l'onction ou le sacrement des malades

la Constitution apostolique "Sacram unctionem infirmorum" du 30 novembre 1972, a établi le rite de l'onction par l'huile alors que le prêtre prononce une seule fois : « Per istam sanctam unctionem et suam piissimam misericordiam adiuvet te Dominus gratia Spiritus Sancti, ut a peccatis liberatum te salvet atque propitius allevet ". (« Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'il vous sauve et vous relève »). On parle aussi de sacrement des malades.

L'onction n'est donc plus le sacrement des malades en danger de mort mais une prière pour le rétablissement des malades graves, avec l'aide du prêtre et des proches du malade. L'onction des malades peut naturellement être répétée (alors que l'extrême-onction était considérée comme un sacrement unique — comme le mariage - quoiqu'il pouvait être répété dans le cas où la personne, guérie, se trouvait de nouveau en danger de mort du fait d'une autre maladie ou accident).

Je me demande si ce sacrement se pratique toujours actuellement compte tenu du nombre de plus en plus restreint de prêtres et du surmenage de ceux toujours en activité ?

Dans mon enfance passée dans un petit village de Bretagne, on entendait parfois dans la rue marcher un prêtre revêtu d'un surplis sur sa soutane et suivi d'un enfant de choeur faisant tinter une clochette, se rendant chez un mourant pour lui donner l'extrême-onction. Cela fait des lustres que je ne vois plus un tel "attelage".

Il parait que la majorité des gens meurent, maintenant, à l'hôpital et non plus à leur domicile, ce qui pourrait peut être expliquer que cette pratique soit tombée en désuétude. Je ne sais. Mais, j'aurais plutôt tendance à penser que cela n'existe plus, tout du moins sous cette forme viellotte.

Oui, le Sacrement des Malades existe toujours et est encore reçu par des milliers de personnes chaque année en France. Il est vrai que l'on ne voit plus comme dans votre enfance de prêtres en soutane et surplis avec enfant de choeur qui vont chez les mourants.

Désormais, l'Onction des Malades est souvent conférée à des groupes de personnes âgées, dans le cadre de la paroisse ou bien de l'aumônerie d'un hôpital. Ma grand-mère, qui a 88 ans, l'a déjà reçue plusieurs fois, afin d'être soutenue par l'Esprit Saint face à ses infirmités. Elle n'a pas attendu d'être gravement malade, mais a demandé ce sacrement alors qu'elle se sentait diminuée physiquement.

Je crois qu'il y a aussi beaucoup de personnes qui reçoivent l'Onction à Lourdes.
Les formes de réceptions évoluent, mais ce Sacrement n'a pas disparu, même dans notre France laïque et matérialiste !

Ma grand-mère a reçu l'onction des malades en 2008 lorsque sa maladie a pris le dessus sur elle, elle savait que c'était la fin. Elle l'avait demandé elle-même au prêtre, il en a été très touché. On a fait une petite cérémonie à l'hôpital, juste avec la famille très proche (enfants / petits-enfants), il manquait l'une de ses filles qui est athée et qui vivait trop loin.

Je garde un souvenir très particulier de cette cérémonie car le prêtre nous avait raconté l'avoir reçue étant enfant et que finalement il était toujours là tant d'années plus tard et qu'il lui souhaitait la même chose. Pour moi qui refusait de voir partir ma grand-mère, ça a été une bouffée d'espoir, malgré le maigre sourire qu'elle lui avait adressé d'un air entendu...

Ce n'était pas le prêtre de l'hôpital, mais un prêtre "retraité" (mais il célébrait toujours la messe, on manque de remplaçants en zone rurale) vivant sur notre paroisse, dans la rue de ma grand-mère, et qui la connaissait bien, c'est d'ailleurs lui qui a célébré l'enterrement quelques semaines plus tard.

Pour le prêtre en soutane dans la rue avec son enfant de choeur, je n'ai jamais vu ça, même dans mon petit village de Bretagne Déjà il n'y a plus d'enfants de choeurs, et les prêtres se déplacent en voiture vu qu'ils sont sur plusieurs villages.

En tout cas ma grand-mère y tenait, et dans les douleurs qu'elle a eu à supporté je crois que ça lui a apporté un peu de sérénité.

Ce Sacrement est toujours pratiqué comme tous les autres Sacrements d'ailleurs autant à ma paroisse locale au Québec qu'en retraite de guérison intérieure en France. J'ai reçu ce Sacrement lors d'une retraite.

Nous sommes tous un peu des malades... ne serait-ce que par notre sclérose du coeur...

Hélène a écrit:

Nous sommes tous un peu des malades... ne serait-ce que par notre sclérose du coeur...

Que c'est joliment dit !

Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais j'ai l'impression que l'extrème-onction est beaucoup mois pratiquée que par le passé.

Ai-je tort ai-je raison ? Cette impression ne serait-elle pas liée à le laïcisation galopante de la société française ? Au fait que la mort s'est banalisée ? Au fait qu'il y a de moins en moins de prêtres qui ne vont pour ainsi dire jamais plus au domicile de leurs paroissiens ?

levergero a écrit:

Au fait que la mort s'est banalisée ?

Je ne comprend pas votre phrase. Avez-vous l'impression que la mort est de plus en plus présente ? J'ai l'impression inverse, elle est cachée maintenant, on ne meurt plus chez soi, les morts sont bien moins souvent veillés à domicile que dans des locaux des pompes funèbres... La mort prend ses quartiers, à l'écart de la vie.

Pour le sacrement des malades, je ne sais pas s'il est moins pratiqué. Il est certain que les prêtres n'ont plus le temps de faire le tour des domiciles de leurs paroissiens... Quoiqu'ils sont moins nombreux aussi les paroissiens

Peut-être y a-t-il des statistiques de disponibles dans les diocèses ? Essayez de demander si vous voulez être fixé.

levergero a écrit:

Je ne pourrais pas dire pourquoi, mais j'ai l'impression que l'extrème-onction est beaucoup mois pratiquée que par le passé.

Ai-je tort ai-je raison ? Cette impression ne serait-elle pas liée à le laïcisation galopante de la société française ? Au fait que la mort s'est banalisée ? Au fait qu'il y a de moins en moins de prêtres qui ne vont pour ainsi dire jamais plus au domicile de leurs paroissiens ?

Comme je vous l'écrivais + haut, le Sacrement des Malades est toujours offert. Il y a des milliers de personnes qui le reçoivent chaque année (et certains peuvent le recevoir plusieurs fois, puisqu'il peut être conféré comme soutien dans la maladie, pas seulement juste avant la mort). Vous pouvez avoir une impression parce que vous en voyez moins qu'il y a 60 ans, mais dans les paroisses, les aumôneries d'hôpitaux, etc, les prêtres offrent toujours ce Sacrement.
Les gens qui pratiquent régulièrement le demandent toujours, même si les formes évoluent (il y a davantage de célébrations communautaires et moins de visites au moment du "passage"). Comme l'écrit justement Séverine, la mort est maintenant mise à l'écart de la vie, à l'hôpital bien + que dans les maisons.

Par ailleurs, on peut aussi se dire que les Baptêmes, la Réconciliation, la Confirmation, le Mariage Catholique, l'Ordre et même la réception de la Communion sont également en baisse au niveau statistique en France. Donc ce n'est pas lié à un refus de ce sacrement en particulier, mais au fait qu'il y a moins de croyants aujourd'hui qu'à d'autres époques.

Concernant les prêtres, je peux vous dire qu'ils vont régulièrement chez des paroissiens, quand ceux-ci les invitent. Mes parents reçoivent -depuis que je suis petit- les prêtres des paroisses qu'ils fréquentent et ils sont loin d'être les seuls.

En même temps, c'est toujours le même problème : Demandez et vous recevrez... Si personne ne demande ce sacrement, les statistiques baissent !

Citation :

Nous sommes tous un peu des malades... ne serait-ce que par notre sclérose du coeur...

Je l'ai déjà reçu et je le recevrai encore, c'est certain. Pour les raisons invoquées par Hélène, comme pour des raisons plus liées à l'épuisement du corps, et à des manifestations pas très "cool" de cette surchauffe (j'ai une vie un peu dingue).

Et quelle bénédiction, quel soulagement!

A propos du Sacrement des Malades je souhaiterai poser une question; je ne sais pas quelle est la situation des vocations sacerdotales au Canada mais dans notre belle France elles sont pliutôt en baisse. Alors je m'interroge. :
Pourquoi le diacre ne peut-il pas administrer ce sacrement ? Je pense particulièrement aux malades dans les hopitaux, maisons de retraite ou chez eux. Les prêtres sont très,occupés et ne peuvent pas toujours répondre "présent". Un prêtre présent sur le forum pourrait-il en expliquer la raison ? Et estt-ce que le Pape pourrait envisager que le diacre puisse le faire ? Merci beaucoup.

Je comprend vous souci d'efficacité, et si je ne suis pas prêtre, permettez moi de tenter une réponse.

Lors de l'ordination du prêtre, ses mains reçoivent l'onction, en plus de la validation de son rôle de vecteur, de transmetteur des sacrements. En d'autres termes, il reçoit du monde invisible, représenté par la hiérarchie ecclésiastique l'autorisation de mobiliser ic bas, des forces faisant écho "là bas", de l'autre coté, dans le monde spirituel. Cette autorisation lui est aussi donnée par le monde visible, via son corps, les onctions et la présence face à lui d'un humain consacré lui aussi qui le désigne comme prêtre.

A mon sens, tout cela manque au diacre, et l'autorisation de pratiquer des rituels n'est pas une donnée négociable : la notion d'efficacité au sens quantitatif terrestre ne correspond à rien, du coté spirituel.

Mais bon, c'est une interprétation très personnelle, et si un prêtre pouvait en effet nous éclairer, je serais preneur!

Amitiés, in Christo,


Damien