Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 16,12-15.
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter.
Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Et il en sera ainsi de génération en génération jusqu'à la fin des temps. Ailleurs dans l'Evangile, Jésus envoie les disciples et leur dit: vous n'aurez pas visité toutes les villes et villages d'Israël que tout ne soit accompli (cité de mémoire). Ainsi, la révélation continue et se poursuit. Elle se poursuit sur la terre, elle se poursuit dans les Cieux. Et chacun d'entre nous peut se réjouir de voir un nouveau jour apporter avec lui, pour lui-même comme pour autrui, de nouvelles révélations.
Dans la soirée d'hier, il m'est arrivé ceci. (Je le dis en exemple pour l'Evangile de ce jour). Je songeais à la brièveté de l'existence humaine, au fait que la réussite ou l'échec de toute une vie se jouent parfois sur quelques choix très simples au cours d'une période cruciale dans l'histoire de l'individu. Pour moi, ce fut autant un choix de travail, qu'un choix spirituel. J'avais réussi un examen à l'Etat et je pouvais devenir fonctionnaire - place enviée s'il en est, mais entre-temps, converti, devenu simple boutiquier, j'avais trouvé mon bonheur et j'ai poursuivi cette activité sans relâche jusqu'à ce jour. Je n'ai aucun regret et j'ai songé que ce travail était devenu ma "couverture" pour le "vrai" travail, qui consiste pour moi à prier, écrire, partager, étudier, devenir meilleur comme la grâce m'en sera faite.
J'en étais là de mes pensées et, tout d'un coup, je me suis rendu compte que le plus grand message de Jésus, son plus grand témoignage, celui qui lui a pris le plus de temps, c'est aussi un message complètement silencieux: c'est sa vie cachée à Nazareth. On en sait si peu de choses ! C'est au point que lors de son retour à Nazareth, lorsque Jésus manque de se faire lapider, les habitants du village ne le désignent pas comme "Jésus, le charpentier", mais "Jésus, le fils de Joseph le charpentier"... plus humble et effacé que Jésus, c'est difficile !
Or, ce silence et cet effacement m'ont considérablement conforté. C'est exactement comme si j'avais eu la confirmation que le Seigneur m'avait voulu tel que je suis devenu, et que je pouvais donc cesser de me faire du souci de n'être pas devenu Capucin comme j'avais pensé au début. La vie cachée de Jésus est comme le "calque général" de toutes nos existences anonymes - anonymes mais qui ne manquent pas de difficultés, de bouleversements et d'épreuves. Et ce n'est qu'après avoir lui-même tout vécu de ce mode de vie sans éclat, que pendant trois ans à peine, sorti de l'anonymat, le Seigneur s'est révélé au monde.
C'est ainsi que j'ai terminé ma journée d'hier. Je me suis couché heureux et un peu ébahi d'avoir si longtemps, faute d'attention, négligé le message de la vie cachée, qui donne sens à la mienne. Qui me fait envisager, peut-être, quelque chose qui en sortira à la fin. Et j'ai éprouvé de la joie, et la joie a toujours été le signe le plus important de la présence de Jésus dans mon coeur: Oui, l'Esprit reprend ce qui vient de Jésus pour nous le faire connaître. Soyons attentifs !
Boisvert