Première pître aux Corinthiens Chapitre 15
Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis. Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. Bref, qu’il s’agisse de moi ou des autres, voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum. En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche,et ce qu’elle est : une pécheresse. » Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire.
– Parle, Maître Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ;
le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante.
Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit :
« Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête;elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »
Nous avons écoutés ces lectures ce matin, en lieu et place de la liturgie pour la célébration de Notre-Dame des douleurs.
Ces deux lectures parlent si bien du mouvement du cœur que suscite, chez le pécheur, le pardon obtenu que je les ai gardés. Converti moi-même, puis je faire autrement ?
Ce qui me fascine, ce n'est pas tant la manifestation publique de reconnaissance de la pécheresse pardonnée, mais c'est, plus particulièrement, le temps de désarroi que traverse l'âme convertie - pardonnée et convertie. En effet, cette âme rencontre cette étrange difficulté : de trouver comment manifester au Seigneur sa reconnaissance. En cette matière, je ne croix pas qu'il y ait deux manifestations de reconnaissance qui soient identiques...
Le pécheur pardonné est saisi, selon sa nature intime, d'un besoin irrépressible de manifester au Seigneur le soulagement qu'il a ressenti, sa reconnaissance, son désir de devenir une autre personne, de commencer une autre vie, quitte à tout abandonner.
Cependant, sur ce point précis, le Seigneur ne donne pas d'indications précises. Dans la plupart des cas, c'est au pécheur pardonné de chercher, de choisir ou de découvrir le chemin de grâce qui lui correspond le mieux.
L'ancienne prostituée a sacrifié ses parfums et sa fausse assurance de "fille de joie", de "femme facile" (et autres qualificatifs faciles choisis par les hommes qui ont autant péché qu'elles mêmes...). Bref, elle a capitulé toute fierté devant le pharisien, l'homme de la loi et de la justice. C'est qu'elle a rencontré ce qui est supérieur, et qui s'appelle aussi : la miséricorde divine. Saint Paul, quant à lui, est parti au désert, ce milieu de nulle part, où l'on est face à soi-même mais devant Dieu.
Saint Paul témoigne ici qu'il ne mérite certainement pas le nom d'apôtre. Mais de bout en bout, jusqu'au témoignage ultime qu'est le martyre, il fera tout pour rendre compte du Salut en Jésus-Christ. Et toute l'éloquence qu'on lui reconnaît provient de ce besoin de témoigner, de bout en bout, du pardon obtenu.
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