Incompréhension sur l'Evangile de Jean

En relisant l'Evangile de Jean je suis retombé sur des passages que je ne comprends. Individuellement, je saisis tout à fait leur sens, mais pour moi ils sont en complète contradiction. Ainsi :

5.22
Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils,
5.23
afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé.
5.24
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
5.25
En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront.
5.26
Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même.
5.27
Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est Fils de l'homme.
5.28
Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront.
5.29
Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement.
5.30
Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
5.31
Si c'est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai.
5.32
Il y en a un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu'il rend de moi est vrai.
5.33
Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.
5.34
Pour moi ce n'est pas d'un homme que je reçois le témoignage; mais je dis ceci, afin que vous soyez sauvés.



5.45
Ne pensez pas que moi je vous accuserai devant le Père; celui qui vous accuse, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.
5.46
Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu'il a écrit de moi.
5.47
Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles?



8.12
Jésus leur parla de nouveau, et dit: Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
8.13
Là-dessus, les pharisiens lui dirent: Tu rends témoignage de toi-même; ton témoignage n'est pas vrai.
8.14
Jésus leur répondit: Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d'où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez d'où je viens ni où je vais.
8.15
Vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne.
8.16
Et si je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul; mais le Père qui m'a envoyé est avec moi.
8.17
Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai;
8.18
je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend témoignage de moi.
8.19
Ils lui dirent donc: Où est ton Père? Jésus répondit: Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.
8.20

Tout d'abord Jésus dit qu'il vient juger, puis qu'ensuite ce sera à Moïse de le faire. Dans un autre passage du même Evangile (pas retrouvé), il dit qu'il doit mourir pour qu'un autre vienne juger. Et à un autre moment (là encore pas retrouvé), il dit "moi, je ne juge personne". Bref, je n'y comprends plus rien. Doit-il oui ou non juger et pourquoi de telles contradictions.

Les passages qui me gènent le plus sont ceux liés au témoignage de lui-même. On a soudaint l'impression que son ego enfle. En effet, il dit tout d'abord qu'il ne peut rendre témoignage de lui-même, mais ensuite il se contredit en le faisant. Là encore, je ne comprends pas la contradiction.

J'espère que ma demande ne choqura personne. Je rappelerais juste que je ne suis pas Chrétien, mais uniquement déiste et que, pour l'heure, je vois Jésus comme un maître d'éthique, mais les contradictions relevées ici me choquent.

Bonjour Etrigan,

J'ose une pauvre réponse à ces textes qui pourraient faire l'objet d'une multitude de pages de méditation si on s'y arrête sérieusement... je ne prétends pas répondre en un seul post. Toute cette question du jugement (remis au Fils par le Père et dont le Fils dit : je ne suis pas venu pour juger mais pour sauver : qu'est-ce à dire ?) prendrait des livres d'exégèse ! Le père Joseph-Marie de notre communauté nous a parlé de ces quelques versets et son exposé a dû durer au moins 2 heures.

Ce qu'il faut savoir a priori pour méditer la Bible est que les apparentes contradictions (ou paradoxes) n'en sont pas. Seulement, elles ont une portée profonde à découvrir...

Citation :

Tout d'abord Jésus dit qu'il vient juger, puis qu'ensuite ce sera à Moïse de le faire.

Jésus parle à des interlocuteurs particuliers, à savoir un groupe de pharisiens. Il dit ailleurs à ses disciples (également dans l'Évangile de Jean) qu'il n'est pas venu pour juger mais pour sauver le monde. Il faut savoir que lorsque Jésus s'adresse à tel ou tel groupe, il "adapte" son langage pour que chacun puisse le comprendre. Hélas, Jésus se butte sans cesse à des incompréhensions de la part de personnages de mauvaise foi. Si Jésus n'est pas venu pour juger et que le Père lui a remis tout jugement, qui juge alors ? La question est grandiose : c'est en méditant tout cela (en Église) que nous arrivons à la conclusion que finalement : Jésus ne juge pas, le Père non plus ! Qui juge qui ? Nous sommes effectivement dans le plus long procès de l'humanité ! Qui est condamné sur la Croix ? C'est le Christ qui est jugé, condamné et mis à mort. Le jugement est tombé : coupable. Mais alors...qu'adviendra-t-il de ceux qui mettent à mort le "coupable" lorsque, au matin de Pâques, le Père ressuscite le Fils dans la force de l'Esprit Saint et qu'Il atteste que sa Parole était Vérité et Vie ? Ils seront affranchis... le grand jugement final (que l'on affirme dans le Credo : d'où il viendra juger les vivants et les morts) résidera donc dans la façon de nous situer devant cette parole-événement de la mort/résurrection du Christ. C'est nous qui avons la possibilité de nous condamner nous-mêmes en refusant le don (le Par-don) qui nous est offert à la Croix.

Pour ce qui est du jugement de Moïse : le Seigneur leur rappelle simplement, eux qui sont sensés croire à la Loi de Moïse, qu'ils seront jugés par la seule loi de Moïse (càd, la Loi de l'AT...en laquelle ils sont supposés croire et qu'ils sont supposés appliquer). C'est une façon de leur dire qu'ils sont si pervertis dans leur religiosité hypocrite qu'ils ne reconnaîtront même pas celui en qui ils croient avoir mis leur confiance et espérance. Ils sont tellement décalés par rapport à ce qu'ils croient (la Loi qui est bonne et est un pédagogue) et leurs oeuvres qui sont mauvaises, qu'ils ne supporteront même pas le regard de Moïse qu'ils vénèrent comme leur père.

Citation :

Dans un autre passage du même Evangile (pas retrouvé), il dit qu'il doit mourir pour qu'un autre vienne juger.

Il faudrait le retouver pour que nous puissions le mastiquer un peu... je ne vois pas bien. Je pense à l'envoi du Paraclet qui ne viendra pas pour juger mais pour rendre témoignage (ce qui est tout à fait son rôle: il est le "spot lumineux" qui éclaire Jésus).

Citation :

Et à un autre moment (là encore pas retrouvé), il dit "moi, je ne juge personne". Bref, je n'y comprends plus rien. Doit-il oui ou non juger et pourquoi de telles contradictions.

Voir réponse plus haut...

Citation :

Les passages qui me gènent le plus sont ceux liés au témoignage de lui-même. On a soudaint l'impression que son ego enfle.

Jésus n'a pas d'ego...il est parfaitement humble. Mais comment faire comprendre à ces hommes "religieux" endurcis qu'Il est Dieu tout en restant humble mais en voulant leur révéler qui Il est pour qu'ils soient sauvés ?

Citation :

En effet, il dit tout d'abord qu'il ne peut rendre témoignage de lui-même, mais ensuite il se contredit en le faisant. Là encore, je ne comprends pas la contradiction.

Il n'y a pas de contradiction : Jésus s'adresse à des interlocuteurs différents dans des situations différentes. J'imagine Jésus, dans la première situation, alors qu'il désire rester humble, affirmer qu'Il ne peut rendre témoignage de Lui-même, et voilà qu'Il espère qu'ils comprendront qu'Il fait "un" avec le Père. Puis, je l'imagine par la suite, devant un groupe différent, exaspéré de voir qu'ils sont fermés à recevoir sa Parole, qu'Il ait à dire que le Père et Lui témoignent pour Lui. En fait : le Père rend témoignage au Fils - "celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le" et le Fils rend témoignage au Père - "il est l'icone du Dieu invisible" nous dit saint Paul - et l'Esprit Saint rend témoignage au Père et au Fils dans une spiration éternelle. Tout ceci est une longue pédagogie divine et patiente de la part de Jésus : Il en dit un peu, puis en révèle encore un peu dans l'espérance que ses détracteurs ouvriront l'oreille de leur coeur qui est sourde et lente à comprendre.

Citation :

J'espère que ma demande ne choqura personne.

Pas du tout !

Citation :

Je rappelerais juste que je ne suis pas Chrétien, mais uniquement déiste et que, pour l'heure, je vois Jésus comme un maître d'éthique, mais les contradictions relevées ici me choquent.

Ne sois pas choqué...tout s'explique. Mais l'idéal serait que tu puisses entendre cet enseignement du père Joseph-Marie concernant cette question que j'ai bien du mal à transcrire en mes propres mots...parce que je t'assure que c'est un gros os à gruger !

Si quelqu'un veut bien venir compléter... la réponse pourrait être construite en mettant chacun notre petite pierre.

Fraternellement,
Hélène

Merci d'apporter ton point de vue Hélèné

Je vais relire le texte à la lumière de tes propos, mais j'avoue ne pas être tout à fait convaincu pour le moment. En l'état, il m'apparaît qu'un être parfait comme Jésus ne devrait pas se contredire. Et ces contradictions, je les envisage peut-être aussi comme dues à plusieurs intervenants sur l'Evangile de Jean (j'imagine que tout le monde sait ici que le signataire e l'Evangile est souvent un prête nom pour une communauté de disciple ?).