Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 2, 18-22)
Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? »
Jésus répond :
« Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux ?
Tant qu'ils ont l'Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront.
Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »
Cy Aelf, Paris
Les jeûnes, les purifications et les sacrifices des pharisiens font partie d'une très large gamme de pratiques destinées beaucoup moins à honorer Dieu qu'à "l'instrumentaliser". Si je me purifie, si j'offre des sacrifices, si je pratique le jeûne, alors Dieu ne peut faire autrement que m'exaucer dans mes prières.
Cette forme de relation à Dieu a toujours existé. Dans la première lecture, le jeune roi Saül a vite attrapé les manières des autres rois de la terre ! A peine a-t-il mené son premier combat qu'il a désobéi à Dieu en faisant main basse sur le butin ! De même les pharisiens, les scribes et l'élite religieuse des juifs. La religion instituée, codifiée, soumise à de multiples règles est une manière humaine intéressante d'allier le profit à toutes les apparences de la respectabilité ! Je n'oublie pas avec quels mots crus Jésus a dévoilé leurs pensées : "Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis à la chaux: à l'extérieur, ils ont une belle apparence, mais l'intérieur est rempli d'ossements et de toutes sortes d'impuretés. (Mt - 23 : 27). ... Et de même, certains catholiques, oui : ils pratiquent, ils connaissent tous les points de la liturgie et des rites, et sont capables de dire: ce prêtre n'a pas respecté la règle - ils ne s'en privent d'ailleurs pas... et c'est au point qu'un certain nombre d'entre eux ont rompu avec Rome. N'est-ce pas ainsi que le vin nouveau du Concile Vatican II a déchiré un vieux vêtement ?
Heureusement, il y a parmi nous de vrais amoureux et de vraies amoureuses de Dieu, comme des fleurs écloses au milieu de l'hiver, des âmes généreuses que le Jésus continue de susciter au milieu de ce monde et de ce temps. J'écris cela ici car je demeure émerveillés par certaines conversions - des conversions de ces deux dernières années. Elles manifestent la justesse de la réponse de Jésus dans ce texte: comment les invités de la noce pourraient-ils jeûner ? Et quand le fils prodigue est revenu du lointain pays où il s'était retrouvé en pitoyable situation, ne fallait-il pas se réjouir ?
Ce que Jésus, par son incarnation, nous a apportés de neuf, il faut des "outres neuves" pour le contenir. C'est une nouvelle religion, vivante et joyeuse - et joyeuse parce que vivante, dont le temple est devenu le corps. Et le vin nouveau a ses outres nouvelles !