Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,24-33.
Jésus disait aux douze Apôtres : " Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Le disciple doit se contenter d'être comme son maître, et le serviteur d'être comme son seigneur. Si le maître de maison s'est fait traiter de Béelzéboul, ce sera bien pire pour les gens de la maison.
Ne craignez pas les hommes; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps.
Est-ce qu'on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés.Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde.
Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.
Cy Aelf, Paris.
En parlant comme il le fait à ses disciples (que je me représente l'écouter bouches bées), Jésus ne dit que ce qui est et qui a toujours été. Pour tenir le langage nouveau qui permet aux hommes de se libérer des chaînes du démon, il faut avoir le courage de parler ouvertement. De dire : ce qui est mal est mal et appartient au Mal. Il faut avoir cette autorité du médecin qui dit: "Votre foie est atteint parce que vous buvez trop: cessez de boire et votre santé reviendra; mais si vous continuez de boire, vous mourrez".
Est-ce si difficile de dire ouvertement que le péché ruine la vie ? Il n'est même pas nécessaire de désigner autrui puisque nous avons nous-mêmes connu cette ruine de l'âme où les fautes entraînent tous les hommes.
Au cours de la nuit d'hier, j'ai voulu relire le texte du Psaume 50 dans lequel le roi David se découvre à lui-même son péché. Mis en musique par Allegri, c'était splendide à écouter hier dans la journée, mais le soir, dans la pièce sombre qui me sert de chambre, la relecture du texte de la bible m'a apporté plus encore. Il y a l'expression de cette douleur profonde, de ce regret amer du péché - qui fait gémir et verser des larmes:
Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Mais ensuite, il y a, comme une renaissance de l'espérance, car au fond la reconnaissance de l'abîme, le rayon de la grâce divine éclaire encore et rend l'espoir:
Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur
; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Et, enfin, n'est-ce pas étonnant: le désir revient d'aller vers autrui et de tenter de les prévenir: "surtout, ne fais pas comme moi, mais garde-toi tout entier intègre et vrai, ne te fie pas aux brèves illuminations du monde, marche droit, mais cherche, demande, obtiens que le Seigneur éclaire ton visage !" :
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Ainsi, pour les apôtres - du moins pour ce que j'en ai retenu, il ne s'agit pas de confronter les hommes à leurs fautes, puisque nous demeurons pécheurs, mais de leur révéler ce mystère de la Miséricorde divine. En effet, c'est une œuvre de la Miséricorde qui nous fait percevoir la noirceur de nos fautes, et c'est encore l’œuvre de la Miséricorde de nous montrer que nous pouvons en être relevés !
Comme tes œuvres sont grandes, Ô mon Dieu !
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