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 Résistance de l'homme à la miséricorde divine

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2 participants
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boisvert
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boisvert



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MessageSujet: Résistance de l'homme à la miséricorde divine   Résistance de l'homme à la miséricorde divine Icon_minitimeVen 9 Mar 2012 - 4:55

Livre de la Genèse 37,3-4.12-13a.17b-28.
Jacob aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu'il était le fils de sa vieillesse, et il lui fit faire une tunique de grand prix.
En voyant qu'il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui dire que des paroles hostiles.
Ils étaient allés à Sichem faire paître le troupeau de leur père.
Celui-ci dit à Joseph : « Tes frères gardent le troupeau à Sichem : je vais t'envoyer là-bas. »
Joseph partit rejoindre ses frères qui se trouvaient alors à Dotane.
Ils l'aperçurent de loin et, avant qu'il arrive près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir.
Ils se dirent l'un à l'autre : « Voilà l'homme aux songes qui arrive !
C'est le moment, allons-y, tuons-le, et jetons-le dans une de ces citernes. Nous raconterons qu'une bête féroce l'a dévoré, et on verra ce que voulaient dire ses songes ! »
Mais Roubène les entendit, et voulut le sauver de leurs mains. Il leur dit : « Ne touchons pas à sa vie. »
Et il ajouta : « Ne répandez pas son sang : jetez-le dans cette citerne du désert, mais sans le frapper. » Il voulait le sauver de leurs mains et le ramener à son père.
Dès que Joseph eut rejoint ses frères, ils le dépouillèrent de la tunique précieuse qu'il portait,
ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne, qui était vide et sans eau.
Ils s'assirent ensuite pour manger. En levant les yeux, ils virent une caravane d'Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d'aromates, de baume et de myrrhe qu'ils allaient livrer en Égypte.
Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit aurions-nous à tuer notre frère et à dissimuler sa mort ?
Vendons-le plutôt aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est du même sang que nous, c'est notre frère. » Les autres l'écoutèrent.
Quand la caravane arriva, ils retirèrent Joseph de la citerne, ils le vendirent pour vingt pièces d'argent aux Ismaélites, et ceux-ci l'emmenèrent en Égypte.


Psaume 105(104),4a.5a.6.16-17.18-19.20-21.
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
souvenez-vous des merveilles qu'il a faites,
vous, la race d'Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu'il a choisis.

Il appela sur le pays la famine,
le privant de toute ressource.
Mais devant eux il envoya un homme,
Joseph, qui fut vendu comme esclave.

On lui met aux pieds des entraves,
on lui passe des fers au cou ;
il souffrait pour la parole du Seigneur,
jusqu'au jour où s'accomplit sa prédiction.

Le roi ordonne qu'il soit relâché,
le maître des peuples, qu'il soit libéré.
Il fait de lui le chef de sa maison,
le maître de tous ses biens,




Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,33-43.45-46.
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage
Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : 'Ils respecteront mon fils. '
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : 'Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l'héritage ! '
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit : « N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux !
Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.
Les chefs des prêtres et les pharisiens, en entendant ces paraboles, avaient bien compris que Jésus parlait d'eux.
Tout en cherchant à l'arrêter, ils eurent peur de la foule, parce qu'elle le tenait pour un prophète.


Cy Aelf, Paris

Bien évidemment, ce qui saute aux yeux en lisant ces textes, c'est de rapprocher la figure de Jésus de celle de Joseph et de montrer comment, tout à la fin, la miséricorde divine finit toujours par triompher de l'incompréhension et du cœur endurci des hommes. C'est également dans cet Évangile que les théoriciens du "peuple déicide" puisent un argument dans la parole même de Jésus.

Mais il y a moyen d'aller plus loin que cette analyse que, pour ma part, je trouve assez restrictive. Car, en vérité, il est possible d'actualiser ces textes au jour d'aujourd'hui, aux situations difficiles que nombres d'entre nous connaissent !

Dieu aime les hommes, et Il veut leur faire miséricorde à tous. Mais quel obstacle rencontre-t-il dans cette merveilleuse entreprise ? Les hommes eux-mêmes ! C'est ce qu'il y a de fou et de tragique dans nos rapports avec Dieu. Ainsi, dans la première lecture, Joseph est bien l'instrument de la miséricorde divine, mais ses propres frères ne veulent pas de lui. Qu'à cela ne tienne, d'abord abaissé et esclave en Égypte, il deviendra l'instrument du salut pour ses frères - plus tard eux aussi réduits en esclavage. C'est ce que rapportent les deux premières lectures.

Dans l’Évangile, Jésus est bel et bien, comme nous le disons à la préface de la messe, "envoyé par Dieu pour guérir et sauver les hommes". Mais l'homme veut-il de Jésus ? Ici, c'est Israël qui n'en veut pas. Cependant, Israël, c'est devenu également vous et moi aujourd'hui !

Suivez mon idée: j'ai une sœur qui est en interruption de travail et qui a plongé dans la dépression; je connais un couple d'amis (S et M) qui ont devant eux une année pour retrouver un revenu - et ils sont plongés dans une angoisse que je comprends d'autant plus qu'en 2003, j'ai moi-même été privé de travail durant plus d'une année... mais à la fin, non seulement, j'ai pu travailler de nouveau, mais aussi: j'ai obtenu une forme de reconnaissance par l'Eglise, en devenant membre à part entière d'une congrégation - et j'ai été délivré de ma tabagie (et certainement prolongé la durée de ma vie !)

Conclusion: il faut avoir confiance en Dieu. Plus nous aurons confiance, plus tôt sa miséricorde se manifestera et avec d'autant plus de puissance.

La confiance en Dieu ne serait-elle pas comme le point de rupture du barrage que nous avions édifiés nous-mêmes contre l’œuvre que le Seigneur cherche à accomplir en nous. Et cette œuvre est celle de l'Amour.
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MessageSujet: Re: Résistance de l'homme à la miséricorde divine   Résistance de l'homme à la miséricorde divine Icon_minitimeVen 9 Mar 2012 - 13:35

L’histoire des vignerons en révolte contre leur propriétaire habitant au loin ne fait que pousser au tragique une situation assez courante au temps de Jésus. Mais Matthieu truffe le récit de maints détails qui transforment la parabole en allégorie. Dans un superbe poème (Is 5, 1-17), Isaïe avait comparé Israël à une vigne tendrement soignée par Dieu et qui, au lieu de beaux raisins, n’avait produit qu’un fruit infâme. Le début de la parabole (v 33) reprend des éléments de ce poème. Nul ne pourra donc en douter, la vigne dont il s’agit ici, c’est bien Israël.
Puis Matthieu insiste sur les fruits : il y a, littéralement, « le temps des fruits » où le maître est en droit de « recevoir ses fruits » (v 34). Quand ce dernier interviendra, il confiera la vigne à des gens « qui lui remettront les fruits en leur temps » (v 41), « un peuple qui fera produire les fruits » de la vigne (v 43). Or, le lecteur averti de Matthieu sait bien que ces « fruits » ont peu avoir avec la viticulture. Ils symbolisent la conduite que Dieu attend de l’homme, les preuves concrètes de conversion, les actes de bonté révélant un cœur bon (à bon arbre, bon fruit). Car par pur grâce, Dieu offre ses dons (sa vigne) à certains ; la reconnaissance la plus élémentaire devrait pousser ces privilégiés à faire fructifier les dons reçus. Or, Israël a privé Dieu des fruits attendus et le récit résume symboliquement les étapes de ce refus.
a) Pour faire honorer ses droits, Dieu a envoyé « ses serviteurs » (v 34-36), c’est-à-dire les prophètes. Mais ceux-ci furent rejetés, maltraités, martyrisés. Au IIIème siècle avant notre ère, Néhémie, le réformateur religieux du judaïsme, émettait un jugement semblable : « Révoltés contre toi (Dieu), ils jetèrent ta Loi derrière leur dos, ils tuèrent les prophètes qui les avertissaient pour les ramener à toi » (Ne 9, 26).
b) les v 37-39 dénoncent la crise décisive : Dieu a envoyé son Fils à Israël : comme l’héritier jeté hors de la vigne et assassiné, Jésus est crucifié « hors de la ville » (cf. He 13, 12).
c) Mais, selon les vv 40-41, cette tragédie n’est pas la fin. D’abord « le Seigneur de la vigne » fera périr les criminels – et les auditeurs chrétiens des années 80 songeaient sans doute à la terrible destruction de Jérusalem en 70. En second lieu, le maître cède sa vigne à d’autres, dans lesquels ces mêmes auditeurs chrétiens devraient se reconnaître.
En « fausse » conclusion, le v 42 cite le Ps 118, 22-23, ce psaume par lequel la foule acclamait naguère Jésus. La citation signifie que Dieu avait prévu le rejet du Christ par les responsables d’Israël (« les bâtisseurs »), mais aussi que ce Christ deviendrait « la pierre d’angle » d’un nouvel édifice.
d) or, cette annonce voilée de l’Église n’est pas encore le mot de la fin. Chez Matthieu c’est le v 43 (absent chez Marc et Luc) qui dit le plus important. Après l’échec d’Israël, si durement souligné, la responsabilité du Royaume incombe à une autre « collectivité humaine », traduction d’un mot grec « ethnos » de sens plutôt vague et justement choisi par l’évangéliste en raison de son imprécision. Car cette » collectivité » ne s’assied pas dans les privilèges du Peuple élu et ne remplace pas Israël ; l’expression « Église, nouvel Israël » parfois employée est à la fois cruelle et théologiquement fausse. Ramassis de païens, de juifs, de prostituées et de publicains convertis, ce nouveau groupe sera jugé, tout comme Israël, en fonction des fruits qu’il donnera à Dieu.
En remodelant la parabole, Matthieu annonce donc un double jugement de Dieu : le premier jugement (v 40) a déjà été exécuté par la destruction de Jérusalem comprise par les premiers chrétiens comme une condamnation des institutions religieuses d’Israël. Viendra un autre jugement, celui de l’Église, laquelle doit comprendre le constat de l’échec religieux d’Israël comme un sérieux avertissement par rapport à elle-même. La parabole du festin soulignera davantage encore cette dernière perspective.
Pour l’heure, les guides spirituels d’Israël, prêtres et pharisiens, se sentent directement visé (v 45) ; leur opposition se durcit (v 46) et présage la mort du Fils.


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