Un abbé jugé pour une fresque détruite
Le prêtre considérait l'oeuvre, peinte dans sa chapelle, "blasphématoire". Il comparaissait hier à Tarascon.
« ON n'a pas le droit de peindre des horreurs dans une fresque » a expliqué, hier, à l'audience, l'abbé Michel Cicculo. C'est donc « au nom de la loi » que le curé de Saint Étienne du Grès (Bouches-du-Rhône) a décidé, selon son propre témoignage, de saccager la vaste peinture murale qui ornait une chapelle de sa paroisse. Devant le tribunal correctionnel de Tarascon, où il a comparu hier matin pour « destruction volontaire du bien d'autrui », le prêtre n'a pas contesté les faits. À peine achevée, l'oeuvre, pourtant créée à même le mur, par un artiste connu à travers le monde pour ses peintures d'animaux, Jacques Descordes, avait en effet éveillé chez lui, comme chez une partie de ses paroissiens, une vive émotion : elle était pour lui « blasphématoire ».
La fresque, dessinée à travers tout le choeur de la petite chapelle du XIe siècle, isolée au sommet d'une colline, montrait un lion, un aigle, un taureau, et un ange, censés symboliser les quatre évangélistes saint Marc, saint Jean, saint Luc et saint Matthieu, symboles de hauteur spirituelle. Mais, pour le curé, le taureau, trop sexué à son goût, et l'ange, dont le profil laissait deviner de petits seins, n'avaient pas leur place dans ce lieu religieux.
L'oeuvre litigieuse avait été proposée par Jacques Descordes à la mairie de Saint Étienne du Grès - propriétaire de la chapelle. « Nous pensions que cette décoration d'un artiste connu serait à même d'attirer des visites, et contribuerait à développer le tourisme chez nous », raconte Jean Mangion, maire adjoint du Grès depuis 26 ans et directeur général des affaires culturelles de Marseille.
Six mois de travaux
La réalisation est donc acceptée par le maire, mais sans délibération du conseil municipal. « La fresque étant un don, elle n'engageait pas les finances de la commune, aucun vote n'était nécessaire » défend maître Pierre Francis Paolacci, avocat du peintre.
Car c'est l'artiste qui s'est tourné devant la justice. Les 36 mètres carrés de peinture murale avaient nécessité six bon mois de travaux, l'installation d'un groupe électrogène, la location d'une sableuse, etc. En tout 40 000 euros de frais, pris en charge par Jacques Descordes.
L'artiste et le curé avaient d'ailleurs déjà débattu de la place de la sexualité dans ce tableau. Sans s'accorder. « C'est une oeuvre réaliste, mais, certainement pas blasphématoire, sinon la chapelle Sixtine elle-même le serait... » défend le peintre qui a accepté d'estomper les parties génitales du taureau, mais pas de revenir sur la nudité de l'ange...
Le 25 février, Michel Cicculo a entièrement détruit la fresque. Il encourt jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Jacques Descordes a par ailleurs demandé 150 000 euros de dommages et intérêts.
Me Vincent Clergerie, avocat de l'ecclésiastique, a plaidé la relaxe, estimant que l'oeuvre avait été réalisée en dehors de tout cadre légal. « S'il est condamné, je refais ma peinture dans la chapelle » avertit Jacques Descordes. Jugement le 16 novembre.
Article du quotidien le figaro :
http://www.lefigaro.fr/france/20071103.FIG000000545_un_abbe_juge_pour_une_fresque_detruite.html
Ma réaction :
Pourquoi les maires ne pourraient ils pas célébrer eux même les messes, car ce sont eux les propriétaires des églises et et chapelles !
Les curés et toutes leurs cliques ne sont pas les propriétaires des églises. Les maires de la république devraient s'occuper des offices, comme cela les citoyens de la république n'auraient plus à entendre des propos prosélytes dans ces lieux.
Priez pour la France.