Elections présidentielles et législatives 2012

Prêtre

A ce jour, deux grands rendez-vous démocratiques sont programmés dans les mois qui viennent : les élections présidentielles (dimanches 22 avril et 6 mai) et les élections législatives (dimanches 10 et 17 juin).

La Lettre à Diognète, un texte très ancien du 2nd siècle après JC, peut nous aider à bien nous situer en cette période délicate… Au chapitre VI, des indications toutes simples sont données aux chrétiens : « Les chrétiens n'habitent pas de villes qui leur soient propres […] Ils se répartissent dans les cités grecques et païennes suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle.

Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens. […] Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois. »

Oui, c’est à la fois un devoir de citoyen et une attitude profondément chrétienne d’aller voter… Mais comment discerner ? Pourquoi, pour qui voter ? Les Evêques de France ont publié une lettre qui peut nous y aider, ainsi que des éléments de discernement.

Ceux d’entre nous qui s’engagent en politique méritent notre estime et notre respect. La foi chrétienne nous rappelle que c’est une bonne chose de s’engager ! La Congrégation pour la doctrine de la foi a publié une note à ce sujet.

On peut trouver ces textes sur différents sites, par exemple sur aletheiaveritas.fr, ou sur le site de la cef (pour le texte des évêques) et du Vatican (pour le texte de la congrégation pour la foi).

Dans le contexte actuel, comment recevons-nous ces invitations ? Comment sommes-nous signe de la "noblesse" de la politique ? Je me réjouis pour ma part de voir certains de mes amis se mouiller dans la vie politique, même si je ne partage pas toujours leur point de vue… Merci à nos évêques et au magistère romain de nous inviter à garder un esprit "critique" sans tomber dans la critique, systématique et désenchantée !…
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À Diognète, Introduction, édition critique, traduction et commentaire par Henri Irénée-Marrou, 1951, Cerf, Collection « Sources chrétiennes » n°33, 288 pages, p.63-65.

Ami(e)

Merci mon père pour ces conseils.

Prêtre

"Veilleur", je suis en train de lire le livre du Cardinal VINGT-TROIS, Quelle société voulons-nous (Pocket). Très intéressant !…

Bonne continuation à vous…

Banni

"Laissons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu".

Il ne faut jamais mêler la religion à la politique; ce n'est bon ni pour l'une ni pour l'autre...

Apôtre

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Bonjour lambic,

Je suis d'accord avec vous.

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Prêtre

Merci, Lambic,

de rappeler cet adage évangélique (p.e. Lc 20,25) !

Il est fréquemment cité par la tradition patrisitique et le magistère romain, pour penser l'articulation des deux cités — céleste et terrestre.

La nécessité est alors clairement affirmée, pour les chrétiens, de s'intéresser, au titre même de leur foi, mais sans volonté pouvoir ni de possession, à la gestion de la cité des hommes. Il y a là, tout au long de la tradition, une belle visée politique, et une autre conception de "la" politique, telle que parfois, malheureusement, elle apparaît… On pourrait peut-être dire, pour aller dans votre sens, que la foi chrétienne s'occupe "du" politique mais ne fait pas "de la" politique. Par contre, les chrétiens, eux, s'en clairement invités à s'engager.

En ces années où nous faisons mémoire du Concile Vatican II, je suis impressionné de la pertinence et de la modernité de Gaudium et Spes sur ce point. je pense par exemple au Chapitre IV, de la deuxième partie, intitulé "La vie de la communauté politique "…

A bientôt !

Prêtre

… En même temps, je crois que tut le monde n'est pas fait pour faire de la politique ! Mais c'est vrai, c'est bien qu'il y ait des chrétiens qui soient aussi des hommes ou des femmes engagés en politique. N'en voit-on pas souvent les conséquences concrètes et sociales — quel que soit d'ailleurs le "bord" — dans la vie des nos communes ?…

A bientôt…

Banni

Souvenons nous de certaines périodes royales du passé, des régences notamment, où des cardinaux (Mazarin, Richelieu...) dirigeaient le pays. C'était tout à fait anormal et pas particulièrement positif...

Prêtre

Oui, Lambic, c'est bien vrai, à tel point qu'il est officiellement demandé à aux ministres ordonnés de ne pas s'engager en politique. (Cf. Jean-Paul II, Pastores Dabo Vobis). Mais justement, le concile Vatican II distingue bien entre la présence des chrétiens à la vie de la cité (dans le "siècle") et la place particulière et prudente que doivent impérativement conserver les ministres ordonnés. Je crois que c'est très sage et que toute prétention théocratique est en porte-à-faux avec l'adage que vous citez à juste titre.

En tout cas, merci de votre réponse, car une fois de plus, on voit avec Saint-Exupéry et son Petit Prince, que le langage est parfois source de malentendu !

A bientôt.

Ami(e)

Il est important, en effet, que les chrétiens s'engagent en politique. C'est une digne et lourde charge d'agir pour le bien commun au service du plus grand nombre et non pour défendre les intérêts de quelques uns.

Ami(e)

Citation :: "Veilleur", je suis en train de lire le livre du Cardinal VINGT-TROIS, Quelle société voulons-nous (Pocket). Très intéressant !…

Bonne continuation à vous…

Merci mon père.

je voudrait parler d'un écueil à éviter lorsque nous faisons notre choix du candidat :
beaucoup de gens préfèrent voter "utile" pensant que tel candidat dont le projet est pourtant compatible avec la religion catholique n'aurait aucune chance de passer.

Je pense qu'il faut voter en son âme et conscience et non pas en se laissant manipuler par les sondages.

Prêtre

Bonjour, veilleur !

C'est vrai, c'est difficile de ne pas se laisser "manipuler" et j'ai bien souvent l'impression d'être pris dans cette tourmente… Voter en son âme et conscience, il me semble en effet que c'est ce qu'il y a de mieux. Choisir en son âme et conscience le projet qui nous semble le plus proche de ce que nous essayons de vivre comme chrétien, c'est un discernement difficile, mais c'est bon. Et je crois que beaucoup de non chrétiens font aussi cette démarche de choisir en toute conscience…

Mais il faut reconnaître qu'au niveau national, c'est quand même difficile de se faire une idée, tant les considérations "techniques" sur l'économie sont complexes. Et il y a aussi l'impression de l'éloignement du pouvoir…

Au niveau local, ou dans les associations, nous faisons de notre mieux pour élire un président ou un délégué et puis après, on joue le jeu autant que possible de la collaboration constructive.

De mon côté, j'aime bien aussi le Compendium sur la doctrine sociale de l'Eglise. J'y trouve des petits textes rassemblés par thème, qui m'aident bien.

A bientôt.

Ami(e)

Citation :: Mais il faut reconnaître qu'au niveau national, c'est quand même difficile de se faire une idée, tant les considérations "techniques" sur l'économie sont complexes. Et il y a aussi l'impression de l'éloignement du pouvoir…

Il est vrai que l'exercice du pouvoir aujourd'hui est un domaine très complexe, mais je pense qu'il y a des positions à condamner coûte que coûte comme l'avortement, le mariage homosexuel, l'euthanasie pour les principales.

Le communisme est reconnu par l'église comme intrinsèquement mauvais. Il en est de même pour le socialisme qui à été il me semble condamné par l'église dans la l'encyclique Divini Redemptoris de PIE XI, et Rerum novarum de LEON XIII.

A vous relire bientôt.

Banni

Je n'aime pas du tout ce terme "d'engagé" qui est mis à toutes les sauces.

Un chrétien de même qu' un artiste (connu) ne doivent pas être engagés, en tant que tels, en politique. Ils doivent rester dans leur sphère.

Je me souviens d'un chanoine lyonnais sous la 4ème république qui était député. Il en fut de même, un temps, pour l'abbé Pierre. Ce ne furent pas des réussites...

Administrateur

Lambic, tous les chrétiens ne sont pas clercs. Les chrétiens lambda comme vous et moi doivent s'engager pour un monde meilleur. Même si nous ne sommes pas de ce monde, c'est dans ce monde que le Seigneur a voulu faire advenir le Royaume. Si le Royaume n'est pas de ce monde, c'est dans ce monde réel, concret, que le Seigneur nous envoie. Le chrétien doit partaiciper à la Cité. Par exemple, par son vote, par son engagement à lutter contre les injustices, contres les lois de la culture de mort, etc. Ceci passe par la politique... sans qu'un pays deviennent une théocratie, il peut être géré selon des valeurs morales et éthiques chrétiennes, qui sont, les plus humaines qu'on puisse trouver.

Nous savons bien que cette cité n'est pas définitive et que nous attendons la cité future, que nous sommes citoyens des cieux et que notre vie est cachée en Dieu avec le Christ. Mais, durant notre passage en cette vie, nous avons le devoir d'humaniser ce monde en vivant de l'Évangile.

C'est dans le concret que le Seigneur est venu. Dans l'histoire des hommes.

Prêtre

J'aime bien votre réflexion, Lambic, avec cette expression "en tant que tel". Je vous rejoindrais assez facilement. Le but n'est pas de porter une carapace, mais bien d'avoir une colonne vertébrale, qui fait que homme parmi les hommes, citoyen parmi les citoyens, on est là…
J'aime beaucoup ces lignes de Joseph RATZINGER, et l'expression "art de vivre", qui dit que l'on partage la vie des autres, avec ce petit quelque chose qui change tout et qui pourtant ne nous coupe pas des autres…

"La vie humaine ne se réalise pas d’elle-même. Notre vie est une question ouverte, un projet incomplet qu’il nous reste à achever et à réaliser. La question fondamentale de tout homme est : comment cela se réalise-t-il - devenir un homme ? Comment apprend-t-on l’art de vivre ? Quel est le chemin du bonheur ?
Evangéliser signifie : montrer ce chemin - apprendre l’art de vivre. Jésus a dit au début de sa vie publique : Je suis venu pour évangéliser les pauvres (Lc 4, 18) ; ce qui signifie : j’ai la réponse à votre question fondamentale ; je vous montre le chemin de la vie, le chemin du bonheur – mieux : je suis ce chemin. La pauvreté la plus profonde est l’incapacité d’éprouver la joie, le dégoût de la vie, considérée comme absurde et contradictoire. Cette pauvreté est aujourd’hui très répandue, sous diverses formes, tant dans les sociétés matériellement riches que dans les pays pauvres.

L’incapacité à la joie suppose et produit l’incapacité d’aimer, elle produit l’envie, l’avarice - tous les vices qui dévastent la vie des individus et du monde. C’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle évangélisation - si l’art de vivre demeure inconnu, tout le reste ne fonctionne plus. Mais cet art n’est pas un objet de la science - cet art ne peut être communiqué que par celui qui a la vie - celui qui est l’Evangile en personne."

RATZINGER Joseph, "La Nouvelle évangélisation", Conférence lors du Jubilé des Catéchistes (Dimanche 10 décembre 2000 ), in La Documentation Catholique, 21 janvier 2001 n°2240, p.91-95

Ami(e)

Citation :: J'aime beaucoup ces lignes de Joseph RATZINGER, et l'expression "art de vivre", qui dit que l'on partage la vie des autres, avec ce petit quelque chose qui change tout et qui pourtant ne nous coupe pas des autres…

Je suis tout à fait d'accord, je dirai que "le" politique, j'entends par là se mettre au service du bien commun est pour moi de la charité.

Prêtre

Veilleur, je suis d'accord avec vous, il y a des choses sur lesquelles un chrétiens ne peut pas être d'accord… En même temps, nous nous trouvons parfois dans des situations où la réalité est mêlée… Dans le texte des évêques que je signalais en ouverture, des points de réflexion sont proposés, mais leur hiérarchisation est laissée à notre conscience : "À cette lettre, nous joignons un document qui détaille quelques points qui nous semblent importants à prendre en compte en vue de ces élections. À chaque citoyen, à chacun de vous donc, il revient d’examiner comment les programmes et les projets des partis et des candidats traitent ces différents points, et de déterminer si ces approches sont cohérentes ou non avec la société dans laquelle nous voulons vivre. À chacun de vous il reviendra aussi de hiérarchiser ces différents points en vue du vote."

Pour ma part, je rejoins bien les trois points que vous soulignez.

Ami(e)

Demandons au Saint Esprit d'éclairer notre conscience afin que notre choix corresponde à la volonté de Dieu et à Sa plus grande gloire.

Banni

Je ne suis pas certain qu'une petite voix va venir, la nuit, vous donner le nom du préféré céleste... Very Happy

Intime

vous avez raison, Lambic.. pourquoi viendrait-elle la nuit ???

Disciple

lambic a écrit:: Je ne suis pas certain qu'une petite voix va venir, la nuit, vous donner le nom du préféré céleste...

"A celui qui a, il sera donné, et il aura encore plus; mais à celui qui n'a rien, cela même qu'il a lui sera ôté." Mat 13,12.

Martyr du forum

Ami(e)

pardon.

en présence d'un prêtre, ce n'était pas à moi d'exhorter à la prière.

Prêtre

Bonjour, Amie !

Non, non !… ou plutôt Si, Si !…

N'importe quel chrétien peut exhorter à la prière et cela fait même parfois du bien au prêtre d'entendre cela…

Bonne continuation et à bientôt !

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