Folle de Dieu

Je suis aussi tombée par hasard sur l'émission hier soir et je reconnais la même sauce dans laquelle baigne le film... Marie Tifo affirme être en paix mais cela ne veut pas dire qu'elle a rencontré la Paix du Christ qui n'est pas la paix selon le monde (elle parle plutôt d'une sérénité dans le sens new âge). J'ai toujours le même malaise à regarder des extraits et les entendre parler d'une mystique chrétienne qu'ils ont transformé en folle-mystico-gélatineuse-féministe gna gnan...

De plus, elles (Lorraine Pintal et Marie Tifo) continuent à promouvoir l'erreur en ce qui concerne son fils car les extraits qu'elles utilisent sont pigés dans des romans fictifs et non sur des faits historiquement véridiques. C'est de prendre le romantisme et le fantasme pour en faire des vérités... c'est très agaçant. Mais c'est typique de nos jours de prétendre révéler des choses secrètes à partir de fictions et de fantasmes. On ré-invente l'histoire à partir de ses sens... au diable l'honnêteté intellectuelle et la vérité historique.

Fraternellement,
Hélène

C'es étonnant, car à la paroisse Notre Dame des Neiges, sur Côte des Neiges, il y a une affiche de cette représentation. Marie Tifo allait passer dans je ne sais plus quelle paroisse,avec cette histoire. Si elle n'est pas fidèle à la réalité historique,pourquoi est-elle invitée dans un cadre religieux?

si les prêtres eux-mêmes se rebellent, à qui va t-on faire confiance?? c'est pathétique.

Citation :

Voilà ce qui arrive lorsqu'un non-croyant traite d'un sujet religieux (il s'agit du mari de Michaelle Jean, la gouverneur générale). Le risque d'incompréhension des écrits est très grands. Cet amalgame malheureux vient du langage mystique qu'emploie Marie de l'Incarnation dans ses écrits, qui sont très lyriques et poétiques. Elle doit être lu avec beaucoup de prudence et de la part de ceux qui connaissent ces expériences mystiques ou du moins qui avancent dans les voies spirituelles. Elle parle de feu, d'être consumée, de suavité de la blessure d'amour comme un feu, etc. C'est carrément le langage de Jean de la Croix et/ou d'Elizabeth de la Trinité. Lorsqu'elle parle de se jeter dans le feu, ça n'a rien à voir avec une conception matériel mais il s'agit d'un état spirituel... ce que l'auteur du film, ni les acteurs n'ont compris

C'est ce qu'on appele un tres mauvais réalisateur de film......Meme pour le film l'Exorciste,le réalisateur avait engagé un exorciste jésuite pour l'éclairer......Dieu sait qu'il aurait été facile d'engager un pere Carme ou un théologien spécialisé en théologie mystique......Mais ce réalisateur fait partie de la clique du partie Québécois,séparatiste,syndicaliste et anticléricaux..........

Qu'el était l'objectif réel du réalisateur?........

Triste de voir cette grande sainte ,fondatrice de notre pays, traitée comme une délirante sans coeur(situation de son fils)...

Aurait il été possible de faire un tel film sur le fondateur de l'Islam????

Hum, je ne suis pas certain qu'il faut se fâcher si fort à propos de ce film ou de la pièce (que je n'ai pas vue et dont l'auteur est différent de celui du film). J'ai vu le film à sa sortie l'an passé durant le festival de Montréal, et c'est sûr que des choses m'ont fait tiquer, mais je crois que ce n'est pas du tout le projet de Lafond d'attaquer la figure de Marie de l'Incarnation. Ce n'est pas du tout ainsi que je l'ai perçu. Au contraire, après la projection, le cinéaste avait dit quelques mots à l'assistance et avait souligné qu'il trouvait injuste et malsain pour la mémoire collective d'occulter un personnage pareil. Maintenant, c'est sûr que n'étant pas lui-même chrétien, il lui manque des clés pour comprendre Marie Guyart. Même chose pour Marie Tifo. Tenant compte des mentalités actuelles et de l'hostilité viscérale d'une partie de notre population à l'endroit de notre passé catholique au Québec, je trouve ça déjà beau, même si ce n'est pas assez, qu'un intellectuel et une artiste osent ressortir de l'oubli public une telle figure, même s'ils la comprennent de travers et qu'elle ne les a pas convertis. Le consensus ambiant, dont je peux lire l'expression sur d'autres forums, serait plutôt d'effacer à tout jamais la mémoire de ''folles'' pareilles dont l'existence même fait honte à plusieurs de nos contemporains, comme si c'était une tache sur notre histoire... Faut partir de là selon moi.

En ce qui concerne le fils de Marie Guyart, l'erreur dont Hélène parle est assez communément répandue. Il y a 30 ans de cela, Radio-Canada avait projeté une dramatique mettant en vedette Marie de l'Incarnation (avec Louise Deschâtelets dans le rôle) et c'était une version de l'histoire assez didactique mais aussi très favorable (on était à la veille de sa béatification) et cependant, il y avait une scène oû on voyait le jeune garçon agrippé aux grilles du couvent et hurlant qu'on lui rende sa mère. Alors....

Citation :

Ce n'est pas du tout ainsi que je l'ai perçu. Au contraire, après la projection, le cinéaste avait dit quelques mots à l'assistance et avait souligné qu'il trouvait injuste et malsain pour la mémoire collective d'occulter un personnage pareil.

Vous avez peut etre raison Tardivel mais avouez que de faire un tel film sans demandez l'aide d'un spécialiste de la vie mystique ;ca fait junior pas mal.....

Un grand Réalisateur n'aurait jamais fait cette erreur majeure......c'est bien beau explorer la créativité artistique (selon sa vision) mais un personnage de l'ampleur de Marie de l'incarnation méritait mieux....

Lafond est-il un grand cineaste, justement? Je le vois comme un essayiste avec une camera, meme pas comme un vrai documentariste, ceci dit sans vouloir ainsi le diminuer. Ce qu'il apporte, c'est sa curiosite et ses opinions, essentiellement. Je crois que c'est pareil avec ses autres films, peu connus du grand public au demeurant.

Les nuances que je fais sont pour les croyants. Pour les incroyants, c'est déjà beau de les conduire à s'interroger peut-être un peu. On ne parle pas ici d'un cours donné à des enfants d'école, mais de susciter la réflexion chez un public adulte qui juge en général que la spiritualité catholique est tout simplement dérisoire et que notre histoire religieuse est globalement condamnable. Je me trompe peut-être, mais j'ai tendance à croire qu'on ne sait pas ce qui peut résulter chez quelques uns de cette réflexion suscitée par une présentation en effet déficiente, mais qui n'est pas hostile.

En guise d'illustration de mon propos:

(...) Captiver une salle pendant 90 minutes en disant et en jouant les lettres d'une religieuse vivant en Nouvelle-France au XVIIe siècle n'est pas un défi banal. Surtout dans un Québec qui a déserté ses églises. L'actrice y parvient pourtant à force de finesse, d'intensité dramatique et d'envolées mystiques d'une troublante sensualité.

La déraison d'amour convie d'abord le spectateur à une célébration de la parole. (...) Dans ses écrits, Marie de l'Incarnation se livre en effet sans retenue. Elle relate d'une plume précise et dramatique tant le tremblement de terre qui a secoué Québec en 1663 que l'incendie qui a dévasté le couvent des Ursulines, n'hésitant pas à révéler le dénuement dans lequel ses soeurs et elle ont été laissées. La part la plus fascinante de ses lettres est celle qu'elle adresse à son fils et dans laquelle elle révèle, avec une franchise renversante, sa vie intérieure: ses idées sur l'éducation des jeunes «sauvages» et la relation fusionnelle qu'elle entretient avec son amant divin.

Les passages où elle raconte les appels pressants de son Dieu, son désir de se donner à lui et leurs rencontres presque charnelles figurent parmi les plus forts de ce cérémonial théâtral. Marie Tifo les aborde de manière très physique, pleine de passion, mais aussi avec une certaine retenue. Elle joue sur la ligne entre la suggestion et la représentation pure et simple. Son corps est visiblement possédé, mais elle n'est jamais totalement offerte.

À deux ou trois reprises dans les extraits choisis, Marie de l'Incarnation, qui va jusqu'à parler de «pénétrations», se sent obligée de rappeler qu'elle ne parle pas de son corps, mais de son âme. Cette «folle de Dieu» était peut-être exaltée, mais elle n'était certainement pas folle, justement. Elle se savait probablement sur la ligne qui sépare l'acceptable du péché. Elle savait où s'arrêter. Marie Tifo (et la chorégraphe Jocelyne Montpetit) aussi.

Cet équilibre délicat est partagé par tous les autres créateurs. (...) Le reste de la mise en scène de Lorraine Pintal est à l'avenant: d'une beauté juste, mais sans ostentation, comme si chacun des artisans ménageait ses effets pour servir quelque chose de plus grand.

L'attrait et l'envoûtement exercés par La déraison d'amour est semblable à ceux de la musique religieuse: on peut succomber à ses qualités esthétiques, sans adhérer au propos. La recherche de la grâce a ses raisons que la raison n'est pas forcée d'admettre.

http://www.cyberpresse.ca/arts/spectacles/theatre/200906/03/01-862732-la-deraison-damour-le-formidable-solo-de-marie-tifo.php