L’Arabie Saoudite est le plus gros client des fabricants d’armes français en terme de volume financier des contrats. À lui seul, le royaume saoudien a passé plus de 3 milliards d’euros de commandes en 2014. Entre 2013 et 2014, l’Arabie saoudite a par exemple importé ou commandé à la France des missiles anti-aériens, des canons, des missiles anti-chars ou encore des blindés
http://www.bastamag.net/Amnesty-demande-l-arret-des-ventes-d-armes-a-l-Arabie-Saoudite-suspectee-de
es accords, précise Matignon, touchent à divers secteurs : infrastructures, santé, satellites, agro-alimentaire, maritime, mais aussi armement. Cette fois, ce sont 30 patrouilleurs rapides qui feront l’objet d’une commande à la fin de l’année.
Vous vous demandez peut-être s’il est bien judicieux d’aller vendre des armes sophistiquées ou des satellites à un pays qui piétine les droits de l’homme, emprisonne les opposants politiques, coupe des têtes au sabre, dénie aux femmes de nombreux droits (y compris celui de conduire une automobile) et sponsorise l’islamisme radical dans le monde entier. Une "source diplomatique", dans "le Journal du Dimanche" avance une réponse à vos interrogations :
Si vous décidez de mettre fin à toute relation commerciale, vous antagonisez et vous rompez le dialogue. Un lien solide permet au contraire d'accompagner le pays dans d'autres directions au niveau politique."
Idée brillante ! Voilà une piste pour régler les conflits en cours : ainsi, on pourrait vendre des armes à Bachar et-Assad pour cesser "d’antagoniser". Ou bien à Daech, tiens : cela ne permettrait-il pas, par un "dialogue" avec ces fous sanguinaires, de les "accompagner dans d’autres directions politiques" ?
Pas de débat en France
Vers quelle "autre direction politique" cette géniale source diplomatique entend-elle conduire l’Arabie Saoudite, pays dont la conception de la société n’a rien à envier à celle des Talibans ? Je te vends trois avions de chasse, à condition que ce soit des femmes qui les pilotent ? Tiens, voici un lot de mitrailleuses, mais attention, seulement si tu autorises l’ouverture d’une boîte gay à Riyad ?
Au Canada, la question des ventes d’armes à l’Arabie Saoudite fait débat. Mais en France, c’est le silence. Beaucoup d’emplois sont en jeu...
Et pourtant, les armes qu’on vend à l’Arabie Saoudite ne servent pas qu’à faire des tours de parade. Le royaume participe activement à une guerre, au Yémen contre des rebelles chiites, les Houthis. Une sale guerre : les forces de la coalition conduite par Riyad n’hésitent pas à bombarder des villes et des villages, des maisons, des écoles. Des milliers de civils sont morts depuis mars. Amnesty international est allé voir les résultats de 13 frappes près de Sa’ada : la moitié des morts sont des enfants.
Selon l’organisation, la coalition utilise des armes interdites : des bombes à sous-munitions. Elle appelle à suspendre la livraison d’armes aux Saoudiens et à ouvrir une enquête sur les violations des lois internationales.
Mais la France est sourde à cet appel. Elle préfère pousser sur Twitter des cocoricos indécents.
http://tempsreel.nouvelobs.com/edito/20151013.OBS7578/arabie-saoudite-les-indecents-cocoricos-de-la-france.html
L'Arabie saoudite revendique le droit de convertir et de répandre partout dans le monde sa vision de l'islam, qu'elle considère comme la seule authentique.
Et les djihadistes de Daesh, que les Saoudiens sont accusés d'avoir soutenus dans un premier temps ?
C'est leur Golem, la créature qui échappe à son maître et se retourne contre lui. Pour les Saoudiens, c'est une menace très sérieuse, bien plus que les Frères musulmans ou la jeunesse occidentalisée. Tout simplement parce que Daesh représente à la fois une menace militaire contre le Royaume et une concurrence : l'Etat islamique partage la même vision du monde que les Saoudiens. Si les Américains n'étaient pas intervenus en août pour stopper la progression de Daesh en Irak, les djihadistes seraient arrivés à la frontière avec l'Arabie saoudite. Se seraient-ils arrêtés ? Il faut bien comprendre qu'ils rejettent l'idée même de frontières au sein de l'Oumma, entre musulmans. Pour eux, ces frontières sont «haram», illicites, et ceux qui les imposent sont des «koufars», des mécréants. Ce que dit Daesh au pouvoir saoudien, c'est, en substance : «Vous pensez la même chose que nous, mais nous, nous le mettons en pratique». Eh bien évidemment, il lui reproche son alliance avec les Etats-Unis.
http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/frederic-encel-l-etat-islamique-partage-meme-vision-monde-que-saoudiens-17240