Cet autre jour, celui d'aujourd'hui, fut plus lourd à porter. J'ai tant entendu de mauvaises nouvelles, ou des "grognements" qui prédisent des jours difficiles. Mais allons, j'ai pu traverser toutes ces heures depuis ce matin et ne pas tomber dans la distraction. Je suis resté fidèle, comme ont dû l'être ces vierges sages, dont la lampe n'a jamais manqué d'huile.
Je me souviens des sœurs clarisses, qui priaient avec nous dans la chapelle plongée dans la pénombre, chaque matin, avant l'Office de Laudes. Tandis que nos prières n'étaient que des murmures de pensées, la leur était comme la flamme qui consume un cierge. Ce cierge, c’est-à-dire : l'âme de chacune d'elles. Il m'a fallu longtemps avant de comprendre que ceux et celles qui ont atteint cette forme de prière... ne sont déjà plus de ce monde. Il était vraiment bon d'être là, même en plein hiver, même après avoir traversé un chemin tortueux dans le noir pour les rejoindre.
La chanson du livre fermé me revient en mémoire à l'instant:
Je ne demande rien Mon Dieu dans ma prière,
Elle s'en va vers Vous d'un cœur simple et soumis:
Que m'importe souffrir, si Vous l'avez permis.
Accordez-seulement d'aimer et de me taire ...
Telle est la prière qui devrait nous habiter comme la flamme dans la lampe, qui se nourrit de la cire. Il faut donc que notre cœur devienne cire.