Bonjour Chepeur,
Ta question est liée, à mon avis, à celle de la prière que tu as posée, un peu plus tôt. Quelque part, il faut avoir "l'habitude" de la prière avant de penser en parler et de les comprendre, et là il serait mieux de le faire avec un accompagnateur spirituel (souvent un prêtre).
Tu pourras ressentir des émotions ou non. Ton accompagnateur saura t'aider à discerner celles qui viennent de Dieu (car c'est quand même une grâce), celles qui ne sont suscitées que par tes émotions, ou celles qui viennent du Malin (car il reste dans les parages).
À ta question comment prier, mon avis est que tu devrais t'y initier avec la Parole de Dieu en pratiquant la Lectio Divina. Il est bien que Dieu ait préséance dans la prière et qu'on lui réponde ensuite selon sa Parole et selon nos besoins. On le rencontre d'abord dans sa Parole (contenue dans la Bible) mais aussi dans le sacrement de l'Eucharistie. C'est une méthode très traditionnelle en usage depuis le temps des Pères de l'Église. St Benoit la préconisait pour les moines.
Voici comment je la pratique.
LECTIO DIVINA
(A) DÉFINITION
* La Lectio Divina est une lecture hésychaste de la Bible (ce mot a simplement le sens de "calme") où ledit calme permet au mental de descendre au niveau du coeur (au sens biblique de centre de la personne, là où l'intellect, la volonté et même les émotions se rencontrent; c'est là où on prend ses décisions aussi; on pourrait dire son "intériorité", en termes modernes), c'est le lieu de la rencontre avec Dieu. Cette lecture de la Bible se fait toujours calmement et lentement.
* C'est aussi une lecture où on cherche:
- le sens littéral (ce que dit l'auteur sacré et où on peut s'aider de passages parallèles donnés par nos Bibles; cette lecture n'est pas une "étude" des notes de bas de page, c'est une lecture priée, je laisse Dieu me parler; les notes de bas de pages aideront plutôt à cerner le sens d'un mot; pour cela, les Bibles compactes, avec peu de notes et introductions essentielles sont peut-être préférables); c'est une lecture répétitive du bout de texte choisi (habituellement court), où on s'attarde à un mot ou une phrase, etc., qui suscite notre intérêt, qui a un sens particulier pour nous à ce moment;
- le sens spirituel, soit:
- le sens allégorique (ou christo-centrique, comment le passage biblique l'annonce ou ce qu'il en dit);
- le sens moral (action juste au quotidien, comment ma vie peut être changée par la Parole; ici St Paul est intéressant pour nous aider à ne pas tomber dans le "légalisme" de certaines branches du christianisme);
- le sens anagogique (ou eschatologique, qu'est-ce que ce passage m'apprend sur le plan de Dieu).
* Cette lecture suscite dès lors la prière qui répond à la Parole de Dieu (j'en remercie Dieu, lui dit comment j'ai été touché, ce que j'en ferai, lui parle de mes besoins du moment, etc.) et où enfin le calme contemplatif s'installe pour laisser Dieu entrer. Parfois la prière ne "monte pas", et le calme souhaité pour se savoir en face de Dieu non plus. Faut pas s'en formaliser.
* Parfois les parties de la méthode s'entre-mêlent: je lis puis je prie et retourne à la lecture, j'ai ensuite un moment de silence, etc. On doit rester libre.
* Préférer la lecture suivie, en prenant un évangile, une épître, etc..
(B) Méthode proposée
- Se mettre dans la disposition propre à la lectio: une attitude calme tout en sachant que l'on sera devant Dieu;
- Invocation de l'Esprit Saint;
- Lecture lente et répétitive, méditée, prière et silence lorsqu'il vient;
- Lorsqu'on est près, il peut être bien de terminer par:
- le Credo (symbole des Apôtres ou de Nicée), le Pater (Notre-Père)
et le Nunc Dimittis (dans l'Évangile de Luc, au chapitre 2, versets 22 à 32).
Ainsi, tu as un cadre pour exercer ta prière. Par la suite, habitué devant Dieu, tu en aura moins besoin, et pourras prier directement. Il y avait, il y a une vingtaine d'années, un livre d'Enzo Bianchi, initulé "Prier la Parole", si ma mémoire est bonne et qui est la meilleure introduction à la Lectio Divina, ce pourrait t'être une aide intéressante.
Bien cordialement,
François