendre. Mais maintenant, puisque vous m'y invitez, je parlerai sans crainte.(...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Ven 14 Juil 2017 - 4:36 | |
| I. SI L'ON PEUT, DANS L'ÉPREUVE, CHERCHER À SE RÉCONFORTER PAR DES DISTRACTIONS
VINCENT. Avant d'aller plus avant, cher oncle, je me permettrai de revenir sur certaines de vos affirmations. Si je me souviens bien, vous refusiez à l'homme le droit de chercher un adoucissement à sa peine dans les choses humaines ou charnelles. Cela me semble un peu dur. Il n'y a pas de mal à bavarder gaiement avec un ami, cela distrait, cela détend, cela rend courage. Salomon dit, si je me souviens bien, qu'on devrait verser à boire à l'homme qui est dans le chagrin pour l'aider à oublier. Et saint Thomas assure qu'un plaisant entretien (eutrapelia) est bienfaisant, rafraîchit l'esprit et le rend plus vif pour continuer à travailler et à étudier.
ANTOINE : Mon neveu, je n'oublie pas ce point de vue, mais je n'avais guère envie d'en parler, car cela ne me paraît pas absolument inoffensif et d'autre part il n'est guère nécessaire de le conseiller ; les gens y sont suffisamment enclins par eux-mêmes. N'en sommes-nous pas un exemple ? Nous devions nous rencontrer pour parler de choses graves et tristes et nous avons commencé par échanger de petites histoires drôles. Neveu, vous me connaissez : je suis par nature très moqueur. Je voudrais pouvoir m'en corriger. Mais, même à mon âge, je n'y puis arriver. Je ne vais tout de même pas me mettre à m'en vanter !
Mais puisque vous me demandez mon avis sur la question de savoir s'il n'est pas permis de chercher à soulager le chagrin par quelque honnête divertissement (étant bien entendu que notre principal soutien est Dieu seul) eh bien ! je ne le défendrai pas formellement. Car des hommes vertueux et savants l'ont permis dans certains cas. En effet, si nous étions tous comme Dieu souhaite que nous soyons et tels que la sagesse naturelle le voudrait (il est du reste sans excuse que nous soyons différents), il ne fait aucun doute que la meilleure consolation serait de parler du ciel. Tandis qu'à présent, Dieu nous vienne en aide ! quelques mots sur les joies célestes suffisent à nous plonger dans l'ennui, il nous faut bien vite nous rafraîchir l'esprit avec une bonne histoire. Notre intérêt pour le ciel s'est bien refroidi. Si la crainte de l'enfer s'était émoussée dans les mêmes proportions, bien peu craindraient encore Dieu ! Heureusement, nous n'en sommes pas là. Avez-vous remarqué, mon neveu, qu'au sermon et le plus souvent vers la fin, le prédicateur parle du ciel et de l'enfer. Pendant qu'il parle de l'enfer, on l'écoute encore, mais dès qu'il aborde les joies célestes, c'est fini. (...)
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| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Ven 14 Juil 2017 - 19:31 | |
| I. SI L'ON PEUT, DANS L'ÉPREUVE, CHERCHER À SE RÉCONFORTER PAR DES DISTRACTIONS
ANTOINE : (...)Il en est de l'âme comme du corps : il y a des gens qui, par nature ou par mauvaise habitude, en sont arrivés à ceci : qu'un produit nocif les soulage plus vite et mieux qu'un produit bienfaisant. S'ils sont malades, ils n'avaleront ni médicament ni nourriture sans y avoir ajouté quelque chose qui en diminue l'action salutaire. Pourtant, nous devons les laisser agir à leur guise ; impossible de faire autrement.
Cassien (cet homme si vertueux) raconte dans une de ses conférences qu'un prédicateur parla un jour du ciel. Il parlait si suavement que ses auditeurs ne tardèrent pas à oublier où ils se trouvaient... et qu'ils tombèrent dans une profonde somnolence. Quand le saint prêtre s'en aperçut, il s'écria tout à coup : « Écoutez cette histoire, elle est amusante. » Toutes les têtes se levèrent et il put alors leur parler du ciel à sa guise. Je ne vous dirai rien des reproches qu'il leur fit, mais cette anecdote me suffit pour illustrer ma réponse à votre question : dans l'épreuve, ne peut-on chercher un soulagement, une honnête distraction ? Je réponds que ceux qui ne peuvent entendre parler du ciel sans être distraits de temps en temps par quelque histoire divertissante (comme s'il était pénible d'entendre parler du ciel !) eh bien ! laissez-les donc ! Je voudrais qu'il fût possible de les guérir de leur frivolité. Il n'en est rien.
Pourtant, à mon avis, il vaut mieux écourter au maximum ces récréations et les rendre aussi rares que possible. Qu'elles soient la sauce et non le plat principal. Prions Dieu de trouver une telle satisfaction dans la description des joies célestes que tout plaisir humain paraisse insipide. Si nous y parvenons, un an de plaisir nous soulagera moins qu'une demi-heure de méditation sur les bonheurs du paradis.
VINCENT : Vous avez raison, mon oncle, et je prie Dieu qu'il nous accorde de goûter de telles joies. Et, comme vous l'avez dit l'autre jour, c'est par la foi que nous y parviendrons et c'est par la prière que nous l'obtiendrons. Mais maintenant, mon cher oncle, arrivons-en au vif du sujet.(...)
Source : livres-mystiques.com
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| | | ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas Sam 15 Juil 2017 - 19:45 | |
| II. DU PEU DE TEMPS QU'IL RESTE À VIVRE AUX PERSONNES ÂGÉES OU MALADES
ANTOINE : Cher neveu, j'y ai pensé depuis notre dernière rencontre. Si nous voulions le traiter à fond, il y faudrait bien plus de temps qu'il ne m'en reste à vivre. Et tous mes moments ne sont pas pareils. Il y en a de bien pénibles, pendant lesquels je souhaite mourir. Mes bons jours sont rares et vite passés. Je ne puis trouver meilleure comparaison que celle d'une chandelle presque entièrement brûlée. On pourrait la croire éteinte, car le bord du chandelier en cache la flamme, mais parfois cette flamme s'élève un peu et donne une brève lumière, jusqu'à ce qu'enfin elle s'éteigne complètement. C'est ainsi que bien souvent je crois ma mort proche, et puis j'ai quelques bons moments, comme maintenant. On pourrait croire que ces bons jours vont durer. Mais je sais que je n'en ai plus pour longtemps et même si je vous parais vraiment mieux portant, je tiens chaque jour pour mon dernier. On dit souvent pour calmer la jeunesse « qu'on voit au marché des peaux d'agneaux aussi bien que des peaux de béliers ». Il y a pourtant une différence, c'est que, s'il arrive qu'on meure en pleine jeunesse, le vieillard, lui, sait qu'il ne pourra vivre longtemps.
C'est pourquoi, mon neveu, je laisserai de côté les sujets que j'aurais traités en d'autres circonstances et j'en garderai très peu. Toutefois, si Dieu le permet, nous y reviendrons plus tard.
III. TROIS SORTES D'ÉPREUVES
Toutes les tribulations dont souffrent les hommes entrent forcément dans une des trois catégories suivantes : celles qu'on s'impose de plein gré, celles qui sont supportées patiemment et celles qui paraissent insupportables.
Je ne traiterai pas de cette dernière catégorie maintenant ; ce que j'ai dit la fois dernière suffira pour l'instant. Vous voyez de quoi je veux parler : la maladie, l'emprisonnement, la perte des biens, la perte d'un ami, une douleur physique, tout cela sont des épreuves de la troisième catégorie, telles qu'on ne les accepte pas de bon cœur au début et dont par la suite on ne peut se débarrasser malgré tous les efforts qu'on fait.
Je pense que rien ne peut venir au secours de l'homme qui n'a pas la foi, quels que soient les conseils qu'on lui donne.
Je vous ai déjà beaucoup parlé de celui qui l'a : puisqu'il ne peut se libérer de sa peine, mieux vaut lui conseiller de la prendre en considération, de la supporter patiemment et de rendre grâce à Dieu plutôt que de se révolter et ainsi d'augmenter la douleur tout en risquant de déplaire à Dieu.
Je pense en avoir dit assez sur ce sujet. Pourtant, je vous donnerai encore des exemples de consolation qui peuvent servir dans cette sorte d'épreuves.
Source : livres-mystiques.com
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