Sujet: Un carême sans hypocrisie ! Ven 16 Fév 2018 - 13:27
Livre d'Isaïe 58,1-9a. Ainsi parle le Seigneur Dieu : Crie à pleine gorge ! Ne te retiens pas ! Que s’élève ta voix comme le cor ! Dénonce à mon peuple sa révolte, à la maison de Jacob ses péchés. Ils viennent me consulter jour après jour, ils veulent connaître mes chemins. Comme une nation qui pratiquerait la justice et n’abandonnerait pas le droit de son Dieu, ils me demandent des ordonnances justes, ils voudraient que Dieu soit proche : « Quand nous jeûnons, pourquoi ne le vois-tu pas ? Quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? » Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poing sauvages. Ce n’est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd’hui que vous ferez entendre là-haut votre voix. Est-ce là le jeûne qui me plaît, un jour où l’homme se rabaisse ? S’agit-il de courber la tête comme un roseau, de coucher sur le sac et la cendre ? Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur ? Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les joug? N’est-ce pas partager ton pain avec qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. »
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,14-15. En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant: « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais les jours jours viendront où l’Époux leur sera enlevé; alors ils jeûneront.
Les textes du jours ont assez éloquents, de sorte que le commentaire est simple et n'a nécessité que peu de mots.. Lorsqu'un homme est malade, il se soigne, mais il ne va pas trouver ses voisins pour leur dire, comme si c'était un objet de contentement : "Voici, je suis atteint par telle maladie !" Bien entendu, s'il en parle toute de même, son intention sera de pouvoir, éventuellement, recevoir de l'aide durant le traitement de cette maladie.
Il en va de même au cours du carême: nul n'ira dira à son voisin : "A telle époque, je t'ai fait passer pour ce que tu n'es pas: je t'ai traité de voleur, d'ivrogne et de "petit esprit" partout où je suis passé !" Certes, voici des aveux courageux, mais qui engendreront des conflits qui peuvent mal finir, évidemment ! Et la première lecture nous expose une une accusation directe, sans nuance, à laquelle aucun disciples n'aurait guère pu répondre -sauf Jésus lui même.
Cet épisode est confié à notre méditation afin que nous nous débarrassions, une fois pour toutes, des jugements approximatifs fondés uniquement sur des apparences. Notre prêtre nous a bien fait sourire en disant : "Bien sûr, un cabaretier vous reprochera d'avoir bu plus que de raison - mais évidemment, c'est le lendemain qu'il vous le reprochera ! Car sur le moment, vous avez eu l'alcool généreux et offert à boire jusqu'à votre dernier sou! " Cette anecdote rappelle l'accusation du prophète dans la première lecture, car il y a de ces hypocrisies qu'un carême ne saurait absoudre...
Prenons donc garde à la manière dont nous estimons autrui, cela aussi fait partie d'un bon carême !