la France deviendrait-elle une terre de mission ?

En manque de prêtres, l'Eglise recrute au Congo, au Burkina Faso...

La messe du soir est annulée,trop de grippés et d'absents. Alors le curé a été prévenu de ne pas se déplacer. En semaine d'ordinaire, quatre ou cinq personnes se serrent dans le choeur. C'est peu, mais Mr le curé fait la route pour eux. Ouvre l'église du village, non chauffée, grelotte une petite heure avec ses paroissiens, prend des nouvelles des uns et des autres et repart content.

Depuis qu'il a pris ses fonctions il y a deux ans le père Albert avale chaque mois ses 2 à 3000 Kms. Ici, je gagne mon ciel, dit-il en riant. Ici en Bourgogne rurale 17 clochers pour un seul curé. Dans les villages qu'il traverse, on se retourne sur le père au volant : seul noir à des kilomètres à la ronde : Albert Zoungrana est burkinabé, ordonné prêtre en Côte d'Ivoire il y a 19 ans et aujourd'hui curé dans cette France profonde...

Incroyable. Depuis quelques années, c'est à lui et à ses semblables du Congo, du Rwanda, du Togo, du Vietnam ou de la Corée, que l'Eglise de France doit de maintenir en vie des diocèses où son propre clergé ne suffit plus. On se refuse à les désigner de prêtres "étrangers" alors on utilise une litote officielle "Prêtres venus d'ailleurs".

Depuis le début des années 2000, on peut parler d'arrivée massive. Tous les diocèses de France en font venir surtout en zone rurale.

A Kinshasa, cette année, il y a eu 13 prêtres ordonnés dans ce pays à 80% catholique. Rien de commun avec l'Eglise de France où la moitié des prêtres a plus de 75 ans et dont les croyants sont de plus en plus rares. Quand au catéchisme le père Albert demande qui veut être prêtre : silence radio ou alors c'est "combien tu gagnes" ?

Pour être francs, les prêtres africains qui exercent dans notre pays disent que s'il y a parfois un peu de xénophobie, elle vient moins des paroissiens que des prêtres français qui leur parlent quelquefois un peu comme à des larbins.

(extrait de l'hebdomadaire Le Point)

Tout cela n'était pas un secret. Cela se sait et se voit dans de nombreux endroits. Dans ma Bretagne natal aussi.

Bon, il est vraisemblable qu'on est mal parti en France et que des prières pour appeler à des vocations ne suffisent pas. Mais quoi faire de concret pour renverser la vapeur ? Perso, je n'en sais bougrement rien.

Ce sujet extrêmement important ne rencontre aucun écho . C'est vraiment bizarre qu'il ne fasse l'objet d'aucun commentaire.

Les cathos seraient-ils indifférents au manque de prêtres issus de notre beau pays la France, ancienne fille aînée de l'Eglise ?

Oui, vraiment bizarre...

... Bien, c'est que cette découverte n'a en fait rien de nouveau. Le livre "France, pays de mission" date de 1943 (oeuvre des abbés Henri Godin et Yvan Daniel, deux aumôniers de la Jeunesse Ouvrière Catholique). Le polémiste Jean-Marie Paupert, dans son livre de souvenirs "Péril en la demeure" (1978), se rappelle avoir entendu dans son enfance, précisément dans les années 40, qu'un jour viendrait où la France recevrait des missionnaires d'outre-mer. C'est annoncé depuis longtemps.

Tardivel a écrit:

... Bien, c'est que cette découverte n'a en fait rien de nouveau. .
C'est annoncé depuis longtemps.

Oui, mais cela ne semble n'avoir aucun effet sur vous ni sur aucun autre foromeur !

Vous trouvez normal que l'ancienne fille aînée de l'Eglise se trouve à, ce point démunie de prêtres qu'elle est obligé d'en importer d'autres pays ?

Qu'est-ce qui se passe donc depuis quelques dizaines d'années pour en être arrivée à ce point ?

Personne ne se pose donc la question ?

Vatican II devait être le printemps de l'Église, on en voit maintenant les résultats.

Au risque de me répéter, ce n'est pas Concile en tant que tel le problème, c'est l'interprétation qu'on en a fait...

Lambic, ce n'est pas que le sujet n'intéresse personne, c'est que cela ne surprend plus. Tous les pays occidentaux sont (re)devenus des terres de mission. Cela ne doit pas nous décourager, au contraire, l'Église est dans une purification et ressemble de plus en plus à son Époux... et à sa jeunesse au temps des premiers chrétiens. Le peu de gens qui y restent sont convaincus autant ou presque que les premiers chrétiens... qui n'étaient que 12 au départ. C'est pour que ce soit la puissance du Seigneur qui se déploie dans ce petit reste que le Seigneur nous donne cette épreuve d'humilité alors que l'Église triomphaliste a été réduite à pas grand chose... mais elle ne mourra jamais puisque le Seigneur nous l'a promis. Le défaitisme n'est pas chrétien...

Et puis quoi qu'il y aient des prêtres venus d'ailleurs, c'est une chance ! La vapeur est renversée. Après avoir envoyé des prêtres dans les pays en voie de développement, ces mêmes pays que nous avons évangélisé doivent à leur tour venir évangéliser nos terres.

Je rends grâce à Dieu pour ces hommes qui viennent témoigner de leur foi devant nous... tièdes et froids chrétiens occidentaux.

Je juge l'arbre à ses fruits Hélène.

Quelqu'un se trompe d'arbre...

Hélène a écrit:

Quelqu'un se trompe d'arbre...

"de fait, on n'attend pas que les idéologues du modernisme se convertissent, on attend qu'il meurrent" (Cardinal Ratzinger)

Je suis patient et j'attends...

On peut avoir la référence de cette citation ?

Merci beaucoup !

Hélène a écrit:

On peut avoir la référence de cette citation ?

Merci beaucoup !

Lors de la conférence du Cardinal Ratzinger lors des Journées liturgiques de Fontgombault en Juillet 2001.

Tous redeviendra normal quand le Grand Monarque regnera en France!
en attendant il faut prier.
Voici sur le GM:
[Pas de publicité pour les sites millénaristes. Merci. | Hélène]

Monachorum a écrit:

Hélène a écrit:

On peut avoir la référence de cette citation ?

Merci beaucoup !

Lors de la conférence du Cardinal Ratzinger lors des Journées liturgiques de Fontgombault en Juillet 2001.

J'ai bien peur que certains ont rajouté des paroles dans la bouche du Cardinal Ratzinger...

Voici la conférence dans son entièreté et rien de cette citation n'y apparaît : http://www.ratzinger.us/modules.php?name=News&file=article&sid=120

Possible en effet, mais il faudrait que je redemande à la personne qui m'a donné cette citation, d'où elle la tire exactement.

Monachorum, comme le dit Hélène, il n'y a pas de lien direct entre Vatican II et la diminution du nombre de prêtres en France.
La chute des vocations sacerdotales avait commencé bien avant 1965 : en gros, à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. On peut aussi dire qu'il y a eu un nombre très élevé d'ordinations à la fin du 19ème siècle (1500/an, dont une partie est partie évangéliser des pays du Sud qui nous envoient maintenant des prêtres :-) ), mais cela n'a pas toujours été le cas : à l'époque du Curé d'Ars, il n'y avait pas de prêtres partout.

Le monde change, pas seulement l'Eglise. Il y a moins de familles nombreuses (qui donnaient + souvent des vocations), moins d'habitants dans les campagnes et beaucoup de jeunes ont peur de s'engager à vie (pas seulement comme prêtres, mais aussi dans le mariage). Les facteurs pouvant expliquer la baisse du nombre de prêtres sont divers et complexes : on ne peut pas tout mettre sur le dos du Concile.

Par contre, on peut se réjouir de nombreux fruits de Vatican II, qui n'existaient pas auparavant :
- des dizaines de milliers de diacres permanents ont été ordonnés, qui servent l'Eglise tout en vivant dans le monde.
- de nombreuses communautés se sont créées depuis les années 1970 (ce qu'on appelle le "Renouveau", la Communauté St Jean, la famille de St Joseph -pour faire plaisir à Hélène...), d'autres se sont rénovées pour être + fidèles à leur charisme fondateur.
- les laïcs sont souvent + conscients de leur rôle, participent activement à la vie de l'Eglise, au sein de leurs paroisses, dans des mouvements et services d'Eglise... Un certain nombre se forment sérieusement et même font des études de théologie !
- nous avons bien avancé vers l'Unité des Chrétiens : alors qu'autrefois, catholiques, protestants et orthodoxes s'ignoraient ou se critiquaient sans cesse, le dialogue initié avec Vatican II s'approfondit. Chaque année, entre le 18 et le 25 janvier, de nombreux chrétiens prient ensemble "pour l'unité que le Christ veut par les moyens qu'Il voudra". Des accords ont été trouvés sur un certain nombre de points théologiques avec les protestants et orthodoxes, les relations se développent entre le Pape et les Patriarches de Constantinople et de Moscou...
- l'Eglise est devenue + universelle : il y a une forte augmentation du nombre de catholiques en Afrique, en Amérique du Sud et dans certaines parties de l'Asie. Dans le Collège des Cardinaux, 66 pays sont maintenant représentés sur tous les continents.

Il faut donc constater que Vatican II a apporté de belles choses à l'Eglise, Monachorum, et ne pas en faire la source de tout ce qui ne va pas. Soyons par ailleurs confiants dans l'avenir, le Seigneur n'abandonnera jamais ceux qui le suivent !

Voici quelques chiffres et dates concernant le nombre d'ordinations en France. Sous Louis XVI, il y a 60 000 prêtres séculiers en France, la révolution ramène ce chiffre à 36 000, dont 40% de sexagénaires et plus en 1820. Il y 918 ordinations en 1815, 2357 en 1830, 1095 en 1845, 1753 en 1868 ; le maximum de clergé séculaire est atteint en 1870 avec 56 000 prêtres. En 80 ans, l'église en France est revenue pratiquement au nombre de prêtres qu'elle comptait avant la révolution ; en 1840, 11% seulement des prêtres ont plus de 60 ans. Alors je suis navré mais on ne peut plus parler d'une crise de vocation à ce niveau la ! (chiffres ici : http://books.google.fr/books?id=8Jr7YuM ... &q&f=false )

Au XXè, voici ce petit tableau très intéressant sur le nombre d'ordinations :



On remarque d'emblée que les séminaires fournissent le nombre de prêtre du maximum séculaire (1800 et quelques) en 1900 avec un accroissement dans les premières années. Le premier "trou" débute en 1905, s'aggrave avec la 1ère guerre (3000 prêtres morts). C'est une cause extérieure à l'église. On passe de 180 ordinations en 1918 à 1200 en 1930 pour arriver à 1400 en 1937, quand survient la 2nde guerre mondiale, nouvelle cause extérieure qui voit les vocations dégringoler à 400. En 1951, les séminaires français sont remontés à leur niveau de 1900 avec à peu près 1700 prêtres, et c'est alors qu'un lent effondrement survient pour arriver aujourd'hui à 83 prêtres ordonnés cette année. Cet effondrement ne s'explique que très peu (contrairement à ce qu'on dit) par l'évolution des moeurs ; fin XIXè, l'exode rural et la déchristianisation des campagnes n'ont pas touché le clergé. Mais beaucoup plus par le travail de sape qui a commencé au sein de l'église vers ces années-là et qui se montrera au grand jour lors de vatican II. Il y aura un petit soubresaut début des années 60, et depuis c'est l'électrocadiogramme plat, il n'y a plus de renouvellement, et loin s'en faut, à tel point d'ailleurs que la CEF se croit obligée de gruger les chiffres en annonçant 123 (ou quelque chose comme ça) ordinations pour cette année en y comprenant le nombre de diacres.

Navré mais c'est la plus mauvaise année de toute l'histoire des séminaires français : le diocèse de Versailles quant à lui ne donne aucun prêtre. Il est à noter que celui qui en ordonne le plus (13) est celui de Fréjus-Toulon, Mgr Rey, taxé de conservatisme, bien connu pour être l'un des artisans du retour de l'Eglise à ce qu'elle aurait toujours dû être.

Hervé, il y a des chiffres qui ne trompent pas. Alors je veux bien tout ce qu'on veut mais dire qu'il n'y a pas de rapport entre le Concile et le manque de prêtre, c'est tout sauf exact il faut être sérieux.

Maintenant, quelques témoignages pour conclure (lors de la padre cup, une course de kart avec des curés) de quidam que je ne connais pas :

Citation :

j'étais très bon en latin. Ceci dit effectivement entre les tradis et l'alternative gaucho-solidaire, j'ai bien du mal. Entre deux maux, je choisis de rester chez moi. De toute manière comme il n'existe aucune obligation évangélique d'aller à la messe, je suis tranquille
@AP : Être charitable ou ne pas l'être ... Je comprends tout à fait que les curés s'amusent en faisant les cons en kart. Moi-même qui vous écris, je suis déjà allé sur ce même circuit même que je n'ai pas trouvé ça très rigolo. Ce que je fustigeais, ce n'est pas le fait qu'on soit prêtre et qu'on veuille se détendre (moi même je me détends en ce moment) mais qu'on avance cette partie de déconnade comme une volonté de "dépoussiérer" l'Église ! Si c'était du marketing, c'était un peu mince. Et ce d'autant plus, que plus l'Église tente de se moderniser, plus elle se ringardise et perd ses fidèles. A ce niveau de marketing, on ne peut guère trouver pire que chez l'UMP avec son site "créateurs d'avenir" destiné aux jeunes (qui n'y vont pas). Mais moi, ce que j'en dis ...

Citation :

Bon, malgré toute ma bonne volonté et mon éducation religieuse façonnée dans l'une des toutes meilleures écoles catholiques de France, je n'ai pas beaucoup senti Dieu dans ces deux messes. Si l'élévation du profane vers le sacré ne fut pas attesté, en revanche j'ai assisté à l'inverse. En effet, dans les deux lieux de cultes, on retrouvait placardés à l'extérieur des affiches vantant les mérites de la solidarité. Peut-être qu'ils devraient carrément organiser les cérémonies dans les sections du PS du coin ? A force de doctrine sociale, les cérémonies catholiques deviennent aussi chiante qu'un discours de Mélenchon.

Je me souviens qu'un duc authentique très porté sur le beau sexe et dont je fus l'adjoint voici près de vingt ans lors que j'occupais des fonctions professionnelles dans son entreprise me disait : "Voyez-vous mon cher Philippe, si je suis très croyant je n'ai jamais été calotin et les curés m'emmerdent le plus souvent".

Aujourd'hui, alors que Dieu l'a rappelé auprès de lui et qu'Il lui a sans doute pardonné ses fredaines parce qu'après tout on est humain et faillible, je lui dis : "Comme je vous comprends mon bon Philippe, comme je vous comprends !". Oui, il portait le même prénom que moi !

Aujourd'hui aux informations télévisées que j'ai regardées par inadvertance, j'ai appris qu'avait eu lieu une Padre Cup, au cours de laquelle 72 prêtres vêtus de noir s'étaient affrontés au volant de kartings. sur le circuit Beltoise de Trappes. Cet événement dixit l'évêque qui en parlait était sensé "dépoussiérer et décomplexer" l'image de l'Église.

Si l'un de ces guignols venait à me lire, je ne saurais trop lui suggérer de commencer par organiser des cérémonies dignes de ce nom avant d'entreprendre de concurrencer Jenson Button, parce que si lui s'est bien éclaté en karting, moi qu'est-ce que je m'emmerde dans les églises !

C'est un peu l'idée
http://psychotherapeute.blogspot.com/2010/06/confit-en-devotion.html
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hz-xVFuOPm7p0uY7YYp5hPpB_W9A

La cathédrale de Lyon ne draine pas 500 personnes/dimanche ordinaire. Comment expliquez vous une telle faillite des messes dite suivant la forme ordinaire ? la FFSPX fait à peu près pareil par dimanche, la FSSP fait le double en gros... Et je ne parle même pas de St Nicolas du Chardonnet (Paris) ou les messes s'enchainent tous les dimanche avec un monde hallucinant. Et à titre informatif, l'église juste à côté (avec la forme ordinaire) est presque totalement déserte.

Que nos évêques disent la vérité, appliquent le Motu Proprio sans rechigner, obéissent au Pape, et demain, la cathédrale de Lyon est de nouveau pleine.