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| Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey | |
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ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 2 Mar 2015 - 6:44 | |
| CHAPITRE V
1° La volonté signifiée de Dieu
480. La conformité à la volonté signifiée de Dieu consiste à vouloir tout ce que Dieu nous signifie être de son intention. Or, dit S. François de Sales (Traité de l’Amour de Dieu, l. VIII, c. 3), « la doctrine chrétienne nous propose clairement les vérités que Dieu veut que nous croyions, les biens qu'il veut que nous espérions, les peines qu'il veut que nous craignions, ce qu'il veut que nous aimions, les commandements qu'il veut que nous fassions et les conseils qu'il désire que nous suivions. Et tout cela s'appelle la volonté signifiée de Dieu, parce qu'il nous a signifié et manifesté qu'il veut et entend que tout cela soit cru, espéré, craint, aimé et pratiqué ». La volonté signifiée comprend donc, selon le même Docteur (Entretien XV), quatre choses : les commandements de Dieu et de l'Eglise, les conseils, les inspirations de la grâce, et, pour les communautés, les Constitutions et les Règles.
481. a) Dieu, étant notre Souverain Maître, a le droit de nous commander ; et, comme il est infiniment sage et bon, il ne nous commande rien qui ne soit à la fois utile à sa gloire et à notre bonheur ; nous devons donc, en toute simplicité et docilité, nous soumettre à ses lois, loi naturelle ou loi divine, positive, loi ecclésiastique ou loi civile juste ; car, comme le dit S. Paul, toute autorité légitime vient de Dieu, et obéir aux Supérieurs qui commandent dans les limites de l'autorité qui leur a été départie, c'est obéir à Dieu, comme leur résister, c'est résister à Dieu même (Rom., XIII, 1-2). Nous n'examinons pas ici en quels cas la désobéissance aux différentes lois est grave ou légère ; nous l'avons fait dans notre Théologie morale. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 2 Mar 2015 - 18:51 | |
| CHAPITRE V
1° La volonté signifiée de Dieu
481.(...) Qu'il nous suffise de dire, au point de vue de la perfection, que plus fidèlement et plus chrétiennement nous observons les lois, et plus nous nous rapprochons de Dieu, puisque la loi est l'expression de sa volonté. Ajoutons seulement que les devoirs d'état rentrent dans la catégorie des commandements : ce sont comme des préceptes particuliers qui incombent aux chrétiens en raison de la vocation spéciale et des fonctions que le Bon Dieu nous assigne. On ne peut donc se sanctifier sans observer les commandements et les devoirs d'état ; les négliger sous prétexte de faire des œuvres de surérogation est une illusion dangereuse, une véritable aberration ; il est clair que le précepte passe avant le conseil.
482. b) L'observation des conseils n'est pas de soi nécessaire au salut et ne tombe pas sous un commandement direct et explicite. Mais nous avons déjà dit, en parlant de l'obligation de la perfection (n° 353) que, pour conserver l'état de grâce, il est nécessaire parfois de faire quelques œuvres de surérogation, par conséquent de pratiquer quelques conseils : c'est une obligation indirecte basée sur ce principe que qui veut la fin veut les moyens. Mais, quand il s'agit de perfection, nous avons prouvé, n° 338, qu'on ne peut y tendre sincèrement et efficacement sans pratiquer quelques conseils, ceux qui s'harmonisent avec notre condition. Ainsi une personne mariée ne peut pas pratiquer les conseils qui s’opposeraient à l'accomplissement de ses devoirs à l'égard de son mari ou de ses enfants ; un prêtre du ministère ne peut vivre en chartreux. Mais, quand on vise à la perfection, il faut bien se résoudre à faire plus que ce qui est strictement commandé : plus généreusement on s'adonne à la pratique des conseils compatibles avec ses devoirs d'état, et plus on s’approche de Notre Seigneur et de la perfection divine, puisque ces conseils sont une expression de ses désirs sur nous.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mer 4 Mar 2015 - 6:37 | |
| CHAPITRE V
1° La volonté signifiée de Dieu
483. c) Il en faut dire autant des inspirations de la grâce, quand elles sont clairement exprimées et soumises au contrôle du directeur ; on peut dire en effet que ce sont des conseils particuliers s'adressant à telle ou telle âme. Sans doute il faut avoir soin de les soumettre, dans leur ensemble, au jugement du directeur ; autrement on tomberait facilement dans l'illusion. Ainsi des âmes ardentes et passionnées, douées d'une vive imagination, se persuadent aisément que Dieu leur parle, tandis que ce sont au contraire leurs passions qui leur suggèrent telle ou telle pratique fort dangereuse. Des âmes méticuleuses ou scrupuleuses prendraient pour inspirations divines ce qui ne serait que l'expression d'une imagination exaltée ou suggestion diabolique faite en vue de produire le découragement. Cassien en donne plusieurs exemples dans ses Conférences sur la discrétion (Seconde Confér., ; et les directeurs expérimentés savent que l'imagination ou le démon suggère parfois des pratiques moralement impossibles, contraires aux devoirs d'état, en les colorant de l'apparence d'inspirations divines. Ces suggestions produisent le trouble : si on y obéit, on se rend ridicule, on perd ou on fait perdre un temps précieux; si on y résiste, on se croit en révolte contre Dieu, on se décourage, et on finit par tomber dans le relâchement. Il faut donc un certain contrôle, et la règle qu'on peut donner est celle-ci : s'il s'agit de choses ordinaires, que font généralement les personnes ferventes de même condition, et qui ne troublent pas l'âme, qu'on les fasse généreusement, quitte à en parler ensuite à son directeur ; s'il s'agit au contraire de choses tant soit peu extraordinaires, que ne font point généralement les bonnes âmes, qu'on s'en abstienne jusqu'à ce qu'on ait consulté son directeur, et qu'en attendant on se tienne dans le calme, accomplissant généreusement ses devoirs d'état.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 5 Mar 2015 - 6:02 | |
| CHAPITRE V
1° La volonté signifiée de Dieu
484. Cette restriction une fois posée, il est évident que celui qui tend à la perfection doit prêter l'oreille avec soin à la voix du Saint-Esprit parlant au dedans de lui-même : « Audiam quid loquatur in me Dominus Deus » (Ps., LXXXIV, 9) ; et exécuter promptement, généreusement ce qu'il demande de nous : « Ecce venio ut faciam, Deus, voluntatem tuam » (Hebr., X, 9). Ceci en effet n'est autre chose que correspondre à la grâce, et cette correspondance docile et constante est précisément ce qui nous rend parfaits : « Adjuvantes exhortamur ne in vacuum gratiam Dei recipiatis » (II Cor. VI, 1). Le caractère distinctif des âmes parfaites, c'est précisément d'écouter et de mettre en pratique ces inspirations divines : « Quæ placita sunt ei facio semper » (Joan., VIII, 29).
485. d) Quant aux personnes vivant en communauté, elles sont d'autant plus parfaites, toutes choses égales d'ailleurs, qu'elles obéissent plus généreusement à leurs règles et constitutions : ce sont en effet des moyens de perfection approuvés d'une façon explicite ou implicite par l'Eglise, et que l'on s'engage à observer quand on entre dans une communauté. Sans doute, comme nous l'avons expliqué, n° 375, manquer à quelques règles de détail par faiblesse n'est pas en soi un péché ; mais, outre que souvent il se glisse dans ces négligences volontaires un motif plus ou moins peccamineux, il est certain qu'en ne les observant pas, même par faiblesse, on se prive d'une occasion précieuse d'acquérir des mérites. Il reste toujours vrai qu'accomplir sa règle est un des moyens les plus sûrs de faire la volonté de Dieu et de vivre pour lui : « Qui regulæ vivit Deo vivit » ; et qu'y manquer volontairement et sans raison est un abus de la grâce. Ainsi donc l'obéissance à la volonté de Dieu signifiée est le moyen normal d'arriver à la perfection.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 5 Mar 2015 - 6:08 | |
| CHAPITRE V
1° La volonté signifiée de Dieu
484. Cette restriction une fois posée, il est évident que celui qui tend à la perfection doit prêter l'oreille avec soin à la voix du Saint-Esprit parlant au dedans de lui-même : « Audiam quid loquatur in me Dominus Deus » (Ps., LXXXIV, 9) ; et exécuter promptement, généreusement ce qu'il demande de nous : « Ecce venio ut faciam, Deus, voluntatem tuam » (Hebr., X, 9). Ceci en effet n'est autre chose que correspondre à la grâce, et cette correspondance docile et constante est précisément ce qui nous rend parfaits : « Adjuvantes exhortamur ne in vacuum gratiam Dei recipiatis » (II Cor. VI, 1). Le caractère distinctif des âmes parfaites, c'est précisément d'écouter et de mettre en pratique ces inspirations divines : « Quæ placita sunt ei facio semper » (Joan., VIII, 29).
485. d) Quant aux personnes vivant en communauté, elles sont d'autant plus parfaites, toutes choses égales d'ailleurs, qu'elles obéissent plus généreusement à leurs règles et constitutions : ce sont en effet des moyens de perfection approuvés d'une façon explicite ou implicite par l'Eglise, et que l'on s'engage à observer quand on entre dans une communauté. Sans doute, comme nous l'avons expliqué, n° 375, manquer à quelques règles de détail par faiblesse n'est pas en soi un péché ; mais, outre que souvent il se glisse dans ces négligences volontaires un motif plus ou moins peccamineux, il est certain qu'en ne les observant pas, même par faiblesse, on se prive d'une occasion précieuse d'acquérir des mérites. Il reste toujours vrai qu'accomplir sa règle est un des moyens les plus sûrs de faire la volonté de Dieu et de vivre pour lui : « Qui regulæ vivit Deo vivit » ; et qu'y manquer volontairement et sans raison est un abus de la grâce. Ainsi donc l'obéissance à la volonté de Dieu signifiée est le moyen normal d'arriver à la perfection.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 5 Mar 2015 - 19:24 | |
| CHAPITRE V
2° De la conformité à la volonté du bon plaisir
486. Cette conformité consiste à se soumettre à tous les événements providentiels voulus ou permis de Dieu pour notre plus grand bien, et surtout pour notre sanctification. a) Elle s'appuie sur ce fondement que rien n'arrive sans la volonté ou la permission de Dieu, et que Dieu étant infiniment sage et infiniment bon, ne veut et ne permet rien que pour le bien des âmes, même alors qu'on ne le voit pas. C'est ce que disait Tobie au milieu de ses afflictions et des reproches de sa femme : « Justus es, Domine... et omnis viæ tuæ misericordia et veritas et judicium » (Tob., III, 2) ; c'est ce que proclamait la Sagesse : « Tua autem, Pater, Providentia gubernat... Attingit ergo a fine usque ad finem fortiter, et disponit omnia suaviter » (Sap. XIV, 3). C'est surtout ce que nous inculque Saint Paul : « Diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum » (Rom., VIII, 28). Mais, pour comprendre cette doctrine, il faut se placer au point de vue de la foi et de l'éternité, de la gloire de Dieu et du salut des hommes. Si on ne voit que la vie présente et le bonheur terrestre, on ne peut comprendre les desseins de Dieu, qui a voulu nous soumettre à l'épreuve ici-bas pour nous récompenser dans le ciel. Tout est subordonné à cette fin, les maux présents n'étant qu'un moyen de purifier notre âme, de l'affermir dans la vertu et de nous faire acquérir des mérites, le tout en vue de la gloire de Dieu qui reste la fin dernière de la création.
487. b) C'est donc un devoir pour nous de nous soumettre à Dieu dans tous les événements heureux ou malheureux, dans les calamités publiques ou les malheurs privés, dans les intempéries des saisons, dans la pauvreté et la souffrance, dans les deuils qui viennent nous frapper aussi bien que dans les joies, dans l'inégale répartition des dons naturels ou surnaturels, dans la pauvreté aussi bien que dans la richesse, dans les revers comme dans les succès, dans les sécheresses comme dans les consolations, dans la maladie aussi bien que dans la santé, dans la mort et les souffrances et incertitudes qui l'accompagnent. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 7 Mar 2015 - 4:20 | |
| CHAPITRE V
2° De la conformité à la volonté du bon plaisir
487. b) (...) Comme le disait le saint homme Job : « Si nous recevons le bien de la main de Dieu, pourquoi n'en recevrions-nous pas aussi le mal : Si bona suscepimus de manu Dei, mala quare non suscipiamus ? » (Job. II, 10). Commentant ces paroles, Saint-François de Sales en admire la beauté : « 0 Dieu, que cette parole est de très grand amour ! Il pense, Théotime, que c'est de la main de Dieu qu'il a reçu les biens, témoignant qu'il n'avait pas tant estimé les biens, parce qu'ils étaient biens, comme parce qu'ils provenaient de la main du Seigneur. Ce qu'étant ainsi, il conclut que donc il faut supporter amoureusement les adversités, parce qu'elles procèdent de la même main du Seigneur, également aimable lorsqu'elle distribue les afflictions, comme quand elle donne les consolations » (Amour de Dieu, l. IX, c. 2). Et c'est qu'en effet les afflictions nous donnent l'occasion de mieux témoigner notre amour à Dieu ; l'aimer, quand il nous comble de biens, est chose facile, mais il n'appartient qu'à l'amour parfait de recevoir les maux de sa main, puisqu'ils ne sont aimables qu'à cause de celui qui les donne. 488. Ce devoir de soumission au bon plaisir de Dieu dans les événements malheureux est un devoir de justice et d'obéissance, puisque Dieu est notre Souverain Maître qui a toute autorité sur nous ; un devoir de sagesse puisque ce serait folie de vouloir échapper à l'action de la Providence, tandis que dans l'humble résignation nous trouvons la paix ; devoir d'intérêt, puisque la volonté de Dieu ne nous éprouve que pour notre bien, pour nous exercer à la vertu et nous faire acquérir des mérites ; mais c'est surtout un devoir d'amour, puisque l'amour, c'est le don de soi jusqu'à l'immolation.
489. C) Toutefois, pour faciliter aux âmes éprouvées la soumission à la volonté divine, il est bon, lorsqu'elles ne sont pas encore parvenues à l’amour de la croix, de leur suggérer quelques moyens pour adoucir leurs souffrances. Deux remèdes peuvent les alléger, l'un négatif et l'autre positif. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 8 Mar 2015 - 8:26 | |
| CHAPITRE V
2° De la conformité à la volonté du bon plaisir
489. (...) 1) Le premier, c'est de ne pas les aggraver par une fausse tactique : il en est qui collectionnent leurs maux passés, présents et à venir, et en forment comme un bloc qui leur paraît insupportable. C'est le contraire qu'il faut faire : « sufficit diei malitia sua » (Matth. VI, 34). Au lieu de raviver les blessures du passé, déjà cicatrisées, il faut ou n'y plus penser, ou n'y penser que pour voir les avantages qu'on en a retirés : les mérites acquis, l'accroissement de vertu produit par la patience, l'accoutumance à la douleur. Ainsi s'atténue la douleur : car un mal ne nous affecte que lorsque nous y faisons attention ; une médisance, une calomnie, une insulte ne nous chagrine que lorsque nous la ruminons avec amertume.
Pour l'avenir, c'est folie que de s'en préoccuper. Sans doute il est sage de le prévoir pour s'y préparer dans la mesure où nous le pouvons ; mais penser à l'avance aux maux qui peuvent nous arriver et s'en attrister, c'est gaspiller son temps et ses énergies en pure perte ; car enfin ces maux peuvent ne pas arriver ; s'ils fondent sur nous, il sera temps de les supporter avec l'aide de la grâce qui nous sera donnée pour les adoucir : en ce moment, nous ne l'avons pas, et, livrés à nos propres forces, nous ne pouvons que succomber sous le poids du fardeau que nous nous imposons nous-mêmes. N'est-il pas plus sage de s'abandonner entre les mains de notre Père céleste, et de bannir impitoyablement comme malfaisantes et mauvaises les pensées ou images qui nous représentent des souffrances passées ou à venir ?
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 9 Mar 2015 - 6:55 | |
| CHAPITRE V
2° De la conformité à la volonté du bon plaisir
490. 2) Le remède positif, c'est de penser, au moment où l'on souffre, aux grands avantages de la souffrance. La souffrance est une éducatrice, une source de mérites. C'est une éducatrice, c'est-à-dire, une source de lumière et de force ; elle nous rappelle que nous sommes ici-bas des exilés, en marche vers la patrie, et qu'il ne faut pas nous amuser à cueillir les fleurs des consolations, le vrai bonheur n'étant qu'au ciel. Or, comme l'a dit le poète : « Quand l'exil est trop doux, on en fait sa patrie ! » C’est aussi une force : l'habitude du plaisir détend l'activité, amollit les courages et prépare de honteuses capitulations ; la souffrance au contraire, non par elle-même, mais par la réaction qu'elle provoque, tend et accroît nos énergies et nous rend aptes aux plus mâles vertus, comme on l'a vu au cours de la grande guerre.
491. C'est aussi une source de mérites pour soi et pour les autres. Patiemment supportée, pour Dieu et en union avec Jésus-Christ, la souffrance nous mérite un poids éternel de gloire, et comme S. Paul le rappelle sans cesse aux premiers chrétiens : « J'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir... Car notre légère affliction du moment présent produit pour nous... un poids éternel de gloire » (Rom., VIII, 18 ; II Cor., IV, 17). Et, pour les âmes généreuses, il ajoute qu'en souffrant avec Jésus, elles complètent sa passion et contribuent avec lui au bien de l'Eglise (Colos., I, 24). C'est en effet ce qui résulte de la doctrine de notre incorporation au Christ, n° 142 ss. Ces pensées n'enlèvent pas la souffrance sans doute, mais elles en atténuent singulièrement l'amertume, en nous faisant toucher du doigt sa fécondité. Tout donc nous invite à conformer notre volonté à celle de Dieu, même au milieu des épreuves ; voyons quels sont ses degrés.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 10 Mar 2015 - 6:56 | |
| CHAPITRE V
3° Degrés de conformité à la volonté de Dieu
492. Saint Bernard distingue trois degrés de cette vertu qui, correspondent aux trois degrés de la perfection chrétienne : « Le débutant, mû par la crainte, endure la croix du Christ patiemment ; le progressant, mû par l'espérance, la porte avec une certaine joie, le parfait, consommé en charité, l’embrasse avec ardeur » (I Serm. S. Andreæ, 5). A) Les débutants soutenus par la crainte de Dieu, n'aiment pas la souffrance et cherchent plutôt à l'éviter ; cependant ils aiment mieux encore souffrir que d'offenser Dieu, et, tout en gémissant sous le poids de la croix, la subissent avec patience : ce sont des résignés. B) Les progressants, soutenus par l'espérance et le désir des biens célestes, et sachant que chaque souffrance nous vaut un poids éternel de gloire, ne recherchent pas encore la croix, mais la portent volontiers, avec une certaine joie (Ps. CXXV, 6). C) Les parfaits, guidés par l'amour, vont plus loin : pour glorifier Dieu qu'ils aiment, pour se conformer plus parfaitement à Jésus Christ, ils vont au devant des croix, les désirent, les embrassent avec ardeur, non pas qu'elles soient aimables en elles-mêmes, mais parce qu'elles nous sont un moyen de témoigner notre amour à Dieu et à Jésus Christ. Comme les Apôtres, ils se réjouissent d'avoir été jugés dignes d'être outragés pour le nom de Jésus ; comme Saint Paul, ils débordent de joie au milieu de leurs tribulations (De Imit. Christi, l. III, c.17). Ce dernier degré s'appelle le saint abandon : nous y reviendrons plus tard en parlant de l'amour de Dieu.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mer 11 Mar 2015 - 6:02 | |
| CHAPITRE V
II. Rôle sanctificateur de la conformité à la volonté de Dieu 493. De ce que nous avons dit il résulte évidemment que cette conformité à la volonté de Dieu ne peut que nous sanctifier, puisqu'elle unit notre volonté, et par là même nos autres facultés à Celui qui est la source de toute sainteté. Pour le mieux réaliser, voyons comment elle nous purifie, nous réforme et nous conforme à Jésus-Christ. 494. 1° Cette conformité nous purifie. Déjà dans l'Ancienne Loi, Dieu fait souvent remarquer qu'il est prêt à pardonner tous les péchés, et à rendre à l'âme l'éclatante blancheur de sa pureté primitive, si elle change de cœur ou de volonté (Isa., I, 16-18). Or conformer sa volonté à celle de Dieu, c'est assurément changer de cœur, cesser de faire le mal, apprendre à faire le bien. Et n'est-ce pas aussi ce que veut dire ce texte plusieurs fois répété : « Melior est enim obedientia quam victimæ ? » (I Reg., XV, 22 ; Osee, VI, 6 ; Matth., IX, 13 ; XII, 7). Dans le Nouveau Testament, N. S. déclare, dès son entrée dans le monde, que c'est par l'obéissance qu'il remplacera tous les sacrifices de l'Ancienne Loi (Hebr., X, 6, 7). Et en fait il nous a rachetés par l'obéissance poussée jusqu'à l'immolation de soi pendant sa vie et surtout au Calvaire : « factus obediens usque ad mortem, mortem autem Crucis » (Phil., II, . C'est donc aussi par l’obéissance et l'acceptation des épreuves providentielles qu'en union avec Jésus nous expierons nos péchés et purifierons notre âme. Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923 Que Jésus Miséricordieux vous bénisse ami de la Miséricorde | |
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 14 Mar 2015 - 5:41 | |
| CHAPITRE V
II. Rôle sanctificateur de la conformité à la volonté de Dieu
495. 2c) Elle nous réforme. Ce qui nous a déformés c'est l'amour désordonné du plaisir, auquel nous avons cédé par malice ou par faiblesse. Or la conformité à la volonté divine nous guérit de cette double cause de rechutes. a) Elle nous guérit de la malice, qui résulte elle-même de nos attaches aux créatures et surtout de l'attache à notre jugement et à notre volonté propres. Car, en conformant notre volonté à celle de Dieu, nous acceptons ses jugements comme la règle des nôtres, ses commandements et ses conseils comme la règle de notre volonté ; nous nous détachons ainsi des créatures et de nous-mêmes, et de la malice qui venait de ces attaches. b) Elle remédie à notre faiblesse, source de tant de défaillances ; au lieu de nous appuyer sur nous-mêmes qui sommes si fragiles, nous nous appuyons par l'obéissance sur Dieu, qui étant tout puissant, nous fait participer à sa force et résister aux plus graves tentations : « Omnia possum in eo qui me confortat » (Phil. IV, 13). Quand nous faisons sa volonté, il se plaît à faire la nôtre, en exauçant nos prières et en soutenant notre faiblesse. Ainsi débarrassés de notre malice et de notre faiblesse, nous cessons d'offenser Dieu de propos délibéré, et graduellement nous réformons notre vie.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 15 Mar 2015 - 9:01 | |
| CHAPITRE V
II. Rôle sanctificateur de la conformité à la volonté de Dieu
496. 3° Nous la rendons par là même conforme à celle de Notre Seigneur Jésus Christ. a) La conformité la plus réelle, la plus intime, la plus profonde, c'est celle qui existe entre deux volontés. Or, par la conformité à la volonté de Dieu, nous soumettons et unissons notre volonté à celle de Jésus dont la nourriture était de faire la volonté de son Père ; comme lui et avec lui, nous ne voulons que ce qu'il veut, et cela tout le long du jour ; c'est donc la fusion de deux volontés en une seule, unum velle, unum nolle ; nous ne faisons plus qu'un avec lui, nous épousons ses pensées, ses sentiments, ses volitions : « Hoc enim sentite in vobis quod et in Christo Jesu » (Philip., II, 5) et bientôt nous pouvons redire la parole de Saint Paul : « Vivo autem, jam non ego, vivit vero in me Christus : je vis, mais ce n'est pas moi qui vis, c'est Jésus qui vit en moi » (Galat. II, 20).
497. b) En soumettant notre volonté, nous soumettons et unissons à Dieu toutes nos autres facultés, qui sont sous son empire, et par conséquent l'âme tout entière, qui peu à peu se conforme aux sentiments, aux volontés et désirs de Notre-Seigneur ; par là elle acquiert successivement toutes les vertus de son divin Maître. Ce que nous avons dit de la charité, n° 318, peut se dire de la conformité à la volonté divine, qui en est l'expression la plus authentique ; elle contient donc, comme elle, toutes les vertus, au dire de S. François de Sales : « L'abandonnement est la vertu des vertus ; c'est la crème de la charité, l'odeur de l'humilité, le mérite, ce semble, de la patience, et le fruit de la persévérance » (Entretien XI). Aussi Notre-Seigneur appelle des doux noms de frère, de sœur et de mère ceux qui font la volonté de son Père : « Quicumque enim fecerit voluntatem Patris mei, qui in cælis est, ipse meus frater et soror et mater est » (Matth., XII, 50). Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 16 Mar 2015 - 6:03 | |
| CHAPITRE V
II. Rôle sanctificateur de la conformité à la volonté de Dieu
498. La conformité à la volonté divine est donc un des plus grands moyens de sanctification ; aussi nous ne pouvons mieux terminer que par ces paroles de Ste Thérèse : « L'unique ambition de celui qui commence à faire oraison, n'oubliez pas ceci, c'est très important, doit être de travailler avec courage à rendre sa volonté conforme à celle de Dieu... en cela consiste tout entière la perfection la plus haute qu'on puisse atteindre dans le chemin spirituel. Plus cette conformité est parfaite, plus on reçoit du Seigneur, et plus on est avancé dans ce chemin » (Château intérieur, 2e demeure, p. 71). Elle ajoute qu'elle eût désiré elle-même vivre dans cette voie de conformité, sans être élevée aux ravissements et aux extases, tant elle est convaincue que cette voie suffit à la plus haute perfection.
IV. La prière
499. La prière résume et complète tous les actes précédents : elle est un désir de perfection, car on ne prierait pas sincèrement si on ne voulait devenir meilleur ; elle suppose une certaine connaissance de Dieu et de soi-même, puisqu'elle établit des rapports entre les deux ; elle conforme notre volonté à celle de Dieu, puisque toute bonne prière contient explicitement ou implicitement un acte de soumission à notre Souverain Maître. Mais elle perfectionne tous ces actes, en nous prosternant devant la Majesté divine pour l'adorer, et pour implorer de nouvelles grâces qui nous permettent d'avancer vers la perfection. Nous allons donc exposer : 1° la nature de la prière ; 2° son efflcacité comme moyen, de perfection ; 3° la manière de transformer notre vie en une prière habituelle.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 17 Mar 2015 - 6:58 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
500. Nous prenons ici le mot de prière dans son sens le plus général, en tant qu'elle est une ascension de notre âme vers Dieu. Nous exposerons : 1° sa notion ; 2° ses formes diverses ; 3° la prière parfaite ou le Pater.
1° Ce qu’est la prière
501. Nous trouvons chez les Pères trois définitions de la prière qui se complètent mutuellement. Dans son sens le plus général, 1) c'est, nous dit S. jean Damascène, une ascension de l'âme vers Dieu, « ascensus mentis in Deum » ; et, avant lui S. Augustin avait écrit qu'elle est un effort affectueux vers Dieu : « Oratio namque est mentis ad Deum affectuosa intentio » (Serm. IX, n° 3). Dans un sens plus limité, on la définit la demande à Dieu de choses convenables. Pour exprimer les rapports mutuels que la prière établit entre Dieu et l'âme, on nous la représente comme une conversation avec Dieu. Tous ces aspects sont vrais, et, en les réunissant, on peut définir la prière : une élévation de notre âme vers Dieu, en vue de lui rendre nos devoirs et de demander ses grâces pour en devenir meilleurs pour sa gloire.
502. Le mot d'élévation n'est qu'une métaphore indiquant l'effort que nous faisons pour nous détacher des créatures et de nous-mêmes, et pour penser à Dieu, qui non-seulement nous enveloppe de tous côtés, mais réside au plus intime de notre âme. Comme nous ne sommes que trop enclins à disperser nos facultés sur une foule d'objets, il faut un effort pour les arracher à ces biens futiles et séduisants, pour recueillir nos facultés et les concentrer sur Dieu. Cette élévation s'appelle un colloque, parce que la prière, qu'elle soit une adoration ou une demande, appelle une réponse de Dieu, et suppose ainsi une sorte d'entretien avec lui, alors même qu'il serait fort court.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mer 18 Mar 2015 - 6:35 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
503. (...) C'est pourquoi il est mis au milieu du monde, mystérieux abrégé du monde, afin que contemplant l'univers entier et le ramassant en soi-même, il rapporte uniquement à Dieu et soi-même et toutes choses ; si bien qu'il n'est le contemplateur de la nature visible, qu'afin d'être l'adorateur de la nature invisible qui a tout tiré du néant par sa toute-puissance » (Bossuet, p. 105). En d'autres termes, l'homme est le pontife de la création, chargé de glorifier Dieu et en son nom et au nom de toutes les créatures. Il le fait en reconnaissant « que Dieu est une nature parfaite et dès là incompréhensible ; que Dieu est une nature souveraine ; que Dieu est une nature bienfaisante... nous sommes portés naturellement à révérer ce qui est parfait, ... à dépendre de ce qui est souverain... à adhérer à ce qui est bon » (p. 108).
504. Aussi les mystiques se plaisent-ils à adorer dans les créatures la puissance, la majesté, la beauté, l'activité, la fécondité de Dieu caché sous ces créatures : « Mon Dieu, je vous adore en toutes vos créatures ; je vous adore véritable et unique soutien de tout le monde ; sans vous rien ne serait, et rien ne subsiste qu'en vous. Je vous aime, ô mon Dieu, et je loue votre majesté paraissant sous l'extérieur de toutes les créatures. Tout ce que je vois, ô mon Dieu, ne sert qu'à exprimer votre beauté secrète et inconnue aux yeux des hommes... J'adore votre splendeur et votre majesté, plus belle mille fois que celle du soleil. J'adore votre fécondité, mille fois plus admirable que celle qui paraît dans les astres... » (Olier, Journée chrétienne, IIe partie).
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 19 Mar 2015 - 18:48 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
505. 2) L'adoration est suivie de la reconnaissance ; car Dieu est non-seulement notre Souverain Maître, mais encore un insigne bienfaiteur, à qui nous devons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, dans l'ordre de la nature comme dans l'ordre de la grâce. Voilà pourquoi il a droit à une reconnaissance perpétuelle, puisque constamment nous recevons de lui de nouveaux bienfaits. Aussi chaque jour l'Eglise nous invite, avant le moment solennel du Canon, à remercier Dieu de tous ses bienfaits, et surtout de celui qui les résume tous, du bienfait eucharistique : « Gratias agamus Domino Deo nostro. Vere dignum et justum est, æquum et satutare gratias agere »... Voilà pourquoi elle nous suggère de sublimes formules d'action de grâces : « Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam » (Gloria in excelcis Deo). Et, en cela, elle ne fait que suivre les exemples de Jésus, qui souvent rendait grâces à son Père, et les leçons de S. Paul qui nous invite à remercier Dieu de tous ses bienfaits : « In omnibus gratias agite, hæc est voluntas Dei (I Thess., V, 18)... Gratias Deo super inenarrabili dono ejus » (II Cor., IX, 15). Du reste les hommes de cœur n'ont pas besoin qu'on leur rappelle ce devoir ; ils se sentent pressés par le souvenir des bienfaits divins d'exprimer sans cesse la reconnaissance dont leur cœur déborde.
506. 3) Mais, dans l'état de nature déchue, un troisième devoir s'impose, celui de l'expiation et de la réparation. Trop souvent en effet nous avons, par nos péchés, offensé l'infinie majesté divine, nous servant même de ses dons pour l'outrager. C'est là une injustice qui exige une réparation aussi parfaite que nous pouvons l'offrir ; elle consiste en trois actes principaux : l'humble aveu de nos fautes : Confiteor Deo omnipotenti ; une contrition sincère : cor contritum et humiliatum non despicies ; l'acceptation courageuse des épreuves que le Bon Dieu voudra bien nous envoyer ; et, si nous voulons être généreux, nous y joindrons l'offrande de nous-mêmes comme victimes d'expiation, en union avec la victime du Calvaire. Alors nous pourrons humblement implorer et espérer le pardon : Misereatur... Indulgentiam. Nous pourrons aussi demander de nouvelles grâces.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 21 Mar 2015 - 6:21 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
506. 3) Mais, dans l'état de nature déchue, un troisième devoir s'impose, celui de l'expiation et de la réparation. Trop souvent en effet nous avons, par nos péchés, offensé l'infinie majesté divine, nous servant même de ses dons pour l'outrager. C'est là une injustice qui exige une réparation aussi parfaite que nous pouvons l'offrir ; elle consiste en trois actes principaux : l'humble aveu de nos fautes : Confiteor Deo omnipotenti ; une contrition sincère : cor contritum et humiliatum non despicies ; l'acceptation courageuse des épreuves que le Bon Dieu voudra bien nous envoyer ; et, si nous voulons être généreux, nous y joindrons l'offrande de nous-mêmes comme victimes d'expiation, en union avec la victime du Calvaire. Alors nous pourrons humblement implorer et espérer le pardon : Misereatur... Indulgentiam. Nous pourrons aussi demander de nouvelles grâces.
507. b) La demande, petitio decentium a Deo, est elle-même un hommage rendu à Dieu, à sa puissance, à sa bonté, à l'efficacité de la grâce ; c'est un acte de confiance qui honore celui auquel il s'adresse. Le fondement de la prière, c'est d'un côté l'amour de Dieu pour ses créatures et ses enfants, et de l'autre le besoin urgent que nous avons de son secours. Source intarissable de tous les biens, il aspire à les répandre dans les âmes : bonum est sui diffusivum. Etant notre Père, il ne désire rien tant que de communiquer sa vie et de l'augmenter en nous. C'est pour y mieux réussir qu'il envoie son Fils sur terre, ce Fils unique qui apparaît plein de grâce et de vérité, précisément pour nous remplir de ses trésors. Bien plus, il nous invite à demander ses grâces, et nous promet de les accorder : « Petite et dabitur vobis, quærite et invenietis, pulsate et aperietur vobis » (Matth., VII, 7). Nous sommes donc sûrs d'être agréables à Dieu en lui proposant nos requêtes.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 22 Mar 2015 - 4:57 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
508. Par ailleurs, nous en avons un besoin urgent. Dans l'ordre de la nature comme dans l'ordre de la grâce, nous sommes pauvres, mendici Dei sumus ; nous sommes d'une indigence extrême. Essentiellement dépendants de Dieu, même dans l'ordre de la nature, nous ne pouvons même pas conserver l'existence qu'il nous a donnée ; nous dépendons pour cela des causes physiques, qui elles-mêmes obéissent à Dieu. En vain dirons-nous que nous avons un cerveau, des bras, et que nous pouvons, par notre énergie, tirer des entrailles de la terre ce qui est nécessaire à notre subsistance ; ce cerveau et ces bras nous sont conservés par Dieu, ne sont mis en œuvre qu'avec l'aide de son concours ; la terre ne produit de fruits que si Dieu l'arrose de ses pluies et la féconde par les rayons de son soleil ; et que d'accidents imprévus peuvent détruire les récoltes déjà mûres ? Mais combien plus nous dépendons de Dieu dans l'ordre surnaturel ! Nous avons besoin de lumière pour nous guider, et qui nous la donnera, sinon le Père des lumières ? nous avons besoin de courage et de force pour suivre la lumière, et qui nous la donnera sinon le Tout Puissant ? Que reste-t-il donc à faire sinon d'implorer le secours de Celui qui ne demande qu'à nous venir en aide ?
509. Qu'on ne dise pas que, par sa science, il connaît tout ce qui nous est nécessaire et utile. Sans doute, répond Saint Thomas, il nous accorde par pure libéralité beaucoup de choses sans que nous les demandions, mais il en est qu'il ne veut accorder qu'à la prière, et cela pour notre bien, pour que nous mettions notre confiance en lui et le reconnaissions comme l'auteur de nos biens. D'un côté, quand nous prions, nous avons plus de confiance d'être exaucés ; et de l'autre nous sommes moins exposés à oublier Dieu. Déjà nous ne l'oublions que trop ; mais que serait-ce, si nous ne sentions pas le besoin de recourir à lui dans notre détresse ? C'est donc à bon droit que Dieu exige de nous la prière sous forme de demande.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 23 Mar 2015 - 5:44 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
510. B) Si nous nous plaçons au point de vue des formes ou variétés de la prière, on peut distinguer la prière mentale et la prière vocale, la prière privée et la prière publique. a) Au point de vue de l’expression, la prière est mentale ou vocale, selon qu'elle s'achève dans l'intérieur de l'âme ou s'exprime au dehors. 1) La prière mentale est donc une sorte de conversation intérieure avec Dieu, qui ne se manifeste pas au dehors : « Orabo spiritu, orabo et mente » (I Cor., XIV, 15). Tout acte intérieur qui a pour but de nous unir à Dieu par la connaissance et par l'amour, recueillement, considération, raisonnement, examen, regard affectueux, contemplation, élan du cœur vers Dieu, peut s'appeler prière mentale. Tous ces actes en effet nous élèvent vers Dieu, y compris les retours sur nous-mêmes qui ont pour but de rendre notre âme moins indigne de Celui qui l'habite. Tous servent à augmenter nos convictions, à nous faire pratiquer les vertus et sont comme un apprentissage de cette vie du ciel qui n'est qu'une affectueuse et éternelle vision de Dieu. C'est aussi cette prière qui est l'aliment et l'âme de la prière vocale.
511. 2) Celle-ci s'exprime par des paroles et par des gestes. Elle est souvent mentionnée dans nos saints Livres qui nous invitent à user de notre voix, de notre bouche, de nos lèvres pour proclamer les louanges de Dieu : « Voce mea ad Dominum clamavi... Domine labia mea aperies et os meum annuntiabit laudem tuam » (Ps. III, 17 ; L, 5). Mais pourquoi exprimer ainsi nos sentiments, puisque Dieu les lit au plus profond de nos cœurs ? C'est pour offrir à Dieu l'hommage non seulement de nôtre âme, mais aussi de notre corps et surtout de ce verbe qu’il nous a donné pour exprimer notre pensée. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 24 Mar 2015 - 4:22 | |
| CHAPITRE V
I. Nature de la prière
511. (...) C'est au fond l'enseignement de Saint Paul, quand, après avoir exposé que Jésus est mort pour nous en dehors de la ville de Jérusalem, il nous invite à sortir de nous-mêmes, et à nous unir à notre Médiateur de religion pour offrir à Dieu une hostie de louange, l'hommage de nos lèvres : « Que ce soit donc par lui que nous offrions sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges c'est-à-dire, le fruit de lèvres qui célèbrent son nom » (Hebr., XIII, 15). C'est aussi pour stimuler notre dévotion par le son même de notre voix ; la psychologie en effet montre que le geste intensifie le sentiment intérieur. C’est enfin pour l'édification du prochain ; car voir ou entendre les autres prier avec ferveur, augmente notre propre dévotion.
512. b) La prière vocale elle-même est privée ou publique selon qu'elle se fait au nom d'un individu ou d'une société. Nous avons prouvé ailleurs que la société, comme telle, doit à Dieu des hommages sociaux, puisqu'elle aussi doit le reconnaître comme Maître Souverain et bienfaiteur. Voilà pourquoi Saint Paul exhortait les premiers chrétiens à s'unir ensemble non seulement dans un même cœur, mais encore dans une même voix pour glorifier Dieu avec Jésus-Christ : « Ut unanimes uno ore honorificetis Deum et patrem Domini nostri Jesu Christi » (Rom., XV, 6). Déjà Notre Seigneur avait invité ses disciples à s'unir ensemble pour prier, leur promettant de venir au milieu d'eux pour appuyer leurs requêtes : « Ubi enim sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum » (Matth., XVIII, 20). Si cela est vrai d'une réunion de deux ou trois personnes, combien plus lorsqu'un grand nombre s'assemblent pour rendre gloire à Dieu officiellement ? Saint Thomas nous dit qu'alors l'efficacité de la prière est irrésistible : « Impossibile est preces multorum non exaudiri, si ex multis orationibus fiat quasi una » (Commentar. In Matth., c. XVIII). De même en effet qu'un père, qui résisterait aux sollicitations d'un de ses fils, s'attendrit quand il les voit tous unis dans la même demande, ainsi notre Père du Ciel ne sait pas résister à la douce violence que lui fait la prière commune d'un grand nombre de ses enfants.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 24 Mar 2015 - 22:25 | |
| CHAPITRE V
Des moyens généraux de perfection
513. Il est donc important que les chrétiens se réunissent souvent pour adorer et prier en commun ; c'est pour cela que l'Eglise les convoque, aux jours de dimanche et de fêtes, au saint sacrifice de la messe, qui est la prière publique par excellence, et aux offices religieux.
514. Mais, comme elle ne peut les convoquer tous les jours, et que chaque jour cependant, Dieu mérite d'être glorifié, elle charge ses prêtres et ses religieux de remplir plusieurs fois le jour ce grand devoir de la prière publique. C'est ce qu'ils font par l'office divin, qu'ils récitent non en leur nom particulier, mais au nom de toute l'Eglise et pour tous les hommes. Aussi il importe qu'alors ils s'unissent plus particulièrement au Grand Religieux de Dieu, au Verbe Incarné, pour glorifier Dieu avec lui et par lui, per ipsum, et cum ipso et in ipso, et pour demander en même temps toutes les grâces dont a besoin le peuple chrétien.
3° Le Pater Noster ou Notre Père
515. Parmi les prières que nous récitons en particulier ou en public, il n'en est pas de plus belle que celle que Notre Seigneur lui-même nous a apprise, le Pater. A) Nous y trouvons tout d'abord un exorde insinuant qui nous met sous le regard de Dieu et stimule notre confiance : « Pater noster, qui es in cælis ». Le premier pas à faire quand on prie, c'est de s'approcher de Dieu ; or le mot de Père nous met immédiatement en présence de Celui qui est le Père par excellence, le Père du Verbe par génération, notre père par adoption : c'est donc le Dieu de la Trinité qui nous apparaît, nous enveloppant de ce même amour dont il enveloppe son Fils ; et, comme ce Père est dans les cieux, c'est-à-dire tout-puissant et la source de toutes les grâces, nous nous sentons portés à l'invoquer avec une confiance filiale absolue, puisque nous sommes de la famille de Dieu, tous frères, puisque tous enfants de Dieu : Pater noster.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mer 25 Mar 2015 - 20:22 | |
| CHAPITRE V
3° Le Pater Noster ou Notre Père
516. B) Vient ensuite l'objet de la prière : nous demandons tout ce que nous pouvons désirer et dans l'ordre où nous devons le désirer : a) avant tout, la fin principale, la gloire de Dieu : « Que votre nom soit sanctifié », c'est-à-dire reconnu, proclamé saint ; b) puis la fin secondaire, l'accroissement du règne de Dieu en nous qui prépare notre entrée dans le royaume du ciel, « que votre règne arrive » ; c) le moyen essentiel pour obtenir cette double fin, qui est la conformité à la volonté divine : « que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Viennent ensuite les moyens secondaires, qui forment la seconde partie du Pater ; d) le moyen positif, le pain de chaque jour, pain du corps et pain de l'âme, qui l'un et l'autre nous sont nécessaires pour subsister et progresser ; e) enfin les moyens négatifs, qui comprennent : 1) la rémission du péché, le seul mal véritable, péché qui nous est pardonné dans la mesure où nous pardonnons nous-mêmes : « pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » ; 2) l'éloignement des épreuves et tentations où nous pourrions succomber ; 3) et enfin l'éloignement des maux physiques, des misères de la vie, en tant qu’elles sont un obstacle à notre sanctification : « mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il ! ». Prière sublime, puisque tout s'y rapporte à la gloire de Dieu, et cependant simple et à la portée de tous, puisque, tout en glorifiant Dieu, nous demandons tout ce qu'il y a de plus utile pour nous. Aussi les Pères et les Saints se sont plu à la commenter, et le Catéchisme du Concile de Trente en donne une longue et très solide explication.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 26 Mar 2015 - 19:47 | |
| CHAPITRE V
II. Efficacité de la prière comme moyen de perfection
517. La prière a tant d'efficacité pour nous sanctifier que les Saints ont répété à l'envi cet adage : « Celui-là sait bien vivre qui sait bien prier : Ille recte novit vivere qui recte novit orare ». Elle produit en effet trois effets merveilleux : 1) elle nous détache des créatures ; 2) elle nous unit totalement à Dieu ; 3) elle nous transforme progressivement en lui.
518. 1° Elle nous détache des créatures en tant qu'elles sont un obstacle à notre union avec Dieu. C'est ce qui découle de sa notion ; pour nous élever vers Dieu, il faut tout d'abord nous dégager de l'étreinte des créatures. Attirés par elles, par les plaisirs séduisants qu'elles nous offrent, dominés aussi par l'égoïsme, nous ne pouvons échapper à cette double emprise qu'en brisant les liens qui nous attachent à la terre. Or rien ne produit mieux cet heureux résultat que l'élévation de l'âme vers Dieu par la prière : pour penser à lui et à sa gloire, pour l'aimer, nous sommes obligés de sortir de nous-mêmes et d'oublier les créatures et leurs perfides attraits. Et quand une fois nous sommes près de lui, unis à lui par une intime conversation, ses infinies perfections, ses amabilités, et la vue des biens célestes achèvent de détacher notre âme. Nous haïssons de plus en plus le péché mortel, qui nous détournerait complètement de Dieu ; le péché véniel, qui nous retarderait dans notre ascension vers lui, et même peu à peu les imperfections volontaires qui diminuent notre intimité avec lui. Nous apprenons aussi à combattre plus vigoureusement les inclinations déréglées qui subsistent au fond de notre nature, parce que nous comprenons mieux qu'elles tendent à nous éloigner de Dieu.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 28 Mar 2015 - 6:26 | |
| CHAPITRE V
II. Efficacité de la prière comme moyen de perfection
518. 1° Elle nous détache des créatures en tant qu'elles sont un obstacle à notre union avec Dieu. C'est ce qui découle de sa notion ; pour nous élever vers Dieu, il faut tout d'abord nous dégager de l'étreinte des créatures. Attirés par elles, par les plaisirs séduisants qu'elles nous offrent, dominés aussi par l'égoïsme, nous ne pouvons échapper à cette double emprise qu'en brisant les liens qui nous attachent à la terre. Or rien ne produit mieux cet heureux résultat que l'élévation de l'âme vers Dieu par la prière : pour penser à lui et à sa gloire, pour l'aimer, nous sommes obligés de sortir de nous-mêmes et d'oublier les créatures et leurs perfides attraits. Et quand une fois nous sommes près de lui, unis à lui par une intime conversation, ses infinies perfections, ses amabilités, et la vue des biens célestes achèvent de détacher notre âme. Nous haïssons de plus en plus le péché mortel, qui nous détournerait complètement de Dieu ; le péché véniel, qui nous retarderait dans notre ascension vers lui, et même peu à peu les imperfections volontaires qui diminuent notre intimité avec lui. Nous apprenons aussi à combattre plus vigoureusement les inclinations déréglées qui subsistent au fond de notre nature, parce que nous comprenons mieux qu'elles tendent à nous éloigner de Dieu.
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