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 Les artistes du Québec grognent

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Hélène
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Hélène



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MessageSujet: Les artistes du Québec grognent   Les artistes du Québec grognent Icon_minitimeSam 20 Sep 2008 - 17:26

Citation :
Lettre ouverte au premier ministre Stephen Harper - Une attaque au coeur de notre identité

Nous, citoyens et représentants du milieu culturel montréalais, vivant et oeuvrant au coeur de la plus grande métropole francophone d'Amérique du Nord, nous opposons conjointement et solidairement aux coupes sans précédent entreprises par votre gouvernement dans le domaine des arts et de la culture. Ces décisions hypothèquent notamment la formation de notre relève et le rayonnement de notre culture et de nos créateurs.

Le rayonnement international de Montréal est, dans une large mesure, directement tributaire de la vitalité et de la qualité de ses activités culturelles. Le théâtre, les arts visuels et médiatiques, la musique, la littérature, le cinéma, la danse, les arts du cirque et les nouvelles pratiques artistiques font partie intégrante de l'identité montréalaise. Cette identité ne saurait être mise en péril par les décisions de votre gouvernement.

La compétition que se livrent les grandes métropoles du monde ne nous rend que plus fiers de l'extraordinaire activité des artistes et des artisans du milieu culturel montréalais et québécois à l'étranger. Leur travail, mille fois couronné, constitue un avantage formidable pour l'image de Montréal et du Québec aux yeux du monde. C'est pourquoi notre mobilisation trouve finalement son sens dans le rôle stratégique des arts et de la culture pour le rayonnement et la reconnaissance de Montréal.

Décision inexplicable

S'il n'en tient qu'aux principes économiques, il nous apparaît encore plus difficile de nous expliquer la rationalité qui préside à vos décisions, alors que le ministère du Patrimoine canadien est le partenaire d'une étude, publiée ce mois-ci par le Conference Board du Canada, qui évalue la contribution directe du secteur culturel canadien à l'ensemble du produit intérieur brut (PIB) du pays à quelque 46 milliards de dollars -- soit 3,8 % -- en 2007.

À l'échelle locale, la richesse exceptionnelle des manifestations culturelles montréalaises contribue de façon très significative à l'essor économique, au tourisme et à la qualité de vie de la métropole. En plus de créer des milliers d'emplois, les entreprises culturelles stimulent l'économie et garantissent l'attractivité de notre communauté, un atout indéniable à l'heure où Montréal tente d'attirer une main-d'oeuvre hautement spécialisée pour soutenir une économie tournée vers le savoir. Ainsi, en plus de compléter et d'optimiser les investissements déjà consentis par la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et diverses fondations et entreprises privées, les institutions fédérales qui investissent dans les arts et la culture contribuent directement à la compétitivité de la métropole.

Rendez-vous de la culture

Ce constat fait d'ailleurs consensus: le grand Rendez-vous de la culture de novembre 2007, devons-nous le rappeler, a réuni plusieurs centaines de représentants de tous les secteurs de la culture et de l'économie qui se sont donné un objectif commun: celui de faire de Montréal la métropole culturelle du XXIe siècle. Votre gouvernement y était représenté par la ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine, l'honorable Josée Verner, et par le ministre responsable de la région de Montréal, l'honorable Michael Fortier. Force est de constater que les compressions que vous annoncez maintenant sont en contradiction flagrante avec votre appui au plan d'action 2007-2017, issu de ce Rendez-vous.

Ces coupes vont aussi à l'encontre de la reconnaissance essentielle du travail des artistes, des artisans, des gens d'affaires et des organismes culturels et de développement qui oeuvrent pour accroître le rayonnement de Montréal dans le monde et qui devraient bénéficier de votre encouragement. Au bout du compte, vos décisions pénalisent ceux-là même que vous représentez, l'ensemble des citoyennes et des citoyens de tout le pays, qui perdent les moyens qui ont permis d'enrichir constamment notre patrimoine culturel.

Le soutien aux artistes et aux créateurs a maintes fois démontré sa pertinence et ses retombées bénéfiques pour le Canada, pour le Québec et pour Montréal. Votre gouvernement doit donc faire marche arrière pour éviter que ses décisions n'affectent irrémédiablement le développement de Montréal et la réputation du Canada sur la scène internationale.

***

Ont signé ce texte: Simon Brault, Louise Roy, Monique Savoie, Samuel Tétreault, Claude Gosselin, Pierre MacDuff, Denise Robert, Michel G. Desjardins, André Ménard, Walter Boudreau, Marcel Côté, Édouard Lock, Lorraine Pintal, Raymond Legault, Michel Tremblay, Anik Bissonnette, Pierre Lapointe, Marie Chouinard, Marie-Hélène Falcon, Kim Nguyen, Margie Gillis, Serge Giguère, Martin Faucher ainsi que 1186 artistes, créateurs et citoyens ayant signé la lettre hier, lors du grand rassemblement organisé à Montréal.
Source : Le Devoir
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MessageSujet: Re: Les artistes du Québec grognent   Les artistes du Québec grognent Icon_minitimeSam 20 Sep 2008 - 17:30

Cette réponse dans le Devoir de ce matin dans la pensée de Bernanos me semble tout à fait juste...

Citation :
Bernanos contre les industriels de la culture - L'écrivain aurait-il paradé avec les artistes qui ont récemment dénoncé les coupes du gouvernement Harper?
Carl Bergeron - Directeur du journal en ligne L'Intelligence conséquente:

Il n'est pas anecdotique que la prémonition de Georges Bernanos sur la robotisation du monde lui fût révélée par le spectacle de la guerre. La Seconde Guerre mondiale, pour lui - la Seconde Guerre en tant que réitération de la Première Guerre - a été le théâtre de la transition définitive de la civilisation humaine à la civilisation des machines.

Depuis février 2006, Le Devoir propose à des professeurs de philosophie, mais aussi à d'autres auteurs passionnés d'idées, d'histoire des idées, de relever le défi de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un penseur. Cette semaine, un «devoir» au ton pamphlétaire.

Georges Bernanos aurait-il paradé avec les quelque 1200 artistes qui ont récemment protesté contre les coupes du gouvernement Harper dans «l'industrie de la culture»? Aurait-il applaudi à la lettre ouverte que ces artistes ont signée le lendemain dans les pages du Devoir («Une attaque au coeur de notre identité», 28 août), et dont l'argumentaire s'appuyait essentiellement sur des principes économiques?

Rappelons d'abord que Bernanos (1888-1948) était un écrivain et qu'à ce titre, rien ne lui était plus étranger que les parades et les lettres pétitionnaires. Non seulement il n'aurait jamais paradé avec ces orphelins de la subvention, mais il se serait probablement retiré dans une contrée lointaine, seul et oublié de tous, pour se consacrer à la démystification écrite de leur grégarisme intéressé.

C'est du moins ce qu'il fit aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, quelque part au Brésil, en écrivant à l'attention de ses compatriotes La France contre les robots, une réflexion splendide sur la technicisation du monde et des esprits.

La liberté falsifiée par la technique

L'originalité de Bernanos est d'avoir immédiatement perçu, dans le conflit entre les alliés démocratiques et les fascismes, le miroir d'une fascination commune: celle de la technique absolue. Pour Bernanos, déjà aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, il était évident que le problème essentiel posé par la démocratie, la liberté, n'existait plus au regard des impératifs techniciens du monde moderne.

«Les États totalitaires, écrit-il, enfants terribles et trop précoces de la Civilisation des Machines, ont tenté de résoudre ce problème brutalement, d'un seul coup. Les autres nations brûlaient de les imiter, mais leur évolution vers la dictature s'est trouvée un peu ralentie du fait que, contraintes après Munich d'entrer en guerre contre l'hitlérisme et le fascisme, elles ont dû, bon gré mal gré, faire de l'idéal démocratique le principal, ou plus exactement l'unique élément de leur propagande.»

La colère de Bernanos résulte de son sentiment aigu d'être le contemporain de la falsification d'un héritage précieux, millénaire, intouchable: le principe de liberté. «Politiciens, spéculateurs, gangsters, marchands» -- aujourd'hui il faudrait ajouter «artistes» -- se font les apologues d'un système qui implique une extension indéfinie des prérogatives de l'État Moloch sur les individus, au nom d'une croissance économique et matérielle devenue quasi divinatoire.

C'est au nom du caractère sacré de cette mission marchande -- et par un sens de l'intérêt évident -- que les 1200 artistes pétitionnaires se sont collectivement insurgés contre le chef du gouvernement, qu'ils ont d'ailleurs pressé, avec force arguments sur la «rentabilité», de «revenir à la raison» en leur restituant leurs prébendes.

Il fut un temps où les artistes fuyaient d'instinct l'État, parce que leur vocation les appelait à une insurrection permanente de la vie intérieure contre l'uniformité technicienne des bureaucrates, des économistes et des politiciens de tout acabit. Ils étaient les dépositaires de la liberté, les héritiers toujours précaires du génie de l'homme. Que sont-ils devenus aujourd'hui? Les représentants les plus serviles de l'État gestionnaire.

Oh, j'entends bien qu'ils disent s'opposer au pouvoir. Or, jamais ils n'apparaissent plus soumis à l'État que lorsqu'ils prétendent le combattre. Car leur combat, inspiré par l'avidité, se fait sur une question d'argent et non de liberté. Si la liberté revient si souvent dans leur discours, entre deux paragraphes sur la rentabilité de la culture, c'est tout simplement parce que la liberté, de nos jours, est moins un principe exigeant qu'un slogan payant.

L'art du profit

Oui, la falsification de la liberté paie. Quand l'artiste devient interchangeable avec l'homme d'affaires et le politicien, il peut avancer sans honte, comme l'ont fait les artistes pétitionnaires dans leur lettre ouverte: «Le ministère du Patrimoine canadien est le partenaire d'une étude, publiée ce mois-ci par le Conference Board du Canada, qui évalue la contribution directe du secteur culturel canadien à l'ensemble du produit intérieur (PIB) du pays à quelque 46 milliards de dollars -- soit 3,8 % -- en 2007.

«À l'échelle locale, la richesse exceptionnelle des manifestations culturelles montréalaises contribue de façon très significative à l'essor économique, au tourisme et à la qualité de vie de la métropole. En plus de créer des milliers d'emplois, les entreprises culturelles stimulent l'économie et garantissent l'attractivité de notre communauté, un atout indéniable à l'heure où Montréal tente d'attirer une main-d'oeuvre hautement spécialisée pour soutenir une économie tournée vers le savoir.»

Ici, il convient de marquer une pause et de préciser ce qu'entendent par «savoir» nos artistes pétitionnaires. Le fameux savoir qui serait poursuivi à travers le projet d'une «métropole de l'économie du savoir» ne relève aucunement de la connaissance. De même, les «productions culturelles» assemblées sur la chaîne de montage de l'État technicien relèvent moins de l'art que du divertissement.

Le savoir du XXIe siècle est un savoir délivré de la recherche de la vérité humaine, qui ne garde de la science que le souci de l'expertise pratique. C'est pourquoi les artistes signataires, en bons techniciens de la culture, se reconnaissent dans le projet d'une «métropole du savoir».

Ils ont compris que les «savants» de la «métropole du savoir», auxquels l'État a déjà commencé à transférer l'essentiel de ses pouvoirs politiques, ne les démasqueraient jamais pour ce qu'ils sont: des usurpateurs. Au contraire, les «savants» technicisés ne demandent qu'à travailler, aux côtés des «artistes», à l'édification d'un paradis de la technique où ne primerait plus que l'hyperactivité managériale de l'économie dirigée.

Dans un pareil système, les artistes, complètement soumis à l'État technicien, ne servent plus qu'à créer de nouveaux marchés et à distraire le citoyen robotisé de ce qui lui reste d'humanité; ce reste qui le fait souffrir et que personne, les artistes moins que quiconque, n'a la charité de nommer pour lui.

La guerre totale des inconscients

Il n'est pas anecdotique que la prémonition de Bernanos sur la robotisation du monde lui fût révélée par le spectacle de la guerre. La Seconde Guerre mondiale, pour Bernanos -- la Seconde Guerre en tant que réitération de la Première Guerre -- a été le théâtre de la transition définitive de la civilisation humaine à la civilisation des machines. D'une lucidité foudroyante, il a vu en la «stabilité de la Paix» («c'est-à-dire le partage des marchés», note-t-il), en le slogan du pacifisme démocratique et commercial, le visage monstrueux que prendrait la guerre dans le monde moderne.

Une guerre totale, où une «réglementation chaque jour plus minutieuse et plus stricte des activités particulières» s'accomplit au nom «d'une espèce de socialisme d'État», qualifiée par cet esprit d'élite de «forme démocratique de la dictature». C'est ainsi que les individus, poussés davantage par l'appât du gain que par le désir de liberté, se détournent de leur asservissement en se livrant tout entiers à la logique technicienne de l'État.

Pour Bernanos, liberté et conscience sont inextricables. Il craint avant tout que le loquet de la conscience, du bon sens et de l'honneur ne soit brisé pour de bon chez l'homme moderne, et que la civilisation des machines n'ait réussi à remodeler l'homme de façon à le rendre fier de sa cupidité, fier de ses pulsions destructrices et de ses chaînes.

En ce sens, l'impudeur du discours gestionnaire des artistes, dans leur lettre ouverte, dépassait l'inconscience pour atteindre l'obscénité pure.

Réduit à sa fonction économique, l'animal humain restera docile et obéissant tant qu'il ne rencontrera pas d'obstacles majeurs dans la poursuite de ses intérêts. Mais en fût-il privé d'une fraction (45 millions de dollars dans le cas des artistes), et le voilà qui se déchaîne, rugissant à l'oreille de son prochain son indifférence de le savoir encore plus nu que lui.

L'inhumanité de la guerre moderne est littérale. La lettre ouverte des artistes pétitionnaires n'était pas adressée au quidam, qui attend dans son coin de payer taxes et impôts, elle était adressée au chef de l'État technicien. Pourquoi? Parce que le chef de l'État technicien, en tant que détenteur des cordons de la bourse, «est le seul détenteur du pouvoir légitime», écrit Bernanos.

L'homme nu

Quant à l'homme seul, à l'homme nu, on le dit encore protégé par la civilisation, par les préceptes de la polis, tout cela parce qu'on permet à ce pauvre diable, chaque quatre ans, de s'exprimer au suffrage universel.

Mais entre deux votes, entre deux visites aux urnes, combien d'occasions durant ces quatre années de dénaturer, par les ruses de la publicité et des sondages, l'essence politique du suffrage universel pour n'en garder que la valeur technicienne du nombre?

L'homme nu ne compte pour rien au paradis de la technique, et son appartenance formelle à la dignité de la citoyenneté ne le rendra pas plus légitime aux yeux des lobbyistes professionnels, dont le but n'est d'avoir aucun autre but que celui de l'intérêt. «Si les chiens raisonnaient, tonne Bernanos, ils ne raisonneraient pas autrement en faveur de celui qui leur donne la niche et la pâtée.»

Les artistes seraient incapables de justifier leur réaction hystérique auprès du plus humble des hommes, qui se débat, lui, avec une détresse qui n'a rien de technique. De toute façon, soutenir le regard d'autrui serait déjà trop humain. En bons guerriers modernes, les artistes pétitionnaires ont plutôt écrit au chef de l'État, qui personnifie l'impersonnalité du système, dans un langage qui, à chaque phrase, exclut un peu plus l'homme et appelle un peu plus la technique.

Les robots de l'État contre la patrie

Dans son essai, Bernanos met en garde le lecteur contre l'amalgame entre État et patrie. L'État, rappelle-t-il, est constitué de techniciens et la patrie, d'hommes charnels: l'homme de la patrie n'est aucunement redevable à l'État lorsque celui-ci, devenu fou et destructeur, ne s'adresse plus à lui qu'en langage technicien.

Or, le plus remarquable dans la lettre ouverte des artistes, c'est justement cette négation appuyée de la patrie, de l'honnête homme enraciné, du souci du prochain, tout cela au nom, semble-t-il, d'un obscur «plan d'action 2007-2017» destiné à faire de Montréal la «métropole culturelle du XXIe siècle».

La lettre ouverte, contresignée par 1200 artistes, est coiffée d'un titre («Une attaque au coeur de notre identité») qui se reporte à un «nous» de caste complètement détaché des préoccupations extérieures. C'est cette identité autistique de «foire d'attractions», dixit Bernanos, que l'État technicien charge les artistes de faire rayonner à l'étranger au sein d'une diplomatie culturelle que l'on dit essentielle. Mais essentielle pour qui?

Certainement pas pour l'homme non technicisé de la patrie. Cet homme seul et besogneux, qui n'a le don ni des mots, ni de la musique, ni du dessin, garde à coup sûr, dans quelque repli de son coeur, le secret d'une prodigieuse déception. On lui a dit toute sa vie que l'énigme humaine nourrissait le projet de l'art? Aujourd'hui, il apprend que les «artistes» se détournent de lui, homme simple et réel, au profit de «l'année du dialogue interculturel proclamée pour 2008 par le Parlement européen».

C'est en effet cet argument grotesque de technocrate, pourtant qualifié de convaincant par Nathalie Petrowski (La Presse, 28 août), qui fut évoqué par l'un des artistes pétitionnaires en faveur des subventions. «Les arts, la culture et les échanges, a-t-il dit sans savoir ce qu'il disait vraiment, sont essentiels au maintien de la paix dans le monde.»

Le maintien de la paix dans le monde, c'est-à-dire le maintien des marchés et de l'oubli de l'homme.

***

Vous avez un commentaire, des suggestions? Écrivez à Antoine Robitaille: arobitaille@ledevoir.com..
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MessageSujet: Re: Les artistes du Québec grognent   Les artistes du Québec grognent Icon_minitimeLun 29 Sep 2008 - 19:57

Citation :
Le bon sens en péril
André Pratte
La Presse

Si l'on en croit les artistes, la culture québécoise est «en péril». La situation est grave à ce point qu'il faut multiplier les manifestations, les spectacles, les conférences de presse. Au Club Soda mardi soir, Michel Rivard a soutenu qu'«il y a toute une relève qui ne verra pas le jour, il y a des films qui ne se feront pas, il y a des artistes qui vont être muselés».

Avant qu'on en vienne à accuser Stephen Harper d'être la réincarnation de lord Durham, il importe de ramener cette affaire de compressions dans la culture à ses véritables dimensions. Les compressions en question ont été mal gérées. Deux des programmes abolis étaient essentiels à la présence internationale de nos artistes et la ministre responsable aurait dû prévoir des mesures de remplacement avant de mettre la clé dans la porte.

Cela dit, selon la Conférence canadienne des arts, la diminution nette du budget de Patrimoine Canada consacré aux arts et à la culture est de 18 millions. C'est une baisse d'à peine 2% sur un budget de 777 millions. Certes, les programmes Routes commerciales et PromArt étaient précieux et devront être remplacés. Toutefois, la survie de la culture canadienne dépend-elle du maintien du programme Fonds mémoire canadienne (11,6 millions)? Du Programme d'accès des autochtones du Nord à la radiodiffusion (2,1 millions)?

Avant de crier à l'assassinat de notre culture (»Conservatueur de culture», accuse une publicité du NPD), il faut se souvenir que le gouvernement fédéral continue de verser des sommes considérables dans ce secteur. À titre d'exemple:

1,1 milliard pour la Société Radio-Canada;

182 millions au Conseil des arts du Canada (une augmentation de 30 millions; quel artiste en a publiquement remercié le gouvernement Harper?);

40 millions pour les fêtes du 400e anniversaire de Québec, essentiellement consacrés à des activités culturelles (plutôt que de s'en réjouir, des artistes ont dénoncé la «canadianisation» des fêtes);

28 millions pour les festivals;

120 millions pour le Fonds canadien de télévision;

22 millions pour le Fonds de la musique;

65 millions à l'Office national du film;

108 millions à Téléfilm Canada; etc.

Les réaménagements des budgets de Patrimoine Canada ne mettent pas la culture en péril. Ils occasionnent des tracas à certains acteurs de l'industrie culturelle, ce qui n'est pas la même chose. C'est déplorable, des correctifs doivent être apportés. Mais ça ne justifie pas une mobilisation d'une telle ampleur.

La main sur le coeur, les partis de l'opposition ont promis d'annuler ces compressions et d'augmenter considérablement les sommes consacrées au soutien aux arts. Vraiment? Peu importe si certains des programmes abolis ne servent plus de fins utiles? Peu importe la situation financière du gouvernement?

Le ton qu'ont adopté le premier ministre Harper et les artistes laissent penser qu'en réalité, ce n'est pas de soutien à la culture qu'il s'agit. Le premier fait de la démagogie sur le dos des artistes pour plaire à sa clientèle; les seconds font de la démagogie sur le dos d'un gouvernement qui, en plus d'avoir le malheur d'être de droite, menace d'affaiblir le mouvement souverainiste.
Source : cyberpresse.ca
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