Sujet: Nul ne peut servir deux maîtres Mar 6 Mar 2018 - 9:39
Livre de Daniel 3,25.34-43. En ces jours-là, Azarias, debout, priait au milieu du feu, ouvrant la bouche, il dit : À cause de ton nom, ne nous livre pas pour toujours et ne romps pas ton alliance. Ne nous retire pas ta miséricorde, à cause d’Abraham, ton ami, d’Isaac, et d’Israël que tu as consacré. Tu as dit que tu rendrais leur descendance aussi nombreuse que les astres du ciel, que le sable au rivage des mers. Or nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples, humiliés aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés. Il n’est plus, en ce temps, ni prince ni chef ni prophète, plus d’holocauste ni de sacrifice, plus d’oblation ni d’offrande d’encens, plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde. Mais, avec nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-nous, comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers. Que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, car il n’est pas de honte pour qui espère en toi. Et maintenant, de tout cœur, nous te suivons, nous te craignons et nous cherchons ta face. Ne nous laisse pas dans la honte, agis envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde. Délivre-nous en renouvelant tes merveilles, glorifie ton nom, Seigneur.
Psaume 25(24),4-5ab.6-7bc.8-9. Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Dans ton amour, ne m'oublie pas. en raison de ta bonté, Seigneur.
Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,21-35. En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Azarias est dans la tourmente avec ses frères, l'image est forte, car ils subissent un tourment dont ils ne devraient pas sortir vivants. Mais soumis avec ses frères à l'épreuve du feu, ils continuent d'invoquer le Seigneur, ils ne protestent pas, ils ne récriminent pas contre Dieu qui n'est pas intervenu au moment où ils ont été introduits dans la fournaise. Au contraire, ils vont continuer d'invoquer Dieu en s'offrant eux-mêmes aux flammes qui doivent les consumer. Une telle foi, en une telle détresse - acceptée sans réserve - ne peut que toucher le Seigneur et exciter en Lui sa miséricorde. Nous qui vivons en ce temps où les tous les progrès de l'informatisation aboutissent à priver de travail et de revenus un très grands nombres de personnes - et parmi les plus jeunes, nous ferions bien de cesser de nous lamenter pour "commencer-de-nouveau" à nous en remettre à la bienveillance de notre père dans les Cieux. Ce matin-même, notre prêtre s'est inspiré du fait qu'arrivant aux caisses d'un supermarché, il a découvert qu'il devait "scanner" de lui-même ses achats et effecteur le paiement électronique. Une toute jeune caissière va de nouveau se retrouver en chômage pour la troisième fois en cinq ans ... N'est-elle pas, elle aussi, sacrifiée à des dieux païens ?
Tôt ou tard, la justice passe. D'abord la miséricorde, ensuite la justice. Que choisirons-nous donc: la miséricorde ou la justice ? Sommes-nous bien placés pour devenir le juge de notre prochain ? Tel homme a commis un vol et sort à peine de prison : il a payé sa dette à la société. Il peut recommencer sa vie - mais qui lui donnera cette chance ? Quel patron lui confiera la caisse de son magasin et lui confiera les clés qui ouvrent les portes ?
Dans le cas exposé par Jésus dans la parabole, le roi remet volontiers une dette très importante à l'un de ses sujets. Certes, celui-ci l'aura remercié vivement, mais est-il sincère? Ne se dit-il pas, comme beaucoup d'homme d'argent: "Ce roi est vraiment un naïf parmi tous ? Mais quant à moi, je vais, de ce pas, régler mes comptes !" ¨La conclusion, en ce temps de carême, est évidente. Nous savons bien que nous sommes aimés par le Seigneur. Des fautes, il nous en a pardonné beaucoup - mais nous: à qui avons nous pardonné et pardonner du fond du cœur ?
Dans certains cas, il est difficile - voire impossible - de rétablir la pleine confiance ! L'an dernier, une jeune inspectrice du fisc a voulu me faire"cracher" plus de dix mille euros lors de ma de ma déclaration fiscale - ce montant absurde a été annulé après réclamation et réévalué à trois cents euros... Ce fut pour moi un signe: j'ai cessé mon activité de bouquiniste en octobre de l'année écoulée. - Cependant, mes nerfs en ont pâti lourdement et je suis fragilisé. Avec de la patience, je redeviendrai comme je fus: joyeux du fond du cœur. Mais je ne peux certes pas me tourner, à mon tour, vers celles et ceux qui me doivent quelques prêts que j'ai pu faire - table rase de tous des calculs !