Evangile : « Jean était la lampe qui brûle et qui éclaire » (Jn 5, 33-36)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Seigneur : que ta visite soit notre paix ! Que notre cœur trouve la joie parfaite en ta présence ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Jésus disait aux Juifs :
« Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, je n'ai pas à recevoir le témoignage d'un homme, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui éclaire, et vous avez accepté de vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j'ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m'a données à accomplir ; ces œuvres, je les fais, et elles témoignent que le Père m'a envoyé. »
Cy Aelf, Paris
Il y aura toujours, pour Dieu, deux formes de témoignages: le témoignage par la parole et le témoignage par les œuvres. Et le second témoignage est supérieur au premier. Ainsi, les signes que le Père donne au Fils d'accomplir (il guérit, il chasse les démons, il proclame que le Royaume est venu) complètent et achèvent le témoignage de Jean.
Dès ce moment, l’Évangile rejoint la première lecture, quand Isaïe déclare de la part de Dieu :
"L'étranger qui s'est attaché au Seigneur ne doit pas dire : ' Certainement, le Seigneur va m'exclure de son peuple.' Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l'amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et s'attachent fermement à mon Alliance, je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices, car ma maison s'appellera « Maison de prière pour tous les peuples ». Parole du Seigneur Dieu, qui rassemble les exilés d'Israël : Avec ceux qui sont déjà rassemblés, j'en réunirai encore d'autres."
Or, les Juifs, qui associent obéissance à la Loi et appartenance au peuple élu, auront difficile d'accepter que les œuvres puissent témoigner de la foi - et dès lors, que tous les hommes aient accès à l'élection divine. Tous ceux qui croiront à la parole de Jésus et qui l'accompliront deviendront des enfants d'Abraham, au même titre que les Juifs – et même sans la circoncision ! Tout à l'heure, j'ai cité le cas de la conversion, en 1973, d'une jeune soviétique (26 ans), formée par l'Etat soviétique mais qui, après avoir étudié l'existentialisme et être passée par une phase de négation totale (elle songeait au suicide) décida de tenter la pratique du yoga – qui était admise, car le bouddhisme était considéré comme la « contemplation du néant ». Les autorités soviétiques préféraient que ses éléments brillants adorent le néant plutôt que de mettre fin à leurs jours... Donc, elle était devenue l'élève d'un yogi qui un jour lui donna un « mantra » à réciter en position du lotus. C'était le Notre Père, qui était admis car considéré comme une variante inférieure au bouddhisme – bref, après à peine six Pater, ce fut la conversion : dès ce moment elle eût une connaissance de Dieu que beaucoup de croyants lui eurent enviée. C'est ainsi que se réalise, à mes yeux, instantanément, ce que Jean le Baptiste avait dit aux Pharisiens : « N'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Dès l'apparition de Jésus au baptême de Jean, tout s'est donc réalisé. Dès la rencontre de Jean avec ceux qu'il appelle les petits, ceux-ci deviennent enfants d'Abraham, enfant de Dieu. Il n'est guère étonnant que Julien Green dans son journal cite le nom d'Israël en prévenant le lecteur que « Israël, c'est chacun d'entre nous ». Bref, dès le premier jour de sa mission, il était inévitable que Jésus entre en conflit avec les autorités religieuses.