Depuis la maison de repos, ma mère vient de m'appeler pour me demander de lui rafraîchir ses souvenirs, et je vais dire un mot de la fin de mon papa.
Je suis certain que mon père, décédé le 9 avril 2008, est chez le bon Dieu. D'abord, car il fut un grand croyant, très dévoué à l’Église. Mais aussi car il a en fait dû s'évader de l'existence terrestre dans laquelle prétendait le garder le responsable du service où il était "soigné".
Quelques années auparavant, mon père avait dit: "Au moment de ma mort, je ne veux pas d'acharnement. Je demande qu'on me laisse partir." Il avait même précisé - ce qui avait heurté ma mère, qu'on ne fasse pas pour lui comme autrefois, à une époque où les familles organisaient ce qu'elles appelaient "faire les nuits" (veiller à tour de rôle dans la chambre durant les nuits). Il désirait être seul.
J'ai dit que mon père à dû s'évader de la vie, parce qu'on le nourrissait de force, avec une sonde et des intraveineuses - qu'il arrachait toujours, jusqu'au moment où on lui a lié les mains aux barreaux de son lit, puis injecté des 'hypnotiques'. C'est moi, oui moi, qui l'ai libéré de ces liens et menacé de le faire évacuer ailleurs si le médecin responsable ne respectait pas ses volontés. Il les a (une fois réveillé) exprimées très clairement: "Je ferai tout ce que je pourrai mais je veux manger seul"...
Après plus de vingt-cinq jours de ce traitement dont il ne voulait pas, il s'est encore exprimé une fois à ma mère, après avoir reçu l'Extrême Onction, et il a dit : "Maintenant je suis heureux" (Je n'étais pas là et comme je le regrette !) Et deux jours plus tard, une fièvre l'a emporté...