"IL N'Y PAS LE ROYAUME DES MORTS
ET LE ROYAUME DES VIVANTS. IL N'Y 'A QUE
LE ROYAUME DE DIEU ET NOUS SOMMES DEDANS"
(Bernanos)
Sous la forme laconique et ordinaire , d'un avis dans la rubrique nécrologique, les quotidiens locaux nous ont appris le ce décès du Père Maurice Verhaeghe, Rédemptoriste. Ainsi s'en est allé dans la plus grande discrétion non seulement un homme de Dieu, mais aussi un "homme des hommes" qui avait tracé profondément son sillon sur la terre, en retournant vigoureusement l'apathie des cœurs humains qui se confiaient à lui.
Au cours de ces dix dernières années, sa silhouette étai, alors devenue familière aux habitants du quartier : un grand et fort bonhomme enveloppé d'un manteau gris et qui portait chapeau surtout pour vous donner le bonjour et qui jouait de sa canne avec dextérité pour un mot d'esprit bien sonnant par lequel il vous saluait. Ses lunettes à la forme ancienne révélaient plus qu'elles ne cachaient des yeux brillant d'une intelligence parfois ironique et malicieuse (héritage sans doute son expérience de philosophe !), mais toujours en quête d'un nouveau point de vue sur la réalité.
J'ai dit qu'il était un "homme des hommes", c'est qu'il renoncé à vouloir "décortiquer" l'être humain par la seule raison, pour le considérer "au naturel", avec sa masse de chair et d'os et son lot d'émotions et de passions.
Aux questions angoissées et apparemment insolubles qu'on lui soumettait parfois. Il excellait à donner procurer des réponses originales et pleines de bons sens. Puis il concluait: "Allez, mettez de côté pour l'instant, car elles ne vous valent rien. Efforcez-plutôt d'être comme ce bon gros bœuf qui broutent paisiblement l'herbe de sa prairie. Alors seulement, vous vous trouverez des réponses !" Alors on éclatait de rire, bien sûr, c'était le but recherché ! jn
... pour se souvenir un peu plus tard que le grand Dostoïevsky n'avait pas dit autre chose : "Si vous voulez comprendre le sens de la vie, efforcez vous d'abord de l'aimer. Aimez la vie profondément, longuement et passionnément, c'est seulement ensuite que vous en comprendrez le sens !"
Le père Verhaeghe réconfortait et rassurait. Mais sur un point particulier, les divorces et les abandons d'enfants, il ne cachait pas sa préoccupation. Les divorces et les abandons d'enfants, il ne cachait pas sa profonde profonde préoccupation. Sa longue et douloureuse préoccupation sur ces drames domestiques avait fini par déborder du seul cadre du mariage en tant que sacrement, pour englober la problématique du couple humain et de son avenir. Je me souviens qu'il reprenait sans cesse, pour mieux le sonder, le mystérieux extrait de la Genèse (Gen 1 -26-27) rapportant la création unique mais "double" de l'homme... une mine pour la méditation !
Toujours est-il qu'il prédisait, non sans frémir que l'avenir, tout l'avenir, de la civilisation entière se jouerait sur ce plan-là et à partir de ce plan-là et à partir de ce plan-là. Si le couple humain prétend se passer du surnaturel, il échouera immanquablement et entraînera avec lui, dans une chute en cascade et entraînera avec lui, dans une chute en cascade, tout le reste des constructions humaines. Fondamentalement, c'est l'Amour qui est d’orle des choses et, hors de l'amour, tout est désordre, à commencer par l'égoïsme...
Le père Verhaeren croyait à l'intervention effective, quoique discrète et subtile de la divine providence: "Tout se passe comme si Dieu n'agissait pas, mais attention : rien ne se fait sans Lui !" En tant que prêtre, il était fasciné non seulement du nombre d’âmes que la Providence lui avait confiées, mais aussi de la sûreté absolue de ces "octrois divins": Quand Dieu vous a confié le soin d'une personne, vous pouvez être sûr qu'elle vous rejoindra un jour, fut-ce après vingt années de silence et d'absence.
Pour terminer ce témoignage, je citerai à mon tour, comme il le faisait souvent lui même, cette parole de sainte Thérèse de Lisieux: "Ce qu'Il veut me donner, Il me le fait désirer avec force." Or, bien avant sa dernière heure ici-bas, le père Verhaegen m'avait dit avoir obtenu de Dieu ce qu'il avait désiré et recherché avec force". Il n’était plus un homme divisé et incomplet, il avait atteint la plénitude. De sorte qu'il ne redouati plus la mort, puisque les pieds bien posés sur la terre, il avait, pourtant, déjà franchi le seuil de la vie éternelle et il était prêt, aussi prêt qu'un homme peut espérer l'être...
FB - 8/11/2017