Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17,20-26.
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.
L'unité parfaite à partir d'éléments distincts et différents. C'est ce que veut Jésus pour nous, une unité qui n'existe jusque là que dans la Trinité. Comment peut-Il demander, pour nous, ce qui semble parfaitement impossible sur le plan humain ? Mais il s'agit d'une union spirituelle et à ce titre, elle concerne d'abord les églises. Il me semble en effet que le Christ anticipe ici sur les différences culturelles, les sensibilités différentes: elles sont là pour enrichir, non pour diviser. J'ai assisté un jour à un office orthodoxe et c'était vraiment impressionnant. Même si je n'ai pas compris grand chose, j'ai été transporté de bout en bout par une ambiance très priante.
Une autre image de l'unité parfaite, je la tire de mon expérience de quinze ans à l'office de Laudes et l'Eucharistie dans un monastère. Je ne sais rien de la vie dans un couvent, mais je sais ce que j'ai ressenti plusieurs fois : pour ces sœurs, l'union de prière était quelque chose de tout à fait perceptible et sensible. C'est même ce qui me manque le plus ! M'y rendre était difficile en hiver (le froid, la nuit, les embouteillages)... mais aussitôt assis dans les stalles, j'étais saisi par la prière pour une heure et demie et en ressortant, j'étais tout autre qu'à mon réveil et je songeais comme il serait merveilleux de "demeurer dans la maison du Seigneur chaque jour de ma vie"...
Beaucoup m'ont dit: "Tu te fais beaucoup d'illusions sur la vie communautaire" ! Je veux bien admettre que certaines personnalités sont difficiles à accorder, mais ce mode de vie a trois avantages sur le mien: entretenir seul une maison, c'est très lourd; prendre un repas seul trois fois par jour, c'est très dur à la longue; et évidemment: je n'ai ni horaire ni règle que je doive respecter en fonction d'autrui. Mais l'image de l'unité parfaite n'est pas dans la façon de vivre des moines: à mon avis, elle réside essentiellement dans la prière communautaire et parce qu'il s'agit vraiment d'une maison où le Seigneur réside - c'est vers Lui que tous se tournent, matin, midi et soir.
En définitive, l'unité, c'est le Seigneur qui la rend possible, quelles que soient les différences entre nous, car il est au coeur de tout. Si j'ose dire, puisque tout est divisible par UN, le Christ est notre "plus petit dénominateur commun"...